Episodios

  • Bande annonce
    Oct 20 2023

    « Es-tu féministe ? » : c’est par cette simple question qu’une correspondance, parfois conflictuelle mais toujours constructive, a commencé sur des sujets aussi sensibles que cruciaux. Dans ce podcast de 25 épisodes, vous entendrez tous les jours à partir du 31 octobre l’autrice Sandrine Velasco et l’auteur Brice Torrecillas échanger sans tabous opinions et confidences sur les thèmes de la féminité, de la masculinité, de la séduction et du désir, du patriarcat et du devoir conjugal, de l’écriture inclusive, de l’amour, de l’amitié... Des propos tout à la fois intimes et politiques pour questionner le monde dans lequel on vit.

    Et peut-être l’améliorer...


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

    Más Menos
    2 m
  • Épisode 1, le 14 février 2023: Brice, es-tu féministe ?
    Oct 31 2023

    Chère Sandrine,

    Ça commence très fort. « Es-tu féministe ? », voilà la question que tu me poses d’entrée de jeu.

    Comment veux-tu que je te réponde ? Si je me risque à prétendre que oui, j’entends déjà le chœur des gens, dont tu seras peut-être au premier rang, qui s’appuieront sur certains de mes comportements ou certains de mes propos pour me traiter de menteur et de machiste.

    Il faudrait d’abord s’entendre sur le sens de ce mot.

    Si l’on est féministe quand on considère que les femmes sont, comment dire, en « valeur humaine » égales aux hommes, que notre société l’oublie trop souvent et qu’il faut rééquilibrer la situation le plus vite possible, je suis ton homme – euh, je suis féministe.

    Si l’on est féministe quand on se comporte sans a priori sur le genre dans la vie de tous les jours, je crains de ne pouvoir prétendre à ce titre de gloire, et je te fais confiance pour déceler toutes mes failles. Pas des gouffres, Sandrine, n’exagère pas : des failles ou, si tu préfères, des fossés.

    Mais si l’on est féministe quand on considère qu’il n’existe aucune spécificité des sexes, alors non seulement je ne suis pas féministe mais je ne veux pas l’être.

    Comprends-moi bien : je me fous pas mal qu’une nana ait des allures ou un comportement de mec, mais je persiste à penser qu’il y a de manière générale – je souligne : de manière générale – des différences entre un homme et une femme qui n’obéissent pas à une construction sociale. Cela ne signifie pas que l’on doive hiérarchiser, placer si j’ose dire un sexe au-dessus de l’autre. Mais ça m’ennuie quand, au nom d’une juste cause, on cherche à nier cette évidence car la richesse naît de la diversité, tu ne crois pas ?

    Je ne suis pas le plus viril des hommes mais il y a entre toi et moi des différences qui ne dépendent pas de notre âge ou de notre éducation. Des différences qui tirent leurs sources de nos chromosomes, de nos hormones, de rouages biologiques trop complexes pour ma petite tête, et qui me réjouissent car je n’arrête pas de me demander : « Mais comment ça se passe dans leurs têtes à elles ? ». À une époque où l’on pouvait chanter ce genre de choses, Souchon voulait voir sous les jupes des filles. Je ne peux que le comprendre, mais sous leurs crânes, ça m’intéresse aussi.

    Et si tu t’intéresses un peu à ce qui se passe sous le mien, je te dois un aveu. Quand j’ai dit tout à l’heure « Je me fous pas mal qu’une nana ait des allures ou un comportement de mec », ce n’est pas tout à fait exact. Je m’en fous pas mal sur le papier mais, dans mon quotidien, je suis davantage choqué par une fille qui hurle au lieu de parler, qui dit « Quel enculé » ou « Je m’en bats les couilles », qui se bourre la gueule à la Heineken, qui rote entre deux gorgées, qui pète à pleins tubes, qui sent le fennec mouillé et qui préfère filer un coup de poing plutôt qu’une gifle.

    Aïe, pas sur la tête, Sandrine ! Je plaide coupable, et je veux bien que tu m’aides à analyser pourquoi et à me débarrasser de ces mauvais réflexes.

    Toi et tes frangines, déconstruisez-moi.

    Déconstruisez-moi, oui mais pas tout de suite... Pas trop vite…

    Une poignée de main virile.

