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  • Nathalie Heinich: «J’ai attendu la fin du XXè siècle pour endosser le rôle de l’intellectuel engagé»
    Jul 6 2025

    Sociologue mondialement reconnue, élève de Pierre Bourdieu, auteur d’une œuvre ample, riche en livres et en articles, Nathalie Heinich est l’invitée de Pierre-Édouard Deldique dans ce nouveau numéro d’IDÉES, à l’occasion de la sortie de son nouvel essai : « Penser contre son camp, itinéraire politique d’une intellectuelle de gauche » (Gallimard).

    Nathalie Heinich sur CAIRN info.

    Les propos qu’elle tient dans l’émission et cet ouvrage nous livrent quelques repères dans la grande confusion des idées que connaît notre époque.

    « Querelle de l’art contemporain, neutralité des sciences sociales, mariage homosexuel, féminisme, islamisme, censure, wokisme, gauche radicale : autant de sujets qui, depuis une vingtaine d’années, ont beaucoup agité le monde intellectuel français et, en particulier, la gauche, de plus en plus éclatée, voire bouleversée, par des retournements rompant avec ses valeurs historiques – protection des plus faibles, universalisme, laïcité, rationalité, liberté d’expression », écrit Nathalie Heinich dans ce livre qui est au cœur de notre conversation.

    Il s’agit d’un essai « qui propose un retour réflexif » sur ses prises de position depuis la fin du XXè siècle, « controversées par une partie de la gauche et qui, en cela même, témoignent de mutations allant bien au-delà d’opinions personnelles. Ne pas « penser comme nous » : telle est, parfois, la condition pour rester fidèle aux valeurs fondatrices d’une famille politique », note-t-elle.

    Lucide, vive, parfois tranchante, Nathalie Heinich explique avec passion et clarté, à quel point la gauche s’est éloignée des traditions qui étaient les siennes.

    « Je m’oppose au wokisme car je suis de gauche », dit-elle.

    Courageuse, pourfendeuse des « ragots sociaux », cette combattante des idées nous propose un essai qui vient à point nommé.

    Programmation musicale :

    - Eric Watson Stitches

    - Cinquième saison Tropical Taïga.

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  • Raymond Aron et Jean-Paul Sartre: deux visions de l’engagement intellectuel
    Jun 29 2025

    Dans une nouvelle édition de « Histoire et dialectique de la violence », un des grands livres de Raymond Aron, paru en 1973 (Calmann-Levy), la philosophe et professeure de philosophie, Perrine Simon-Nahum revient sur l’opposition des deux intellectuels.

    Au micro de Pierre-Édouard Deldique, elle explique les divergences entre deux grands esprits du XXè siècle et montre que, finalement, il vaut mieux avoir raison avec Aron que tort avec Sartre...

    Nés la même année 1905, condisciples à l’École normale de la rue d’Ulm, Aron et Sartre ont noué leur amitié dans l’étude des grands textes de la philosophie et l’horizon de la montée des régimes autoritaires du XXème siècle.

    Pourtant, leurs chemins philosophiques divergent dès la fin des années 1930. Aron pressent le déclenchement de la guerre quand Sartre se projette dans la figure du grand écrivain.

    La rupture va être consommée au début des années 1950.

    Les deux philosophes s’opposent sur l’interprétation du marxisme et la question du sens de l’histoire. Aron reconnaît le génie de l’écrivain Sartre, mais il ne ménage pas ses critiques à l’égard de sa philosophie. « Histoire et Dialectique de la violence », résultat du grand cours qu’il consacre treize ans après sa parution en 1960 à la Critique de la raison dialectique, le dernier grand ouvrage philosophique de Sartre, marque le point d’orgue de ce « dialogue » philosophique.

    Ce livre de Raymond Aron est au cœur de ce nouveau numéro d’IDÉES.

    Perrine Simon-Nahum, directrice de recherches au CNRS et professeure attachée au département de Philosophie de l’ENS-Ulm, restitue le cadre de ces débats et éclaire toute leur actualité.

    Programmation musicale :

    Yeliz Trio : Artvax ; Winter Journey.

