• Le jardin Rikugien à Tokyo
    Sep 3 2022

    A la découverte des jardins du monde, comme chaque samedi de l'été, nous prenons la direction du Japon aujourd'hui. Les jardins japonais sont réputés pour leur beauté. Beaucoup d'estampes magnifiques les ont immortalisés. Et ils ont inspiré y compris des grands maîtres de la peinture occidentale: Monet ou Van Gogh, par exemple. Les Japonais vouent d'ailleurs une véritable passion pour leurs jardins.

    de notre correspondant à Tokyo,

    Tokyo est une des capitales les plus bétonnées et le plus densément peuplées du monde. Quatorze millions d'habitants s'y agglutinent, ce qui laisse peu de place à la nature. Les parcs et jardins n'occupent que 6% de la superficie de la ville, c'est deux fois moins qu'à Londres et quatre fois moins qu'à Paris.

    Quatre m2 seulement d'espaces verts par habitant. C'est très peu, mais les parcs et les jardins sont souvent splendides. C'est le cas du parc Rikugien, où Keiko et Mariko, deux septuagénaires, vont souvent se promener.

    « Ce jardin date de 1702. Il remonte donc à l'ère Edo comme on appelait Tokyo à l'époque. ''Rikugien'', cela signifie ''le jardin des six poèmes'' car il s'inspire des paysages dépeints dans six grands classiques de la poésie, écrits au 8ème siècle. La forme de cet étang, par exemple, rappelle l'idéogramme qui désigne le cœur. C'est une référence à un poème dans lequel un homme avait eu le cœur brisé par l'émotion à la vue d'un étang d'une très grande beauté », explique l'une.

    « Et puis, ce ravissant petit pont en pierre que vous voyez là, on l'appelle " le pont qui conduit à la lune ", ajoute l'autre. Car il s'inspire d'un poème qui décrit la lune dans la nuit, entre les nuages, comme si elle les franchissait grâce à un petit pont ».

    Les jardins, ces deux amies, ne pourraient pas s'en passer et cela ne date pas d'hier.

    « Moi, j'ai toujours été passionnée par les ''haïku''. Ce sont des poèmes traditionnels très courts, qui visent à transmettre une émotion visuelle fugace mais intense – un peu comme un flash, si vous voulez –, une émotion liée à la nature et aux saisons. Et, bien sûr, beaucoup de ''haïku'' évoquent les jardins. Par exemple : " Le saule peint le vent sans pinceau'". Ou : " Oh une luciole qui vole, je voulais crier 'Regarde !' mais j'étais seul " ».

    « Mon plus beau souvenir, c'est la découverte des jardins zen de Kyoto quand j'avais onze ans lors d'un voyage scolaire. C'était magique. Jamais je n'oublierais ce moment. Tant de beauté, de simplicité et de sérénité, j'en étais bouleversée. Nos jardins sont un ravissement pour les yeux mais aussi un grand apaisement pour l'âme ».

    D'après tous les sondages, ce qui a le plus marqué les Japonais depuis le début de la pandémie, ce n'est pas le port du masque ou la vaccination obligatoires. Ce n'est pas non plus la limitation des heures d'ouverture des bars, des restaurants ou des karaokés. Ni même l'autorisation uniquement des déplacements « impérieux et urgents », au détriment des escapades à la mer, à la campagne ou à la montagne.

    C'est la fermeture des parcs et des jardins ou les restrictions mises à leur accès. Ne pas pouvoir festoyer sous les cerisiers en fleurs au printemps, ni admirer les érables rougeoyants en automne... la plupart des Japonais en ont été inconsolables.

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  • À Johannesburg, les morts ont une place au jardin botanique
    Aug 27 2022

    Comment se souvenir d'un être cher après sa mort ? Au jardin botanique de Johannesburg, il est possible d'acheter un banc et d'y sceller une petite plaque sur laquelle écrire un mot en l'honneur de la personne disparue. Cet immense parc populaire est tellement apprécié des habitants que certains veulent y laisser une trace à tout jamais.

