Episodes

  • Annie Cicatelli, quand passion artistique et engagement écologique se rejoignent
    Mar 8 2025
    Annie Cicatelli est une artiste textile française, née en région parisienne, elle a grandi au Brésil. Son parcours multiculturel et ses expériences de vie variées nourrissent son travail artistique. Elle utilise des matériaux déjà existants, les réutilisant avec imagination. Son engagement pour l'environnement et son héritage culturel brésilien se reflètent dans ses œuvres. Annie Cicatelli mêle les couleurs et les formes pour créer des pièces uniques et originales, alliant esthétique et message éthique. Sa marque, Créations Annie Cicatelli, a reçu le label « Fabriqué à Paris », qui distingue les fabrications parisiennes.Une vie sans création, ce n'est pas une vie. On se lève pour faire une exposition, pour participer à un salon, pour rencontrer d'autres personnes, pour plein de choses ! Cela me fait voyager, cela me permet de rencontrer des gens. Par exemple, sur le stand à côté de moi, il y a une dame qui fait la même chose que moi, mais en papier. Tout cela est enrichissant, car chaque personne a une expérience très différente.Annie Cicatelli, designer textile« Je voulais quelque chose de simple, que les gens me reconnaissent, sachent qui je suis. Cela fait des années que j'ai cette marque, au moins depuis 1999, lorsque j'ai créé mon premier site internet, qui s'appelait déjà "Créations Annie Cicatelli" C'est plus simple. »Annie Cicatelli est née en région parisienne et a vécu plus de 25 ans au Brésil. Son engagement pour la protection des fonds marins dans ses sculptures et objets textiles est un thème cher à son cœur hérité de son enfance au Brésil. « Mon père était menuisier, passionné de bois. Nous sommes partis en bateau pour le Brésil au début des années 60 et nous avons vécu dans un petit État entre Rio et Bahia, sur la côte atlantique, sur une île. J'ai toujours eu une source d'inspiration dans les fonds marins. »Annie Cicatelli a exercé comme journaliste au Brésil et, à son retour en France, elle a travaillé dans des environnements internationaux, notamment à Radio France internationale (RFI). Sa carrière lui a permis de développer un sens aigu de l'observation et une curiosité pour le monde, des éléments qu'elle intègre dans son art, avec deux aspects différents, mais complémentaires.« La première chose, c'est d'imaginer quelque chose et de voir le résultat. J'imagine, je mets des fils d'un côté et de l'autre. Les couleurs, lorsqu'elles sont ensemble, ne se marient pas de la même manière. Voir la pièce terminée, c'est une chose, mais l'autre aspect, c'est de faire des expositions pour rencontrer les gens. Parfois, on me demande si j'ai vendu quelque chose lors d'une expo. Je réponds que je n'ai rien vendu, mais que j'ai rencontré des gens. C'est un bonheur que les gens ne comprennent pas toujours. Mais nous sommes là pour cela, pour rencontrer du monde, pas seulement pour vendre. Bien sûr, il est nécessaire de vendre pour vivre, mais la dimension des rencontres est aussi très importante. C'est surtout pour écouter d'autres histoires, car chaque personne a une histoire différente. »Annie Cicatelli crée des sculptures et objets textiles à partir de matériaux recyclés et son savoir-faire qui repose sur le crochet est un moyen d'expression artistique et non pas loisir. « Il faut savoir qu'au Brésil, le crochet est quelque chose de quotidien. On en trouve partout dans la maison. C'est culturel ! J'ai appris le crochet au Brésil, lorsque je vivais en pension. J'avais quatorze ans, donc cela fait plus de 50 ans que je pratique le crochet. J'ai commencé à réaliser des tapis et des coussins, car j'étais bloquée pendant le confinement. Puis, un jour, je me suis dit que j'avais envie de faire quelque chose de fou, quelque chose que personne n'avait jamais fait, mais en travaillant dans le recyclage. Il y a plein de gens qui font du crochet. C'est un métier d'art, car c'est très artistique. Ce sont également des pièces uniques, ce n'est pas quelque chose qui se répète. C'est en 3D. Plus il y a de volume, plus cela m'intéresse. Parfois, j'ajoute même du coton pour donner du relief aux pièces. Il faut vraiment que ce soit en volume, pas simplement quelque chose de plat. Du volume, beaucoup de volume. »Annie Cicatelli déniche ses matériaux, comme la laine, le coton, les perles ou des dentelles, dans les vide-greniers ou les associations qui agissent pour la diminution des déchets. Annie Cicatelli utilise comme supports plateaux, égouttoirs, bref, tout ce qu'elle trouve. Chaque pièce est un reflet de son engagement envers l'écologie. « L'objet que je trouve sert de fond. Si c'est un fond mou, les pièces que je vais ajouter ne seront pas les mêmes que sur un fond dur. Par exemple, chez Emmaüs, je récupère parfois des décorations de toiles imprimées. J'aime beaucoup cela, car je peux percer des trous dans la toile et y insérer mes pièces. Cela me permet de ...
