• La Géorgie et la Moldavie tiraillées entre Moscou et Bruxelles?
    Oct 25 2024
    La Moldavie et la Géorgie, ce sont deux ex-républiques soviétiques, dans lesquelles vont se dérouler des élections ces prochaines semaines. Et la question qui se pose est la suivante : la Moldavie et la Géorgie sont-elles à la croisée des chemins, comme prises en étau entre Moscou et Bruxelles ? Ce samedi 26 octobre, des élections législatives se tiennent en Géorgie, et le week-end suivant, la Moldavie se rendra aux urnes pour le second tour de l’élection présidentielle qui s’annonce serrée entre la présidente sortante pro-européenne et des partis d’opposition pro-russes. La Moldavie vient de voter de justesse lors d’un référendum pour une adhésion à l’UE.Ainsi, ces deux ex-républiques soviétiques sont traversées en leur sein par des tensions de plus en plus fortes entre les partisans d’un rapprochement avec la Russie et ceux qui rêvent d’une adhésion à l’Union européenne. En ce sens, elles jouent avec ces scrutins leur orientation géopolitiqueÀ lire aussiEn Géorgie, les élections législatives mobilisent la jeunesse pro-européenneEn Géorgie, l’enjeu des élections de ce samedi est décisif. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, adopte un ton de plus en plus proche de celui du Kremlin. Pourtant, dans les sondages, 80% des Géorgiens se prononcent pour un rapprochement avec l'Europe.En trois ans, le gouvernement géorgien a opéré un tournant pro-Kremlin, marqué notamment par l’adoption de la loi sur les agents de l’étranger, un copié-collé de celle adoptée par Moscou quelques années auparavant. Une loi très controversée et qui a crispé les relations avec l’Union européenne. Sans compter le rôle de l’oligarque Ivanichvili, qui a été au cœur du pouvoir, et qui pèse pour un tiers du PIB du pays. Une immense richesse qui lui permet de corrompre les travailleurs pauvres ou certaines entreprises - en distribuant de l’argent contre un vote adéquat.Un combat de valeurs sur fond de concurrence géopolitique entre Moscou et l’Occident La Géorgie comme la Moldavie sont prises en otage, en quelque sorte, et doivent se déterminer. Ce samedi 26 octobre, si le Rêve géorgien remporte le scrutin législatif, les négociations avec Bruxelles seront gelées. Alors certes, ce parti ne peut pas dire ouvertement qu’il est contre l’Europe, mais il fait tout pour se rapprocher de Moscou.En Moldavie, le référendum sur l’adhésion à l’UE est passé de justesse avec 50,4 % des voix. Et le second tour de la présidentielle s’annonce serré dans neuf jours pour la présidente sortante pro-européenne. Il faut dire que ce pays, à la différence de la Géorgie, est bien plus divisé entre pro-russes et pro-européens. À écouter dans GéopolitiqueÉlection en Moldavie : l'avenir du pays en question La stratégie de Moscou : récupérer son glacisMoscou cherche à éviter que les ex-républiques soviétiques ne tombent dans l’escarcelle occidentale. On sait, avec l’exemple terriblement parlant de l’Ukraine, que c’est l’obsession de Vladimir Poutine.En ligne de mire du dirigeant russe, il y a d’abord l’Ukraine donc, mais ensuite, on trouve justement la Géorgie et la Moldavie. Pour Poutine, le fait que ces deux pays pourraient rejoindre le camp occidental, attirés par la liberté, la démocratie, mais aussi, il faut le dire, par une promesse de prospérité, ce fait est tout simplement inacceptable. Mais, au-delà de la propagande russe, il joue aussi sur les places fortes russes dans ces deux pays : l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud en Géorgie, la Transnistrie pour la Moldavie. Des territoires autonomes auto-proclamés aux mains des Russes et qui sont une menace permanente. En particulier en Moldavie, un pays qui n’a pas d’armée, alors que 2 000 soldats russes sont basés en Transnistrie.Pour toutes ces raisons, il faut suivre de très près le résultat des élections ce samedi 26 octobre en Géorgie et, le 3 novembre, du 2ᵉ tour de l’élection présidentielle en Moldavie.À lire aussiComment la Russie poursuit aussi la guerre en Géorgie
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  • Après la mort de Yahya Sinwar, le «début de la fin» de la guerre à Gaza?
    Oct 18 2024

    Jeudi 17 octobre, Israël a annoncé avoir tué le chef politique et militaire du Hamas, Yahya Sinwar — de manière fortuite. Une victoire incontestable pour Benyamin Netanyahu.

