Episodios

  • «La Louve» ou le cri féministe de la jeune rappeuse Morgan
    Jul 16 2025

    Morgan est une de ces artistes, de plus en plus nombreux, qui percent dans la musique via les réseaux sociaux. À presque 24 ans, elle en est déjà à son deuxième album, La Pomme, une ode féministe à la position complexe des femmes dans la société du XXIe siècle, entre injonctions contradictoires et domination patriarcale.

    L'aventure Morgan débute dans sa chambre, d’où elle poste ses premiers freestyles, (des improvisations sur des musiques qu’elle trouve sur Internet), sur Facebook puis sur YouTube. Par la suite, elle intègre un collectif de rap, La Mante Religieuz aux côtés duquel elle découvre la joie de se produire sur scène. Cet épisode marque son entrée dans le monde du rap. Quelques années plus tard, en 2023, elle sort un premier album de rap aux inspirations pop, rock et électro intitulé Racines.

    En 2025, son deuxième album, La Pomme, (en référence au péché originel) révèle une Morgan encore plus incisive et déterminée à se faire entendre. Ce nouvel album en 12 titres est l’occasion pour elle de multiplier les aventures collectives avec d'autres jeunes voix de la chanson française. C’est le cas du titre « Diaboliques », où elle est rejointe par les chanteuses Lou et Shaïna Pronzola pour y jouer une virée en voiture où les femmes prennent le volant et le pouvoir sur les hommes. Ces derniers se retrouvent assis à l’arrière de la voiture et soumis au bon vouloir et aux désirs des conductrices. Le titre crée une ambiance de retournement du patriarcat alors que les rires des trois jeunes femmes résonnent dans la nuit.

    Un rap engagé

    Une des inspirations du morceau est le film Boulevard de la mort du célèbre réalisateur Quentin Tarantino. Il met en scène des femmes poursuivies par un dangereux tueur et qui finissent par retourner la situation et le poursuivre à leur tour. « Je ne sais pas exactement comment m’est venue l’idée de ce patriarcat inversé, mais ce côté "Boulevard de la mort" me plaisait beaucoup, explique Morgan. Avec ce titre, j’avais aussi en tête l’idée que si cela avait été dans l’autre sens, cela aurait été très problématique. Ce qui veut dire qu’il a un problème et qu’il faudrait peut-être se poser quelques questions. L’idée derrière ce titre, c’est toujours de faire réfléchir. »

    Dans un univers du rap français encore largement dominé par les hommes, Morgan fait entendre des rimes féministes et n’épargne personne. « La Louve », titre phare de son nouvel album, en est d’ailleurs la preuve : sur une production très rythmée, mêlant rock et électro, la rappeuse nous fait entendre des rimes aiguisées comme des lames pour tailler le patriarcat en pièces.

    Une artiste aux multiples facettes

    La jeune rappeuse est aussi comédienne. Elle a notamment joué dans Molière, une comédie musicale de Dove Attia inspirée de la vie du célèbre dramaturge. Elle y incarne Madeleine Béjart, grande comédienne de son époque et compagne de celui qui s'appelait encore Jean-Baptiste Poquelin. Pour Morgan, rap et théâtre n’ont rien d’antagoniste : « Le rap est à 2025 ce que la poésie a pu être au XVIIe siècle. En tout cas dans le travail du rythme, des vers et des pieds, tout cela est très proche du rap en vérité. »

    Morgan parle beaucoup de féminisme, mais la guerrière pose parfois les armes pour évoquer ses doutes et sa santé mentale. Dans le titre « Lettre à MO » elle s'adresse à l'enfant qu'elle a été, entre excuse et appel au bonheur et déclaration d’amour.

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    5 m
  • Rissa Boo raconte l'Afrique en rap dans son album trilingue «O Desafinado»
    Jul 15 2025

    Rissa Boo peint l'Afrique sur des rythmes de rap. Après avoir passé six mois sur le continent et traversé plus d'une douzaine de pays du Maghreb à l'Afrique du Sud, le rappeur français dévoile 20 titres. Un mixtape entre rap et rythmes africains qu'il présente en anglais, en français et en portugais, comme l'indique le nom du disque : O Desafinado (en français : le désaccordé).