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    10 mins
  • La vision cosmopolite de la mode de Vanessa Djia avec Rovodoa
    Mar 1 2025
    Vanessa Djia, artiste, photographe et designer, propose une mode spontanée grâce à son parcours riche et atypique. Un univers coloré qui fusionne cultures africaines et mode contemporaine. Dans son travail, beaucoup d'intuition et de collaboration avec des artisans du continent africain. Avec sa marque Rovodoa, elle propose des vêtements en série limitée ou pièces uniques. Pour Vanessa Djia, la mode est un vecteur de culture. « En tant qu'artiste, on crée en permanence. C'est un métier où nous sommes souvent seuls, même si nous sommes souvent entourés. Créer, c'est reconnecter aussi avec soi. C'est tout un univers qui m'équilibre », explique Vanessa Djia, créatrice et fondatrice de Rovodoa. Elle explique le nom de sa marque :« Rovodoa est le nom d'un ancien bateau négrier qui transportait des esclaves pour travailler, pour la plupart, dans des champs de coton dans les Amériques. J'aime dire que je suis connectée aux vieilles âmes ou que je suis une vieille âme moi-même. J'ai eu comme une vision, une visitation. Cela m'a été insufflé et je suis allée taper sur internet et j'ai vu Rovodoa, j'ai lu l'histoire. Cela m'avait beaucoup interpellé. »Vanessa Djia est née à Dakar. Elle grandit entre la Côte d'Ivoire et le Cameroun, avant de s'installer en France. Sa passion pour la mode est profondément enracinée dans son héritage culturel et son engagement envers l'artisanat africain. Elle a grandi dans un environnement où l'art et la culture étaient omniprésents. Son père, philanthrope engagé, accueillait de nombreux artistes à la maison. C'est cette ambiance qui a poussée Vanessa Djia à valoriser la culture africaine à travers le textile. Après des études en photographie et en école de commerce, cette créatrice cosmopolite crée sa marque Rovodoa, en 2015, en hommage à ses ancêtres. Passionnée par le textile africain, Vanessa Djia crée des pièces uniques aux associations inattendues qui allient tradition et modernité, en restant dans les codes de la mode :« Cette année, par exemple, nous allons être sur des pantalons cigarettes, donc très près du corps. Forcément, nous sommes dans la tendance. Après, il faut ramener cette touche africaine à cette tendance mondiale parce que je ne vais pas nager à contre-courant non plus. Sur place, je vois les textiles, cela m'inspire. »« Au début, je ne faisais que des tenues estivales, c'était beaucoup plus facile. Mais depuis deux ans, j'ai décidé de faire des manteaux. Cela a été très intéressant parce qu'il fallait trouver des textiles africains qui me permettent de les réaliser. Quand tu pars dans les pays africains, que tu parles de tes projets, il y a des gens qui sont férus justement de l'artisanat original de certains pays que tu ne connais pas toi et qui te prennent la main et qui te disent ''Si tu es disponible, dans mon village, il y a tel textile utilisé pour certaines cérémonies. Mais il est tellement rigide que je ne suis pas sûre qu'on puisse en faire un vêtement moderne. Mais toi, avec ta créativité, je pense que si je t'amène là-bas, je pense que tu peux créer la magie". »Le processus de création de Vanessa Djia est instinctif, spirituel, guidé et inspiré par les énergies qu'elle capte lors de ses voyages. Sa démarche créative est intuitive et ludique : « Comme je travaille avec des tissus aux imprimés, c'est très saisonnier, donc, c'est important pour moi d'aller sur place pour créer. Après, ma clientèle est occidentale. J'essaie donc de ne pas aller dans tous les sens. C'est une petite conquête. Pour conquérir un territoire, il faut déjà épouser ses codes. Je reste sur des vêtements très classiques, des chemises, des pantalons. Mais j'aime les bonnes choses aussi et que je m'enquiers un peu de tout ce qui se passe sur la scène parisienne et cosmopolite internationale. Le petit plus, c'est la texture des textiles que je vais choisir. Cela va être aussi de choisir les bons artisans, parce qu'il faut des produits finis à mettre dans des boutiques avec de belles adresses. Mes créations sont en série limitée pour que chaque femme ou homme Rovodoa se sentent uniques. C'est une démarche artisanale, je produis un vêtement en dix exemplaires maximum. »L'engagement pour l'artisanat et son souhait de valoriser les textiles africains sont au cœur du travail de Vanessa Djia. La designer collabore avec des artisans locaux, principalement au Cameroun et en Côte d'Ivoire. Elle explique : « Le seul atelier avec lequel j'ai commencé, c'est l'Atelier des femmes au Cameroun. Quand j'ai ouvert mon atelier personnel pour ce projet textile, j'ai eu l'idée de réunir six femmes. Au début, elles se connaissaient plus ou moins, et j'ai travaillé avec elles des petites robes d'été. L'intérêt pour elles, c'était qu'après, si elles avaient des projets personnels, elles puissent utiliser mes machines. C'est mon projet de cœur. Par contre, quand il ...
