100% création clôt sa série spéciale autour des métiers qui ont contribué au chantier de Notre-Dame de Paris avec Élodie Schneider, vitrailliste. Emblème de l'architecture gothique, la cathédrale a subi un incendie dévastateur en 2019. Ce drame a suscité une mobilisation exceptionnelle pour sa restauration, rassemblant artisans et bénévoles autour d'un projet commun, à l’instar d’Élodie Schneider, vitrailliste, qui nous raconte son métier et sa participation au chantier de Notre-Dame de Paris. Le métier de vitrailliste est très polyvalent donc même en étant spécialisé dans le vitrail, il y a énormément de choses différentes et de créations aussi à faire. C'est donner, ou redonner, de la lumière. L'idée de couleurs, de textures et parfois c'est de la restauration où les gens sont émerveillés de revoir leur vitrail autrement.Élodie Schneider, vitrailliste et fondatrice de l’atelier : les aventures verrières.« C'est vraiment un métier, où il faut se concentrer. En démontant un vitrail, il faut faire attention à ne pas casser de pièces, à bien jeter ses plombs, à porter un masque aussi pour se protéger, parce qu'il y a aussi tout l'aspect santé et hygiène, parce que nous travaillons avec du plomb, précise la vitrailliste. Aujourd'hui, il faut faire vraiment très attention avec ces contraintes importantes pour notre santé. Il faut aussi avoir un petit côté créatif si l'on souhaite faire de la création. En restauration, je pense qu'être passionnée, c'est un peu la base. »Originaire d’Alsace, Élodie Schneider a vécu dans la région du parc naturel des Vosges du Nord, une région riche en histoire des métiers du verre. Elle a été fascinée très jeune par le travail du verre, après des études en arts plastiques, elle s’est tournée vers le vitrail, un art qui allie technique et créativité.« J'ai appris à manier, à souffler, à cueillir le verre, c’est l’expression à l'état pur, à l'état liquide, en fusion, et d'appréhender ce verre. Ensuite, il y avait ce côté patrimoine qui m’attirait beaucoup et qui est important pour moi. Je me suis dit "bon allez, maintenant, je sais que c'est le vitrail et que c'est cela que j'ai envie de faire", se souvient-elle. Et j'ai été prise dans un atelier dans le sud de la France, entre Montélimar et Avignon. Pendant deux ans, j’ai participé à beaucoup de chantiers à droite à gauche, j’ai acquis de l’expérience et j'ai passé un CAP vitrail. Cela existe et c'est une manière très agréable d'apprendre ce métier ».Après sa formation, Élodie Schneider entreprend un tour de France à vélo pour découvrir le travail du verre et ses multiples techniques.« Il faut aller dans différents ateliers. Il y a eu un an entre Paris et Lille avec une formation en peinture sur verre pour vraiment compléter le métier et après un an en Normandie vers Étretat, explique Élodie Schneider. Après, j'ai décidé de prendre le vélo et de continuer cette expérience en faisant du ponctuel. Deux mois en Pays de la Loire, une semaine dans le Jura, quatre mois à Rouen. C'était une expérience très enrichissante de faire du vélo et d'aller à la rencontre des artisans ».C’est cette soif de découverte des techniques qui a amené Élodie Schneider sur le chantier de Notre-Dame de Paris. « Lorsque l'incendie de Notre-Dame a eu lieu, j'étais en stage à la Dombauhütte Köln, les ateliers de la cathédrale de Cologne. Il y en a une petite vingtaine partout en Europe, il y en a une en France, elle est à Strasbourg. Elles ont toujours été là. Par exemple, à Cologne, elle a toujours été présente parce qu'il y a toujours quelque chose à restaurer. Nous ne pouvons pas laisser une cathédrale sans atelier. Cela permet des archives, un travail d'une très haute qualité, avec des gens qui sont pointus dans leur domaine et qui sont surtout passionnés par ce qu'ils font. C'est pour cela que je suis parti en stage pendant un mois. Et durant ce stage, Notre-Dame de Paris a brûlé. Il y a eu de l'émotion, se rappelle-t-elle. Je n'y ai pas tout de suite cru. Nous pensons aux Français et aux Parisiens, mais le monde entier a été très touché et les Allemands, ils avaient tous pleuré la veille. Ils m'ont dit "Élodie, qu'est-ce que nous pouvons faire pour aider concrètement, là, maintenant, tout de suite ? Nous sommes là". Deux ans plus tard, j'ai l'un des chefs de la cathédrale de Cologne qui m'appelle et me demande si je voulais être avec eux pour travailler sur le chantier de Notre-Dame de Paris ? Parce qu'entre-temps, il y a eu des cagnottes, mais au lieu donner les sous aux Français et à Notre-Dame, ils ont demandé à être présents, être acteur et donner leur savoir-faire. C’est comme cela que quatre baies, un lot, a été transporté en Allemagne et restauré outre-Rhin ».À écouter aussiLa cathédrale de Notre-Dame de Paris célèbre Noël pour la première ...