• L'art de raconter le monde

  • De: RFI
  • Podcast

L'art de raconter le monde

De: RFI
  • Resumen

  • Jean-François Cadet raconte avec des mots et avec des sons comment – à travers leurs œuvres – les écrivains, les dessinateurs et scénaristes, les metteurs en scène, les comédiens, les cinéastes, les plasticiens ou les musiciens se font l’écho des soubresauts, des débats, des grandes figures et des tendances du monde d’hier, d’aujourd’hui, et peut-être de demain. Réalisation : Antonin Duley. (Diffusions toutes cibles : le samedi et le dimanche à 18h40 TU)

    France Médias Monde
    Más Menos
Episodios
  • Enfance de larmes, enfance de l’art
    Apr 26 2025

    Au Studio Hébertot, l’auteur et metteur en scène Olivier Lusse Mourier présente « Le Bétin », une pièce sensible et poétique qui raconte les maltraitances qu’il a subies lorsqu’il était enfant, et son cheminement pour se reconstruire.

    Paradoxalement, c’est une éclipse de soleil qui a fait se lever la lumière : la dernière du XXè siècle en France, celle du 11 août 1999. En entendant l’annonce à la radio, Axel (Thomas Priscoglio), un jeune danseur et comédien trentenaire, est subitement submergé par la mémoire de ce qu’il a subi durant son enfance à Reims, dans l’est de la France, une des villes où l’on a pu observer l’éclipse.

    C’est ce déclic qui bizarrement a fait ressurgir les souvenirs douloureux de la maltraitance, et l’a décidé à retourner voir la psychanalyste Cécile Sales (Bérangère Dautun). Commence alors une série de rendez-vous qui vont lui permettre de regarder la vérité en face et -petit à petit- de l’affronter et même de se reconstruire.

    Le plateau du Studio Hébertot a été transformé en cabinet de psychanalyse : plusieurs sièges dont l’incontournable divan, le bureau derrière lequel trône la praticienne, expérimentée, empathique et très attentive au récit fragmenté de son patient. Mais celui que le spectateur voit dès son entrée en salle, c’est le pantin assis en bord de scène, à quelques centimètres du premier rang. Le Bétin c’est lui. Il est l’incarnation à la fois du traumatisme et de la voix intérieure du personnage, que l’on entend à travers une voix off.

    Un bétin, en patois rémois, c’est un mot qui désigne un abruti ou un attardé mental. Tout sauf un compliment. C’est pourtant le mot qu’utilisait le père du petit garçon (Antoine Gatignol), quand il parlait de son fils. Un père dur, tyrannique, colérique et alcoolique qui brutalisait verbalement, psychologiquement et physiquement son fils. Le petit Axel, terrorisé par les cris, les menaces, les privations et les interdictions, a toujours refusé de l’appeler « Papa », malgré les demandes répétées de sa maman Marguerite (Maurine Dubus), une épouse fragile, immature et instable, d’une grande maladresse et capable elle aussi de moments de violence.

    Cette histoire douloureuse, l’auteur et metteur en scène Olivier Lusse Mourier ne l’a pas inventée : c’est la sienne. « Le Bétin » est le troisième volet d’une aventure commencée en 2021 avec la publication d’un livre éponyme aux éditions Maïa, bientôt suivie d’un court-métrage. La pièce est rigoureusement fidèle à ce qu’il a vécu. Elle raconte aussi comment sa fibre artistique (ses talents de dessinateur et de danseur notamment), étaient en lui depuis le plus jeune âge, et comment, à l’instar du rêve et de l’imagination, elle lui a permis de tenir et de s’exprimer. Le spectacle en fait foi : il est ponctué de moments oniriques et poétiques bienvenus, qui insuffle une bonne dose d’espoir aux victimes en quête de résilience.

    « Le Bétin », écrit et mise en scène d’Olivier Lusse Mourier, est à l’affiche du Studio Hébertot jusqu’au 1er juin.

    Más Menos
    20 m
  • Le génocide cambodgien, mémoire vive entre les tours
    Apr 20 2025

    50 ans après le début du génocide des Khmers Rouges, le Forum des Images projette le documentaire Tours d’exil de Jenny Teng qui met en lumière les souvenirs de la diaspora cambodgienne à Paris.

    « Qui se souvient du génocide cambodgien ? ». C’est le titre du cycle que propose le Forum des Images à Paris, du 15 avril au 4 mai, sous le parrainage du cinéaste Rithy Panh : 40 films pour ne pas oublier, 50 ans après l’entrée des Khmers Rouges dans Phnom Penh et le coup d’envoi d’un génocide qui allait faire entre un million et demi et deux millions de morts dans les années 1975-1979. Objectif de la révolution prolétarienne et agraire à la fois : déraciner les citadins et dissoudre aussi bien les familles que les traditions de toutes sortes (politiques, intellectuelles ou culturelles…), et mettre fin aux activités professionnelles d’avant la révolution.