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    9 mins
  • L’atelier Horizon Verre: la création en duo de Mélanie et Justin
    Feb 22 2025
    L'atelier Horizon Verre, fondé par Mélanie Gracia et Justin Hemery, créateurs verriers, est un espace de création commune et individuelle. Le duo créatif fusionne passion et savoir-faire dans la conception et réalisation d'objets en verre. De la pièce unique au luminaire en passant par le mobilier ou la petite série, Mélanie Gracia et Justin Hemery proposent une large gamme d’objets. À l’atelier Horizon Verre, ils combinent plusieurs techniques, comme le travail du verre au chalumeau, la pâte de verre, le soufflage, la gravure et la peinture sur verre, pour créer des pièces uniques. Nous les avons rencontrés lors du Salon professionnel Maison & Objet. Un salon international qui donne le ton aux professionnels de la décoration et un incontournable pour les marques, créateurs, artisans d’art et tous les acteurs de l'art de vivre. Cela peut venir d'une idée, d'un mot qui m'inspire, d'une image, de quelque chose que je peux voir dans la rue, dans la natureMélanie Gracia, co-gérante de l'atelier Horizon Verre et créatrice verrière.« Comme cela peut être un sentiment ressenti que j'ai envie de retranscrire dans mes œuvres. Comme cela peut être l'envie de faire un objet design et de partir de tous les éléments qui construisent cet objet, tous les archétypes qui construisent cet objet et de venir détourner tout cela pour en créer quelque chose de différent. »Mélanie Gracia a suivi une formation en arts appliqués avant de se spécialiser dans le verre en France et au Québec. Elle s'inspire des textures et des formes naturelles pour créer des œuvres qui invitent à la réflexion sur la relation entre l'homme et son environnement. Elle utilise diverses techniques pour réaliser des œuvres poétiques et symboliques.Moi, j'ai un axe proche de la nature, donc il y a beaucoup de choses de la nature qui vont m'inspirerJustin Hemery, créateur verrier et co-gérant de l'atelier Horizon Verre.« Et une envie, par le biais des œuvres et des créations, d'essayer de faire ressentir au public, qui voit l'œuvre, un peu l'humilité dont nous devrions faire preuve face à la nature et à des phénomènes de la nature. Cela va être aussi en se baladant dans la nature que je vais pouvoir être inspiré. Cela peut être avec du dessin ou sans dessin. Il y a aussi une part assez importante de sérendipité, le fait de commettre une erreur sur une pièce et puis d'en développer quelque chose derrière. »Après un parcours académique en France et trois années d'études au Québec, Justin Hemery a co-fondé l'atelier Horizon Verre avec Mélanie Gracia. « Nous avons étudié de nombreuses techniques du verre et nous voulions, dans notre atelier, avoir beaucoup de techniques et les mélanger pour créer des pièces qui rassemblent toutes ces techniques pour tous les horizons du verre. »« Nous rentrions du Québec, il y avait aussi les horizons de vie. Nous venions de passer trois ans à l'étranger, il y avait aussi cet aspect par rapport à notre vie, un gros côté professionnel, et puis aussi un côté personnel. »Mélanie Gracia et Justin Hemery partagent la passion du verre, leur processus créatif est à la fois individuel et collectif. Travaillant ensemble, ils échangent sur leurs idées et techniques, cherchant à développer des projets communs. Ils apportent chacun leur touche personnelle tout en soutenant la vision de l'autre, ce qui enrichit leur art, précise Mélanie Gracia. « Pour l'instant, nous avons chacun un peu nos gammes. Après, c'est sûr que nous nous inspirons et questionnons mutuellement. "Est-ce que ça va ? Qu'est-ce que tu en penses ?" À l'atelier, nous travaillons sur les mêmes pièces, bien évidemment. Après, l'idée fixe de base, elle part un peu de l'un et l'autre. Mais nous voudrions faire des projets ensemble et réfléchir de A à Z, ensemble, à une pièce en commun. »L'atelier Horizon Verre est un lieu où Mélanie et Justin utilisent d'autres matériaux, comme le métal et le bois pour élargir leur champ d'expression artistique, explique Justin Hemery « C'est exaltant de travailler d'autres matériaux et puis peut-être un peu moins ennuyant que d'être tout le temps bloqué sur un seul et même matériau. Inclure d'autres matériaux, cela permet d'avoir d'autres textures, de travailler le métal. C'est-à-dire que je vais faire du verre pendant un mois, puis je vais avoir une semaine de métal, deux semaines de bois. C'est aussi quelque chose qui me plaît beaucoup. Et puis d'un point de vue visuel, ce sont les matériaux qui se mélangent, ce sont les textures, les contrastes, toutes ces choses-là. » Retrouvez tous les épisodes de 100% Création sur : Apple Podcast Castbox Deezer Google Podcast Podcast Addict Spotify ou toute autre plateforme via le flux RSS.
