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  • Procès Le Scouarnec: la démarche de vérité de l’accusé ne convainc pas les victimes
    Apr 24 2025

    Devant la cour criminelle de Vannes où il est jugé pour 300 viols et agressions sexuelles sur des patients majoritairement mineurs au moment des faits, l'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec reconnaît les faits, formule régulièrement des excuses, assure « en avoir fini avec les mensonges ». Mais les nombreuses victimes qui défilent à la barre restent persuadées que l’homme ne s’est pas débarrassé de ses fantasmes pédocriminels.

    Dès les premiers jours de son procès, qui s’est ouvert le 24 février dernier, Joël Le Scouarnec collabore et répond aux questions des magistrats. Face aux caméras et micros, son avocat, Maxime Tessier, ne manque pas de le mentionner : « Vous avez un homme qui est dans une démarche de reconnaissance, de coopération et jamais de minimisation. Monsieur Le Scouarnec donne des explications, ne se moque de personne, bien au contraire. »

    Depuis, l’accusé a reconnu, le 20 mars, sa culpabilité pour l’intégralité des faits concernant les 299 victimes. Ses crimes n’étaient donc pas des gestes médicaux, comme il le soutenait jusqu’alors. Une démarche de vérité globale qui a le mérite d’exister, concède Francesca Satta. « Il continue à nier l’individualité de chaque victime, pointe une avocate des parties civiles. Chacune d'entre elles qui passe à la barre n’a pas de sa bouche une reconnaissance de son existence, une reconnaissance de son visage. Je peux comprendre qu’il puisse ne pas se souvenir des 300 victimes qu’il a pu faire, mais je ne peux pas comprendre qu’il n’en reconnaisse aucune. »

    Une amnésie volontaire d’après cette avocate, qui a un double objectif, selon elle : échapper à certaines questions de la cour et garder la maîtrise des débats. « Il refuse absolument de considérer qu’il a pu, par exemple, poser des indications médicales pour pouvoir ensuite opérer un enfant dont il avait le projet de le violer. Ça, c’est aussi pour lui une façon de garder le contrôle sur ce qu’il veut rester, c’est-à-dire un chirurgien valable qui coexistait avec un pédophile », abonde sa consœur Frédérique Giffard. Mais pour l’avocate, cet argument ne tient pas une seconde : « On a tous les jours la démonstration qu'en fait, il créait, grâce à son travail, les conditions de possibilité de ses infractions. »

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    « Il ne s’est pas excusé, car je l’ai déstabilisé »

    Manon s’est confrontée à son agresseur à la mi-mars. « J’ai pu lui donner des uppercuts vocaux par mes mots. Ce passage, en effet, m’a soulagé, m’a conforté et m’a permis de tourner une page », résume la trentenaire. Son passage à la barre lui a permis de mesurer, dit-elle, la perversité de l’ex-chirurgien. « Quand les victimes lui demandent de ne pas s’excuser, il le fait quand même. Il insiste en disant que c’est le seul moment où il les a en face de lui et qu’il ne pourra pas le faire à un autre moment », explique Manon. « Il dit vouloir s’excuser pour chaque victime, ce qui n’est pas vrai. Il ne s’est pas excusé devant moi, car je l’ai déstabilisé quand je suis passée à la barre. »

    Quand elles sont prononcées, ses excuses sonnent faux, estime de son côté Mauricette Vinet. « Est-ce que ça ne serait pas pour qu’il ait une remise de peine ? », s’interroge-t-elle. Avec Roland son mari, ils vont faire entendre à la barre la voix de Mathis, le 7 mai prochain. Leur petit-fils s’est suicidé trois ans après avoir appris qu’il était l’une des victimes de Joël Le Scouarnec. « On va lui dire qu’il a tué Mathis. On ne peut pas le dire autrement. On lui avait dit à Mathis, on sera toujours à côté de toi. On lui a promis, on continue. » Le face-à-face avec Joël Le Scouarnec est nécessaire, disent-ils, mais aucune de ses paroles ne les apaiseront.