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    7 m
  • Le retour gagnant de Pulp, l'un des (autres) groupes de britpop
    Jul 14 2025

    Vingt-quatre ans que ce groupe n'avait pas sorti de disque. On a beaucoup parlé du retour d'Oasis, et là, c'est une autre formation britannique, emblématique de britpop, le groupe Pulp, qui refait surface. Emmené par le chanteur désormais sexagénaire Jarvis Cocker, Pulp a sorti en juin un nouvel album intitulé More et fait la tournée des festivals de musique.

    More, « Encore », pour prouver que le groupe bouge encore et toujours.

    Pulp n'a pas connu le même succès qu'Oasis et Blur, les deux rivaux des années 90. Mais comme eux, il a revisité de belle façon la musique pop britannique des années 60-70. C'est ce que l'on a nommé la britpop à la fin du siècle dernier, cette nostalgie pour les grandes années où ce qui s'inventait en musique électrifiée venait d'Angleterre. Pulp, c'est la nostalgie du glam rock et aussi une ironie mordante portée par le chanteur et leader du groupe, Jarvis Cocker.

    Dans le tube, « Common People » en 1995, Jarvis Cocker raconte une romance entre une jeune fille de bonne famille qui aimerait, pour s'amuser, vivre la vie de gens du commun, des pauvres en fait et un garçon comme lui, issu de la classe ouvrière, qui lui dit « on commence au supermarché, imagine que tu n'as pas d'argent ». Elle rit, mais lui explique qu'elle ne pourra jamais connaître cette expérience de la pauvreté, car elle n'a qu'un coup de fil à passer à son père pour retrouver son confort matériel.

    Ironie mordante

    L'ironie, c'est ce qui distingue Pulp des autres groupes de britpop. Il y a aussi la personnalité de son leader, né en 1963. Jarvis Cocker, qui raconte qu'à sept, il a connu un double deuil : le départ de son père du domicile familial et la séparation des Beatles.

    Il n'est qu'un adolescent, en 1978, quand il fonde Pulp à Sheffield, une ville industrielle du Nord de l'Angleterre. Le groupe mettra plus de quinze ans avant de connaître le succès avec deux albums coup sur coup en 1994 et 1995. Jarvis Cocker n'a pas l'arrogance crane de Liam Gallagher d'Oasis. Lui est une sorte de dandy, anti-héros british désabusé et dégingandé, qui impose sur scène des mouvements désarticulés, mais fait danser le public comme avec « Disco 2000 », un de ses autres titres phares. Sur ce titre de 1995, Jarvis Cocker s'imagine retrouver des années plus tard une fille dont il était amoureux au lycée.

    Un quart de siècle plus tard

    On les retrouve comme si on les avait quittés la veille. Alors évidemment, le temps a passé, Jarvis Cocker chante les occasions manquées et le vieillissement. Ce retour est d'autant plus émouvant que le bassiste historique du groupe, Steve Mackey, est mort en 2023 et ce disque lui est d'ailleurs dédié.

    L'album, ni nostalgique ni réédition d'anciennes recettes, prolonge le plaisir. On retrouve ce mélange de titres sarcastiques et de balades mélancoliques, et puis par moment un shoot d'énergie comme sur le tube en puissance « Got to have love ».

    Pulp se produit ce 14 juillet au Montreux jazz festival en Suisse, le 25 juillet chez eux à Sheffield et puis sera le 15 août sur la scène de la Route du Rock en Bretagne, sa seule date en France.