    La mort de Yahya Sinwar, l’architecte des attaques du 7 octobre 2023, était l’un des objectifs essentiels de l’opération de l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Une victoire militaire donc, mais pour aller où ? Le premier commentaire du dirigeant israélien est plutôt ambigu : c’est « le début de la fin », a-t-il déclaré jeudi 17 octobre au soir. Ce que l’on peut comprendre, c’est que c’est pour lui une étape importante, mais pas l’étape ultime. Et cela pose un certain nombre de questions.

    Le sort des otages israéliens toujours détenus à Gaza est le dossier le plus immédiat pour le Premier ministre israélien. Les familles d’otages se sont félicitées de l’élimination de Yahya Sinwar, mais demandent un accord rapide sur la libération des quelque 101 otages toujours détenus — du moins celles et ceux qui sont encore en vie.

    Benyamin Netanyahu, lui, ne parle pas vraiment d’accord : il demande à ce qui reste du Hamas de déposer les armes et de relâcher les otages, ce qui selon lui pourrait alors mettre fin au conflit à Gaza, puisque les deux buts de guerre assignés à l’armée israélienne seraient alors accomplis, à savoir la destruction du Hamas et la libération des otages. Mais il n’entend pas négocier.

    Et on ne sait pas ce que vont faire les combattants du Hamas : déposer les armes ou lutter jusqu’au bout dans un élan désespéré ?

    Quel avenir pour la bande de Gaza ?

    Là aussi, le Premier ministre israélien reste dans le flou. Dans l’hypothèse d’une défaite du Hamas, le conflit s’arrête, l’armée israélienne se retire, et ensuite ? Quid du statut de l’enclave palestinienne ? Qui va administrer le territoire ? Reconstruire ? Netanyahu se contente de dire que la bande de Gaza doit être délivrée des groupes terroristes et démilitarisée. Sans aller plus loin.

    À lire aussi Bande de Gaza : 365 km — anéantis par Israël en 365 jours, « une volonté de détruire une mémoire »

    Les autres fronts ouverts par le gouvernement de Netanyahu contre le Hezbollah et contre l’Iran

    L’impression qui domine, c’est que l’apaisement n’est pas à l’ordre du jour, que les bombardements contre le Hezbollah au Liban vont se poursuivre, et que la frappe de riposte contre Téhéran aura bien lieu — très certainement avant l’élection présidentielle américaine dans un peu plus de deux semaines. Un événement qui explique en partie cet attentisme du Premier ministre israélien — qui espère secrètement une victoire de Donald Trump.

    Pour résumer, cette victoire militaire ne signifie en rien que Benyamin Netanyahu veuille passer à l’étape suivante : un règlement politique et diplomatique des conflits en cours — on peut même sérieusement se demander s’il le veut vraiment.

