• Stars et climat: à quoi sert Leonardo DiCaprio?
    Mar 31 2025
    L'acteur phare de Titanic devrait signer aujourd'hui le manifeste pour les océans publié lors du sommet SOS Océan, organisé à Paris par Emmanuel Macron. Un message vidéo sera aussi lu par une autre vedette d'Hollywood, Harrison Ford. Mais quelle est l'influence réelle des célébrités qui s'engagent dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Sa venue à Paris fut un temps espérée. Mais ce n'est finalement que par sa signature au bas d'un manifeste que Leonardo DiCaprio sera présent au sommet SOS Océan organisé hier soir et ce matin à Paris par Emmanuel Macron, quelques mois avant que Nice, dans le sud de la France, n'accueille en juin la 3e Conférence des Nations unies sur les océans (UNOC). Le « bogosse » de Titanic est l’une des stars les plus engagées pour l'environnement. L'une de ses dernières prises de parole politiques remonte à la présidentielle des États-Unis. Il appelle à voter pour Kamala Harris, et son principal argument contre le climato-négationniste Donald Trump, c'est la planète. « Donald Trump continue de nier les faits. Il a sorti les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat et il a fait reculer la protection de l’environnement. Le changement climatique tue la Terre et ruine notre économie », avertit-il dans une vidéo publiée une semaine avant le scrutin.Son engagement en faveur de l'environnement ne date pas d'hier ni de la dernière présidentielle américaine. Il y a plus de 25 ans déjà, il créait une fondation, qui porte son nom, en toute simplicité. Côté cinéma, il a produit plusieurs documentaires consacrés à la crise du climat et de la biodiversité (La 11e heure et Le Déluge). On se souvient aussi de son rôle dans le film Don’t look up, une métaphore sur le déni de la crise climatique. Il jouait un scientifique qui parle dans le vide – et on espère que ce n’est pas le sort de cette chronique.« Se bouger le cul »Autre star annoncée au sommet SOS Océan, un autre acteur américain : Harrison Ford, présent via une vidéo dans laquelle il appelle à l'action contre le changement climatique. « Personne d'autre ne viendra nous sauver. Mettons-nous au travail », devrait dire l'interprète d'Indiana Jones. Un message qu'il assenait déjà il y a deux ans. « Si on ne se bouge pas le cul maintenant, on va perdre cette planète », lançait-il sur France 2 en plein Festival de Cannes.En France, même si on n’a toujours pas de pétrole, on a les actrices Marion Cotillard et Mélanie Laurent pour défendre l'environnement. En 2015, quelques mois avant la COP21 et la signature de l'Accord de Paris, François Hollande les avait embarquées comme super attachées de presse du climat. Pour un président français, comme Emmanuel Macron aujourd'hui, c'est sans doute chic d'avoir des stars à ses côtés, Mais est-ce efficace ? Il y a parfois une petite contradiction entre le discours de ces stars sur la crise climatique, et leurs actes. « À quel moment les célébrités portent-elles un message de sobriété ?, s'interroge le chercheur en sciences politiques Florent Gougou. Leurs déplacements sont tout sauf sobres. Leur style de vie est tout sauf sobre. Un exemple typique de ça, c'est Lewis Hamilton, le champion de Formule 1 qui est végan. Ok, il est végan, très bien, et en même temps il conduit des Formule 1, ces Formule 1 dont on sait qu'elles sont transportées entre chaque Grand prix par des avions ». Les avions, Harrison Ford les adore. Il en possède six, dont un jet privé... Quant à Leonardo DiCaprio, on le voit régulièrement dans la presse people se pavaner sur des yachts qui crament 500 litres de diesel à l’heure. Influence relativeDans une époque où la parole des élites a de moins en moins de poids, l'influence des célébrités doit être relativisée. « L'information sur les connaissances scientifiques liées aux transformations du climat et à la chute de la biodiversité d'une part, l'expérience réelle de ses effets d'autre part, comme le réchauffement des températures pendant l'été ou les tensions sur la ressource, ont bien plus d'effet sur les prises de conscience des individus que l'engagement de telle ou telle célébrité », estime ainsi Florent Gougou, qui a travaillé sur l’opinion publique face à la crise climatique. On imagine qu’Emmanuel Macron adorerait faire un selfie avec Leonardo DiCaprio. Ça fait toujours son petit effet, ça fait parler. La présence de people suscite toujours davantage de reprises médiatiques. Ça fait écrire des papiers. C’est d’ailleurs ce qu’on vient de faire…
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  • Comment protéger le patrimoine culturel des océans?
    Mar 27 2025