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    6 m
  • Burna Boy, le Nigérian qui mondialise l'afro-fusion avec «No Sign Of Weakness»
    Jul 11 2025
    Burna Boy, artiste nigérian et figure emblématique de l'afro-fusion, dévoile son dernier projet, No Sign Of Weakness. Avec ce nouvel album, il continue de repousser les frontières de la musique en mêlant rythmes afrobeats et influences internationales. En samplant des classiques et en collaborant avec des stars comme Mick Jagger et Travis Scott, il incarne un pont entre les cultures et prône la musique comme un langage universel. Plus solide que jamais, Burna Boy, ou The African Giant, repousse encore un peu plus les frontières de sa galaxie, déjà immense, et invite quelques stars sur le chemin. Après avoir rempli le Stade de France en avril dernier, ce huitième projet annonce une nouvelle ère, aventureuse et généreuse. On retrouve évidemment les ingrédients de sa recette signature, l’afro fusion : des rythmiques afrobeats imparables, des prods envoûtantes et des collaborations de haut vol. Dans une interview pour le magazine Billboard, l’artiste déclare : « Je veux créer des ponts entre les cultures et montrer que la musique est un langage universel ». Chez Burna boy, les ponts sont souvent pavés de samples, alors voici une visite guidée des travaux. Avec « Update », il explore le r'n'b anglais du tournant des années 90 en samplant « Back To Life », un titre mythique de Soul II Soul sorti en 1989. Véritable mythe de la musique noire britannique, on peut y entendre un hommage à ce pays que Burna Boy connaît très bien : il a étudié deux ans à Londres et il vit en ce moment entre la capitale anglaise et Lagos. À la production, on retrouve P2J, le magicien derrière d’autres icônes nigérianes comme Wizkid, mais aussi Skepta ou l'Américaine Beyoncé. Il accélère le tempo originel pour caler un beat à la cadence imparable. La voix iconique avec laquelle il joue, c’est celle de Caron Wheeler. Hommage à la musique afro-britannique Impossible de résumer « Back To Life » à un simple classique de dance. Premièrement, c’est un symbole au sens où la diaspora afro-caribéenne de Londres y célèbre haut et fort son identité, mêlant r'n'b, reggae, house et hip hop. Cette culture britannique, Burna Boy la met particulièrement à l’honneur dans ce disque, musicalement, mais aussi visuellement dans ses clips à l'esthétique très soignée. Deuxièmement, les paroles de « Back To Life » évoquent l’expérience de Caron Wheeler, la chanteuse du groupe. Après avoir frôlé la mort, elle est revenue à la vie, à la réalité. C’est donc là qu’elle demande à Dieu, « However do you want me, however do you need me » – traduisible par « Que veux-tu de moi ? As-tu besoin de moi ? ». On a un hit planétaire à dimension existentielle, ou quand le spirituel dialogue avec le club, ce qui en fait un sample parfait pour Burna Boy. Avançons d’une quinzaine d'années, et encore un peu plus loin dans la culture club britannique avec le sample utilisé dans « Bundle by Bundle », le premier single de l’album. Ici, Burna Boy et son producteur Telz recyclent « The Cure and the cause » des Irlandais Fish go Deep, un classique de la house sorti en 2005. C’est surtout le remix de Dennis Ferrer qui fait voyager le titre à travers le monde. Il fait partie des cartes joker de DJ, à la fois nostalgique, accessible et terriblement obsédante. C’est cette même ligne de basse obsédante que Telz, associé historique de Burna Boy, transforme en une matière redoutable, plus grave, et plus menaçante. Le roi de la fusion Bien au-delà des samples, Burna Boy se fait passeur : il puise et transforme, il fusionne la fusion. De la house au reggae en passant par le rap et la country, il s’aventure sur tous les terrains. On retrouve Travis Scott sur le single « Ta Ta Ta », véritable banger déjà sorti en single, mais encore Stromae sur « Pardon » ou Shaboozey sur « Change Your Mind » et sa country épique. Mais le plus surprenant, peut-être, c’est Mick Jagger sur « Empty Chairs ». L'artiste iconique ouvre le morceau sur un riff de guitare, et on se croirait presque sur un disque des Rolling Stones. Puis, on est replongé dans le bain Burna Boy : basse roucoulante et rythmique affutée. Un peu plus tard, à mi-chemin, on repart avec Mick, comme téléporté. Plus qu’un featuring, ce sont deux géants qui se parlent. Avec cet album, Burna Boy se fait l'épicentre d’une galaxie pop, le capitaine d’une planète autour de laquelle les stars, d’hier et d’aujourd’hui, viennent graviter. En résulte une pop décentrée, qui surprend autant qu’elle rassure. On a hâte de découvrir la suite, mais pour l’instant, profitons du voyage.
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    7 m
  • Les couleurs intérieures de MiiRA, voix entre deux rives de Paris à Rio
    Jul 10 2025

    Dans son nouvel EP Cores – « couleurs », en portugais –, la chanteuse et compositrice franco-brésilienne MiiRA tisse une œuvre à la croisée des traditions et de l’intime. Fidèle aux racines musicales brésiliennes, elle s’en inspire autant qu’elle les réinvente avec une irrévérence assumée.