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  • Les ouragans aux États-Unis instrumentalisés par les trumpistes?
    Oct 11 2024
    D’abord Hélène, puis Milton, les États-Unis sont frappés par une saison d’ouragans d’une intensité exceptionnelle. Donald Trump et ses partisans, en pleine campagne électorale, en ont profité pour attaquer les démocrates, Joe Biden et Kamala Harris en diffusant de fausses informations. Comment expliquer qu'un tel événement soit récupéré à ce point politiquement par l’ancien président ? Cela s’explique en grande partie bien sûr par l’approche de l’élection présidentielle du 5 novembre. Tout en précisant que dans une démocratie, lorsque survient ce genre de catastrophe naturelle, il est normal et naturel d’observer comment réagissent les services concernés et les responsables politiques, puisqu’il s’agit de porter secours à des dizaines de milliers de citoyens le plus efficacement possible.Mais ce phénomène est accentué aux États-Unis pour plusieurs raisons. D’abord, Milton a été le deuxième ouragan en deux semaines à s’abattre sur le pays après l’ouragan Hélène qui a fait plus de 200 morts. Ensuite, nous sommes donc à un peu plus de trois semaines de l’élection présidentielle. Et les résultats s’annoncent très serrés dans les états clés, notamment en Géorgie et en Caroline du Nord, touchés par l’ouragan Hélène.Enfin, il y a le rôle des médias sociaux, et leur utilisation par Trump et ses partisans. Les trumpistes ont justement fait s’abattre sur le pays un tsunami de désinformation à propos de ces ouragans. Mais personne ne s’en étonne, car malheureusement, c'est une stratégie délibérée, quitte à raconter n’importe quoi. Il a par exemple été question de complot ourdi en secret pour accaparer les terres des victimes, ou encore de rumeurs, propagées par Donald Trump lui-même, en affirmant que l'argent des secours aurait été détourné par l'administration Biden pour aider les « immigrés clandestins ».À lire aussiOuragan Hélène aux États-Unis: la gestion de la catastrophe prend un tournant politiqueImpact sur les secours aux sinistrésLe candidat républicain a aussi suggéré que les démocrates faisaient tout pour empêcher l’aide d’arriver dans les comtés qui votent traditionnellement républicain. Last but not least, le gouvernement aurait lui-même orchestré les catastrophes naturelles qui ont frappé la côte est des États-Unis, selon l’élue républicaine Marjorie Taylor Greene. Il est encore trop tôt pour affirmer que ces outrances peuvent avoir un impact majeur sur l'élection du 5 novembre. Il faut attendre les premiers sondages post-ouragans.Mais les démocrates ont bien vu le danger. Des moyens de secours énormes ont été mobilisés pour venir en aide aux populations. Le président Biden et la candidate démocrate, ainsi que de nombreux sénateurs républicains ont appelé à cesser la propagation de désinformation, dont l'ampleur complique l'aide aux sinistrés qui hésitent même à la demander. Le président a annulé un déplacement en Allemagne ce samedi. Car lui et Kamala Harris savent que dans les prochains jours, ils n’ont pas le droit à l’erreur sur ce dossier. Et puis, le 5 novembre, on verra si les fake news du camp républicain auront influencé certains électeurs ou électrices.À lire aussiLe «Fracking», l’impossible débat de la campagne présidentielle américaine
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  • Les Ukrainiens sont-ils en danger après deux ans et demi de guerre?
    Oct 4 2024

    En Ukraine, où le conflit est éclipsé depuis 15 jours par les affrontements au Proche-Orient, la situation reste très difficile pour l’armée ukrainienne, notamment sur le front est. Et la question que l’on se pose : les Ukrainiens vont-ils tenir le coup pendant l’automne et l’hiver qui s'annoncent rudes ?

    Pour les Ukrainiens, les semaines à venir s’annoncent en effet difficiles. Pour l’armée de Kiev, les problèmes restent les mêmes : difficulté à renouveler les effectifs après deux ans et demi de guerre, trop peu de batteries anti-aériennes, trop peu d’avions, même si les premiers F 16 sont arrivés. Malgré l’incursion ukrainienne en territoire russe, dans la région de Koursk, qui tient pour l’instant avec l’occupation de 1 000 km2, l’armée de Kiev est plus que jamais sur la défensive sur le front est de l’Ukraine. Et les Russes gagnent du terrain. Ils viennent de s’emparer de la localité de Vougledar, important nœud stratégique entre leurs conquêtes au sud et à l’est de l’Ukraine. Et ils comptent bien en faire autant de Pokrovsk, cette ville qui est aussi importante en termes de voies ferroviaires et de routes, et qui produit également une bonne partie de l’acier ukrainien.

    Parallèlement, les deux pays se livrent à une véritable guerre de drones, avec des échanges qui s’intensifient en ce moment. Les Ukrainiens ciblent des sites militaires et des bases russes en territoire ennemi. Les Russes de leur côté viennent d’envoyer une salve de drones sur quinze régions d’Ukraine. La stratégie, macabre, est toujours la même : à l’orée de l’automne, ils visent les centrales électriques pour placer la population dans une situation extrême pour le chauffage alors que les températures vont bientôt dégringoler. Il s’agit de forcer le gouvernement de Kiev à négocier une paix aux conditions de Moscou, ce qui est totalement rejeté par le gouvernement ukrainien.

    L'Ukraine réclame plus de soutien de ses alliés

    Pourtant, Volodymyr Zelensky reste sur une posture offensive et déterminée. Il continue de réclamer plus de solidarité de la part de ses alliés occidentaux. Et il présente deux demandes récurrentes. Il veut d’abord convaincre ses alliés occidentaux d’abattre les missiles et drones russes qui visent son pays, malgré leurs réticences actuelles. Ensuite, le président ukrainien appelle les alliés à autoriser des frappes en profondeur sur le territoire russe avec les armes fournies par les Occidentaux, leur reprochant de « retarder » leur décision.

