Episodios

  • Comment améliorer la justice environnementale?
    Jul 10 2025

    Aujourd’hui, nous vous emmenons à Besançon pour parler de justice environnementale. La protection pénale de l’environnement relevant de législations très techniques, difficilement intelligibles et parfois méconnues des magistrats et des avocats, il était compliqué jusqu’alors de faire appliquer la loi. Alors, afin de répondre à cette difficulté, des pôles régionaux spécialisés en matière d'atteintes à l'environnement ont été créé en décembre 2020 afin de traiter les infractions environnementales les plus complexes. Une fois par an, le pôle régional environnemental de Besançon organise une journée de formation à destination des juges, des procureurs ou des avocats pour les familiariser aux différentes atteintes à l’environnement.

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  • La Loue, une rivière menacée par la pollution engendrée par la production laitière
    Jul 9 2025

    Direction Ornans, une ravissante petite bourgade qui a vu naitre le célèbre peintre français Gustave Courbet. C’est là également que coule la Loue, considérée par beaucoup, comme une des plus belles rivières à truite d’Europe. Mais ce joyau naturel est menacé par une forte pollution qui a décimé près de 90% des poissons. Une partie du problème vient de l’industrie laitière, car le Jura est une grande région de production de fromages, comme le Comté, le Mont d’Or ou encore le Morbier. Mais la FNSEA, le principal syndicat agricole refuse de considérer cette pollution, préférant fustiger, dans un élan de démagogie et de mensonge, les défenseurs de l’environnement qui voudraient, soi-disant, interdire la production du fromage qui s’exporte le plus, le Comté. Mais le problème est bien plus complexe et dépasse largement la filière laitière.

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  • Restaurer les tourbières du Jura, un enjeu pour le climat
    Jul 8 2025

    On vous emmène prendre l’air à présent : direction le Jura, dans l’est de la France, près de la frontière suisse. Connu pour ses vallées, ses lacs et ses rivières à truite, ce département verdoyant abrite également le Parc naturel régional du Haut-Jura. Au lac de Lamoura, près de la célèbre station de ski des Rousses, un chantier de restauration est en cours sur l’une des 600 tourbières du Jura. Dégradées par l’activité humaine et le réchauffement climatique, ces zones humides jouent un rôle essentiel. Leur préservation est devenue un enjeu majeur pour la biodiversité et le climat.

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  • À quel point les plages sont-elles polluées par les plastiques ?
    Jul 3 2025

    Entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes de plastique seraient déversées dans l’océan chaque année. Sous l’effet des courants marins, des « vortex de déchets » se sont formés. Selon des estimations, les deux tiers s'échoueraient in fine sur les plages. Une récente étude montre que du plastique est même enfoui sous le sable.

    Toutes les plages n'étant pas envahies de montagnes de plastiques, des chercheurs se sont demandé où ils pouvaient bien passer.

    Astrid Delorme, en post-doctorat à l’Ifremer et autrice d’une étude parue dans le Marine Pollution Bulletin, a mené des investigations sur des plages à Hawaï parce que l'archipel est le réceptacle de beaucoup de déchets venant de l’un des « vortex de plastiques » de l’océan Pacifique. Du sable a été prélevé jusqu’à un mètre de profondeur. Résultat : 91 % des plastiques n’étaient pas en surface, mais en dessous. « On a trouvé des plastiques jusqu'à un mètre de profondeur », explique Astrid Delorme. « On a trouvé par exemple 2000 à 3 000 particules de plastique à 60 à 90 cm de profondeur. Ce que nous on a trouvé, c'étaient plutôt des petits fragments, d’une taille comprise entre 5 à 6 cm. »

    Fragmentation

    Des plastiques susceptibles de se fragmenter encore pour devenir des microplastiques, d’autant que leur fragilité dans l’environnement a été mesurée. « On a vu que 92 % des plastiques qu'on a échantillonnés sont fragiles dans des environnements où il y a des vagues, des mouvements de sable, etc. Cette fragilité rend la formation de microplastiques hautement probable », explique Astrid Delorme.

    La concentration varie en fonction des saisons. Davantage de plastiques ont été retrouvés en hiver, peut-être en raison du renouvellement du sable. La grosseur des grains de sable jouerait aussi sur la rétention et la taille des fragments de plastiques.

    Impact environnemental et culturel

    Quoi qu'il en soit, il est difficile d’y remédier. Nettoyer davantage en surface avant que les déchets se fragmentent pourrait permettre de réduire la pollution souterraine. Mais draguer et filtrer le sol en profondeur parait difficilement envisageable, sans compter que cela risquerait d’endommager les écosystèmes et à Hawaï des sites funéraires ancestraux.

    Astrid Delorme voit d'ailleurs dans cette pollution de lieux de sépulture un manque de respect.