    Non, je déconne : de gros bisous de ton Brice


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

    Más Menos
    4 m
  • Épisode 2, le 20 février 2023: Tu ne me fais pas peur.
    Nov 1 2023

    Mon cher Brice,


    Après une semaine agitée de mes multiples vies, je prends enfin le temps de répondre à ta lettre sous ce soleil éblouissant de février. Tu le sais, j'ai le jeu franc et l'abordage frontal, même si je suis capable d'une diplomatie extrême, il y a des contextes qui m'invitent à ne pas tourner autour du pot. Nous nous connaissons peu et en même temps j'ai ce sentiment que tu es déjà mon ami. Je ressens un espace possible avec toi de confidence, de confiance et de respect. Nous nous taquinons joyeusement à chaque fois que nous nous croisons. Et cela m'évoque deux choses. La première c'est que je ne te fais pas peur. La seconde, c'est que tu ne me fais pas peur non plus. Cela peut te paraître évident dans les choses que tu vis. Pour ma part, je me méfie des hommes pour de très bonnes raisons, encore plus de ceux de notre génération, car malgré notre écart d'âge, nous sommes de la même. Et que je ne t'effraie pas est assez étonnant également, car en général, c'est l'image que l'on me renvoie : une femme indépendante et flippante. Les hommes sont en général vite embêtés de ne pas trouver les chemins habituels (paternalistes ou prédateurs) de communication avec une "bestiole" comme moi. Mais avec toi c'est simple et la franchise, me semble la base essentielle de cet échange, pour que nous puissions toustes deux aller à l'essentiel.

    (Tu auras sans doute remarqué ce premier mot d'écriture inclusive, qui je suis certaine vient faire grincer ton cerveau académique, j'y reviendrai plus tard.)

    Alors oui, je t'ai d'abord demandé si tu penses être féministe, car pour discuter du sujet de l'écriture inclusive il faut poser ses fondations. Je me souviens lorsque je t'ai donné la définition de CIS genre et de ta réaction. Tu pensais que ce terme était une insulte faite aux mâles blancs hétérosexuels. Je me suis alors dit que toutes ces notions, tous ces mots posés ne sont pas assez racontés et que toutes ces nouvelles notions vont très vite, pour que nous puissions nous entendre et continuer notre dialogue pour gagner l'égalité de genre dans notre monde. Ta réponse est d'une honnêteté sans faille. Et je ne me permettrai pas d'exagérer sur tes paradoxes, sauf pour en rire, ensemble ! Et oui, tu es à l'image de beaucoup de mes amis garçons, tu es" mon homme" pour être féministe mais tu n'es pas toujours sans transporter les clichés du genre et plutôt réfractaire à faire l'effort de se débarrasser de ces reflexes sexistes (oooooh on ne peut plus rire...-un pas glissant avant de me dire que je n'ai pas d'humour-). Et je te dirais que c'est normal, mais que c'est là que moi j'aimerais que ça bouge vois-tu. C'est hélas normal, car nous avons intégré le patriarcat depuis si longtemps (et pas depuis la préhistoire hein, la Guerre du Feu n'est pas un documentaire mais bien une fiction et l'histoire, enfin la pré-histoire que l'on veut bien se raconter,). Toi et moi aussi. Moi être bonne femme, si moi être bonne mère, bonne épouse et bonne tout court. Toi être bon mâle, si toi être fort, si toi être viril, si toi être courageux...

    --- WOKE IN PROGRESS ---

    Quand je t'ai rencontré je t'ai tout de suite aimé. Pas parce que tu es un homme. J'ai aimé la malice qui brille dans tes yeux, ton sourire innocent et ton esprit vif. Tu aurais parlé fort pour qu'on ne regarde que toi, dit « Quel enculé » ou « Je m’en bats les couilles », bourré à la Heineken, tu aurais roté entre deux gorgées, pété à pleins tubes, tu aurais senti le fennec mouillé... Je ne t'aurais peut-être, sûrement, pas aimé tout de suite -ou jamais-, car la vulgarité ce n'est pas mon truc et j'aime bien que tu sentes bon.

    Pour répondre à ta chansonnette qui venait conclure ta première lettre (sur l'air d'Au clair de la lune) :

    Déconstruit toi tout seul, tu es grand garçon

    L'apprentissage autonome est preuve de raison

    J'ai d'autres choses à faire, un enfant à nourrir,

    Et je te fais confiance pour te reconstruire.