    Et, en se projetant vers l’avenir, il plaide encore et toujours pour une adhésion de l’Ukraine à l’Otan. Et il a sur ce dossier un allié de poids, le nouveau secrétaire général de l’Otan Mark Rutte. Ce dernier a effectué très symboliquement une visite à Kiev cette semaine, deux jours seulement après sa prise de fonctions. Mark Rutte a réaffirmé le soutien occidental à l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle « l’emporte » sur la Russie. En dépit, là encore, des réticences de certains pays membres de l’Otan, à commencer par les États-Unis et l’Allemagne. On le voit, en ces temps difficiles, l’union entre Kiev et ses alliés est aussi un combat.

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  • Les États-Unis, une superpuissance démunie face aux agissements d'Israël?
    Sep 20 2024
    Retour sur l'offensive massive déclenchée par l’armée et les services israéliens contre le Hezbollah, avec ces explosions meurtrières et les bombardements de sites de lancements de roquettes, une opération qui s’est faite sans implication américaine, a fait savoir le secrétaire d'État américain Antony Blinken. Face aux initiatives du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, peut-on parler d’un embarras, voire d’une impuissance de l’administration Biden? Du côté de Washington, on ne cache plus l'embarras et parfois l'exaspération face à cet allié encombrant qu'est devenu l'État d'Israël. Mais peut-on parler impuissance ? C'est plus complexe à affirmer. Depuis les évènements tragiques du 7 octobre dernier, et la riposte massive de l'État hébreu dans la bande de Gaza, les États-Unis sont passés d’un soutien indéfectible au droit à l’existence de l´État israélien, et donc à son droit de se défendre, à une attitude plus pressante sur la proportionalité de la riposte à Gaza. Et puis, au fil des semaines, à une crispation face à ce qui est considéré comme l’intransigeance du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.La tension entre les deux alliés porte notamment sur l’accord de cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne. Un échec qui, pour Washington, est dû à la mauvaise volonté évidente du Premier ministre israélien. Ce dernier envoie ses émissaires au Caire tout en torpillant régulièrement les efforts enregistrés péniblement par des déclarations fracassantes sur les exigences délirantes, selon lui, du Hamas - lequel joue de son côté une carte similaire.Un accord important du point de vue de la politique intérieure américaineÀ six semaines de l'élection présidentielle, un tel accord serait important pour des raisons de politique intérieure et permettrait au camp démocrate de répondre à la colère d'une partie de son électorat. Les jeunes et la communauté arabo-américaine, notamment, ne comprennent pas le soutien, aveugle selon eux, au gouvernement israélien.Il offrirait le visage d’une administration à l’approche plus équilibrée du dossier israélo-palestinien. Tout en ne remettant pas en cause le soutien à Israël, pour ne pas froisser les partisans de cette solidarité historique dans ce même électorat. Pas question notamment de suspendre l’aide militaire à Israël. On le voit, l’équation est déjà délicate sur le principe. Autant dire que l’attitude de Benyamin Netanyahu complique sérieusement les calculs du camp démocrate à l’approche du scrutin de novembre.Les États-Unis mis sur le fait accompli Les Américains étaient-ils au courant de la préparation de l'opération consistant à infiltrer les outils de communication des agents du Hezbollah pour y dissimuler des charges explosives ? Difficile à dire.Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui était en déplacement au Caire, en train de négocier encore et encore le fameux accord de cessez-le-feu, a expliqué que les États-Unis n’étaient « pas impliqués » dans les explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah. Étaient-ils au courant ? Pas de commentaires à ce sujet à la Maison-Blanche, même si on a appris que le secrétaire d'État américain à la défense Lloyd Austin s’était entretenu quatre fois avec son homologue israélien Yoav Gallant avant et après les explosions.Quoi qu’il en soit, le constat est sévère : l’influence américaine sur Israël semble plus limitée que jamais. Et Benyamin Netanyahu, qui espère certainement une victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle américaine de novembre, sait qu’en attendant, il peut continuer à faire ce qu’il veut – ou presque.À lire aussiGaza: «les États-Unis démontrent leur incapacité et leur manque de volonté à transformer la situation»
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  • Au Moyen-Orient, un risque de détérioration et d’extension du conflit?
    Sep 6 2024

    La mort de six otages dans la bande de Gaza, enlevés le 7 octobre 2023, par le Hamas a relancé la contestation contre le Premier ministre Benyamin Netanyahu et son gouvernement. Ils sont accusés de privilégier la guerre au détriment du sort des otages, mais aussi la tension à la frontière libanaise et en Cisjordanie. Y a-t-il un risque réel de détérioration d’extension dans cette région du monde ?