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  • France: après l'affaire Bétharram, les langues se délient dans les établissements privés catholiques
    Apr 23 2025
    Il est le lanceur d'alerte de l'affaire Bétharram. Celui qui a brisé une omerta de 60 ans sur un établissement privé catholique du sud-ouest de la France. Alain Esquerre, le fondateur du collectif des victimes, publie ce jeudi le livre Le silence de Bétharram, dans lequel la fille aînée du Premier ministre François Bayrou témoigne notamment. Le fruit de 18 mois d'une quête de vérité auprès des anciens élèves de l'établissement, d'une alerte lancée dans la presse début février et de la saisie de l'affaire par la justice. Plus de 200 plaintes ont été déposées, allant de violences physiques à viols. Depuis l'affaire Bétharram, les langues se délient ailleurs, dans d'autres établissements privés et d'autres scandales éclatent. Constance Bertrand sort de son sac son ordinateur portable. Depuis un mois et demi, cette quadragénaire reçoit quasi quotidiennement des récits d'anciens élèves de l'établissement privé catholique où elle a été scolarisée. « À l'origine, on a ouvert ce groupe Facebook parce qu'on a appris le 3 mars qu'un ancien surveillant de Bétharram a poursuivi sa carrière directement après à Saint Dominique de Neuilly », raconte-t-elle.Mais les messages qui affluent ne concernent pas seulement ce surveillant. « En cinq jours, on obtient des témoignages de choses gravissimes sur six personnes », confie-t-elle. Des accusations de violences physiques, psychologiques, d'agressions sexuelles et de viols. Beaucoup sont anonymes, publiées en messages privés. Constance, qui elle-même a été victime de harcèlement, décide alors de témoigner à visage découvert. « J'ai trouvé que c'était important de le faire pour que les gens sachent à qui ils s'adressaient. Et puis les témoignages arrivent. Ça, c'est, c'est mon cahier des horreurs, je suis obligée de prendre des notes pour ne pas mélanger les témoignages », explique-t-elle en montrant le carnet de notes où figurent de nombreux témoignages récoltés. Une cinquantaine de victimes sont déjà sorties du silence, pour des faits allant des années 1980 au début des années 2000. « Une maîtresse qui arrache l'oreille d'une petite fille, une maîtresse qui donne des coups de poing dans la tête d'un enfant, un maître qui caresse des enfants sous la jupe. Les parents ont la plupart du temps fait des démarches auprès de l'institution, mais l'institution ne les a pas soutenus. On a répertorié une dizaine de personnes accusées de violence. On a des enseignants, des surveillants, des prêtres aumôniers, des censeurs, à savoir le responsable de la discipline », détaille-t-elle.Cinq plaintes ont été déposées dont une pour viol. Le 20 mars dernier, Constance Bertrand prend la parole devant la commission d'enquête parlementaire mise en place, fin février, suite au scandale de Notre-Dame de Bétharram. Depuis, cette commission a enregistré des signalements dans 17 départements de France. Pour Arnaud Gallais, président de l'association de protection de l'enfance Mouv'enfant, un double phénomène explique ces révélations en cascade.« Premièrement, vous avez le pouvoir d'identification. C'est-à-dire que les victimes s'identifient entre elles. Ce qui leur permet de parler, parce qu'elles vont se dire : "tiens, c'est ce que j'ai vécu". Le second élément est quand même extrêmement politique. Le rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église en 2021 disait que 108 000 enfants ont été victimes de violences sexuelles dans des établissements privés et personne ne fait rien. Du coup, vous avez une colère en fait qui monte. C'est-à-dire que les enfants ou les enfants devenus grands ont parlé, mais on ne les a pas protégés », analyse-t-il. Ce #MeToo de l'enseignement pourrait bien dépasser le secteur privé catholique. Pour la première fois, ce mardi, la commission d'enquête s'est rendue dans un lycée public, où un enseignant, visé par plusieurs plaintes, s'est suicidé fin 2023. À lire aussiViolences sexuelles à Bétharram: la congrégation admet sa «responsabilité» dans les «abus massifs» À lire aussiAffaire Bétharram en France: le Premier ministre François Bayrou «bouleversé» face au témoignage de sa fille
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  • France: des personnalités revendiquent leur maladie mentale pour faire avancer la cause psychiatrique
    Apr 22 2025

    « Parlons santé mentale ! ». Autour de ce slogan, le gouvernement français a récemment décidé de faire de la santé mentale une grande cause nationale en 2025. Et force est de constater que de plus en plus de personnalités, journalistes, artistes, ou encore sportifs connus divulguent au grand public leur maladie mentale. Le dernier exemple en date est celui de Nicolas Demorand, journaliste de la matinale de la radio publique France Inter. Il a annoncé de manière crue au micro qu'il était bipolaire depuis des années. Une démarche qui relève de l'intime et qui lève le voile sur ce qui était jusque-là tabou. Ce genre de révélation peut-elle servir les malades atteint de troubles identiques ?

