À 7 000 km de l’archipel des Comores*, loin de l'océan Indien et de la côte sud-est du continent africain, voyage dans la cité portuaire surnommée « la cinquième île des Comores ».
On connaît d’abord Marseille la Phocéenne fondée il y a 2 600 ans, Marseille la Méditerranéenne, la Corse, l’Italienne, l’Arménienne ou encore l’Algérienne, mais beaucoup moins la Comorienne ! Pourtant, selon une légende tenace, Marseille serait la plus grande ville comorienne au monde, devant même Moroni, la capitale de l’archipel ! Aujourd'hui, on estime que la population comorienne – d'origine ou de nationalité – atteint les 100 000 personnes et représente donc 10% des habitants de Marseille.
En arrivant Gare Saint-Charles ou sur le Vieux-Port, dans les rues de la deuxième ville de France, si le métissage ne fait pas l’ombre d’un doute, pour ce qui est de la présence comorienne, il faut aller vers les quartiers nord pour en saisir vraiment l'importance. C'est là que se concentre la communauté comorienne de Marseille, une communauté récente à l’échelle de la longue histoire de la ville, ouverte quoique réputée discrète, mais surtout fière de partager sa culture et son identité à la fois comorienne et marseillaise.
Un reportage de Benoît Godin.
* : « L’archipel des Comores, situé dans l’océan Indien, est composé de quatre îles. Trois d’entre elles font partie de l’État indépendant de l’Union des Comores. Mayotte est un département français. »
À lire :
Les Comoriens à Marseille : d'une mémoire à l'autre de Karima Direche-Slimani et Fabienne Le Houérou. Éditions Autrement, 2002. Bien peu de choses à lire sur la vaste communauté marseillo-comorienne en dehors de cet ouvrage datant de 2002. Forcément daté, il reste malgré tout le livre le plus complet à ce jour sur ce sujet.
La cinquième île : les comoriens de Marseille de Luc Saïd Mohamed Cheikh. Éditions Pragmatic, 2019. Un livre de photographies qui donne à voir quelques aspects de la vie des Comoriens de la cité phocéenne – prière du vendredi, figures politiques, cuisine...
À voir :Le documentaire Planète Marseille, enfants des Comores de Charlotte Penchenier, 2016. Le parcours de trois Marseillais d'origine comorienne (dont Fatima Ahmed, que l’on entend dans notre reportage) qui tentent de concilier leurs différentes parts d’identité.
Sur Marseille, n'hésitez pas à vous rendre chez Marie-Rose Said, « présidente » et cuisinière des « Terrasses de Moroni Mamoudzou », une bonne table comorienne.
À écouter :La série en deux épisodes de Vladimir Cagnolari pour Si loin si proche en 2018 : Je viens de Marseille et je vais à Ouellah, suivi de Je viens de Ouellah et je vais à Marseille. On y suit Chebli Msaïdié, chanteur et producteur de musique de retour au pays. Et on y découvre une tradition comorienne essentielle : le Anda, ou « grand mariage ».