    MiiRA définit sa musique comme de la néo-bossa nova ou néo-tropicália, deux mouvements majeurs du paysage musical brésilien. De la bossa nova, elle garde l’essence : un chant murmuré, porté par une guitare douce, très intimiste. De la tropicália, née à la fin des années 1960, elle adopte ce mélange des genres qui fait dialoguer les rythmes brésiliens avec le rock, le psychédélisme, les influences anglo-saxonnes.

    Ce principe d’« anthropophagie culturelle », hérité du modernisme brésilien, devient son fil rouge. Absorber des sons venus d’ailleurs, les digérer, puis les réintégrer dans une narration profondément personnelle et liée à sa terre natale. Cores devient alors un espace d’expérimentation, un laboratoire d’émotions, où chaque chanson prend une teinte différente, à l’image des multiples facettes de l’artiste.

    Émotions enfouies et quête du lâcher-prise

    L’EP propose des ambiances contrastées. L’un des morceaux écrit en français, « Où vont les larmes », évoque ces émotions que l’on enfouit, que l’on empêche d’exister. Écrit en pleine nature pendant le confinement, près d’un torrent, ce titre capte quelque chose de brut, de suspendu : la quête d’un lâcher-prise.

    Le deuil est au centre de « Canto », une samba écrit à Rio, pensé comme une célébration collective. Inspirée des roda, ces cercles où l’on se rassemble pour chanter et jouer, la chanson invoque la puissance de la musique pour traverser l’absence. Loin d’être un repli mélancolique, Cores propose une ouverture : à la mémoire, aux autres, à ce qui reste vivant.

    Une cartographie de l'âme en couleurs

    Tout au long de l’EP, une forme de sacré affleure, portée notamment par l’usage de l’orgue, instrument majestueux, presque mystique. Les arrangements de cordes, denses et nuancés, donnent une ampleur orchestrale à l’ensemble. À travers eux, MiiRA compose une œuvre atmosphérique, mais jamais lisse : une œuvre vibrante, traversée de tensions et de douceurs.

    Avec Cores, MiiRA dessine une cartographie sensible de l’âme, où chaque morceau est une couleur, une émotion, un fragment d’humanité. Une invitation à exister pleinement – et à laisser entrer en nous les couleurs des autres et du monde.

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    6 m
  • Le guitariste guinéen Ousmane Kouyaté dépoussière deux pépites
    Jul 9 2025

    Le label Analog Africa s'est spécialisé dans la trouvaille de pépites musicales africaines. Il vient de ressortir deux morceaux du guitariste guinéen Ousmane Kouyaté, enregistrés au début des années 80, sa période la plus électrique et la plus funky.

    Samy Ben Redjeb est un jeune germano-tunisien, passionné de musique africaine qui a écumé les boutiques et les marchés de Dakar à Accra, d'Harare à Lagos, à la recherche de trésors oubliés. Et il en a trouvé tellement, qu'il a fini par monter son propre label Analog Africa. Il a commencé par lancer la réédition d'un disque des Green Arrows, un groupe zimbabwéen des années 70 qui eut beaucoup d'importance au moment des révoltes liées à l'indépendance du pays.

    Samy Ben Redjeb a poursuivi en sortant des compilations, notamment une qui s'appelait African Scream Contest et qui rassemblait les meilleurs groupes béninois et togolais des années 70.

    Sa dernière sortie concerne le guitariste Ousmane Kouyaté

    Ousmane Kouyaté est un musicien guinéen qui a lancé sa carrière au milieu des années 70 à Bamako. Il y a rencontré Mory Kanté avec qui il a formé le groupe Les ambassadeurs du Motel de Bamako, une formation qui s'est employée à moderniser et à électrifier la musique mandingue. Le groupe a évolué au fil du temps et a connu un joli succès dans toute l'Afrique de l'Ouest jusqu'au début 80. À cette période, Ousmane Kouyaté a enregistré les deux morceaux qu’Analog Africa ressort ces jours-ci, aux fameux studios JBZ d'Abidjan.