    Le Conseil de l'Autorité internationale des fonds marins se réunit jusqu'au 28 mars en Jamaïque pour sa session de printemps. L'occasion de poursuivre les négociations sur un code minier. L'AIFM veut le finaliser cette année. Les fonds recèlent des minerais convoités comme le nickel ou le cobalt. Mais leur exploitation fait peser des risques sur une biodiversité encore méconnue. Autre question qui émerge : celle de la protection du patrimoine culturel des océans.

    On ne les visite pas aussi facilement que les monuments terrestres, mais les océans abritent, eux aussi, un héritage culturel : des épaves, des objets anciens tombés de bateaux, des navires coulés et des avions abattus pendant les deux guerres mondiales, par exemple. Le fond de l'Atlantique conserve aussi les traces de siècles de traite des esclaves entre l'Afrique et l'Amérique.

    Or, si scientifiques et ONG alertent depuis longtemps sur les risques que feraient peser l'exploitation minière sur les écosystèmes, le patrimoine culturel est moins souvent mis en avant.

    « Mémoire vivante » des générations passées

    Pourtant, Salim Lahsini, le représentant du Maroc à l'AIFM qui s'exprimait au nom des pays africains, a plaidé lors des débats pour que la protection du patrimoine culturel sous-marin soit « une priorité égale à la protection de la biodiversité marine » car il est « la mémoire vivante des générations » passées, selon des propos rapportés par l’AFP.

    Cette semaine, les représentants de peuples autochtones ont aussi demandé que leur héritage soit reconnu. Et il y a eu des avancées estime Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la mer : « Il est prévu que si une entreprise qui irait exploiter ces grands fonds marins trouve des restes humains, des objets ou des sites archéologiques, elle doit immédiatement stopper toute son activité et déclarer ses trouvailles à l'AIFM. Alors évidemment, l'inquiétude des peuples autochtones comme des organisations de la société civile, c'est que tout ça, ça va se passer très loin des côtes et à des milliers de mètres de profondeur. La surveillance des activités proprement dites de ces entreprises va donc être extrêmement compliquée à mettre en œuvre », s’inquiète Sabine Roux de Bézieux.

    Océan et spiritualité

    Mais vestiges et restes humains ne sont sans doute pas les plus difficiles à prendre en compte. Plusieurs États ont proposé que la protection soit également accordée au patrimoine « immatériel ». « C'est demandé par toute une série d'îles du Pacifique notamment », ajoute la présidente de la Fondation de la mer. « La Polynésie française a un rapport très fort avec l'océan. On appelle ça le Mana » de l’océan. « C'est l'esprit de l'océan qui fait partie de la culture polynésienne et de nombreux peuples du Pacifique », relate Sabine Roux de Bézieux qui rappelle toutefois que des « projets d'exploitation des grands fonds marins sont venus de Nauru, une île du Pacifique ». Ce petit État espère, en effet, faire entrer des devises par ce biais.

    La protection de l'aspect sacré de cet environnement marin pourrait s'avérer plus difficile à mettre en place. Un groupe de travail mené par la Micronésie demande la création d'un comité spécialisé, notamment composé de représentants de peuples autochtones, comité qui assisterait le conseil de l'AIFM dans sa décision sur un plan d'exploitation.

    La question du patrimoine culturel a été discutée en Conseil en ce mois de mars 2025. Elle devrait, selon Sabine Roux de Bézieux, être rediscutée en juillet quand le Conseil et l'Assemblée générale seront convoqués.

