• Guerre Israël-Hamas: «Je n'en peux plus», l'interminable attente des familles d'otages thaïlandais
    Nov 7 2024

    Après la mort de son chef Yahya Sinouar le 16 octobre, le Hamas a déclaré son refus de libérer les otages sans cessez-le-feu. Parmi eux, six Thaïlandais qui travaillaient dans des kibboutz israéliens sont toujours captifs à Gaza. Ils ont été enlevés le 7 octobre 2023 lors des attaques meurtrières contre Israël. Dans le nord-est pauvre et rural de la Thaïlande, les parents de Watchara Sriaoun, l'un d’entre eux, ne perdent pas espoir quant au retour de leur fils.

    Dans la demeure familiale des Sriaoun, la télé tourne en boucle, en attendant la bonne nouvelle : que le Hamas libère Watchara, 32 ans, pour qu'il puisse enfin rentrer chez lui à Ban Kut Yang, un village paisible de la province d'Udon Thani. Pour sa mère Wiwwaeo, l'attente est insoutenable. Les dernières nouvelles du Proche-Orient, qu'elle suit chaque jour, ne la rassurent guère :

    « Il y a de plus en plus en plus de violences, on ne sait pas quand la guerre prendra fin. J'ai peur pour mon fils, ça fait plus d'un an qu'il a été kidnappé et que nous sommes sans nouvelle. Que mange-t-il ? Comment dort-il ? Je n'en peux plus d'attendre. »

    Depuis l'enlèvement de Watchara le 7 octobre 2023, la famille est bouleversée. Dans le salon, son père est scotché devant le téléviseur à suivre les infos en continu. Le vieil homme a souvent des absences, nous dit sa femme Wiwwaeo : « On pleure presque tous les jours, on dort mal. Mon mari perd la tête depuis qu'il n'a plus de nouvelles de son fils. On l'a emmené trois fois à l'hôpital et il a même fait un AVC. »

    Malgré ce quotidien difficile, cette chrétienne raconte comment la foi l'aide à garder espoir : « Sans religion, je serais morte. Chaque dimanche, je me rends à l'église et je prie le Seigneur pour que mon fils revienne ici sain et sauf. »

    Surtout, ce qui l'aide à tenir, c'est sa petite-fille de 9 ans. Elle s'appelle Nuu Dee, elle est la fille de Watchara. « La gamine vient de perdre sa mère, emportée il y a deux mois par une maladie, mais elle est forte », répète Wiwwaeo, en regardant avec douceur la fillette aux nattes tressées : « Elle sait que son père est encore en vie, elle prie aussi pour que le Hamas relâche son père et qu'il puisse à nouveau l'amener à l'école et partir en voyage avec elle. »

    Travailler en Israël pour une vie meilleure

    Watchara avait rejoint Israël en 2020, justement pour offrir à sa fille un avenir plus radieux. Là-bas, il gagnait deux fois plus que dans son village natal et envoyait de l'argent à sa famille endettée. Avant le 7 octobre 2023, 30 000 Thaïlandais travaillaient comme lui dans des fermes ou kibboutz israéliens. La faute aux manques d'opportunités et aux salaires miséreux, selon Wongwian, une élue locale, qui vit dans le village d'à côté :

    « Certains n'ont pas d'autre choix que de partir à l'étranger. Les familles thaïlandaises avec un travailleur migrant ont une vie meilleure : ils ont assez d'argent pour s'acheter une maison, un terrain ou une voiture. »

    Grâce en partie au salaire que Watchara touchait en Israël, les Sriaoun ont d'ailleurs récemment pu faire construire une maison, celle dans laquelle ils vivent actuellement et que l'otage retenu à Gaza n'a jamais vu terminée. Tous ici espèrent que Watchara pourra voir un jour la nouvelle bâtisse, où une photo de lui aux côtés de toute la famille est accrochée au mur.