    Bisous

    Más Menos
    10 m
  • Épisode 3, le 27 février 2023: Ce n'est pas un mâle fort viril et courageux
    Nov 2 2023

    Ma chère Sandrine,


    Ces mots depuis Fuerteventura, une île des Canaries où j’ai eu le plaisir et le privilège d’atterrir pas plus tard qu’hier, et où je vais séjourner une semaine. Le contexte idéal pour répondre à ta lettre que je vais finir par connaître par cœur à force de la lire. J’ignore où va nous mener cet échange. Quand nous l’avons décidé, j’imaginais que nous allions créer un spectacle selon des règles plus ou moins éprouvées, des ingrédients bien pesés tels que l’humour ou les larmes, en caricaturant au besoin nos opinions pour des raisons d’efficacité dramaturgique. J’imaginais une espèce de comédie dotée d’un titre lorgnant du côté de La Fontaine : « La woke et le vieux con ». Désormais, je ne sais plus trop où l’on va, je ne sais si l’on tirera un spectacle ou un livre de cette correspondance, et tu sais quoi ? Je m’en fous. Notre entreprise, même si le terme n’est pas très beau, gagne en sincérité et en subtilité. Je me borne à profiter de ma chance : te découvrir dans toute ton intimité, toi que je connais si peu. Et je me découvre moi-même dans le même élan. L’écriture, c’est aussi fait pour cela : découvrir ce qu’on pense.

    Une précision pour commencer. J’ai dû mal m’exprimer dans ma lettre précédente. Quand j’écrivais : « Je persiste à penser qu’il y a, de manière générale, des différences entre un homme et une femme qui n’obéissent pas à une construction sociale », je voulais signifier qu’il existe selon moi des différences fondamentales entre les genres qui échappent à cette construction. D’accord, la société souligne et accentue ces différences, voire en crée certaines de toutes pièces. Pour autant, de la même manière qu’on peut distinguer les mâles des femelles chez les animaux où il n’est pas question de culture, on peut de manière générale, pour reprendre mon expression, distinguer les hommes et les femmes par-delà leurs organes génitaux.

    Ça ne signifie pas à mes yeux qu’on ne peut pas sortir de ces deux colonnes. On peut en tracer deux ou trois, voire quatre ou cinq supplémentaires. On peut ne se reconnaître dans aucune d’entre elles, ou foutre un peu le bordel dans la sienne : je sais que nous sommes riches et complexes, qu’il y a non seulement entre les êtres mais aussi dans chaque être lui-même plus de cinquante nuances de gris. Au passage, je te signale que tu peux ranger tes crayons et ton papier Canson, même si j’aurais adoré découvrir tes talents de dessinatrice. J’ai appris il y a un bout de temps qu’il ne faut pas confondre le sexe biologique et le genre. Je ne connaissais pas, en revanche, le terme « genderbread » et je suis donc allé comme tu me le suggérais faire un tour sur internet. Et là, une chose m’a frappé. Pour expliquer que le genre n’est pas binaire, on s’appuie sur quatre critères : l’identité, l’attirance, l’expression, le sexe. Mais pour se situer, selon le schéma que le site propose, il faut évaluer dans chacun de ses aspects son degré de... masculinité ou de féminité.


    --- WOKE IN PROGRESS ---


    Je t’en reparlerai dans mes prochaines lettres car mille réflexions me sont venues en lisant la tienne, et je ne voudrais pas être trop long. Oublions aujourd’hui l’écriture inclusive. J’aimerais terminer en te posant une question précise sur un passage qui m’a fait de la peine quand je l’ai lu. Face à la femme libre que tu es, tu ne trouverais que des hommes paternalistes ou prédateurs. « Prédateurs » : le mot est terrible. Comment le définis-tu exactement ?

    Plein de bises dans l’attente de ta réponse – j’ai une tâche urgente à remplir : prendre l’apéro au bord de la mer.

    À ta santé, évidemment.