    Le risque est bien réel, essentiellement à cause des stratégies poursuivies par les principaux acteurs, notamment le Hamas d'un côté et le gouvernement israélien de l'autre. Des stratégies de confrontation dont les otages israéliens détenus à Gaza font malheureusement les frais. Impossible du coup d'aboutir à un accord entre les deux parties, à la fois sur les contours d'une trêve et sur les conditions d'une libération des otages.

    Chacun accuse l'autre de tout faire pour que cet accord, négocié depuis des semaines sous l'égide de l'Égypte, du Qatar et des États-Unis, n'aboutisse pas. La diplomatie américaine met la pression maximale, mais sans résultat pour l'instant.

    Du côté du Hamas

    Les dirigeants du Hamas à Gaza restent sur leurs positions. Ils demandent toujours la fin des combats et le retrait de l'armée israélienne de Gaza. Ce qui est inacceptable pour le Premier ministre israélien dans les conditions actuelles, puisque selon lui, le travail d'éradication du Hamas n'est pas terminé. De même que l'exigence de superviser militairement le fonctionnement de l'enclave palestinienne à l'issue de la guerre ou de contrôler le corridor de Philadelphie entre Gaza et l'Égypte n'est pas recevable pour le Hamas – ni non plus pour l'Égypte. On tourne en rond, essentiellement parce que les deux protagonistes ont intérêt à ce que dure le conflit.

    Du côté du gouvernement israélien

    Le débat est vif sur les intentions belliqueuses de certains ministres et leurs éventuelles conséquences. Les divisions entre va-t-en-guerre et partisans d'une fin des combats sont de plus en plus fortes – et visibles. Il y a quelques jours, c'est le ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui a tiré la sonnette d'alarme. Dans un document, il estime qu'il y a un risque sérieux de détérioration sur tous les fronts. Il dit aussi que certains ministres du gouvernement plaident pour une confrontation totale – à Gaza, contre le Hezbollah au Sud Liban et en Cisjordanie.

    Le calcul de ses ministres d'extrême droite est cynique : la montée des tensions permettrait de justifier une annexion totale de la Cisjordanie, réalisant ainsi leur projet de grand Israël. Au risque, selon Yoav Gallant, d'une déflagration régionale entraînant une intervention de l'Iran. Et Benyamin Netanyahu laisserait faire, obnubilé par son maintien au pouvoir. D'où cette volonté d'une poursuite des hostilités à Gaza.

    On le voit : l'heure est grave. C'est au Premier ministre de déjouer les plans de ses ministres. Le fera-t-il ? La réponse, malheureusement, ne va pas de soi.

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  • Au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, quelles stratégies face à l’extrême droite?
    Aug 30 2024

    Dans trois grandes démocraties européennes, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, on assiste à la montée en puissance des forces populistes et nationalistes. Comment expliquer le succès de ces partis dans ces États démocratiques ?

    En France, le phénomène n'est pas récent, mais le score du Rassemblement national aux élections européennes (32 %) a entraîné la décision du président Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale. Les élections législatives du 7 juillet ont débouché sur une situation de blocage dont le pays n'est pas encore sorti, avec 10 millions d'électeurs qui ont choisi le parti de Marine Le Pen.

    En Allemagne, c'est l'AfD qui ne cesse de progresser, ce qui devrait se traduire ce dimanche 1er septembre par de très bons résultats pour cette formation lors des élections régionales en Thuringe et en Saxe. Selon les sondages, il pourrait atteindre autour de 30 %. Cela alors que le SPD, le parti social-démocrate du chancelier Olaf Scholz, se prépare à une débâcle dans les urnes, annoncée par les sondages.

    À écouterAllemagne: «La montée de l'AfD s'explique par un sentiment de déclassement chez les Allemands de l'Est»

    Enfin, au Royaume-Uni, le Labour du Premier ministre Keir Starmer vient certes d’obtenir la majorité absolue à la Chambre des communes. Mais le scrutin a aussi été marqué par un score inédit pour le parti anti-migrants Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu 14 % des voix.

    Dans les votes pour les partis protestataires, il y a des éléments économiques, sociétaux et identitaires - même s'il y a des spécificités dans chaque pays. Lors de ses déplacements à Berlin puis à Paris, le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, le travailliste Keir Starmer, a appelé ses homologues Olaf Scholz et Emmanuel Macron à se mobiliser pour endiguer « l'extrême droite, le populisme et le nationalisme ».