    À lire aussiAu Cap-Vert, des archéologues explorent le patrimoine sous-marin en Afrique [1/3]

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  • Les microplastiques gênent-ils la croissance des plantes?
    Mar 26 2025
    La pollution plastique, c'est l'un des fléaux pour l'environnement. Un vrai défi tant le plastique est partout dans nos vies, plus qu'on ne le réalise au quotidien, car les microplastiques et les nanoplastiques sont disséminés dans le sol, l'air et l'eau. Ces petites particules ont un effet encore incertain sur l'évolution des plantes. Ces petits bouts de plastiques qui mesurent moins de « 0,1 micromètre à 5 millimètres », pour les microplastiques selon la définition de l’EFSA, l’Autorité européenne de sécurité des aliments ; et qui mesurent de 0,001 à 0,1 µm pour les nanoplastiques, peuvent se retrouver dans le sol de plusieurs manières. La dégradation de matériels utilisés dans l’agriculture, l’épandage de compost contaminé ne sont que quelques exemples.Une récente étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences a évalué, à partir de milliers d'observations issues de plus de 150 précédentes études, l’impact de ces microplastiques sur la production agricole. Conclusion : les récoltes de cultures de base comme le blé, le riz et le maïs pourraient être réduites de 4 % et 14 %. L'Asie serait potentiellement la plus touchée.Parmi les explications apportées : une altération de la photosynthèse. Elle pourrait au niveau mondial baisser de 7 % à 12 % chez les plantes terrestres et les algues.Transport de pathogènesMais, ces données sont à prendre avec précaution. Bien qu’elle juge les modèles utilisés pour l’étude « sérieux », Marie-France Dignac, directrice de recherche à l'Inrae, insiste sur le fait que l’impact des microplastiques sur les plantes est un « domaine de recherche assez récent » et qu’il faut encore approfondir les recherches.« Dans la littérature, il y a souvent des avis divergents, note également Filippo Vaccari, doctorant à l'université Catholique du Sacré cœur de Plaisance. Certains chercheurs trouvent des différences au niveau de la physiologie même de la plante, d’autres en trouvent moins. Mais ce qui est établi, c'est que cela modifie les microorganismes au niveau du système racinaire. »Car micro et nanoplastiques côtoient les racines de près. Or, ces petits plastiques viennent avec leur cour. « Dans l'environnement, ils ont tendance à former un biofilm autour d'eux. C'est comme un environnement où les bactéries, les champignons et les microorganismes vivent. Il y a donc des microorganismes qui sont adaptés pour vivre sur le plastique. Dans cet environnement-là, il y a certaines bactéries qui peuvent être pathogènes pour la plante, analyse Filippo Vaccari, coauteur de différents articles sur les microplastiques dans les sols. On sait aussi que ces micros et même nanoplastiques peuvent être véhiculés par le vent, la pluie. Et ils peuvent donc transporter les pathogènes dans la plante ou les mettre en contact avec elle. C'est comme si c'était un véhicule pour entrer dans la plante. »Moins de carbone piégéComme des humains qui ne vont pas bien lorsque le microbiote intestinal est perturbé, cela peut influer sur le fonctionnement des végétaux. Les plantes sont plus susceptibles d'être stressées et d'être moins résilientes. D'autant que ce n'est pas le seul danger que représenteraient ces microplastiques au contact des racines. « Cela peut modifier la porosité, la présence d'eau et d'air dans le sol. Par ailleurs, on sait que ces microplastiques ne sont pas neutres, il y a des substances chimiques associées », souligne avec prudence Marie-France Dignac.Tout cela pourrait bien modifier les services que rend la plante.L’étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences tend à montrer que les microplastiques réduisent la production de biomasse. « Cela aurait donc également un impact sur le piégeage de carbone dans l'océan qui est très lié à la photosynthèse des algues marines », analyse la chercheuse. Il existe aussi la possibilité que la modification du cycle de carbone ait un impact sur « le piégeage de carbone dans les sols ».Or, l'absorption de carbone permet de limiter le réchauffement climatique. Par ailleurs, les contacts avec les plantes pourraient être, dans certains cas, une porte d'entrée dans la chaîne alimentaire. Beaucoup de pistes à suivre donc dans ce champ de recherche assez récent.