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  • Agnès Callamard, enquêtrice à l’ONU, déplore «l’annihilation du droit international»
    Jun 22 2025

    Invitée du magazine Idées, Agnès Callamard, spécialiste des droits humains, est secrétaire générale d’Amnesty International depuis 2021. Dans son livre Une enquêtrice à l’ONU, et au micro de Pierre-Édouard Deldique (dans une émission enregistrée avant la guerre entre Israël et l’Iran), elle revient sur les grandes enquêtes qu’elle a menées comme rapporteuse spéciale des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires entre 2016 et 2021.

    Premier de ces dossiers, pour nous à RFI, il y a l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, à Kidal, dans le nord du Mali. Au cours de l’émission, Agnès Callamard raconte comment elle s’est heurtée aux secrets d’État.

    Avec d’autres, elle a aussi mené l’enquête sur l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans l’ambassade d’Arabie saoudite à Istanbul.

    Volontaire, dynamique, défenseuse de la cause des femmes, cette femme engagée raconte aussi son parcours dans l’émission diffusée à une époque où les droits humains sont menacés. Dans son livre, comme dans l’émission, elle déplore « l’arrivée d'une nouvelle ère, caractérisée par l’annihilation du droit international ainsi que la décomposition des institutions et acteurs multilatéraux ». Triste anniversaire pour l’ONU qui, 80 ans après sa création ne peut que mesurer l’ampleur de son impuissance.

    À écouter aussiAgnès Callamard, nouvelle secrétaire générale d'Amnesty International

    Représentante française d’Amnesty International, Agnès Callamard écrit : « Je suis l’une des porte-voix de celles et ceux qui ont souffert. Je me bats contre les dictatures, les oppressions, les exactions. »

    Agnès Callamard (avec Alexandre Duyck), Une enquêtrice à l’ONU chez Flammarion.

    Programmation musicale :

    Anouar Brahem

    • Dancing under the meteorites
    • After the last sky.

    ► Idées chaque dimanche à 21h10 heure française et en podcast dès le dimanche matin 7h00 heure française.

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    40 m
  • La revue Esprit: la Syrie et le Liban, un tournant historique?
    Jun 15 2025

    Dans le cadre du partenariat du magazine IDÉES avec la revue Esprit, Pierre-Édouard Deldique reçoit Anne-Lorraine Bujon, la directrice de la revue et l’anthropologue Véronique Nahoum-Grappe, membre de son comité de rédaction, de retour d’un voyage à Damas qu’elle raconte dans l’émission.

    Le dossier est dirigé par deux spécialistes de la région, Joseph Bahout, professeur à l’Université américaine de Beyrouth et Hamit Bozarslan, directeur d’études à l’École des Hautes études en Sciences sociales, spécialiste des Kurdes (son dernier livre, Histoire des Kurdes. Des origines à nos jours, Cerf, 2025), plusieurs fois invité dans IDÉES.

    Dans leur introduction, ils s’interrogent sur les conséquences de la guerre de Benyamin Netanyahu à Gaza et ses interventions dans le sud-Liban contre le Hezbollah. Sur les conséquences aussi du changement de régime à Damas après la chute de Bachar al-Assad. Ils soulignent d’autre part l’importance de l’année 1975 qui vit le début de la guerre civile au Liban. La page est-elle en train de se refermer ?

    Au cours de l’émission, Anne-Lorraine Bujon détaille ce dossier et, en tant que spécialiste des États-Unis, revient aussi sur l’éditorial de ce numéro intitulé « Trump first » autrement le mélange des genres chez le président américain, entre affaires publiques et affaires privées.

    De retour de Damas, Véronique Nahoum-Grappe, évoque, quant à elle, au micro de l’émission, le voyage qu’elle vient de faire parmi la population de Damas, la capitale syrienne. Elle en fait un compte-rendu humain et plein de couleurs qui nous permet de mieux comprendre l’état d’esprit des Syriens aujourd’hui.

    Programmation musicale :

    Naïssam Jalal & Rhythms Of Resistance - Lente impatience.