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  • En Ukraine, l'usage médical du cannabis pourrait être étendu pour soulager les soldats ukrainiens
    Nov 6 2024

    En Ukraine, s'il n'y a pas de chiffres officiels, on estime que 400 000 soldats ukrainiens auraient été blessés depuis le début de la guerre en 2022. Un chiffre qui ne prend pas en compte l'impact psychologique du conflit, dont le stress post-traumatique. Et beaucoup de combattants utilisent le cannabis pour lutter contre l'impact psychologique de la guerre. Depuis la légalisation du cannabis médical dans le pays, plusieurs voix du monde associatif, scientifique et politique se joignent pour demander que la loi élargisse son champ d'application pour permettre de soulager le stress des soldats. Un reportage de notre correspondante à Kiev.

    Un reportage à retrouver dans Accents d'Europe.

    À lire aussiLégalisation du cannabis: le débat en Europe

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  • En Caroline du Nord, la bataille des démocrates pour garder des sièges au Congrès le 5 novembre
    Nov 4 2024

    Aides financières à l’Ukraine, politiques migratoires, ou gestion de la dette, les décisions sur ces sujets clivants passent par le Congrès, composé du Sénat et de la Chambre des représentants. Sur les 435 sièges de la chambre basse, renouvelés en novembre, seuls une quarantaine sont jugés « compétitifs », c’est-à-dire que la course est serrée entre candidats démocrates et républicains. Dans la première circonscription de Caroline du Nord, le démocrate sortant Don Davis pourrait ainsi perdre son siège face à Laurie Buckhout, républicaine. Dans toute la région, les démocrates se mobilisent pour remporter cette élection.

    De notre envoyé spécial à Henderson,

    Tom, 62 ans, est venu de Virginie, État voisin de la Caroline du Nord, pour tracter, certes pour Kamala Harris, mais aussi pour d’autres candidats de cette région rurale, dont le démocrate Don Davis, qui se représente à la Chambre des représentants pour la première circonscription de la Caroline du Nord. « La seule course qui a des conséquences pour moi, c'est la présidentielle, opine Tom, cela étant dit, je sais qu’avec Don Davis, c’est une course-clé pour que les démocrates aient le contrôle du Congrès. Kamala Harris aura beaucoup de mal à faire quoi que ce soit si elle n’a pas le Congrès avec elle, donc c’est sûrement le deuxième scrutin le plus important pour moi. »

    Un constat partagé par Rachel. Cette militante regrette la polarisation de la politique où un dialogue entre les deux partis au Congrès est impossible. C’est pourquoi une majorité démocrate est d’autant plus importante, selon elle. « J’ai l’impression qu’on est coincés : le président peut avoir une idée pour réduire la dette étudiante ou pour améliorer la situation pour les migrants, et ils sont coincés, car le Congrès ne passera rien, se désole-t-elle. Ou quand le Congrès et les deux partis se sont finalement mis d’accord sur une loi sur l’immigration, Donald Trump a tout bloqué afin d’éviter que les gens pensent que la situation s’était améliorée avant l’élection… On est juste bloqués et on ne peut pas aller de l’avant. »

    Les conséquences du redécoupage électoral

    Don Davis avait été élu il y a deux ans avec 52 % des voix, mais les contours de sa circonscription ont depuis été redessinées par les républicains au pouvoir en Caroline du Nord, rendant cette élection gagnable pour la candidate républicaine, Laurie Buckhout. En effet, l’électorat est désormais divisé à cinquante-cinquante entre les deux partis.

    Dans un QG démocrate local, Ben Lauwrence, soixante ans, véritable vétéran de la politique locale, apprécie particulièrement le programme du candidat démocrate. « Don Davis est juste en faveur des droits humains, il fait aussi campagne pour avoir des frontières plus fermées. C’est un militant qui se fait entendre pour les droits humains, les droits des femmes, les droits reproductifs et les droits de vote. C’est essentiel pour nous », confie Ben Lawrence, pour qui le programme du candidat démocrate est à la fois centriste et progressiste.

    Un bon signe pour le candidat démocrate : début octobre, sa campagne avait récolté 5,2 millions de dollars, contre 3,9 millions de dollars chez sa rivale républicaine — dont 1,6 million qu’elle a financé elle-même.