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    5 mins
  • Toufik Boumehdi, céramiste d’art, et sa liberté créative
    Feb 15 2025
    Toufik Boumehdi, céramiste algérien dont les œuvres fusionnent son héritage familial avec son exploration personnelle, a grandi au contact de la céramique. Il a su créer un style unique, alliant influences européennes et maghrébines. Ses pièces, aux lignes simples et arrondies, expriment une recherche d'harmonie et de beauté, tout en rendant hommage à ses racines. Nous l’avons rencontré lors de son passage à Paris, où une exposition présente une partie de ses œuvres, des pièces de décoration d’intérieur colorées et chaleureuses. Les plus belles réalisations, je les ai faites quand j’étais libre de faire, quand il y a de la confiance. C’est une responsabilité. Mais j’y vais, je n’ai pas peur. Il faut que ce soit équilibré, beau, que cela corresponde à ma vision. Et si cela correspond à la vision du propriétaire, c’est le grand bonheur.Toufik Boumehdi, artisan d’art, céramiste et faïencier Je ne crois pas avoir été souvent satisfait de mon travail. Je me dis toujours qu’il y a un petit truc à faire en plus.Né dans le village de Berrouaghia, à 100 km d’Alger en Algérie, Toufik Boumehdi a grandi au contact de la céramique grâce à son père, Mohamed Boumehdi, surnommé « le carreleur du ciel ». Celui-ci a joué un rôle fondamental dans sa passion et son parcours professionnel. « Mon père était facteur, c’est lui qui m’a enseigné. Il a appris le métier de céramiste à Berrouaghia dans une petite usine et c’était devenu sa passion. Pendant des années, dès l’âge de 20 ans, il était facteur et céramiste en même temps. J’ai donc baigné dans la céramique depuis que je suis né. Au départ, je suis venu à la céramique par intérêt. L’intérêt, c’était de financer mes vacances, pour cela, il fallait venir à l’atelier et travailler. Après, c’est devenu une passion. Mon père a commencé en 1965 et moi, j'ai pris le relais et je continue. Nous avons la chance d’avoir un atelier assez connu en Algérie et ailleurs. Depuis qu’il a commencé à travailler, il y a des pièces au Japon, aux États-Unis, au Canada et beaucoup en Europe. »Ses études aux Arts décoratifs à Limoges et ses voyages à travers le monde ont profondément influencé le travail de Toufik Boumehdi, lui permettant de mélanger différentes cultures et styles dans ses créations. « Mes études à Limoges, ce n’était pas pour apprendre beaucoup plus de choses, mais c’était surtout pour me dissocier un peu de [l]a façon de [mon père de] voir la céramique et donc de faire ma céramique. C’est-à-dire mon parcours personnel. C’est ce qui m’a construit. Entre ce qu’il m’a appris et ce que j’ai appris, cela a fait une céramique qui est plus ou moins personnelle. J’ai appris beaucoup avec les rencontres, avec ce que j’ai vu des autres, de ce qu’ils ont fait, d’autres réalisations. Du IXᵉ siècle jusqu’à la céramique turque en passant par la céramique espagnole, italienne, française. Après Limoges, j’ai remarqué que ma céramique avait un côté européen, un côté maghrébin. C’était ce mélange de tout ce qui m’a plu, qui m’a touché. Mon inspiration, c’est cela, c’est un peu universel. »Toufik Boumehdi considère chaque commande comme un défi et une opportunité d’exprimer son art. « Des fois, nous avons une commande, quelqu’un qui vient me voir et me dit : "J’ai une façade, j’ai un meuble". Je regarde et je me dis : "Il n’y a pas assez de lumière, il faut quelque chose de lumineux". Si je vois qu’il y a beaucoup de couleurs, j’essaye d’en mettre moins. J’agis. C’est une recherche. Je cherche quelque chose d’adapté qui va venir agrémenter un endroit. Des fois, c’est floral parce que c’est un style qui est demandé. Quand je vois une maison mauresque, là, je me régale, c’est aussi ma spécialité. J’ai ma particularité, je ne mets pas énormément de couleurs. Je travaille beaucoup avec les bleus, les turquoises, très peu de jaune. Ce sont les couleurs de mes aïeux, de mes ancêtres dans la céramique, des oxydes métalliques. Donc, on va travailler avec du cobalt, avec du cuivre, du chrome. Mais quand les demandes ne semblent pas me correspondre, je botte en touche. Des fois, cela m’arrive. »Dans son atelier, Toufik Boumehdi collabore avec une équipe de 10 personnes, mais c’est sa vision personnelle qui guide chaque pièce. « C’est une petite équipe, chacun a sa spécialité. Moi, je coordonne, je fais, j’oriente. J’ai ma petite partie aussi. Je suis l’homme à tout faire dans l’atelier, donc je mets tout le monde à contribution, je demande comment ils voient les choses. Je ne peux pas tout savoir, donc je demande. Je demande à ma femme aussi, qui est ma collaboratrice. »Son style se caractérise par des formes épurées, s’éloignant de la complexité géométrique au profit de lignes douces et arrondies. « ...