    « Kefimba », un morceau d'Ousmane Kouyaté qui marque un tournant dans sa carrière

    C'est la période pendant laquelle se sépare Les Ambassadeurs de Bamako. Ousmane Kouyaté entame alors logiquement une carrière solo. En son nom propre d'abord, il sort plusieurs albums dont l'excellent Dabola et puis il accompagne d'autres artistes comme Cheikh Tidiane Seck, Toumani Diabaté ou Salif Keita avec qui il joue encore sur scène aujourd'hui.

    La virtuosité sur « N'Ny »

    « N'Ny » est un morceau sorti en cassette en 1982 qui reflète bien la virtuosité d'Ousmane Kouyaté à la guitare. On distingue également la richesse de sa culture musicale et surtout sa capacité à harmoniser des styles anciens, mandingues, soussou et peuls avec des styles typiquement américains comme la soul, le jazz ou le blues.

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    6 m
  • Herman Dune et son folk contemporain au coeur d'une odyssée
    Jul 8 2025

    Odysseús, (« l'odyssée »), c'est le titre du nouvel album que Herman Dune vient de publier. Herman Dune, c'est le nom d'une formation qui existe depuis plus de vingt ans. Et désormais le projet solo de David-Ivar Herman Dune, un Franco-Suédois figure du folk contemporain.

    Au commencement, il y avait David-Ivar et son frère aîné André, de leur patronyme Herman Düne. Dans les années 90, installés à Paris, ils forment un groupe avec un troisième acolyte (Omé, puis Neman Herman Dune) à la batterie. Ils chantent en anglais, sous influence folk de Bob Dylan ou Leonard Cohen, auto-enregistrent une centaine de chansons et diffusent quelques EPs.

    Le groupe sort en mai 2000 son premier album Turn Off The Light. Enregistré dans des conditions live en deux jours seulement, il tombe dans l'oreille d'un grand spécialiste de musique, l'Anglais John Peele, qui les invite à l'une de ses Peel Session sur la BBC. Une participation qui deviendra récurrente et permettra à Herman Dune de lancer sa carrière.

    Folk solaire

    Herman Dune qui évolue dans le milieu folk contemporain connaît une plus grande notoriété en 2006, avec l'album Giant et grâce au single « I wish That I Could See You Soon ». Ce titre sera cité par le magazine Rolling Stone parmi les 100 meilleures chansons de l'année 2007.

    Très solaire, presque plus pop que folk, la chanson fait connaître le groupe bien au-delà de son cercle d'aficionados folk. Le groupe se produit à l'Olympia à Paris, et dans des festivals comme Les Vieilles Charrues, Rock En Scène, ou le Central Park Summer Festival.

    Puis, les chemins des deux frères Herman Düne se séparent et David-Ivar mène le projet en solo, (au passage le nom du groupe perd son tréma) et s'installe en 2015 à San Pedro en Californie.

    L'odyssée de David-Ivar

    Ce nouvel album intitulé Odysseús a été inspiré à l'auteur alors qu'il était coincé à Montréal pendant la pandémie de covid-19. Loin de sa famille restée à Los Angeles, isolé dans un hôtel désert, David-Ivar a profité de sa situation pour visiter chaque jour la tombe de Leonard Cohen toute proche pour y dépose une pierre ou une fleur. Les 12 titres de cet album évoquent l'amour, l'absence, la distance.

    Avec le producteur, David Garza, très respecté sur la scène musicale américaine, il décide d'enregistrer les morceaux comme en live dans une démarche aussi authentique que possible, à l'image de ce titre « Tune Out » que l'on peut traduire par « se déconnecter ».

    À noter que cet album est fortement empreint de la relation de David-Ivar Herman Dune avec sa femme, Mayon, qui est une artiste. C'est elle qui a sculpté le buste d'homme barbu, Ulysse sans doute, qui figure sur la pochette, et on l'entend chanter en duo sur le titre « Buffoon Of Love ».

    Retrouvez toutes les dates de tournée d'Herman Dune cet automne ici.