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  • Pourquoi l’air que l’on respire est-il souvent mauvais pour la santé?
    Mar 25 2025
    La deuxième conférence mondiale sur la pollution de l'air et la santé organisée par l'ONU se tient du 25 au 27 mars en Colombie. Parmi les objectifs : le partage des données les plus récentes sur les risques pour la santé liés à la pollution de l’air et à la pauvreté énergétique, car c’est un enjeu de santé publique. Près de 99 % de la population vit dans des zones où la qualité de l'air ne respecte pas les seuils recommandés par l'Organisation mondiale de la santé. Parmi les grandes coupables : les particules fines – des corps qui mesurent moins de 2,5 microns – c'est-à-dire 0,0025 millimètres. Des particules ultrafines : moins de 0,1 micron, soit « la taille d'un virus ou d'une molécule d'ADN » explique AirParif sur son site, et des gaz viennent également polluer l'air : « le dioxyde d'azote, le dioxyde de souffre, l’ozone » de basse altitude, énumère Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’Inserm.De quatre à huit millions de mortsOr, la pollution atmosphérique tue. Selon l'OMS, plus de 4 millions de personnes en meurent chaque année. Plus de 8 millions en 2021, selon le State of global air, si l'on ajoute l'impact de la pollution de l'air intérieur, en lien, par exemple, en raison de la cuisson au bois.Mais, il existe des disparités géographiques. « Les gens qui vivent dans les régions où l'air est le plus propre vivent 2,7 ans de plus que celles qui vivent dans les régions les plus polluées du monde. Les personnes qui vivent au Bangladesh, en Inde, au Népal et au Pakistan perdent plus de 3,5 ans de leur vie parce qu’ils sont exposés à un air vicié. Même dans les pays dont on ne parle pas autant comme l’Ouganda ou l’Arabie saoudite, les gens perdent plus de 2 ans d'espérance de vie », souligne Tanushree Ganguly, directrice de l'Air Quality Life Index. En RDC, si les recommandations de l'OMC avaient été atteintes, en 2022, la population aurait pu gagner près de trois ans d'espérance de vie. Toujours sur des questions géographiques : on parle très souvent des pics de pollutions dans les métropoles. Mais les campagnes ne sont pas forcément épargnées. « Cela dépend des polluants », précise Isabella Annesi-Maesano, car les épandages, les traitements avec des pesticides, des feux peuvent contribuer à la pollution de l’air. Par ailleurs, la pollution de l’air circule.À lire aussiPollution de l’air: un coût économique important pour la FrancePas exclusivement des maladies respiratoiresIl peut y avoir des effets à court termes avec des pics de pollutions et « des effets d’exposition chronique à la pollution, y compris à des doses considérées comme non nuisibles », alerte Isabella Annesi-Maesano. Dans les deux cas, on trouve évidemment des maladies respiratoires, mais les pics de pollutions peuvent aussi favoriser des crises cardiaques ou des accidents vasculaires cérébraux. À long terme, la professeure en épidémiologie environnementale à l’IHU Immun4Cure de Montpellier, évoque des risques de « problèmes respiratoires : le développement de l'asthme, des bronchopneumopathies obstructives et chroniques. Il y a d'autres pathologies comme la fibrose pulmonaire idiopathique, mais au-delà de problèmes respiratoires, il existe des problèmes cardio-vasculaires. Le cœur est atteint par cette pollution tout comme le cerveau. Et quand on parle du cerveau, on a aussi des maladies neurodégénératives. » Et de citer encore : « le diabète, la polyarthrite rhumatoïde, certains cancers. Par ailleurs, les mères sont exposées pendant la grossesse, on a un risque de prématurité et de petit pois du nouveau-né. Et ça, ce sont des facteurs de risque de problèmes chroniques plus tard dans la vie. » Cela s'explique par la petite taille des particules. Les plus fines peuvent franchir la barrière des alvéoles, là où se font les échanges gazeux dans nos poumons, et se retrouvent donc dans le sang. Elles peuvent ensuite affecter tous les organes.La meilleure solution en termes de prévention, c'est de réduire les émissions de polluants. Quand c'est possible. Il ne faut pas oublier que les particules dans l'air peuvent aussi avoir une origine naturelle comme du sable en suspension. Au niveau individuel : éviter, quand c'est possible, les rues embouteillées, et à l'intérieur, ne pas bricoler les fenêtres fermées ou encore éviter certains produits de ménage.