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    7 mins
  • Avec Caussün, Philippe Aguad passe du karaté à la pantoufle bio
    Feb 8 2025
    Philippe Aguad, ancien champion de France et d'Europe de karaté, a troqué les tatamis pour le monde des affaires, influencé par l'héritage commercial de son père. En 2020, il lance Caussün, une marque française de pantoufles totalement éco-conçues, fabriquées artisanalement au Portugal avec des matériaux naturels comme la laine vierge d'Ardèche, du liège ou de la feutrine. Avec Caussün, Philippe Aguad propose une alternative éthique et écologique afin de laisser une empreinte positive. « L'esprit ne va pas s'arrêter. Je suis toujours dans l'optique de création. Je ne sais pas partir en vacances pour partir en vacances. Il faut toujours que j'essaie de trouver une matière première ou quelque chose qui me permettra de développer autre chose. Ce n'est pas simplement pour l'argent, c'est pour le plaisir. Honnêtement, je prends plus de plaisir à créer qu'à gagner de l'argent. J'ai le privilège de pouvoir encore développer des histoires, des nouvelles histoires, mais avec l'aide de gens qui vont vendre le produit. Moi, je suis plutôt dans la création », confie Philippe Aguad.Le co-fondateur de Caussün développe : « ''Caussün'' veut dire ''chausson'' en provençal. Cela vient de là. Nous faisions un brainstorming avec ma fille qui travaille avec moi et qui est co-fondatrice de la marque. Nous avons choisi ''Caussün'' parce que cela veut dire ''chaussons'' en provençal. Nous sommes à Marseille et attachés à notre région. Et puis, le chausson fait partie maintenant de notre activité à 100% sur la société qui s'appelle Alternative Bio. »Philippe Aguad est un créateur et un explorateur. Loin d'avoir emprunté un chemin classique, il a navigué entre le sport et le commerce, mêlant sa passion pour le karaté et l'apprentissage sur le terrain. Champion de France et d'Europe de karaté, ses premières expériences professionnelles l'ont contraint à grandir et à comprendre que derrière le chiffre d'affaires se cache un monde complexe de gestion :« J'ai développé une activité commerciale, entre 20 et 30 ans, sur Marseille avec des joggings. À l'époque, ce n'était pas très commun. J'ai réussi avec des joggings sur tout le sud-est de la France. Le problème, c'est que je ne savais pas gérer. Je faisais du chiffre d'affaires, mais je ne savais pas ce que c'était que la marge ou quoi que ce soit. J'avançais ! À un moment donné, cela m'a rattrapé. À 29 ans, j'ai été confronté à un problème de liquidation judiciaire, avec tout ce que cela entraîne. Honnêtement, cela m'a fait prendre conscience de ce qu'il fallait faire ou pas, et cela m'a formé un peu dans la douleur. Cela m'a fait mûrir. J'ai pu comprendre pas mal de choses, relativiser au niveau du business, ne pas croire que c'était facile et qu'il fallait faire un peu de gestion. »De rencontres en opportunités, c'est finalement sur une plage en Corse, jonchée de déchets plastiques, qu'il a le déclic pour une nouvelle aventure : la création de pantoufles bio. Un projet qui naît d'une prise de conscience aiguë et d'un désir de contribuer à un monde meilleur : « Sur la plage, il y avait une quinzaine de paires de tongs qui étaient là, à côté, des bouteilles en plastique. C'était une plage idyllique en Corse. Cela a été un déclencheur chez moi. Je me suis mis à la recherche de quelque chose, d'un chausson, puisque c'était mon métier. Je me suis mis dans la tête de faire un chausson qui soit bio, ou alors avec des biopolymères. Il y a treize ans, c'était complètement révolutionnaire de penser à inventer des biopolymères avec une origine végétale. C'était très compliqué. J'étais le seul à le faire. Mais je n'ai pas voulu développer en Chine parce que j'avais comme objectif déjà, il y a une dizaine d'années, de développer en Europe. »Philippe Aguad se lance dans la fabrication de chaussons 100% d'origine végétale, avec une production au Portugal. Sa marque Caussün, lancée en 2020, s'adresse aux professionnels de l'hôtellerie, mais aussi, depuis la pandémie de Covid-19, aux particuliers :« J'étais parti en vacances en Ardèche, en bas du mont Gerbier-de-Jonc. Il y a des vendeurs qui vendaient aussi de la feutrine de laine au mètre, pour mettre autour de vos plantes pour les protéger du froid. J'en ai acheté deux mètres pour tenter l'histoire. Je l'ai envoyé au Portugal pour faire la même forme que les pantoufles d'hôtel, en me servant de cette laine. Cela a donné un truc fabuleux, de mettre le pied à l'intérieur. C'est chaud, cela ne pique pas. Ce sont les fibres courtes de la laine qui sont utilisées, parce que vous avez les fibres courtes qui sont brûlées, jetées ou utilisées pour faire des feutrines, ou les fibres longues, avec lesquelles sont faits les pulls. Pour la laine, nous travaillons avec une SCOP en Ardèche, qui travaille sur des très vieilles machines, c'est fabuleux ! Ils se servent de ...