    À écouter dans Grand reportageLes démocrates de Caroline du Nord à l’assaut des électeurs ruraux

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  • En Pennsylvanie, ces régions industrielles qui ont tourné le dos aux démocrates
    Nov 4 2024
    L’élection présidentielle aux États-Unis pourrait se jouer en Pennsylvanie, cet État industriel du Midwest. C’est le plus important des swing states, avec 19 grands électeurs en jeu. Voilà pourquoi Kamala Harris et Donald Trump multiplient les déplacements dans cet État que Joe Biden avait remporté de justesse en 2020. La région industrielle autour de Pittsburgh, autrefois bastion démocrate, est désormais tournée vers les républicains. De notre envoyé spécial à West Mifflin, Au bord de l’autoroute qui mène de Pittsburgh à West Mifflin, Natalie et son mari tiennent un stand permanent de produits dérivés de Donald Trump.On y trouve des T-shirts, des casquettes, des mugs et d’autres accessoires « MAGA » (« Make America Great Again », le slogan de la campagne de Donald Trump). La tentative d’assassinat contre le candidat républicain en juillet dernier a dopé leurs affaires, explique Natalie, qui soutient Donald Trump depuis 2016. « Le lendemain de l’attentat, lorsque nous avons ouvert notre stand, il y avait déjà une queue d’environ 50 mètres. Elle n’a pas diminué de toute la journée ! Nous avons dû fermer plus tôt parce que nous avions tout vendu. » Et à quelques jours de l’élection, le stand attire toujours du monde. Mike, un ancien militaire, vient acheter une pancarte portant le slogan « Les vétérans pour Trump ». L’espoir d’un retour de TrumpMike ne rêve que d’une chose : le retour de Donald Trump. Comme beaucoup de ses partisans, il affirme qu’il vivait mieux sous sa présidence de 2016 à 2020. Il reproche à l’administration Biden d’avoir laissé entrer trop de migrants illégaux, dont la moitié, selon lui, « seraient des terroristes potentiels ». Une rhétorique typiquement trumpiste.Mais ce n’est pas seulement l’immigration qui préoccupe ce vétéran. L’inflation, il l’impute entièrement à l’administration Biden. Tout a augmenté, dit-il : le prix de l’essence, les impôts, les taux d’intérêt, sans parler des produits alimentaires. « Il y a quatre ans, 12 œufs coûtaient environ un dollar. Aujourd’hui, c’est le triple ! » Mike estime que si Donald Trump ne revient pas au pouvoir, « on finira comme un des pays socialistes en Europe ».Quel avenir pour l’industrie sidérurgique ?Mais justement, comment relancer l’économie locale dans cette région où battait autrefois le cœur de l’industrie sidérurgique américaine ? Les syndicats soutiennent le rachat du groupe sidérurgique US Steel par le géant japonais Nippon Steel, espérant ainsi protéger des emplois.Mais ce projet est devenu un sujet électoral brûlant, car les deux candidats à la présidence s’y opposent. Ils refusent que cette compagnie passe sous contrôle étranger. Une décision incompréhensible pour Chris Kelly, le maire de West Mifflin. Ce fils d’ouvrier, né à Homestead, a vu la grandeur et le déclin de la sidérurgie dans la région. Il se bat aujourd’hui pour préserver les emplois dans sa ville, qui est le siège d’une usine de transformation d’acier d'US Steel qui compte environ 900 employés. Selon le maire, « la fusion pourrait attirer 10 000 à 15 000 ouvriers qui auront besoin de se loger, de manger. Cela créerait des emplois ! » L’inquiétude d’être licenciés si la fusion ne se fait pas est grande chez les employés d’US Steel. « Ce sont surtout les femmes qui m’appellent. Elles me demandent : comment je vais faire pour payer le crédit de la maison et les frais scolaires ? », explique Chris Kelly.Un sentiment d’abandon Chris Kelly ne sait pas comment le conflit autour de la fusion influencera le vote. Il y a quatre ans, sa ville de West Mifflin avait préféré Joe Biden à Donald Trump, mais le candidat républicain s’était imposé dans l’ensemble du comté de Washington voisin, notamment grâce au soutien d’électeurs comme Jason White.Ancien ouvrier du charbon, Jason s’est reconverti dans l’agriculture. Autrefois fervent démocrate, il se sent aujourd’hui abandonné par son parti. « Notre gouverneur vient d’annoncer un investissement de 600 millions de dollars pour Pittsburgh. Et que fait-on pour la région ? En fait, ils ignorent les besoins des gens et de l’industrie ici. » Jason White ne peut plus voter pour les démocrates : « Ce parti est devenu trop extrême sur des questions d’identité sexuelle », dit-il.Des sympathisants de Trump partagésDans ce comté, il est rare de voir des pancartes pro-Harris devant les maisons. La plupart des habitants affichent ouvertement leur soutien à Donald Trump.Cependant, certains républicains ont décidé de voter pour Kamala Harris. C’est le cas d’Augusta Doll, surnommée « Queen », originaire du Nigeria. Propriétaire d’une épicerie à Charleroi, le Queen’s Market, elle reproche à Donald Trump son discours anti-immigration. « La plupart de mes clients ...
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  • En Arizona, le porte-à-porte pour convaincre les électeurs latinos d'aller voter
    Nov 4 2024