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  • Giuliano da Empoli: l’heure des prédateurs a sonné
    Jun 1 2025

    Journaliste et écrivain, Giuliano da Empoli est un des esprits les plus brillants du moment. L’auteur des Ingénieurs du chaos ou du roman Le mage du Kremlin est l’invité de ce numéro d’Idées pour parler des « prédateurs qui sont au pouvoir aujourd’hui sur tous les continents ».

    Ancien adjoint au maire en charge de la culture à Florence, conseiller politique du président du Conseil italien Matteo Renzi, il a publié son premier livre en 1996, Un grande futuro dietro di noi à propos des difficultés rencontrées par les jeunes Italiens.

    En tant qu'auteur et commentateur politique, il intervient régulièrement dans des émissions télévisées et radiophoniques en Italie et en France.

    Il publie aujourd’hui L’heure des prédateurs chez Gallimard.

    « Aujourd’hui, l’heure des prédateurs a sonné et partout les choses évoluent d’une telle façon que tout ce qui doit être réglé le sera par le feu et par l’épée. Ce petit livre est le récit de cette conquête, écrit du point de vue d’un scribe aztèque et à sa manière, par images, plutôt que par concepts, dans le but de saisir le souffle d’un monde, au moment où il sombre dans l’abîme, et l’emprise glacée d’un autre, qui prend sa place. », écrit-il dans ce récit.

    Au micro de Pierre-Edouard Deldique, Giuliano da Empoli nous fait voyager de New York à Riyad, de l’ONU au Ritz-Carlton de MBS, « là où le pouvoir s’acquiert par des actions irréfléchies et tapageuses, où des autocrates décomplexés sont à l’affût du maximum de chaos, où les seigneurs de la tech semblent déjà habiter un autre monde, où l’IA s’avère incontrôlable ».

    L’auteur qui a une parfaite connaissance du milieu politique regarde sans ciller : « L’union de la rage et des algorithmes ». Il préconise de « réinventer une propagande adaptée à l’ère des selfies et des réseaux sociaux » car « le moment que nous vivons est machiavélien ».

    Idées, le magazine qui interroge ceux qui pensent le monde.

    Programmation musicale : Edouard FerletHerd instinct

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  • Le Conseil national de la résistance: souvenirs de jours heureux
    May 25 2025

    Cette semaine, dans un nouveau numéro d’Idées, Pierre-Édouard Deldique s’intéresse au programme fondateur du CNR avec son invitée, Claire Andrieu, historienne, spécialiste de l’après-guerre, coordinatrice du livre intitulé « Conseil national de la résistance » paru dans la collection Folio Histoire (Gallimard). Un livre de référence désormais.

    Devenu « mythique » avec les années, le Conseil national de la résistance a été fondé en 1943 alors que la France est placée sous le régime de Vichy. Sous l’autorité du général de Gaulle, les hommes qui le composent rédigent un programme des jours heureux, distribué clandestinement par le journal « Libération ». 200 000 exemplaires sont écoulés, et une fois la paix obtenue, certaines de ses mesures, comme la Sécurité sociale, sont mises en place.

    Dans son nouvel ouvrage, Claire Andrieu aborde ce programme dans « l’espace et le temps ». Comment a-t-il impacté la France et ses voisins ? De quoi s’inspire-t-il ? Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

    Autant de questions qu’elle aborde avec Pierre-Édouard Deldique durant ce nouvel épisode d’Idées, le magazine qui interroge celles et ceux qui pensent le monde.

    Lien utile.

    Programmation musicale :

    - Ben Selvin and his orchestra - Happy days are here again

    - Georges Gosset - Eh Hop On En Sortira.

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  • Anne-Lorraine Bujon, la directrice de la revue Esprit «Avec Trump, la force prime sur le droit»
    May 18 2025

    L’élection de Donald Trump est « un point de bascule dont nous commençons tout juste à prendre la mesure », écrit Anne-Lorraine Bujon, dans le numéro de mai de la revue ESPRIT, dont elle est la directrice. Comme chaque mois, elle est l’invitée de Pierre-Edouard Deldique.

    Ce dossier s’intitule : « La force sans le droit ».