    « Comme des centaines de milliers de Français, je suis bipolaire. Si je me suis tu si longtemps, c'est parce que la maladie mentale fait peur. Car la maladie mentale reste une maladie honteuse et que, oui, j'avais honte. Mais j'ai décidé maintenant d'en faire un combat », déclare Nicolas Demorand, présentateur de la matinale de France Inter, s'adressant à ses milliers d'auditeurs.

    La honte dont parle le matinalier de la radio publique, Maxime Perez-Zitvogel la connaît bien. Âgé aujourd'hui de 32 ans, il a été diagnostiqué bipolaire, alternant phase d'euphorie et période de dépression, il y a près de dix ans. « J'ai vraiment eu honte au départ. Vous vous rendez compte de tous les délires que vous avez eu et de tout l'impact que cela a pu avoir sur votre entourage, sur vos amis. J'ai dû arrêter mes études à cause de cela. C'est très dur de se retrouver après seul face à tout cela, et de se dire "mais pourquoi en fait ?" », confie-t-il. Aujourd'hui, Maxime Perez-Zitvogel a cofondé la Maison perchée, une structure d’accueil pour les gens confrontés à des troubles psychiques. Selon lui, il faut mettre en lumière la maladie mentale.

    Alors le fait que des journalistes, des comédiens, des artistes, des sportifs témoignent au grand jour de leur maladie mentale est pour lui salutaire. « Cela fait huit ans que j'attendais ce moment, qu'une vedette prenne la parole sur le sujet. Pour que cela amène de la discussion. Moi, quand j'étais à l'hôpital, le fait de savoir que des gens comme Van Gogh ou Baudelaire l'étaient, cela m'a rassuré. Cela m'a permis de me dire qu'ils avaient quand même du talent. Disons que ce fut quelque chose qui m'a rassuré et qui m'a permis de m'ancrer et de me dire que je pouvais tout de même vivre avec cette maladie », explique-t-il.

    La maladie mentale n'est pas une maladie comme les autres, car elle est stigmatisante. Comme l'explique le psychiatre Thierry Najman, c'est difficile de vivre avec cette pathologie : « Il y a à peu près 15 % des personnes diagnostiquées bipolaires qui vont décéder par suicide et qui vont avoir des trajectoires extrêmement impactées par la maladie. En termes de divorce, beaucoup plus fréquents dans la population générale. En termes de perte d'emploi. Ce sont des trajectoires de vie accidentées. »

    Quand des personnalités publiques montrent qu'avec un traitement, les malades peuvent vivre presque normalement, cela les aide. Le psychiatre encourage ces témoignages de gens connus, très bénéfique pour les patients, mais il avertit. « C'est très bien que les personnalités publiques fassent cette sorte de coming out – je ne sais pas comment il faut l'appeler. En tout cas, qu'elles puissent parler le plus simplement possible et de façon solidaire de leurs difficultés personnelles et de leur maladie. Mais tout le monde n'est pas une personnalité publique. Nicolas Demorand, Yannick Noah, Florent Manaudou ou d'autres ont peut-être la possibilité de trouver plus facilement une aide psychiatrique, un soutien. Mais ce n'est pas le cas de monsieur et madame tout le monde. Je crois que c'est important d'en profiter pour dire que la psychiatrie traverse une crise extrêmement profonde », rappelle-t-il. Un questionnement d'autant plus pertinent que la santé mentale avait été décrétée, en France, grande cause nationale en 2025.

    À écouter aussiSanté mentale: «Le rôle de la grande cause nationale est de déstigmatiser la psychiatrie»

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