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    7 mins
  • Mina Binebine, une styliste entre innovation et tradition marocaine
    Feb 1 2025
    Designer audacieuse, Mina Binebine a créé sa marque éponyme en 2018 afin de célébrer les traditions textiles marocaines tout en y apportant une touche de modernité. Son parcours international l’a conduite à promouvoir la qualité et l'authenticité à travers ses collections. Prêt-à-porter de luxe ou pièces sur-mesure, voire des robes de mariées, Mina Binebine mêle le glamour, les savoir-faire traditionnels et l’élégance. Avec sa vision créative, elle aspire à conquérir de nouveaux marchés depuis le Maroc. Nous l’avons rencontrée lors de la dernière édition de l’Africa Fashion Up, à Paris, où son talent de styliste a été mis en avant. Nous ne pouvons pas toujours parler et donc en s'habillant je donne confiance aux gens, nous pouvons exprimer ce que nous voulons exprimer. J'ai des femmes qui viennent me voir et qui me disent "Mina, je ne me suis jamais sentie aussi forte en portant cette veste remplie de boutons remplie de couleur. Je me sens forte, je me sens femme, je me sens capable de surmonter tout ce que j'ai à surmonter". C'est ce qui me rend le plus fière, je pense, dans mon travail.Mina Binebine, designer, créatrice de mode et fondatrice de la marque éponyme « Je m'appelle Mina Binebine et ma marque porte mon nom parce que c'est ce qui me représente le plus. Le but, c'est plus tard d'enlever Mina quand la marque sera plus connue et de garder juste Binebine une marque qui s'appelle Binebine, c'est classe. »Mina Binebine est née à New York, elle a vécu et grandi à Marrakech. Fille d’un célèbre peintre et romancier, elle a toujours été entourée d’art et de créativité, ce qui a nourri son rêve d’enfant de devenir styliste. Après son Baccalauréat, elle poursuit donc des études de mode à Los Angeles, aux États-Unis. À la fin de son cursus, elle exerce d’abord comme stagiaire, puis assistante designer et enfin directrice artistique, pour une marque de lingerie haute couture. Ce qui lui permet de développer, ainsi, ses compétences dans l’industrie de la mode. Un travail captivant, mais aussi frustrant. « J'ai adoré, j'ai adoré. J'ai adoré travailler pour elle, sauf que je faisais beaucoup trop de choses et je ne recevais pas le crédit. À un moment, je me suis dit quand même, je travaille énormément pour cette personne, peut-être que je devrais le faire pour moi. Je commence ma marque Mina Binebine, fin 2018, début 2019. Je me rends compte que c'est très difficile pour une jeune fille de 23 ans, je venais de sortir de l'école, les gens ne me faisaient pas vraiment confiance », se souvient-elle.Elle décide de compléter sa formation par un master en business administratif avant de lancer sa marque éponyme en 2018, suivi de l’ouverture d’un showroom à Los Angeles. Puis la pandémie du Covid a été un moment difficile pour Mina Binebine. « Ma marque commence à être connue aux États-Unis, à Los Angeles. Et là, Covid dès que cela commence à bien marcher. Covid, surprise ! C'était censé durer deux semaines. Je rentre au Maroc et juste après, nous sommes confinés, nous ne pouvons même pas sortir de chez nous pendant plus de deux mois. Je perds mon showroom, tout mon travail, ce que j'ai fait durant des années à Los Angeles, je perds tout. Après quelques mois, mon père me dit : "Tu veux rentrer à Los Angeles ? Tu veux faire quoi maintenant ?" Et je lui dis "Je vais rester à Marrakech, je vais ouvrir mon atelier de couture ici." », raconte-t-elle.Avec l’ouverture de son atelier de couture à Marrakech, Mina Binebine multiplie les collections. « Je pense que je suis encore en train de découvrir ce que je veux être et toutes mes collections sont différentes les unes des autres. Il y a une collection remplie de boutons, une tout en jean, une autre "cargo". Les formes restent un peu similaires. J'aime le confortable, l’over size, les corsets, c'est ma passion depuis toujours. J'adore les corsets ! C'est l'une des pièces les plus dures à faire, mais j'adore depuis Jean-Paul Gaultier. De toute façon, depuis que je suis gamine, j'adore », confie-t-elle.« Nous allons retrouver à peu près les mêmes modèles, les mêmes silhouettes, mais pas forcément les mêmes tissus et les mêmes finitions. J'essaie toujours de garder la petite touche marocaine. J’aime les tissus de bonne qualité, donc je vais prendre des lins 100%, des cotons, des soies. Au Maroc, nous avons un tissu qui s'appelle Mlifa qui est typiquement marocain et c'est un coton laine mélangé qui est utilisé pour les djellabas. J’utilise les belles couleurs que nous avons au Maroc. Vous savez, Marrakech, c'est la ville ocre, Essaouira, la ville bleue, Fès, la ville jaune. De super couleurs ! Le tissu marocain et les broderies, je garde cela dans mes collections », explique-t-elle.Son approche audacieuse, son désir de redéfinir les codes de la mode marocaine, la pousse à concevoir des collections confortables, ...