    De notre correspondant à Johannesburg,

    Dans un coin reculé du parc, à côté d'un petit cours d'eau, deux bancs sont installés devant une butte de terre. Ils ont été posés là en souvenir d'un ancien cycliste décédé. Ce n'est pas le plus bel endroit du jardin, mais il y a une raison à cela. Lindelani Nwedo, horticultrice, a l'explication : « Ces deux bancs ont été donnés par des amis d'un certain Stuart. Ils m'ont raconté qu'il avait toujours du mal à grimper cette butte en vélo et qu'ils avaient l'habitude de poser pied à terre ici. Quand il est mort, ses amis se sont dits que ce serait une bonne chose d'installer des bancs ici, parce qu'à l'époque, il n'y avait rien quand ils voulaient s’asseoir. »

    « Nous ne savions pas que nous partagions de bons souvenirs, nous savions seulement qu'on s'amusait », ont écrit les amis de Stuart sur une petite plaque. Tous les bancs n'ont pas cette tonalité joyeuse. Lindelani se met d'ailleurs à chuchoter devant un autre banc : « Voilà le banc le plus récent. Il a été donné par Angie et Shaun. Ils ont perdu leur bébé mardi dernier. Ils offert un banc et un arbre au jardin en mémoire de leur fils. »

    Malgré la présence de ces bancs commémoratifs, le jardin de 91 hectares ne ressemble pas à un cimetière, loin de là. On s'y promène sans avoir le cafard : « Oui, certains bancs témoignent d'une histoire triste, mais les familles adorent venir ici et profiter de la vue et du paysage en s’asseyant sur les bancs. »

    Comptez plus de 160 euros pour un banc en plastique recyclé. Lindelani Nwedo est tellement séduite par le concept qu'elle prévoit de s'en payer un, pas pour sa mort, mais pour sa retraite.

    À écouter aussi : Afrique du Sud: le peuple Basotho fête le nouvel an

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    2 mins
  • Brésil: le jardin botanique de Rio de Janeiro
    Aug 20 2022

    Aux pieds du Christ Rédempteur, le jardin botanique de Rio de Janeiro est l’un des symboles de la ville. Un lieu où les visiteurs peuvent admirer la diversité de la flore brésilienne et étrangère qui s’étend sur 137 hectares, dont 55 sont ouverts au public.

    De notre correspondante à Rio de Janeiro

    À l’ombre des bambous géants, Hélène et ses quatre enfants font une pause après avoir parcouru une bonne partie du jardin botanique et de ses serres thématiques. Elle sort tout juste de la serre des orchidées.

    « Nous avons été assez impressionnés par la beauté de certaines orchidées. Nous avons appris que la vanille était une orchidée. Je trouve que ça reflète pas mal la ville, qui est très verte. Nous c’est ce qui nous a impressionnés positivement. De voir la végétation hyper prégnante dans cette ville, nous a positivement impressionnées », nous raconte-t-elle.

    Fondé en 1808 par le roi du Portugal Dom João VI, le jardin botanique est connu pour son allée de palmiers impériaux, dont les plus hauts spécimens mesurent près de 50 mètres. Marcus Nadruz, chercheur depuis 40 ans au sein du jardin botanique, nous fait visiter. Il nous explique :

    « Cette fontaine se trouve au milieu de l’allée principale, l’allée Barbosa Rodrigues, l’allée des palmiers impériaux. Juste à côté, nous avons un sumahuma, kapokier en français. Le compositeur Tom Jobim aimait particulièrement s’assoir aux pieds de cet arbre ».

    À écouter aussi : Le Domaine Joly-De Lotbinière, un « jardin des sens » au Québec

    Havre de paix dans une ville chaotique, violente, et bruyante, l’air du jardin botanique est aussi plus pur, comme l’indiquent les lichens qui poussent sur les troncs des palmiers. Beatriz est venue de São Paulo avec sa fille pour observer les oiseaux et les petits singes, qui se laissent facilement prendre en photo.

    « C’est un lieu pour se reposer, pour se détendre, pour penser à tout ce que l’homme a déjà infligé à la nature. Ici, c’est un endroit très important pour le futur. Pour nos enfants », indique-t-elle.

    Car le jardin botanique a avant tout une visée scientifique. Pionnier dans le recensement de la flore brésilienne et des espèces menacées, il abrite le plus grand herbier du Brésil.

    « Nous disons souvent que le jardin botanique n’est pas un parc à visiter, mais plutôt un institut de recherche ouvert au public. Nous faisons tout pour montrer la science que le jardin produit au public qui vient le visiter », souligne Marcus Nadruz.