    Il y a quatre ans, c’est en grande partie le vote des électeurs originaires d’Amérique latine qui avait permis de faire élire Joe Biden en Arizona, un État où les Latinos représentent un quart de l’électorat. Quatre ans après, les équipes de Kamala Harris et du parti démocrate ont investi des millions d’euros pour mobiliser cet électorat. Spots publicitaires en anglais et en espagnol, évènements publics et, comme à chaque élection, le porte-à-porte pour convaincre les derniers indécis d’aller voter.

    De notre envoyée spéciale à Phoenix,

    Anna Hernandez est candidate pour le conseil municipal de Phoenix. Aux côtés d’une autre candidate de la communauté latino, Ylenia Aguilar, et des volontaires, elle s’apprête à faire du porte-à-porte. Son conseiller rappelle les dernières directives : « Dans le quartier où nous allons, il y a encore 1 900 bulletins qui n’ont pas été déposés, ça veut dire qu’il y a des gens qui n’ont pas encore voté, il faut les aider. Donc vous frappez aux portes et vous expliquez aux gens qu’ils ne peuvent plus les envoyer par la poste, c’est trop tard. Il faut aller dans n’importe quel centre et glisser ça dans une boîte. C’est encore possible jusqu’à mardi. »

    À lire aussiÉtats-Unis: sept questions pour comprendre le système électoral américain

    Sur place, beaucoup de portes resteront fermées. Pas de quoi décourager Anna Hernandez et son acolyte Francisca, exilée du Venezuela il y a 17 ans. « On a vécu la même chose au Venezuela en 1998. Une énorme polarisation, l’économie était au centre de la bataille, rappelle Francisca. Une femme s’apprêtait à gagner les élections, mais le peuple a choisi Chavez, un homme qui a tenté deux fois de prendre le pouvoir par la force. La polarisation est créée par un tissu de mensonges et c’est dégoûtant la manière dont on a déshumanisé les Latinos en Arizona. Ce sont eux les travailleurs ! Mon peuple. »

    Des électeurs désabusés

    Pour frapper aux portes et nouer le dialogue avec les habitants, parler espagnol est un atout. Une porte s’ouvre et Ylenia Aguilar se présente : « Bonjour Griselda, je m’appelle Ylenia Aguilar, je suis candidate pour siéger à la Commission qui régule les services comme l’électricité, l’eau et le gaz dont les prix explosent. Je veux être élue pour lutter contre les monopoles. »

    Problème, Griselda, 26 ans, ne veut pas donner sa voix aux démocrates cette fois. « Non, vraiment !, insiste-t-elle. J’ai une petite entreprise et je trouve que Trump offrait plus de choses que Harris. Les petits commerces s’en sortaient mieux quand ce type était président. Aucun des deux ne me plait vraiment. Si je choisis, ce sera lui. » La femme n’en démord pas et la discussion dérive sur la gastronomie mexicaine. Ylenia Aguilar accuse le coup : « Parfois, on me dit carrément : “Je ne veux pas parler aux démocrates”. Les gens sont désabusés. Ils ne comprennent pas que l’inflation vient de politiques qui ont été menées sous Donald Trump, et donc ils le font payer à Biden et Harris. »

    Une fatigue des électeurs latinos qui pourrait coûter la victoire à Kamala Harris dans l’Arizona. Mais jusqu’au bout, y compris le mardi du vote, ces candidates le promettent : elles frapperont aux portes.