    Dans le cadre de cette étude, l’impact sur l’écosystème n’a pas été analysé. Mais la chercheuse fait l'hypothèse de conséquences potentielles sur la flore et la faune qui vit dans le sable, comme des petits crabes.

    Dans le nid des tortues

    Ailleurs, le plastique sur les plages a été identifié comme un élément perturbateur de la reproduction des tortues. « On remarque sur des sites comme Aldabra que les tortues ne peuvent plus creuser leur nid à cause de l'accumulation de plastique », explique Simon Bernard, président de Plastic Odyssey, qui en accord avec l’Unesco s'apprête à nettoyer cet atoll des Seychelles. « Et la quantité de microplastiques dans le sable influe sur la température des nids et donc a une influence sur le sexe des tortues. Il y a moins de femelles qui naissent », ajoute-t-il.

    En Chine, des microplastiques ont été retrouvés dans le fond de nids de tortues. En Floride, aux États-Unis, il en a même été détecté dans des œufs non viables.

    Est-ce que le nettoyage des plages permettrait de réduire la quantité de grands et microplastiques ? Peut-être, mais la tâche est déjà titanesque d’où les appels à limiter la production.

    À lire aussiPollution plastique: le navire «Plastic Odyssey» fait escale aux Comores

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  • Quand le climat brouille les radars: l'Otan face à l'invisibilité nouvelle des sous-marins
    Jul 2 2025
    Lors de son dernier sommet, les états membres de l’Otan ont rappelé les menaces que représentaient pour l’organisation la Russie ou la Chine. Cependant, un autre adversaire, plus silencieux, s’invite dans la stratégie militaire moderne : le réchauffement climatique. Une récente étude montre qu’il pourrait transformer en profondeur la guerre sous-marine. Le sommet de l’Otan qui s’est tenu la semaine dernière, n’a pas échappé à la règle : entre demandes de hausses budgétaires portées par Donald Trump et discussions sur les menaces de la Russie ou de l’Iran, le climat n’a pas trouvé sa place à la table des priorités. Pourtant, des chercheurs militaires et civils réunis autour de l’Otan ont levé un coin du voile sur une autre forme de perturbation stratégique : la guerre sous-marine à l’ère du réchauffement climatique, dont les conséquences sont également prégnantes dans les profondeurs. « À la poursuite d’Octobre Rouge »… version 2025 Tout commence avec un clin d’œil à Hollywood. En 1989, sortait À la poursuite d’Octobre Rouge, adaptation hollywoodienne du roman de Tom Clancy. Le film racontait la chasse menée par les États-Unis contre un sous-marin nucléaire soviétique révolutionnaire, et presque indétectable. Sean Connery y incarnait le capitaine rebelle, Alec Baldwin l’agent de la CIA parti à ses trousses. Un film de fiction ? Pas tant que ça. Le roman était à l’origine publié par les services de la Navy américaine. Son enjeu stratégique – la traque de sous-marins furtifs – était, et reste, un sujet de première importance pour les grandes puissances maritimes. Sauf que depuis, un autre facteur est venu brouiller les pistes acoustiques : le changement climatique. Le son, arme clé sous la mer Pour détecter un sous-marin, on utilise principalement des sonars. Actifs (ils émettent un son et attendent l’écho) ou passifs (ils écoutent les bruits environnants), ces systèmes reposent tous sur une science bien précise : la propagation du son sous l’eau. Les choses se compliquent alors, car la vitesse et la portée du son dépendent de plusieurs variables physiques : la température, la pression et la salinité de l’eau. Or, ces caractéristiques changent sous l’effet du réchauffement planétaire. Les océans se réchauffent. Ils deviennent plus stratifiés, la glace fond, et des milliards de tonnes d’eau douce se mêlent aux eaux salées. Résultat : les conditions de propagation du son évoluent, et la portée des sonars diminue. L’étude, publiée en mars 2025 par le Nato Defense College et dirigée par Andrea et Mauro Gilli, ne se contente pas de théoriser. Elle repose sur des simulations, réalisées à partir de données océaniques historiques (1970–1999) et de projections climatiques pour la fin du siècle (2070–2099). Les chercheurs ont choisi deux zones cruciales : l’Atlantique nord, région éminemment stratégique pour l'Otan (organisation du traité de l’Atlantique nord), et le Pacifique occidental, théâtre des ambitions navales chinoises. Les résultats sont sans appel : dans l’Atlantique nord, la portée de détection des sous-marins par sonar pourrait passer de 60 km à 35 km. Dans le Pacifique, la baisse serait plus modérée (de 10 à 7 km). Une nouvelle carte stratégique Les implications sont lourdes. Si les sous-marins deviennent plus difficiles à détecter dans l’Atlantique, la Russie pourrait en profiter pour intensifier ses opérations sous-marines dans cette zone, forçant l’Otan à y redéployer des ressources au détriment du Pacifique, où son attention était récemment concentrée. Le climat pourrait ainsi influencer les déploiements militaires et rebattre les cartes du théâtre naval mondial. Cette évolution, notent les auteurs, va également à contre-courant d’une tendance que l’on voyait poindre : l’idée selon laquelle les progrès des technologies de détection (notamment satellites ou drones) rendraient bientôt les sous-marins obsolètes. L’étude affirme l’inverse : dans un monde plus chaud, les sous-marins seront plus difficiles à repérer, donc plus utiles. L’Otan reconnaît depuis plusieurs années que le changement climatique est un « multiplicateur de menaces », et s’est engagé à prendre en compte dans ses activités la nécessité de l’atténuer. Mais c’est la première fois que ses effets sur le cœur des opérations militaires sont modélisés de manière aussi fine. Cela pose des défis technologiques, doctrinaux et budgétaires. Développer de nouveaux types de sonars, s’appuyer sur des drones sous-marins, revoir les zones de surveillance prioritaires… autant d’adaptations à anticiper. L’étude plaide aussi pour plus de recherche interdisciplinaire, croisant océanographie, ingénierie militaire et climatologie – un domaine encore peu exploré.
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  • Comment le dérèglement climatique affecte-t-il notre sommeil ?
    Jun 26 2025