    Il a été conçu par Anne-Lorraine Bujon et par le magistrat Antoine Garapon qui fut notamment juge des enfants. En introduction, tous les deux soulignent l’importance de la nouvelle époque dans laquelle nous sommes entrés. « Qu’un pouvoir démocratique – et pas n’importe lequel ! – fasse du droit et des juges ses principales cibles en prétendant ouvrir une nouvelle ère post-libérale, voilà qui mérite qu’on y regarde de plus près ».

    Tout au long de l’émission, les différents articles du dossier sont évoqués, celui de François Ost par exemple qui explique que « tout le monde comprend que le second mandat de Trump traduit l’inféodation du droit à la politique, elle-même guidée par l’économie sur fond de technologies avancées (Elon Musk derrière ou devant Trump ? », le tout assaisonné d’une bonne dose de narcissisme vengeur ».

    La revue revient aussi sur le contexte de l’élection ; la démocratie, la mondialisation, l’Europe, le poids de la Chine car au-delà de Donald Trump c’est le monde qui change d’époque.

    Fini l’ordre de 1945, fini la « mondialisation heureuse » une nouvelle époque est née qui, plus que jamais, sera dominée par les rapports de force avec en outre une singularité : la toute puissance du numérique et de l’intelligence artificielle.

    De tout cela, il est question dans ce numéro d’IDÉES.

    Revue ESPRIT

    Dossier : La force sans le droit

    Numéro de mai 2025

    www.esprit.presse

    Programmation musicale :

    - Jeff Mills Powerland

    - Brad Mehldau & Mark Giuliana You can’t go back now.

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  • Gabrielle Halpern: la bâtisseuse de pont à l’heure des murs
    May 11 2025

    Dans son dernier livre en date, Gabrielle Halpern poursuit sa réflexion sur l’hybridation.

    Dans Créer des ponts entre les mondes, une philosophe sur le terrain (Fayard), cette normalienne, docteure en philosophie, raconte son riche parcours et l’action qu’elle déploie en faveur d’un concept qui lui est cher. Hybridation. De quoi s’agit-il ? L’auteure, une spécialiste de l’écrivain et philosophe Elias Canetti, a déjà développé cette notion dans Tous centaures ! Éloge de l’hybridation (Le Pommier, 2020), un livre qui était au cœur de notre conversation lors de sa sortie, dans Idées, le 21 octobre 2021.

    À lire aussiGabrielle Halpern, docteure en Philosophie: «Tous Centaures, éloge de l’hybridation»

    On pourrait dire qu’il s’agit de la fusion de deux univers pour en inventer un troisième. Il s’agit en tout cas de créer en tenant compte de l’autre. Au fil de ses longues études de philosophie, Gabrielle Halpern a fini par se poser une question : « Quel rôle peut bien remplir le philosophe dans la cité ? » Elle y a trouvé une réponse en développant des actions ici-et-là, après avoir côtoyé l’univers politique qui lui a laissé une impression mitigée, c'est le moins que l’on puisse dire. Au fond, l’action collective dépend finalement d’initiatives individuelles dans « l’exercice d’une citoyenneté contemporaine », car tout est lié. « Nous ne pouvons pas penser le cœur des villes sans les banlieues et les ruralités, les start-up sans les artisans, la jeunesse sans la vieillesse, sauf à créer des clivages… En faisant de l’hybridation un projet de société, nous pourrions bien trouver un chemin commun. »

    L’hybridation ou ce qu’elle appelle aussi « la philosophie du centaure » est aussi une attitude morale. C’est « une éthique de la relation à soi. Aimer "son prochain" – ce qui est proche de soi – est facile ; aimer ce qui est étranger est plus difficile ; or c’est précisément en cela que consiste l’idée de s’hybrider ».

    Associer la réflexion et l’action. Agir pour améliorer le monde. Gabrielle Halpern nous livre dans l’émission un message optimiste. Par les temps qui courent, cela fait du bien.

    Le site de Gabrielle Halpern

    À écouter aussiPourquoi faire l’éloge de l’hybridation?

    ► Programmation musicale :

    Anoushka Shankar, Sarathy Korwar et Alam Khan – We Burn So Brightly

    Bonobo – Rings

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    39 m