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  • États-Unis: en Caroline du Nord, l’accès à l’avortement face à l’afflux de patients des États du Sud-Est
    Nov 3 2024
    À la veille de l'élection présidentielle, Kamala Harris continue de faire campagne sur l'une de ses mesures phares, le rétablissement de l’accès à l’avortement dans l’ensemble du pays. Dans le sud-est du pays, la Caroline du Nord est désormais l’État le plus proche pour avoir accès à l’avortement. Il y est autorisé jusqu’à 14 semaines. Dans cet État, les associations d’accès à l’avortement ont vu les demandes augmenter, entraînant des difficultés pour y répondre. De notre envoyé spécial à Greensboro, en Caroline du Nord, La nomination de juges conservateurs par Donald Trump avait permis de mettre fin à l’arrêt Roe v Wade et de laisser à chaque État le choix de légiférer sur l'avortement. Depuis, 21 États ont interdit partiellement l’avortement et 13 totalement. Certains, comme le Texas, poursuivent également en justice quiconque aiderait une personne à avorter.Suite à cette vague d’interdictions, la Caroline du Nord reçoit de nombreuses patientes en provenance d'États du Sud-Est des États-Unis qui cherchent à avorter. Certaines semaines, l’association où travaille Camille reçoit le double, voir le triple du nombre d’appels. « On parle de devoir quitter sa ville, son village, son comté, pour aller dans un autre comté ou un autre État pour bénéficier des soins dont on a besoin, explique-t-elle. En sachant que dans le Sud, on ne peut pas se sentir en sécurité en allant voir son médecin quand on est Noire, queer ou femme. Et tous ces facteurs s’amplifient quand il faut quitter son État pour recevoir des soins. »À lire aussiUSA 2024: l'avortement au cœur de la campagne présidentielleDe son côté, Brandi, elle aussi impliquée dans des associations d’accès à l’avortement, a parfois du mal à gérer cet afflux de demandes. « C’est dur parfois de mettre des limites, car l’accès à l’avortement pour certains peut être une question de vie ou de mort, se désole-t-elle, ça peut déterminer le reste de leur vie. » Brandi avoue éprouver beaucoup de pression : « Si je ne réponds pas à ce message, cette personne n’aura peut-être pas accès aux soins dont elle a besoin. Les gens savent qui on est et ce que l’on fait. Parfois, je ne peux pas aller au restaurant sans qu’on me demande où trouver ceci ou comment faire cela... Et ça a aussi des conséquences sur mon travail et ma capacité d'écoute. » À écouter dans La Marche du mondeUSA/IVG: un droit juridique, une histoire politiqueLes dépenses pour se faire avorter explosent Ces associations fournissent un accompagnement psychologique, mais surtout matériel et financier. Et le nombre croissant de demandes implique forcément plus d’argent. « Avant, c’était : "Il faut qu’on trouve 200 dollars pour aller dans une autre ville pour se faire avorter", témoigne Brandi. Maintenant, il faut trouver 800 dollars pour prendre l’avion et se faire avorter… Notre travail ne se résume pas à quelques jours d’appels et de SMS, il y a beaucoup d’emails et de panique. » Et ces militants pour l’accès à l’avortement sont parfois la cible de menaces ou de harcèlement en ligne, comme l’explique une autre militante, Morgan Carter. « Ils vous trouvent sur les réseaux sociaux et vous envoient des messages… J’ai de la chance, je n'en ai pas reçu autant que d’autres, mais on reçoit des messages où on nous traite d'assassin. Et c’est tout simplement faux, s'indigne-t-elle. En plus, les théories complotistes d’extrême droite s’y ajoutent. Parfois, je ne comprends même pas les messages, je me dis OK et je passe à autre chose. » Mais ces militants s’émeuvent de l’augmentation du nombre d’initiatives locales et d’entraides pour garantir l’accès à l’avortement. À lire aussiÉtats-Unis: les fausses cliniques, un nouvel outil pour lutter contre l’avortement
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  • Le Mexique, victime de la politique migratoire des États-Unis
    Nov 2 2024