    À écouter aussi : Le jardin Rikugien à Tokyo

    Avec des zones représentant les différents biomes brésiliens, comme la forêt atlantique ou encore l’Amazonie, le jardin cherche aussi à sensibiliser ses visiteurs à la préservation de l’environnement. Le chercheur rajoute :

    « Pour restaurer une forêt, il faut entre 50 et 70 ans. Pour la détruire, moins d’une semaine. C’est une vitesse disproportionnée, et injuste. C’est pour cette raison que ce travail de connaissance de la flore est très important, car c’est un outil de conservation ».

    Dans le secteur dédié aux aracées, Marcus nous montre les derniers spécimens qu’il a ramenés d’expédition. Au Brésil, une nouvelle espèce de plante est découverte tous les deux jours.

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  • Le Domaine Joly-De Lotbinière, un «jardin des sens» au Québec
    Aug 13 2022

    Niché sur une pointe qui s’avance dans le fleuve Saint-Laurent non loin de Québec, le Domaine Joly-De Lotbinière se classe comme l'un des plus beaux jardins de cette province francophone du Canada. La présence de l’eau toute proche atténue la rudesse de l’hiver et permet à des espèces fragiles de prospérer. Ce site, déjà occupé par les autochtones il y a près de 4500 ans, est devenu la propriété de seigneurs du temps de la Nouvelle-France. Un des derniers héritiers, épris d’horticulture, en a fait un jardin romantique à la fin du 19e siècle et une fondation en perpétue aujourd’hui la tradition.

    « Je vous emmène voir notre gros géant. »

    Le géant dont parle Hélène Leclerc, la directrice de la fondation du Domaine Joly-De Lotbinière, c’est un noyer noir, très rare au nord de la frontière américaine. « Il faut être trois pour pouvoir faire le tour du tronc. »

    C’est Sir Henri-Gustave de Lotbinière, héritier du domaine et écologiste avant l’heure, qui a implanté ces arbres pour favoriser la biodiversité de la forêt il y a 140 ans : « Quand il annonce à ses collègues qu'il veut planter 10 000 noix de noyer noir, un de ses collègues lui écrit : "Tu n'auras même pas assez de bois pour faire une boîte à bijoux à ta femme. Ils ne croyaient pas en son projet ».

    Le respect des tracés initiaux du lieu offre de nouvelles perspectives sur la nature ou sur le pavillon d’été de la famille des Lotbinière, dans la pure tradition romantique de la fin du 19e siècle. Ici, l’accent est mis aussi sur l’éducation du public : « C'est par nos activités qu'on se retrouve beaucoup plus à vulgariser, comme on a 22 ou 23 variétés de tomates. Des variétés que les gens ne connaissent pas mais ils viennent et les découvrent ».

    Des variétés uniques au Québec

    Le jardin offre près de 3000 variétés de végétaux aux visiteurs, un véritable musée des sciences naturelles en plein air pour ce technicien forestier de métier, qui arpente le domaine pour la première fois.

    « J'habite dans l'est du Québec, il y a beaucoup moins de diversité d'arbres. Ici, il y en a vraiment beaucoup, et des arbres qu'il n'y a pas au Québec. Il y a beaucoup d'arbres qui viennent de l'extérieur. La dimension aussi, les arbres sont gros et hauts. Et il y a un climat particulier aussi, qui fait qu'il y a une bonne croissance pour les arbres. »

    Riche de ses variétés rares, le jardin met aussi l’accent sur les sensations que procurent les plantes, selon Hélène Leclerc : « Ici c’est vraiment le jardin des sens. Vous avez l'armoise qui est gris-bleutée, c'est l'armoise coca-cola. Je vous invite à aller la prendre dans vos bras, la flatter, à humer le parfum du coca-cola sur l’armoise ».

    Goûter, toucher, contempler, ressentir, autant de sensations qu’offre le domaine Joly-De Lotbinière au public, au grand plaisir de cette jeune femme : « Ça me donne l’impression d'être en Europe en ce moment, une impression de grandeur et de richesse, c'est ultra beau. Un peu comme le jardin de Versailles... »

    Géré par une fondation depuis près de 25 ans, le Domaine Joly-De Lotbinière se veut une fenêtre ouverte sur la nature pour les Québécois en quête de beauté et de voyage hors du temps.

    Le site du domaine

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  • Le Jardin des poisons de Newcastle
    Aug 6 2022

    Ils sont presque aussi beaux que les jardins à la française.... Les jardins à l’anglaise attirent chaque année des millions de visiteurs et se placent à la pointe de la recherche et de la préservation. Au nord de l’Angleterre, le Jardin des poisons n’héberge que des plantes toxiques.