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  • Manchots du Cap: comment l'Afrique du Sud a ravivé l'espoir de sauver une espèce au bord de l'extinction
    Mar 24 2025
    Après des années de négociations et un bras de fer en justice avec le gouvernement, la Haute Cour de Pretoria vient d'entériner un accord historique entre les défenseurs de la nature et les grands groupes de pêche industrielle pour tenter de sauver les manchots du Cap. La pêche aux anchois et à la sardine va être interdite autour de six zones de reproduction de cette espèce emblématique d'Afrique australe, au bord de l'extinction. Il a l'air comique quand il se déplace en se dandinant sur les côtes rocheuses d'Afrique, mais lorsqu'il plonge dans l'océan, sa rapidité et son agilité forcent l'admiration. Le manchot du Cap, oiseau noir et blanc, est le seul manchot africain. Son cri fait penser à celui de l'âne et il vit uniquement sur les côtes de Namibie et d'Afrique du Sud.Après plusieurs années de négociations et sous la pression d'une plainte en justice contre le ministère sud-africain de l'Environnement, les défenseurs de la nature sont parvenus à arracher un accord extra-judiciaire avec les grands groupes de pêche industrielle. La pêche va donc être interdite, pendant dix ans, autour de six zones de reproduction des manchots du Cap, notamment autour de Robben Island, l'île où Nelson Mandela avait été emprisonné.« C'est une nouvelle formidable ! Pour une fois que le secteur de la conservation gagne, c'est vraiment quelque chose qu'il faut célébrer. C'est donc tout à fait possible que des fois le pot de terre gagne contre le pot de terre et les industries », réagit depuis Port Elizabeth la biologiste marine Lorien Pichegru. Elle travaille sur les manchots africains depuis plus d'une décennie.Cet accord conclut 15 années de plaidoyer environnemental et de recherche scientifique, c'est le couronnement « d'un travail de longue haleine », poursuit-elle.En suivant par GPS les itinéraires de pêche des manchots et en expérimentant avec le gouvernement des zones interdites à la pêche pendant plusieurs années, les chercheurs ont montré que la principale cause de la disparition accélérée des manchots africains depuis les années 2000 est bien le manque de nourriture, lié à la surpêche industrielle des anchois et des sardines. Ces oiseaux ne se nourrissent quasiment que de ces petits poissons.La surpêche en cause« Il s'agit d'une pêche industrielle, pas d'une pêche à petite échelle, rappelle la scientifique. On parle d'un demi-million de tonnes d'anchois capturés chaque année et d'à peu près 300 000 tonnes de sardines. Tous les anchois qui sont pêchés en Afrique du Sud sont transformés en farine de poisson, pour la plupart exportée ensuite en Asie pour l'aquaculture. Donc ce n'est pas pour nourrir des populations locales. Les sardines, c'est pareil, il y en a qu'un tiers qui doit être consommé par les hommes, le reste est transformé en farine de poisson et ces farines servent pour la plupart à nourrir du saumon et des gambas qui sont ensuite réexportés vers l'Europe pour les populations riches. Il faut avoir en tête l'absurdité de ce système. »En raison du changement climatique, les populations de sardines et d'anchois sont en difficulté. Il était donc urgent d'adapter la pression de la pêche, sous peine de voir le manchot du Cap, une espèce protégée en Afrique du Sud et qui est source de revenus touristiques pour le pays, s'éteindre en 2035.Est-ce que le manchot du Cap est sauvé pour autant ?Ces zones de pêche ne seront pas toutes protégées des pressions humaines. L'accord a été le fruit d'un compromis avec les industriels de la pêche. Le moratoire se concentre donc sur les zones où les oiseaux pêchent au moment le plus critique pour la survie des poussins. « On a trouvé un accord commun pour des zones qui seront utiles pour les manchots et qui ne coûteront pas trop aux pêcheurs », explique la scientifique Lorien Pichegru qui estime que cela va beaucoup aider l'espèce.Prochain combat pour les défenseurs du manchot africain : le ravitaillement en mazout de navire à navire en pleine mer. Ces stations essence flottantes se sont très fortement développées dans la baie d'Algoa depuis 2016, causant quatre marées noires et une augmentation de la pollution sonore sous-marine, ce qui menace aussi les manchots.À lire aussiAfrique du Sud: des restrictions de pêche pour sauver les manchots du Cap
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  • Qu’est-ce qu’est la «science participative»?
    Mar 20 2025