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

    Más Menos
    9 m
  • Épisode 4, Le 4 mars 2023: La bonne volonté est un début
    Nov 3 2023

    Mon cher Brice,


    Je t'écris du Gers, au coin du feu, dans un magnifique endroit entouré de forêt en face du village de Marsolan (il me semble que tu connais bien le coin). Les jonquilles sont en fleurs. Venant d'un milieu plus que modeste, je mesure ma chance à chaque seconde d'être accueillie ici. Richevolte est une magnifique bâtisse, qui a été traversée par beaucoup d'artistes. Mais surtout c'est un endroit où le foyer est doux et protecteur, avec de belles personnes qui en sont les propriétaires, des gens qui agissent pour la cause des migrants dans notre pays, et ça vois-tu, ça me touche bien plus que les œuvres qui m'entourent. Ces quelques derniers jours, lorsque tu m'envoyais ta dernière lettre des Canaries, destination pour "enseignants à la retraite et senior milieu de gamme" selon  Houellebecq*, j'emmenais mon fils au ski au milieu des rendez-vous professionnels organisés dans les Hautes Alpes. Et je me suis fait la réflexion suivante : nous vivions touste les deux les "vacances" d'un monde en extinction. Je ne sais si c'est la beauté de tes clichés sur facebook, instants éphémères d'un calme envolé de puffins cendré, ou la neige artificielle répandue pour donner l'illusion d'un hiver perdu qui m'a rappelé cet étrange moment que nous vivons, en conscience de la fin inéluctable de quelque chose.

    J'ai souri tendrement à la lecture de ta description de toi jeune homme, fin et poète, qui a su séduire les cœurs. Ça ne m'étonne pas, tu es toujours ce jeune homme, c'est bien lui que j'ai rencontré, avec quelques traces du temps en plus qui l'embellissent encore. Lorsque tu évoques tes relations d'amitiés fortes avec la gente féminine et leur ambiguïté, ça me rappelle ma déception profonde et mon sentiment de trahison lorsque mon meilleur ami m'a dit vouloir coucher avec moi au bout de vingt ans d'une amitié sans faille partagée. Je suis de cette espèce qui pense que l'amitié n'a pas de sexe. Je suis d'une espèce séductrice par nature, même face à un pigeon qui passe sous ma fenêtre, je fais les yeux doux au monde pour le traverser, sans aucune attente que le monde ne me pénètre en retour ! Même si je sais que l'amitié n'est qu'une des formes d'amour que nous éprouvons et que seule la peau nous sépare du reste, j'ai besoin de croire que le désir sexuel ne se fourre pas partout. Peut-être parce que la pulsion peu éduquée des garçons me met en alerte.

    Une femme libre que je suis... Ça me flatte que tu me vois comme ça. Et je le suis certainement à beaucoup d'égards. Et pourtant je me bats tous les jours pour le rester et certains jours, je me sens bien coincée dans mes systèmes de servitudes bien intégrés crois moi. Je serai moins aimable, si j'étais vraiment libre. Et si j'avais su rester libre, je n'aurai pas mon merveilleux fils. Je serai certainement plus égoïste et plus égocentrique. J'ai des territoires de liberté que je cultive, d'autres que j'ai abandonné. 50 nuances de gris comme tu dis si bien.

    --- WOKE IN PROGRESS ---

    Je te propose de m'arrêter là, et de revenir sur ton dernier courrier qui m'inspire encore, un peu plus tard. Il me semble que toi aussi tu souhaites prendre le temps  de revenir sur quelques points. Alors revenons avant d'aller plus avant, travaillons notre terre pour qu'elle soit féconde, nous sommes encore en hiver...

    Juste te dire que Houellebecq devrait s'en tenir à écrire des romans de gare, c'est celui que j'ai préféré. Et que j'ai pris une grosse fessée d'une copine dyslexique sur facebook suite à un de mes posts en écriture inclusive.

    Je t'embrasse, je vais maintenant me laisser hypnotiser par le feu, un verre d'Horgelus à la main. A la tienne cher ami, ta santé est bien plus précieuse que quoi que ce soit.

    PS : J'envoie une proposition de podcast sur la base de nos échanges à Arte radio, je me dis que ce serait chouette sous forme audio et que chacune de nos voix lise la lettre de l'autre...

    Más Menos
    7 m
  • Épisode 5, le 9 mars 2023: Ça me gonfle grave.
    Nov 4 2023

    Ça me gonfle grave grave mais je suis submergé de boulot et ma réponse risque fort d’être tardive.

    Mais tu sais ce qu’on vient de me servir à la fin d’une conférence (voir photo) ?

