1985, Mikhaïl Gorbatchev arrive à la tête de l’URSS, Simone Signoret décède, tout comme Michel Audiard, une expédition sous-marine retrouve l’épave du Titanic, et l’humoriste Coluche se mobilise pour l’association SOS Racisme. Cette même année 85, Coluche lance également un appel sur Europe 1: il est prêt à créer une cantine gratuite afin d’aider celles et ceux qui n’ont même plus les moyens de se nourrir convenablement. C’est le point de départ des Restos du Cœur. Son projet de cantine est un énorme succès. Les dons affluent. À la base, l’humoriste n’imaginait pas pérenniser son action, il pensait faire un « one shot », comme ce qui s’était fait pour la famine en Éthiopie ou le tremblement de terre en Arménie. Mais dès l’année suivante, les Restos vont se multiplier et s’implanter. En 1986, Coluche meurt dans un accident de la route. Alors pour lui rendre hommage, et continuer son combat, les bénévoles vont faire durer l’association dans le temps, jusqu’à aujourd’hui, 35 ans plus tard.Mais avant de disparaître, Coluche fait appel à ses copains artistes. Il sait que pour engranger de l’argent, il faut faire un tube. C’est la naissance des Enfoirés. Ils feront leur première tournée en 1989.Les années 80 voient donc se multiplier ce genre de concerts caritatifs à grande échelle, et pas seulement en France. Les plus grosses stars internationales y participent. C’est ce que l’on a appelé le « Charity Business », le business de la charité. Parmi tous ces concerts, le Live Aid va marquer l’histoire de la musique. Créé par Bob Geldof pour soulever des fonds contre la famine meurtrière qui sévit en Éthiopie, Bob Geldof n’est cependant pas le seul à vouloir aider l’Éthiopie. Le 28 janvier 1985, aux États-Unis, se tiennent les American Music Awards. C’est ce moment que choisissent plusieurs musiciens, sous l’impulsion du roi de la pop, Michael Jackson, de Quincy Jones et de Lionel Richie, pour enregistrer un tube destiné lui aussi à récolter des fonds contre la famine : « We are the world ». France Gall, Michel Berger et Daniel Balavoine mettront d’ailleurs eux aussi sur pied un projet humanitaire en 1985 : « Actions Écoles », directement inspiré du Live Aid. Le but est d’aller sensibiliser dans les écoles sur la situation en Afrique. C’est suite à ces voyages en Afrique que France Gall chantera « Babacar ». Parfois, les collectifs musicaux ne vont pas seulement soutenir des causes humanitaires pour des famines, des guerres ou des catastrophes. La cause se fait parfois bien plus politique et revendicative. La fête de SOS Racisme prend place, le 15 juin 1985, place de la Concorde à Paris. Cette date marque également le départ de la caravane Jéricho, une initiative destinée à attirer l'attention de l'opinion publique sur le cas du musicien nigérian Fela Kuti qui est emprisonné depuis le 8 novembre 1984. La caravane ainsi baptisée «Parce que c'est la musique qui va faire tomber les murs», selon l'expression des artistes qui compte une vingtaine de musiciens africains des groupes Ghetto Blaster, de Mory Kanté, de Ray Lema, de Salif Keita... et va sillonner l'Europe pour apporter son soutien à Fela. Mais s’il est bien un prisonnier politique qui va catalyser une vague de soutien dans les années 80, c’est Nelson Mandela. L’homme est emprisonné en Afrique du Sud depuis 1964, condamné à la perpétuité pour sédition après avoir mené la lutte contre l’Apartheid. Les artistes se mobilisent avec deux revendications : le soutien à Mandela et l’abolition du régime de l’Apartheid. En 1985, le projet « Artists united against Apartheid » voit le jour sous l’impulsion de Steven Van Zandt, le guitariste de Bruce Springsteen. En 1988, un concert a lieu à Wembley, pour les 70 ans du prisonnier Mandela. L’impact de ce rassemblement aura sans doute influencé la décision de libérer Mandela, le 11 février 1990, soit deux ans plus tard. Cette voie humanitaire, cette ouverture sur le monde aura des influences dans le domaine culturel, et notamment dans la musique puisque c’est au cours des années 80 qu’est né le concept de World Music. Les musiciens de l’Afrique francophone présents en Europe, comme Mory Kante, Angélique Kidjo ou Youssou N’Dour, réussissent à percer avec leurs rythmes traditionnels, parfois mixés au goût occidental.Ces « musiques du monde » (un terme valise qui ne veut pas vraiment dire quelque chose) vont prendre de l’importance dans les années 80. Avec : Yves Bigot, directeur général de TV5 Monde - Marius Colucci, fils de Coluche - Bernard Dobbeleer, journaliste spécialiste des musiques des XXe et XXIe siècles - Mathias Goudeau, co-auteur du documentaire « La véritable histoire des stars des années 80 » - Dominique Lagarde, journaliste - Laurent Rieppi, journaliste et historien du rock.