    À lire aussiRoyaume-Uni: Nigel Farage, figure emblématique du Brexit, entre au Parlement

    Les difficultés à faire face à la progression des droites dures

    Pour Keir Starmer, le meilleur moyen d'entraver cette progression est d'« obtenir des résultats et d'être honnêtes ». Mais concrètement, il faut que les partis du centre et de gauche trouvent les moyens de parler à nouveau aux catégories populaires, d'assurer leur niveau de vie et de les convaincre qu'une société multiculturelle ne signifie pas la fin de leur culture et de leurs traditions. Comme disait le général Charles de Gaulle, « vaste programme... »

    À écouterLa montée de l'extrême droite en France suscite «beaucoup de fantasmes chez les Africains», selon Marc Ona Essangui

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  • Guerre à Gaza, l'impossible trêve?
    Aug 23 2024
    Alors que le conflit à Gaza dure depuis plus de dix mois, la pression internationale, menée par Washington, s’accentue tant bien que mal sur le Hamas et Israël pour arracher un cessez-le-feu. Pourquoi un nouvel accord est-il si difficile à obtenir ? Éléments de réponse. Le 7 octobre 2023, avec l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël, les 70 années d’un conflit israélo-palestinien non réglé se sont d'un coup, tragiquement, dans le sang et les larmes, rappelées au bon souvenir d’une communauté internationale défaillante. Gaza, c'est le symptôme d’une procrastination diplomatique que l’histoire jugera un jour. Alors que nous approchons du onzième mois de conflit, sur fond de désastre humanitaire, de carnage et d’une impensable spirale de violences sur de multiples fronts — Cisjordanie, Sud-Liban, menace d’escalade régionale —, les incendiaires du Proche-Orient continuent leur fuite en avant sans que personne ne parvienne à les arrêter. La dernière trêve remonte à novembre 2023, un fragile cessez-le-feu, qui avait permis la libération de 80 otages israéliens en l’échange de prisonniers palestiniens, mais qui avait surtout autorisé la population gazaouie à reprendre son souffle, sans imaginer le calvaire qui l’attendait. À lire aussiGaza subit bombardements et déplacements massifs alors qu'Israël a annoncé la phase III de la guerreUne feuille de route états-unienne existe depuis mai, les points de divergences perdurent Sur le fond et la forme, le Hamas et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu ne sont en fait d’accord sur rien, ou presque. Même s’ils font, chacun de leur côté, des promesses de bonne volonté auprès de leurs interlocuteurs américains, qataris et égyptiens qui commencent, eux aussi, à trouver le temps long, sur fond de perte de crédibilité et de déficit d’influence. Au-delà du nombre d’otages libérables — une centaine d’Israéliens, civils et militaires, sont toujours retenus dans l’enclave palestinienne —, du profil des prisonniers palestiniens échangeables, c’est bien de la présence des forces israéliennes après le cessez-le-feu qui pose problème. Pas question pour elles de quitter — et donc de laisser au Hamas et au Jihad islamique — des zones stratégiques comme les corridors de Netzarim, qui coupent Gaza en deux du sud au nord, et celui de Philadelphie, une zone tampon de 14 kilomètres qui borde l’Égypte. L’Égypte, elle aussi partie prenante, voit cette exigence comme une violation du traité de paix de 1979 entre Le Caire et Tel-Aviv. Seul point d’accord, semble-t-il, la question humanitaire et l’accès à Gaza de 600 tonnes d’aide par jour. Si seulement il y a une trêve. À lire aussiGaza: les appels à une trêve se multiplient, le Hamas demande l'application du plan Biden La guerre à Gaza s'invite dans la présidentielle états-unienne À plus de 10 000 kilomètres de l’enclave palestinienne, l’élection présidentielle aux États-Unis est scrutée de près. Alors qu’une partie de l’opinion israélienne est favorable à un retour de Donald Trump au pouvoir, du côté palestinien, on vit encore le traumatisme de sa présidence pro-colonisation et qui avait enterré la possibilité de la solution à deux États. En équilibre instable entre une alliance indéfectible, morale et militaire de Washington à Israël et une opinion publique américaine bouleversée, le camp démocrate a choisi, par la voix de Kamala Harris, de défendre le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Un calcul électoral dont l’histoire dira en novembre s’il est gagnant, aux États-Unis comme au Proche-Orient. À lire aussiGuerre à Gaza : Kamala Harris joue les équilibristes
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