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    7 mins
  • Élodie Schneider: l’engagement d’une vitrailliste à Notre-Dame de Paris
    Jan 25 2025
    100% création clôt sa série spéciale autour des métiers qui ont contribué au chantier de Notre-Dame de Paris avec Élodie Schneider, vitrailliste. Emblème de l'architecture gothique, la cathédrale a subi un incendie dévastateur en 2019. Ce drame a suscité une mobilisation exceptionnelle pour sa restauration, rassemblant artisans et bénévoles autour d'un projet commun, à l’instar d’Élodie Schneider, vitrailliste, qui nous raconte son métier et sa participation au chantier de Notre-Dame de Paris. Le métier de vitrailliste est très polyvalent donc même en étant spécialisé dans le vitrail, il y a énormément de choses différentes et de créations aussi à faire. C'est donner, ou redonner, de la lumière. L'idée de couleurs, de textures et parfois c'est de la restauration où les gens sont émerveillés de revoir leur vitrail autrement.Élodie Schneider, vitrailliste et fondatrice de l’atelier : les aventures verrières.« C'est vraiment un métier, où il faut se concentrer. En démontant un vitrail, il faut faire attention à ne pas casser de pièces, à bien jeter ses plombs, à porter un masque aussi pour se protéger, parce qu'il y a aussi tout l'aspect santé et hygiène, parce que nous travaillons avec du plomb, précise la vitrailliste. Aujourd'hui, il faut faire vraiment très attention avec ces contraintes importantes pour notre santé. Il faut aussi avoir un petit côté créatif si l'on souhaite faire de la création. En restauration, je pense qu'être passionnée, c'est un peu la base. »Originaire d’Alsace, Élodie Schneider a vécu dans la région du parc naturel des Vosges du Nord, une région riche en histoire des métiers du verre. Elle a été fascinée très jeune par le travail du verre, après des études en arts plastiques, elle s’est tournée vers le vitrail, un art qui allie technique et créativité.« J'ai appris à manier, à souffler, à cueillir le verre, c’est l’expression à l'état pur, à l'état liquide, en fusion, et d'appréhender ce verre. Ensuite, il y avait ce côté patrimoine qui m’attirait beaucoup et qui est important pour moi. Je me suis dit "bon allez, maintenant, je sais que c'est le vitrail et que c'est cela que j'ai envie de faire", se souvient-elle. Et j'ai été prise dans un atelier dans le sud de la France, entre Montélimar et Avignon. Pendant deux ans, j’ai participé à beaucoup de chantiers à droite à gauche, j’ai acquis de l’expérience et j'ai passé un CAP vitrail. Cela existe et c'est une manière très agréable d'apprendre ce métier ».Après sa formation, Élodie Schneider entreprend un tour de France à vélo pour découvrir le travail du verre et ses multiples techniques.« Il faut aller dans différents ateliers. Il y a eu un an entre Paris et Lille avec une formation en peinture sur verre pour vraiment compléter le métier et après un an en Normandie vers Étretat, explique Élodie Schneider. Après, j'ai décidé de prendre le vélo et de continuer cette expérience en faisant du ponctuel. Deux mois en Pays de la Loire, une semaine dans le Jura, quatre mois à Rouen. C'était une expérience très enrichissante de faire du vélo et d'aller à la rencontre des artisans ».C’est cette soif de découverte des techniques qui a amené Élodie Schneider sur le chantier de Notre-Dame de Paris. « Lorsque l'incendie de Notre-Dame a eu lieu, j'étais en stage à la Dombauhütte Köln, les ateliers de la cathédrale de Cologne. Il y en a une petite vingtaine partout en Europe, il y en a une en France, elle est à Strasbourg. Elles ont toujours été là. Par exemple, à Cologne, elle a toujours été présente parce qu'il y a toujours quelque chose à restaurer. Nous ne pouvons pas laisser une cathédrale sans atelier. Cela permet des archives, un travail d'une très haute qualité, avec des gens qui sont pointus dans leur domaine et qui sont surtout passionnés par ce qu'ils font. C'est pour cela que je suis parti en stage pendant un mois. Et durant ce stage, Notre-Dame de Paris a brûlé. Il y a eu de l'émotion, se rappelle-t-elle. Je n'y ai pas tout de suite cru. Nous pensons aux Français et aux Parisiens, mais le monde entier a été très touché et les Allemands, ils avaient tous pleuré la veille. Ils m'ont dit "Élodie, qu'est-ce que nous pouvons faire pour aider concrètement, là, maintenant, tout de suite ? Nous sommes là". Deux ans plus tard, j'ai l'un des chefs de la cathédrale de Cologne qui m'appelle et me demande si je voulais être avec eux pour travailler sur le chantier de Notre-Dame de Paris ? Parce qu'entre-temps, il y a eu des cagnottes, mais au lieu donner les sous aux Français et à Notre-Dame, ils ont demandé à être présents, être acteur et donner leur savoir-faire. C’est comme cela que quatre baies, un lot, a été transporté en Allemagne et restauré outre-Rhin ».À écouter aussiLa cathédrale de Notre-Dame de Paris célèbre Noël pour la première ...