    Des bisous


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

    Más Menos
    Menos de 1 minuto
  • Épisode 6, le 9 mars 2023: Sous l'eau
    Nov 4 2023

    Je suis sous l'eau aussi

    Ne t'inquiètes pas !

    J'ai hâte de te lire quand tu le pourras. Merci pour les pensées et ce clin d'œil viticole.

    Bisous


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

    Más Menos
    Menos de 1 minuto
  • Épisode 7, le 11 mars 2023: Est-elle si grave cette obsession ?
    Nov 5 2023

    Surprise !

    (Au fait, géniale, cette idée de podcast. Il faut qu’on en reparle)

    Ma chère Sandrine,

    Ah le Gers ! Un tout autre genre que les Canaries mais, à part la mer, il n’a rien à leur envier, et les Toulousains que nous sommes alourdissent beaucoup moins leur empreinte carbone en y allant. Je précise ceci car une amie « facebookienne » qui a vu mes photos m’a gentiment reproché d’avoir pris l’avion (ce monde est compliqué). Je fréquente ce département depuis des années pour mon boulot de journaliste : impossible de s’en lasser.


    --- WOKE IN PROGRESS ---


    Avec toi dans ce combat contre les cons ! C’est là que le mouvement Meetoo m’a ouvert les yeux. Au départ, j’en voyais surtout les excès et les dérives – que je déplore et dénonce encore – mais il m’a permis de réaliser à quel point le comportement de bien des hommes rendait la vie de bien des femmes difficile. Et il m’a permis aussi de balayer aussi devant ma porte.

    Tu m’interpelles à ce sujet : « On ne nous dit jamais autant que nous sommes belles que lorsque nous sommes tristes et fragiles. Intéressant non ? » Plusieurs manières d’analyser cette constatation. La beauté féminine est associée à la mélancolie, à la faiblesse, l’homme étant encore prisonnier de cette image issue notamment du Romantisme – tu connais la Dame aux camélias. Ou alors l’homme a peur des femmes et n’ose les approcher que s’il les sent désarmées. Ou encore, l’un n’excluant pas l’autre, l’homme est un cynique et se dit que la nana qu’il lorgne opposera moins de résistance s’il essaie de l’embarquer.

    On retrouve le schéma du chasseur et de la proie. Je te le redis : que les hommes, selon moi davantage agités par le désir sexuel, entreprennent le plus souvent le jeu de séduction ne m’étonne et ne me dérange pas. En revanche, j’aimerais qu’aucune femme désirée et draguée ne se sente comme un animal au bout d’un fusil. J’aimerais que, à l’abri de tout danger physique et moral, seuls ses propres désirs dictent sa conduite (je deviendrais pas un peu woke, moi ?).

    Je viens d’utiliser l’expression « Jeu de séduction » qui me pousse à t’interroger. Que perçois-tu derrière ces trois mots ? Est-ce que les notions de poses et de stratégie qu’ils recouvrent te mettent mal à l’aise ? Y a-t-il pour toi des règles précises à respecter ? Se montrer sous son meilleur jour pour charmer et convaincre, rien de plus naturel, il me semble. Je trouverais même dommage qu’on s’affiche tout de suite comme on est au quotidien. C’est beau, la drague... On s’habille bien, on cause bien, on se maquille, comme au théâtre...

    Je terminerai ma lettre sur ces questions auxquelles tu n’es même pas obligée de répondre. Encore une fois, tant pis pour l’épineux débat sur l’écriture inclusive ! Au fait, je m’aperçois que je ne t’ai pas précisé le contexte. Je ne me trouve aujourd’hui ni dans le Gers, ni aux Canaries, ni à Toulouse, mais dans mon village d’adoption, Collioure. N’en déduis pas que je passe ma vie en vacances : j’ai du boulot qui m’attend, ce boulot que j’ai décalé pour le plaisir de t’écrire.

    Et de t’embrasser à la fin de ma lettre (ça, c’est du jeu de séduction !)

    Brice

    PS : j’ai laissé de côté le mot le plus explosif de ta lettre. « Inceste ». Aller plus loin que son simple énoncé t’appartient.

    À très vite j’espère.


    Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

    Más Menos
    9 m
adbl_web_global_use_to_activate_T1_webcro805_stickypopup