    Le Jardin des poisons, au nord de Newcastle, se cache derrière de grandes grilles noires, ornées de têtes de mort. Interdiction pour les visiteurs de se balader seuls. Dean Smith travaille comme guide aux côtés d’une centaine de menaces horticoles.

    « Certaines vous irriteront la peau, d’autres vous donneront mal au ventre, nous explique t-il. Mais certaines peuvent réellement vous tuer, de manière inattendue. Le laurier cerise, par exemple, fournit de très belles haies. Mais les feuilles produisent du gaz cyanure qui empêche le sang d’absorber l’oxygène. Si vous les coupez au sécateur, vous libérez ce gaz. Un jour de vent, vous n’aurez pas de problème… Jusqu’à ce que vous mettiez les feuilles dans le coffre de votre voiture pour aller à la déchetterie. Vous êtes alors dans un espace confine, mal ventilé, avec du gaz cyanure… Vous roulez à 80 km/h, que peut-il vous arriver ? »

    Dans les allées, on trouve aussi de la belladone, dont une poignée de fruits peuvent tuer un adulte. Tout comme du romarin, excellent pour la mémoire mais dangereux pour la grossesse. Certaines plantes sont mises en cage, pour éviter les accidents.

    « Cette année, nous avons déjà eu plus de 60 personnes qui se sont évanouies. D’ailleurs, il y en a eu deux hier ! Mais ce n’est pas à cause des plantes, malgré ce qu’on aimerait croire. C’est parce qu’on raconte des histoires qui font chuter l’adrénaline, et certaines personnes sont très sensibles. Mais je suis formé aux premiers secours, prêt à aider si besoin ! »

    Quant aux jardiniers, ils ne peuvent travailler qu’en combinaison intégrale, pour des raisons de sécurité. « Ils ressemblent à des apiculteurs, couverts de la tête au pied, même le visage. Prenez une plante comme la Berce du Caucase : si vous la touchez, elle peut vous causer des brûlures qui peuvent durer sept ans. On doit vraiment faire attention à eux. »

    Un jardin créé pour sensibiliser le public

    Le Jardin des poisons existe depuis 2005, fruit du travail de prévention anti-drogues de la duchesse de Northumberland, Jane Percy, qui a obtenu l’autorisation quasi-unique de faire pousser, entre autres, du cannabis.

    « On fait aussi pousser de la catha edulis, aussi appelé khat. On mâche les feuilles pour avoir un effet d’amphétamines, mais ça peut rendre les gens violents et agressifs. Cela contient également des carcinogènes et peut causer des cancers de la bouche. C’est interdit au Royaume-Uni depuis 2014. Si nous montrions l’aspect purement pharmaceutique du jardin, on perdrait l’attention des enfants. Vous leur dites que les plantes peuvent les tuer, ils sont fascinés. Cela nous permet de faire passer notre message anti-drogues sans prêcher. »

    Ces plantes-là aussi doivent être mises en cage. Cette fois-ci pour empêcher que certains touristes ne soient tentés de ramener un souvenir de leur visite au Jardin des poisons.

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    3 mins
  • Le jardin Rikugien à Tokyo
    Jul 30 2022

    Dans le cadre de notre série estivale consacrée aux jardins du monde, RFI vous emmène à Tokyo visiter le jardin Rikugien. Au Japon, ces espaces verts sont réputés pour leur beauté. Beaucoup d'estampes magnifiques les ont immortalisés et ils ont inspiré les grands maîtres de la peinture occidentale comme Monet ou Van Gogh.

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    3 mins
  • Visite royale du jardin de Versailles
    Jul 23 2022

    Dans le cadre de notre série estivale consacrée aux jardins du monde, RFI vous emmène dans le plus bel exemple du jardin à la française : celui de Versailles que Louis XIV avait confié, au XVIIe siècle, à André Le Nôtre, le roi des jardiniers.

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    3 mins
  • Le parc Boujaâfar de Sousse en Tunisie
    Jul 16 2022

    Dans la ville balnéaire de Sousse, à 143 kilomètres de Tunis, le parc Boujaâfar, en plein centre-ville, a été rénové et rouvert en avril 2022 dans le cadre d’un partenariat de développement urbain entre la municipalité et la confédération suisse. Véritable poumon du centre-ville depuis sa construction sous le protectorat français, le parc donne directement sur la plage de Sousse. Il vise aussi à réconcilier les habitants avec un centre-ville délaissé.

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