Philippe Aguad, ancien champion de France et d'Europe de karaté, a troqué les tatamis pour le monde des affaires, influencé par l'héritage commercial de son père. En 2020, il lance Caussün, une marque française de pantoufles totalement éco-conçues, fabriquées artisanalement au Portugal avec des matériaux naturels comme la laine vierge d'Ardèche, du liège ou de la feutrine. Avec Caussün, Philippe Aguad propose une alternative éthique et écologique afin de laisser une empreinte positive. « L'esprit ne va pas s'arrêter. Je suis toujours dans l'optique de création. Je ne sais pas partir en vacances pour partir en vacances. Il faut toujours que j'essaie de trouver une matière première ou quelque chose qui me permettra de développer autre chose. Ce n'est pas simplement pour l'argent, c'est pour le plaisir. Honnêtement, je prends plus de plaisir à créer qu'à gagner de l'argent. J'ai le privilège de pouvoir encore développer des histoires, des nouvelles histoires, mais avec l'aide de gens qui vont vendre le produit. Moi, je suis plutôt dans la création », confie Philippe Aguad.Le co-fondateur de Caussün développe : « ''Caussün'' veut dire ''chausson'' en provençal. Cela vient de là. Nous faisions un brainstorming avec ma fille qui travaille avec moi et qui est co-fondatrice de la marque. Nous avons choisi ''Caussün'' parce que cela veut dire ''chaussons'' en provençal. Nous sommes à Marseille et attachés à notre région. Et puis, le chausson fait partie maintenant de notre activité à 100% sur la société qui s'appelle Alternative Bio. »Philippe Aguad est un créateur et un explorateur. Loin d'avoir emprunté un chemin classique, il a navigué entre le sport et le commerce, mêlant sa passion pour le karaté et l'apprentissage sur le terrain. Champion de France et d'Europe de karaté, ses premières expériences professionnelles l'ont contraint à grandir et à comprendre que derrière le chiffre d'affaires se cache un monde complexe de gestion :« J'ai développé une activité commerciale, entre 20 et 30 ans, sur Marseille avec des joggings. À l'époque, ce n'était pas très commun. J'ai réussi avec des joggings sur tout le sud-est de la France. Le problème, c'est que je ne savais pas gérer. Je faisais du chiffre d'affaires, mais je ne savais pas ce que c'était que la marge ou quoi que ce soit. J'avançais ! À un moment donné, cela m'a rattrapé. À 29 ans, j'ai été confronté à un problème de liquidation judiciaire, avec tout ce que cela entraîne. Honnêtement, cela m'a fait prendre conscience de ce qu'il fallait faire ou pas, et cela m'a formé un peu dans la douleur. Cela m'a fait mûrir. J'ai pu comprendre pas mal de choses, relativiser au niveau du business, ne pas croire que c'était facile et qu'il fallait faire un peu de gestion. »De rencontres en opportunités, c'est finalement sur une plage en Corse, jonchée de déchets plastiques, qu'il a le déclic pour une nouvelle aventure : la création de pantoufles bio. Un projet qui naît d'une prise de conscience aiguë et d'un désir de contribuer à un monde meilleur : « Sur la plage, il y avait une quinzaine de paires de tongs qui étaient là, à côté, des bouteilles en plastique. C'était une plage idyllique en Corse. Cela a été un déclencheur chez moi. Je me suis mis à la recherche de quelque chose, d'un chausson, puisque c'était mon métier. Je me suis mis dans la tête de faire un chausson qui soit bio, ou alors avec des biopolymères. Il y a treize ans, c'était complètement révolutionnaire de penser à inventer des biopolymères avec une origine végétale. C'était très compliqué. J'étais le seul à le faire. Mais je n'ai pas voulu développer en Chine parce que j'avais comme objectif déjà, il y a une dizaine d'années, de développer en Europe. »Philippe Aguad se lance dans la fabrication de chaussons 100% d'origine végétale, avec une production au Portugal. Sa marque Caussün, lancée en 2020, s'adresse aux professionnels de l'hôtellerie, mais aussi, depuis la pandémie de Covid-19, aux particuliers :« J'étais parti en vacances en Ardèche, en bas du mont Gerbier-de-Jonc. Il y a des vendeurs qui vendaient aussi de la feutrine de laine au mètre, pour mettre autour de vos plantes pour les protéger du froid. J'en ai acheté deux mètres pour tenter l'histoire. Je l'ai envoyé au Portugal pour faire la même forme que les pantoufles d'hôtel, en me servant de cette laine. Cela a donné un truc fabuleux, de mettre le pied à l'intérieur. C'est chaud, cela ne pique pas. Ce sont les fibres courtes de la laine qui sont utilisées, parce que vous avez les fibres courtes qui sont brûlées, jetées ou utilisées pour faire des feutrines, ou les fibres longues, avec lesquelles sont faits les pulls. Pour la laine, nous travaillons avec une SCOP en Ardèche, qui travaille sur des très vieilles machines, c'est fabuleux ! Ils se servent de ...