    Depuis son retour à la Maison blanche, Donald Trump a lancé une guerre idéologique et financière contre les scientifiques, qui vise à décrédibiliser leur travail. Tout est fait pour miner la confiance de la population dans les faits scientifiques. Il existe pourtant une tendance qui donne de l'espoir : de plus en plus de citoyens, partout à travers le monde, contribuent activement à des projets de recherche scientifique.

    La science participative, ce sont des citoyens, comme vous et moi, qui vont collecter des informations dans leur environnement pour un projet de recherche. Ces informations sont ensuite transmises à des scientifiques qui ont ainsi accès à beaucoup plus de données pour approfondir le projet de recherche en question.

    Un exemple désormais très connu, c’est Merlin Bird ID, une application gratuite pour smartphones créée par Cornell Lab, un laboratoire d’ornithologie de l’Université Cornell dans l’État de New York. Où que vous soyez dans le monde, vous pouvez lancer cette application pour savoir quelle espèce d’oiseau chante à côté de vous. Vous pouvez ensuite partager cette information ainsi que votre position avec Cornell Lab. Ces données, rassemblées dans le programme eBird permettent aux scientifiques de suivre la répartition des populations d’oiseaux sur tous les continents. Durant les 10 premières années de ce programme, le Cornell Lab a reçu plus de 100 millions d’observations.

    Science participative : la montée en compétences des citoyens

    Pour la science, la participation citoyenne est donc plus que bénéfique. Les citoyens participants, de leur côté, gagnent en compétences. Et c’est l’autre objectif de la science participative : on apprend au grand public les bases du travail des chercheurs tandis que la collecte des données sensibilise les participants sur les enjeux environnementaux. Et par les temps qui courent un autre point est à souligner, et non le moindre : les sciences participatives permettent de renouer le dialogue entre les chercheurs et leurs concitoyens. Cela favorise la confiance dans les faits scientifiques, la base de chaque démocratie.

    À lire aussiLes sciences participatives, tous acteurs de la science

    La fiabilité du résultat d’une recherche issue d'une contribution citoyenne est d'ailleurs identique au résultat d’une recherche menée par des seuls scientifiques professionnels. Parce qu’une publication scientifique est toujours validée par les pairs, c’est-à-dire par d’autres scientifiques qui évalueront la pertinence du résultat de la recherche. Et c’est cela qui lui donne, dans les deux cas, sa crédibilité.

    Envie de participer ?

    Il existe de nombreux projets de sciences participatives dans le monde : au Sénégal, des pêcheuses du delta du Saloum collaborent avec des scientifiques pour comprendre pourquoi le nombre d’arches - un coquillage - tend à décliner. En Chine, des villageois collectent des données qui servent à étudier les ressources en eau. Et en Norvège, des milliers d'élèves retournent la terre de leurs jardins pour y compter les vers de terre, ce qui permet aux scientifiques d’étudier l'état des sols. Si vous aussi, vous avez envie de mettre la main à la pâte, tapez « science participative »et le nom de votre ville ou de votre pays dans un moteur de recherche. Vous allez certainement trouver un projet et ainsi aider la recherche scientifique et donc nos sociétés à avancer.