    À quelques jours de l'élection présidentielle aux États-Unis, le thème migratoire est un enjeu majeur de la campagne, qui cristallise les attentes des électeurs. En 2023, 2,5 millions de personnes ont été arrêtées en franchissant la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Donald Trump promet de fermer la frontière et Kamala Harris s’engage à durcir les conditions d’entrée sur le territoire américain. Ces derniers mois, face à l’affluence record de personnes en migration poursuivant le rêve américain, les États-Unis ont mené une politique très restrictive, qui a abouti à une diminution de passages illégaux de la frontière. De notre correspondante à Mexico,Au Mexique, les propositions des candidats à la présidentielle étasunienne sont scrutées avec beaucoup d’attention, et d’inquiétude aussi, car le pays est le premier à subir les conséquences de la politique migratoire de son voisin du Nord. En effet, ces dernières années, sous pression américaine, le Mexique joue de plus en plus le rôle de seconde frontière, en empêchant les migrants de remonter vers le Nord et de « saturer » la frontière américaine. Résultat : les migrants restent coincés au Mexique, par exemple à Mexico, la capitale, qui n’était avant qu’un lieu de passage, et qui est devenue le lieu d’une attente interminable pour les migrants, dans des conditions difficiles. Dans le quartier populaire de La Merced, en plein cœur de la capitale, un camp informel fait de structures métalliques et de bâches colorées fait face à l’église de la Soledad. Il accueille plusieurs centaines de personnes migrantes. Jean vient d’arriver et s’apprête à s’y installer. « C’était difficile de manger, car il n’y a pas de travail [à Tapachula], c’est pour ça que je suis venu ici, à la capitale », explique cet Angolais arrivé tout juste de Tapachula, à la frontière Sud du Mexique, où il a passé huit mois. À ses côtés, Ursule Kimino explique qu'ils ont déjà essayé de passer la frontière. « On est tombés sur l'immigration, ils ont renvoyé les gens à Tabasco, à plusieurs reprises. Il y a encore tout le chemin à faire, on n'a plus d’argent, on n’a même plus de quoi manger… C’est dur », témoigne cette Congolaise de Brazzaville. Elle vit dans ce camp du quartier de La Merced depuis trois mois.Ursule Kimino ne veut plus bouger. Elle est épuisée par les obstacles qui freinent la progression des migrants vers le Nord. « C'est dangereux avec l’immigration et aussi de prendre les bus, il y a la mafia qui kidnappe les gens et qui demande des rançons à la famille. Donc, c’est difficile. Si l’immigration pouvait nous faciliter les choses, si on pouvait prendre les bus sans problème, on serait peut-être en sécurité ».À lire aussiAu Mexique, à Comachuen, la migration légale et les transferts d'argent font vivre la communautéDes rendez-vous attribués au hasardLa jeune femme attend de décrocher un rendez-vous pour faire une demande d’asile. Tout comme Dario, un vénézuélien de 34 ans qui a été séparé de sa femme et de sa fille et espère les retrouver à Chicago. « Ils m’ont expulsé et elles ont pu rester. Moi, j’ai passé 17 jours dans un centre de détention, puis ils m’ont renvoyé à Tapachula », se désole-t-il. À Mexico, Dario fait des petits boulots et attend, suspendu à son téléphone, à l’application de la migration américaine CBP One qui attribue des rendez-vous au hasard. « Ça fait sept mois que j’attends une audience. Il faut se connecter tous les jours. On ne sait rien, c’est le système qui décide », rapporte-t-il.À Mexico, le nombre d’espaces dans les refuges manquent. Les récentes politiques migratoires américaines font que les personnes attendent au Mexique beaucoup plus longtemps. « [Les personnes migrantes] commencent à avoir des crises d'anxiété, de stress, dénonce Karla Medina, responsable des opérations chez MSF Mexico, certains commencent à faire de la dépression à cause de cette situation d'incertitude, l’inquiétude qu'ils ressentent en attendant de savoir qui prendra le pouvoir aux États-Unis... Que va-t-il se passer pour chacun dans leur parcours migratoire ? »Dans un autre camp au Nord de la ville, Juan Manuel anime chaque semaine avec un groupe de bénévoles des jeux avec les enfants des familles en migration. « Le principal problème que je vois dans les camps, c’est la sécurité, alerte-t-il. Parce que l'État est absent, parce qu'il se décharge de toutes les responsabilités qu'il a envers [les personnes migrantes]. » Victime de violences, de discrimination, d’extorsions… selon MSF, les agressions envers les migrants dans la rue se sont multipliées ces derniers mois à Mexico.À écouter dans Grand reportageTapachula, entre gigantesque refuge et prison à ciel ouvert
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  • Enseignement aux États-Unis: l'école, champ de bataille idéologique autour des programmes scolaires
    Nov 1 2024