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    9 mins
  • Édouard Cortès, un charpentier à la hache à Notre-Dame de Paris [8/9]
    Jan 18 2025
    100 % création continue sa série spéciale autour des métiers qui ont contribué au chantier de Notre-Dame de Paris. Aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec Édouard Cortès, apprenti charpentier à la hache ou équarrisseur. Au cœur de la restauration de Notre-Dame de Paris, les charpentiers à la hache ont réutilisé des techniques médiévales. Ce retour aux sources met en valeur un savoir-faire ancestral tout en répondant aux exigences contemporaines. Moi, c’est la taille à la hache d’un canoë qui m’a mené jusqu’à la grande nef, le vaisseau amiral de Notre-Dame sur l’île de la Cité.Édouard Cortès, apprenti charpentier à la hache ou équarrisseurL’équarrissage, c’est un labeur monacal assez épuisant et il faut parfois faire reposer les muscles. Nous faisions des périodes d’un mois ou deux, parfois quelques semaines et d’autres venaient prendre le relais. Pour les charpentiers équarrisseurs, ceux qui ont travaillé à la hache, nous étions une quarantaine à nous relayer. Nous n’étions pas en permanence sur le même site. Nous nous relayions tout simplement pour la santé, pour éviter de s’épuiser et puis aussi parce que cela a donné la place à plusieurs charpentiers à la hache. Nous sommes plusieurs à avoir eu ce petit privilège de pouvoir tailler les poutres de Notre-Dame.Édouard Cortès est né à Paris. Sa vie est marquée par le voyage et la découverte. Son parcours, riche en expériences, lui a permis de développer une approche unique du travail du bois. Il a construit une cabane en bois dans le Périgord, puis un canoë en bois, à la hache. Le respect de la nature et de la créativité l’ont conduit sur le chantier de Notre-Dame de Paris. Mais Édouard Cortès a aussi une relation personnelle avec la cathédrale.« Est-ce que c’est un hasard que je sois sur le chantier de Notre-Dame ? J’ai une petite histoire avec Notre-Dame : j’ai demandé ma femme en mariage au kilomètre zéro sur le parvis de Notre-Dame, et je suis parti à Jérusalem à pied, j’ai fait un grand voyage et je suis parti de Notre-Dame pour ce voyage. J’ai toujours eu une affection pour Notre-Dame, comme nous avons tous une affection pour Notre-Dame, et puis encore plus avec l’effroi de l’incendie qui nous a révélé ce qu’était cette cathédrale justement, pas seulement une cathédrale, mais aussi un cœur battant. Et là, c’était un cœur brûlé. Aujourd’hui, en voyant le bâtiment, la restauration, le grand vaisseau, le grand berceau parisien qui renaît de ses cendres, je me dis : "Le cœur brûlé est maintenant un cœur brûlant." Alors, je ne sais pas très bien où j’en suis dans ma foi, mais en tout cas, je suis heureux de voir qu’à Notre-Dame il y a un nouveau cœur qui bat. »Édouard Cortès fait partie de la quarantaine de charpentiers équarrisseurs qui ont travaillé à la hache afin de refaire à l’identique la charpente de Notre-Dame de Paris.« La technique d’équarrissage, c’est une technique médiévale, nous travaillons sur bois vert. À l’atelier, les grumes, ces troncs d’arbres qui sont dégagés de leurs branches, sont posées sur des tréteaux et alors là commence le travail de l’équarrisseur. Nous cherchons à garder la forme de l’arbre pour des questions mécaniques, donc à suivre le fil du bois. Nous faisons notre marquage et travaillons avec plusieurs types de haches. Une fois la forme repérée, nous faisons nos marquages au rouge, au noir, retirons l’écorce et ensuite, nous travaillons avec différents types de cognées, différents types de haches. D’abord des grosses cognées, là, nous montons sur le tronc d’arbre, nous sommes debout pour retirer des gros morceaux de bois, des grosses chutes, des gros éclats. Et là, il faut y aller. Ensuite, nous prenons la doloire, cette hache qui est un peu désaxée, qui n’a qu’un seul biseau, qu’un seul taillant, et avec la doloire, nous raclons légèrement, nous enlevons une fine couche, parfois des copeaux pour affiner et c’est ce qui donne cette finition. Quand vous voyez une poutre avec ses petites vaguelettes, appelées cupules, qui laissent la trace de l’outil et qui laissent un petit creux. »La restauration de Notre-Dame de Paris a fait appel à la doloire, une hache ancienne de charpentier.« La doloire a été notre outil, comme le guerrier à son arme, ou comme le peintre son pinceau, l’écrivain son stylo. Nous avons la doloire. Cela vient du latin dolor, c’est la souffrance, la douleur, donc oui, il y avait un effort constant. Quand vous équarrissez une longue poutre à la doloire, cette hache spécifique, eh bien, il faut être persévérant. Il y a une forme de musique intérieure. Vous avez une grande longueur. Si vous faites un chevron de douze mètres, vous savez que vous en avez pour la journée. Vous avancez petit à petit. C’est comme la marche, c’est lent, mais vous avez un objectif. Et le ...
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    10 mins