    À lire aussiLes sciences participatives bouleversent l'accès à la connaissance

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  • Comment les tortues caouannes s'adaptent-elles au changement climatique?
    Mar 19 2025

    Chaque année, entre mai et septembre, la plage d'Alagadi sur la côte nord de Chypre accueille des centaines de tortues caouannes qui viennent pondre leurs œufs. Ces reptiles marins migrateurs font partie des animaux les plus vulnérables face au changement climatique. Mais une équipe de scientifiques britanniques et chypriotes a fait une découverte étonnante : les tortues caouannes s'adaptent au réchauffement planétaire.

    C'est le résultat d'une étude, menée pendant 31 ans : depuis 1993, les chercheurs ont marqué des tortues avec des balises placées sur leurs nageoires. Ils ont enregistré la date de leurs nidifications, le nombre d'œufs pondus, ainsi que l’évolution de la température de la surface de la mer et surtout de la température dans le nid creusé sur la plage. Conclusion : plus la température dans le sable augmente, plus les tortues pondent tôt. La nidification avance ainsi de 6,47 jours par degré supplémentaire franchi, et ceci pour une raison tout à fait existentielle.

    Le sexe des nouveau-nés déterminé par la température du nid

    « Le sexe des nouveau-nés des tortures de mer est déterminé par la température qui règne dans le nid », explique Annette Broderick, co-auteur de l'étude et chercheuse à l'université d'Exeter en Grande-Bretagne.« Plus la température est élevée, plus il y aura des femelles. Si les tortues ne changeaient rien à leurs habitudes, l'espèce serait vouée à disparaître par manque de mâles. Mais nous avons pu constater que les tortues pondent de plus en plus tôt chaque année pour que le nid ait la bonne température. Ainsi, le changement climatique n'affecte pas la proportion mâles-femelles. C'est une bonne nouvelle qu'elles soient capables de s'adapter ».

    Il ne s'agit d'ailleurs pas d'une adaptation évolutive, qui supposerait une variation génétique de génération à génération - et dans le cas des tortues caouannes, cela prendra trop de temps puisque ces reptiles n’acquirent la maturité sexuelle qu’à partir de l’âge de 30 ans - mais bien d'une réaction individuelle de chaque tortue au réchauffement climatique.

    La capacité de l’adaptation des tortues à des limites

    Pourtant, la capacité d’adaptation des tortues caouannes a des limites. Car si ces reptiles marins se décalent leur saison de nidification pour garantir leur reproduction, d’autres organismes, dont dépendent la survie des tortues, ne se décalent pas. Les scientifiques appellent ce phénomène « décalage phénologique ».

    À lire aussiQu’est-ce que le «décalage phénologique»?

    Pour pondre sur la plage d'Alagadi à Chypre, les tortues caouannes doivent nager plusieurs centaines de kilomètres depuis les côtes d'Afrique du Nord. Mais les crabes et autres mollusques, dont se nourrissent les tortues caouannes, se font encore rares au moment du départ de plus en plus anticipé des tortues. Or seules les femelles bien nourries survivent au voyage éprouvant.

    Et puis à l'avenir, la hausse du niveau de la mer, liée au changement climatique, détruira les zones de nidification des tortues, de nombreuses plages disparaîtront sous les eaux.

    Les bébés tortues confrontées à la pollution plastique

    Après leur éclosion sur la plage, les bébés tortues, une fois arrivés dans l’eau, sont portés par les courants marins. « Elles sont omnivores et mangent tout ce qu’elles croisent sur leur chemin », raconte Annette Broderick. « La plus grande menace pour les bébés tortues de mer est la pollution plastique. Parce qu'elles avalent des morceaux de plastique en pensant qu'il s'agit de nourriture ».