    Si la politique nationale est plus que divisée depuis des années, ces tensions se retrouvent aussi à l'échelle local aux États-Unis. Ces accrocs sont cristallisés par les élections pour les postes aux conseils d'éducation (« Board of Education »). À l'échelle de chaque comté, ces élus ont leur mot à dire sur le budget et la gestion des écoles publiques. Mais ils ont surtout une influence sur les programmes scolaires. Et les conservateurs mènent une bataille féroce pour limiter l'enseignement de sujets liés aux thèmes LGBTQ+, au racisme ou aux questions de genre, tandis que démocrates et progressistes cherchent à discuter de ces sujets dans les salles de classe.

    De notre correspondant à Cary en Caroline du Nord,

    Une douzaine de démocrates sont réunis pour faire du porte-à-porte. Mais aujourd'hui, la journée est consacrée aux enseignants et à l'éducation, alors que dans la campagne pour la présidentielle américaine, de nombreux élus républicains accusent les enseignants d' « endoctriner » les élèves avec les thèmes LGBTQ+ ou avec les sujets liés aux minorités. Des accusations que ne supporte plus Keri McCauley, militante démocrate :

    « La diversité, l'équité et l'inclusion, des termes utilisés par les républicains pour faire peur, pour que les gens pensent que nos enseignements endoctrinent nos enfants pour qu'ils soient gays ou lesbiennes, c'est absolument ridicule. »

    Pour appuyer leurs propos, les démocrates ont fait appel à une enseignante, Kimberly Jones. Pour elle, l'école est le nouveau champ de bataille des républicains : « Comme on le voit dans des régimes extrêmes dans le monde, ils utilisent les méthodes que l'on voit souvent à l'œuvre dans les régimes extrémistes. Ils commencent avec les enfants pour s'assurer que seules leurs convictions et leurs visions du monde seront présentées aux enfants. »

    Une des conséquences est l'interdiction par des élus républicains de livres dans les écoles publiques, ce à quoi s'oppose le démocrate Tyler Swanson, candidat à sa réélection pour le conseil d'éducation du comté de Wake : « Les livres et les bibliothèques sont des fenêtres pour que les élèves découvrent un autre monde que le leur. Ça leur permet d'aller dans un lieu où ils se sentent en sécurité, se sentent visibles, où ils peuvent imaginer un autre monde. »

    « Chacun a le droit d'avoir ses propres opinions »

    À une centaine de kilomètres à l'ouest, dans le comté de Wilson, Blake Boykin est aussi candidat à sa réélection au conseil d'éducation, mais avec le Parti républicain. Pour lui, toutes ces questions ne sont tout simplement pas du ressort de l'école :

    « Sur l'identité de genre et les préférences sexuelles, chacun a le droit d'avoir ses propres opinions, à vivre sa vie comme il le souhaite. Et ni moi, ni personne d'autre, ne veut porter atteinte à ça. Ce que je ne veux pas, c'est que ce soit à des enfants très jeunes qu'on puisse leur dire qu'une personne peut naître comme garçon et se réveiller et devenir une fille. Cela crée de la confusion, surtout à un jeune âge. »

    Cette guerre culturelle ne touche pas seulement la Caroline du Nord. Pour les interdictions de livres, l'association Pen America a recensé au deuxième semestre de 2023 plus de 4 000 interdictions de livres dans l'ensemble du pays. Un chiffre qui a plus que doublé par rapport au précédent semestre.

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