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    6 m
  • «Open Up Your Senses»: Tyreek McDole s'impose déjà comme un grand du jazz vocal
    Jul 7 2025

    C'était un premier album très attendu, Open Up Your Senses, du chanteur haïtiano-américain Tyreek McDole. À seulement 25 ans, ce jeune prodige du jazz à la voix grave et envoûtante signe un opus d'une grande maturité. Entre hommage aux standards de jazz et recherche d'une certaine singularité, Open Up Your Senses s'impose comme un premier disque très réussi.

    À 25 ans, Tyreek McDole impose déjà une présence vocale et artistique remarquable sur la scène jazz internationale. Le jeune chanteur haïtiano-américain dévoile Open Up Your Senses, un tout premier album à la fois intime, puissant et empreint de spiritualité. Avec un titre évocateur : « Ouvrez vos sens » en français, une invitation à l’éveil et à la reconnexion.

    Né en 2000, Tyreek McDole découvre le jazz à neuf ans grâce au film d’animation La Princesse et la Grenouille. L’action se déroule dans la Nouvelle-Orléans des années 1920, berceau du jazz et des métissages culturels afro-caribéens et américains. Une révélation pour l’enfant qu’il était, touché autant par la musique que par la représentation : pour la première fois, il voit une princesse qui ressemble à ses sœurs, dans un univers qui valorise la culture noire.

    Aujourd’hui, avec ce premier disque, il prend la parole en héritier conscient : « Quand il s’agit de cette musique et de l’héritage qu’elle porte, je me tiens sur les épaules de toutes les personnes qui ont rendu cela possible. C’est de la musique noire américaine : beaucoup de douleur et de souffrance ont dû avoir lieu pour que nous soyons là aujourd’hui. Mais en même temps, il y avait de la joie, de la liberté. Il faut humaniser les musiciens de jazz, et inviter les auditeurs à se libérer, à se reconnecter. À ouvrir leurs sens, justement. »

    Une voix qui mêle profondeur et lumière

    Avec sa voix de baryton chaude et enveloppante, rappelant celle de Gregory Porter, Tyreek McDole explore un jazz aux multiples facettes : tantôt introspectif, tantôt exalté. Il revisite avec grâce des standards portés par des légendes comme Ella Fitzgerald, Louis Armstrong, Count Basie, ou encore Thelonious Monk, leur insufflant une vie nouvelle sans jamais les trahir.

    Parmi les moments forts, on retrouve des titres plus rythmés dans l’esprit du bebop, comme « The Umbrella Man », où l’on sent toute la maîtrise vocale du chanteur. Mais l’album trouve aussi son équilibre dans des morceaux plus doux, où l’émotion affleure à chaque note. « Beaucoup des morceaux que j’ai choisis ne sont pas assez joués aujourd’hui. On est trop concentrés sur les soi-disant "grands standards américains". Mais Dizzy Gillespie, Pharoah Sanders, Nicholas Payton… Tous ces artistes méritent plus d’attention. Je crois qu’il faut revenir aux racines, à la mission première de cette musique », estime le chanteur.

    L’âme d’Haïti dans le cœur du jazz

    Impossible d’ignorer l’ancrage caribéen qui traverse l’album. Tyreek McDole rend un hommage sincère à Haïti, terre de sa mère, à travers notamment « Wongolo Wale », un chant traditionnel revisité avec une grande finesse. « Enfant, j’étais gêné par mes origines haïtiennes. J’ai grandi dans une ville majoritairement blanche, où les gens ne comprenaient pas mon vécu. Ils ne voyaient d’Haïti que la misère montrée à la télé. Mais quand tu vas sur place, tu découvres aussi la beauté, la culture, la fierté. Ce morceau, c’est une façon de réconcilier tout ça. »

    Open Up Your Senses est un disque d’une maturité impressionnante. Aussi soigné dans son interprétation que dans sa production, il révèle un artiste déjà très sûr de sa direction artistique. Tyreek McDole s’impose avec douceur, mais détermination comme une voix montante du jazz contemporain, entre fidélité aux racines et regard résolument tourné vers l’avenir.

    (Tyreek McDole sera en concert le 24 juillet à Jazz In Marciac, le 26 juillet au Nice Jazz Fest, le 27 juillet à Andernos Jazz Festival, le 28 juillet à Jazz à Toulon et le 16 octobre au New Morning à Paris.)

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    7 m