1988, Pierre Desproges et Françoise Dolto nous quittent, George H.W. Bush est élu président des États-Unis. La guerre qui oppose l’Iran et l’Irak depuis huit ans prend fin, et le Mexique accueille la Coupe du monde de Football.
Le 22 juin 1986, en quarts de finale, l’Argentine s’oppose à l’Angleterre, les deux nations qui ont été en guerre dans les Malouines. À la 51ème minute de jeu, Diego Maradona ouvre le score en marquant un but… de sa main. Mais l’arbitre ne le voit pas, et accorde le point aux Argentins. On parlera plus tard de «main de Dieu». Le second but marqué par Maradona, qui traverse littéralement tout le terrain à lui seul sans perdre le ballon, est quant à lui rentré dans l’histoire comme probablement le plus beau but jamais inscrit. La légende Maradona est à jamais écrite.
Mais si cette «main de Dieu» marque indéniablement le monde du sport des années 80, d’autres grands noms dans d’autres disciplines vont émerger. C’est le cas notamment de la Formule 1 qui prend ses lettres de noblesse, grâce à des pilotes comme, Thierry Boutsen, Gilles Villeneuve, Ayrton Senna et Alain Prost.
Sur les courts de tennis, on voit Yannick Noah, Steffi Graf, Martina Navratilova, Chris Evert, John Mc Enroe ou Björn Borg. Tous ces noms qui résonnent comme ceux de grandes stars. Car c’est bien à un phénomène de «starification» du sport que l’on assiste.
Malgré le star-system qui entoure les sportifs de renom, ils n’échappent cependant pas aux scandales. C’est justement en 1988 que l’un d’eux va éclater. Nous sommes en Corée du Sud, à Séoul, qui accueille les 24èmes Jeux Olympiques d’été. En ce 24 septembre, le sprinter canadien Ben Johnson réussit un exploit, il remporte le 100 m en 9,83 secondes. C’est un phénomène. Mais c’est aussi une triche, car Johnson est dopé. Un mythe s’effondre. Cette affaire de dopage va permettre de surveiller encore de plus près les athlètes. Il faut dire que la pression sur les sportifs est énorme. On attend qu’ils dépassent leurs limites, qu’ils deviennent des stars, des héros, des modèles pour la jeunesse. Le sport résume bien les valeurs véhiculées dans les années 80, le «fric», la réussite, le culte de la performance et la jeunesse.
Au cinéma, la compétition ou le militarisme deviennent les sujets de films comme la saga Rocky, Rambo, Top Gun. Sylvester Stallone, Chuck Norris, Bruce Willis, Clint Eastwood, Tom Cruise et Schwarzenegger deviennent des idoles tout en muscles, héros d’une Amérique combattante. Le cinéma devient une glorification permanente de la culture du corps parfait, des muscles gonflés, dont on retrouve encore des traces dans le cinéma grand public d’aujourd’hui.
Mais, certains cinéastes s’opposent à cette vision à deux dimensions de l’Amérique, comme Brian De Palma, Tim Burton ou David Lynch, qui présente des visions plus personnelles et plus critiques dans leurs films. Avec le bouleversant «Elephant man», en 1980, Lynch livre une critique acerbe de cet étalage du show à l’américaine, de cette culture des corps parfaits. Son héros est difforme, effrayant, mais tellement humain.
En 1982, le film qui avait marqué les esprits c’était «E.T. l’Extraterrestre», de Steven Spielberg. Il montre qu’avec le progrès des ordinateurs, on peut commencer à utiliser des effets spéciaux numériques, qui n’en sont qu’à leurs débuts, mais vont finir par exploser à tel point que pour beaucoup de grosses productions actuelles, la postproduction des effets spéciaux est la plus grosse partie de leur confection.
Les années 80 sont aussi des années violentes en Europe. Des groupuscules d’extrême gauche ou d’extrême droite sèment la terreur par des attentats et actions radicales.
Avec : Michel Lecomte, ancien directeur des Sports à la RTBF - Pierre Marlet, journaliste responsable de l’info sur La Première (RTBF) - Thomas Snégaroff, journaliste et historien spécialiste des États-Unis - Dick Tomasovic, professeur de Cinéma et des Arts audiovisuels à l’ULiège.