    La tortue caouanne est aujourd'hui une espèce menacée. Pour la protéger des solutions existent : outre la lutte contre le réchauffement climatique, il s’agit de réduire l'utilisation du plastique, d’adopter des filets de pêche sélectifs pour réduire les prises accidentelles, d’instaurer des aires marines protégées et de préserver les sites de nidification, comme la plage d'Alagadi, à Chypre.

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  • Énergies fossiles et ambitions climatiques: la volte-face de l'AIE?
    Mar 18 2025

    Ce mardi s'ouvre à Paris le Forum mondial sur l'environnement et le changement climatique. Cette réunion organisée par l'OCDE et l'Agence internationale de l'énergie (AIE) vise à faire le point sur les investissements dans l'adaptation des pays au changement climatique ainsi que sur le déploiement des énergies propres. Or la semaine dernière, le patron de l'AIE a déclaré que des nouveaux investissements dans les gisements pétroliers et gaziers étaient nécessaires, voire urgents.

    Depuis quatre ans l’Agence internationale de l’énergie défend officiellement l'objectif de l'Accord de Paris de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C. En 2021, l'AIE avait marqué les esprits en publiant une feuille de route. Dans ce document est écrit noir sur blanc que plus aucun nouveau gisement de pétrole ou de gaz, plus aucune nouvelle mine de charbon ne sont nécessaires et que les projets fossiles en cours sont suffisants pour répondre à la demande mondiale en énergies fossiles d’ici la neutralité carbone en 2050. Car parallèlement l'AIE appelait dans sa feuille de route au déploiement « immédiat et massif » d'énergies propres. En 2023 encore, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie avait qualifié tout nouvel investissement dans le pétrole ou le gaz de « risque économique imprudent ».

    Ambitions climatiques de l'AIE : un discours qui évolue

    Mais quand Fatih Birol s’adresse aux dirigeants mondiaux des énergies fossiles, réunis le 10 mars 2025 en grande messe annuelle à Houston au Texas, son discours a évolué : il appelle à des investissements urgents dans le secteur pétrolier et gazier.

    Depuis quatre ans, l'Agence internationale de l'énergie est la cible de vives critiques pour son discours pro-climat. L'industrie pétrolière lui reproche notamment sa prévision que le pic de la demande en pétrole et en gaz serait atteint d'ici 2030 déjà. Mais aujourd'hui, le directeur de l'AIE n'en semble lui-même plus si sûr. Parce que si « certaines recommandations de la feuille de route de l'agence ont plutôt bien fonctionné, comme le déploiement des énergies renouvelables », d'autres n'ont pas été suivis d'effet, comme la sobriété, souligne Nicolas Berghmans, directeur du programme Nouvelles politiques industrielles à l'Institut du Développement Durable et des Relations Internationales (IDDRI). Sur « les questions de rénovation énergétique du bâtiment notamment, les questions de réduire ou modérer nos voyages en avions, on voit bien que pour l'instant on n'a pas des actions suffisamment fortes pour réduire la demande énergétique mondiale. Et une fois ce diagnostic posé, le risque, c'est qu'in fine on rouvre un espace économique pour de nouveaux investissements dans les énergies fossiles ».

    Les majors pétrolières applaudissent le « retour au réalisme », les défenseurs du climat fustigent « un retour en arrière »

    La semaine dernière à Houston, Fatih Birol a précisé qu’il s'agissait d' « investissements dans les sites pétroliers et gaziers existants, pour éviter le déclin des gisements actuellement exploités » et ainsi « garantir la sécurité énergétique mondiale ».

    Ce discours a été immédiatement applaudi par les majors pétrolières qui ont salué « le retour au réalisme » de l'AIE. Les défenseurs du climat, eux, fustigent, au contraire, une « volte-face » de l'AIE et l’alignement de l’agence sur la furie fossile de l'administration Trump. Et ils lancent cette mise en garde : si la guerre commerciale du président américain déclenche une crise économique, la demande de pétrole et de gaz s'effondra. Les nouveaux investissements dans des puits pétroliers et gaziers ne seraient alors pas rentables et ne serviraient qu'à faire grimper les températures mondiales.

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