    C’est ce souvenir que fait émerger la Jenny Teng dans son documentaire Tours d’exil (2009), à travers les témoignages de Pha, Ta Meng, So Savoeun et Boudha. Leur terre d’asile : les tours du XIIIe arrondissement de Paris, au cœur du quartier asiatique, où se sont installés de nombreux réfugiés sino-khmers dans les années 70-80. Une communauté que la réalisatrice Jenny Teng connaît bien : elle en fait partie, et a ainsi pu recueillir les confidences de ses proches, qui livrent des témoignages empreints des violences dont ils ont été victimes et témoins, et des douleurs de l’exil.

    Avec beaucoup de pudeur, Rum Pha, la mère de la cinéaste, raconte son arrivée en France, la promiscuité et la débrouille pour gagner sa vie, sur fond d’inquiétude pour la famille restée au pays, d’autant que les informations sont alarmantes, et que les annonces de nouveaux morts se succèdent.

    Ta Meng a du mal à cacher son émotion quand il raconte comment il a fui Phnom-Penh avec sa fille de 7 ans pour trouver refuge au Vietnam, ultime escale avant Paris.

    Boudha se souvient comment les Khmers Rouges étouffaient leurs victimes avec des sacs en plastique. Même à Paris, il garde un bâton sous son lit pour se défendre en cas d’attaque nocturne.

    Quant à la chanteuse So Savoeun, elle a transité par un camp de réfugiés thaïlandais avant de rejoindre la France et de partager son art avec les clients d’un restaurant au pied des tours.

    La caméra de Jenny Teng accompagne ces témoins dans la vie quotidienne du quartier, entre traditions cambodgiennes - notamment musicales et culinaires - et usages européens. Des appartements aux boutiques et restaurants, des sous-sols au parvis en passant par la salle de danse, c’est aussi tout un univers que l’on découvre, une petite Asie en pleine agglomération parisienne.

    Tours d’exil de Jenny Teng, est projeté le 22 avril 2025 au Forum des Images à Paris, en présence de la réalisatrice. Également annoncés : le réalisateur Nara Keo Kosal pour son film Héritages en images, la chercheuse Hélène Le Bail et les artistes Rotha Moeng et Randal Douc.

    Más Menos
    20 m
  • Jésus aux enfers
    Apr 19 2025

    Dans son album Jésus aux enfers (Soleil), Thierry Robin raconte ce que les Évangiles de la tradition chrétienne ne racontent pas : les trois jours que le Christ a passé aux enfers, entre sa mort sur la croix et la résurrection.

    Chaque dimanche à la messe, les chrétiens proclament leur foi dans la résurrection du Christ. L’un des textes du Credo, le Symbole des Apôtres, précise que Jésus « est descendu aux enfers ». Pourtant, les quatre évangiles canoniques ne disent rien de ces trois jours qui séparent la crucifixion de la résurrection.

    C’est dans cet interstice que s’est engouffré Thierry Robin, suite à la découverte de l’Évangile de Nicodème, un texte apocryphe écrit en grec qui date du IIe siècle, qui relate le procès de Jésus face au préfet romain de Judée Ponce Pilate, mais aussi la chronique de la descente de Jésus aux enfers. Un texte que, dans la préface de l’album, Thierry Robin décrit comme « saisissant, imaginatif (avec) plein d’éléments appartenant au domaine du fantastique, et somme toute très cohérent avec les textes du Nouveau Testament ».

    C’est ainsi que le scénariste et dessinateur, habitué des grandes fresques historiques (La Mort de Staline, Mort au Tsar, Pierre rouge, Plume noire chez Dargaud), s’est lancé dans la mise en scène de ce récit, qui fait écho à nombre d’épisodes et de personnages de la Bible. Un récit graphique haletant avec une iconographie inspirée à la fois des arts du Moyen-Age et de la Renaissance, mais aussi de références extra-européennes, mêlées à des univers fantastiques, voire de science-fiction. Un mélange baroque qui fonctionne à merveille.

    À son arrivée dans le Shéol, le séjour des morts, il rencontre Abraham, Moïse, Noé, Jean Le Baptiste et nombre d’autres défunts que les lecteurs des livres saints connaissent bien. Des moments savoureux qui feront sourire les initiés, et permettront aux autres d’apprendre en s’amusant, et en lisant au passage quelques extraits savamment choisis des textes sacrés. La rencontre du fils de Dieu et des Damnés vaut aussi le détour : le temps d’une séquence, l’album bascule alors dans une gamme chromatique complètement différente.

    Mais c’est le face à face avec Satan qui marque sans doute le plus le lecteur. Comme il le dit lui-même, il a beaucoup de visages, et le dessinateur n’hésite pas à le représenter sous des formes plus ou moins effrayantes. Mais c’est sous une apparence anthropomorphe inspirée du film d’Ingmar Bergman Le septième sceau (1957) que le démon apparait tout d’abord à Jésus, représenté pour sa part de façon assez classique, avec barbe, cheveux sur les épaules et vêtement blanc. Dans le cours du récit, les deux personnages évoquent leurs souvenirs terrestres, et se livrent à un pas de deux aigre-doux. Les dialogues sont ciselés, le temps d’un duel verbal dont le Christ sortira bien évidemment vainqueur.

    Más Menos
    20 m
adbl_web_global_use_to_activate_webcro768_stickypopup

Lo que los oyentes dicen sobre L'art de raconter le monde

Calificaciones medias de los clientes

Reseñas - Selecciona las pestañas a continuación para cambiar el origen de las reseñas.