    Dans le scénario d'un monde à +1,5 degré, les problèmes de santé humaine vont augmenter. Et votre sommeil lui aussi est largement en danger…

    Ce n'est pas un secret, et vous-même en avez peut-être fait l'expérience : lors des épisodes de canicule, le temps et la qualité de votre sommeil en prennent un coup. Des chercheurs danois ont même publié une étude sur le sujet en 2022, et après une expérience sur près de 45 000 personnes dans 68 pays, ils sont arrivés à plusieurs conclusions. D'abord, l'être humain dort moins longtemps à cause des températures élevées. Le sommeil met aussi plus de temps à arriver, car le corps met plus de temps à refroidir, alors que c'est nécessaire pour s'endormir. D'ici la fin du siècle, avec le réchauffement climatique, la population mondiale pourrait perdre 50 à 58 heures de sommeil par an.

    La hausse globale des températures pourrait augmenter de près de 45 % les cas d'apnée du sommeil

    Les cas d'apnée du sommeil pourraient aussi fortement augmenter d'ici la fin du siècle, selon une étude menée très récemment par des chercheurs en Australie. La hausse globale des températures pourrait augmenter de près de 45 % les cas d'apnée du sommeil. L’apnée se traduit par des pauses respiratoires qui surviennent très fréquemment lorsque vous dormez, et ce n'est pas normal.

    Comment explique-t-on cette augmentation ? L'apnée du sommeil est d’abord plus sévère en phase de sommeil léger, que pendant le sommeil profond. Et plus la température est haute, plus le sommeil est léger. Et la différence entre ces deux stades de sommeil est essentielle pour comprendre l'augmentation des cas d'apnée du sommeil, souligne Bastien Lechat, chercheur à Flinders University à Adélaïde en Australie : « Au sommeil de stade léger, les muscles tendent à être plus relaxés. En sommeil plus profond, on met plus d’effort pour essayer de respirer et ça nous aide à garder notre rythme respiratoire sans qu’on fasse de l’apnée du sommeil. »

    Le problème, c'est que près d'un milliard de personnes dans le monde souffrent déjà d'apnée du sommeil… Et cela favorise d'autres complications de santé, explique Bastien Lechat : « L’apnée du sommeil est associée à un plus gros risque de dépression, d’Alzheimer, d’avoir un accident de voiture aussi. On a deux fois plus de chance d’avoir un accident de voiture quand on fait de l’apnée du sommeil. C’est aussi associé à beaucoup de maladies cardiovasculaires comme l’hypertension. Toutes les maladies chroniques sont associées avec l’apnée du sommeil. »

    Et parmi les mesures pour limiter l'apnée du sommeil : faire du sport régulièrement, perdre du poids si nécessaire, arrêter le tabac par exemple… Le patient peut aussi être appareillé la nuit avec de l'air sous pression envoyé dans un masque. Quoi qu'il en soit, les chercheurs estiment que le réchauffement climatique pourrait entraîner une augmentation jusqu'à 3 fois du coût sociétal de l’apnée du sommeil d'ici la fin du siècle.

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  • Pourquoi le changement climatique change-t-il aussi le goût de nos aliments ?
    Jun 26 2025

    Pourquoi le changement climatique change-t-il aussi le goût de nos aliments ? C'est la question d'environnement du jour. Le réchauffement climatique est en effet capable de modifier le goût de notre nourriture et également de nos boissons. Les détails dans cette chronique.

    Ce mois-ci, une étude scientifique attirait l'attention sur le goût du « gin tonic » (à consommer avec modération) mis à mal par le changement climatique. En cause : des conditions météorologiques très fluctuantes, et plus extrêmes. Selon les chercheurs, le goût des baies de genièvre qui composent cette boisson alcoolisée pourrait ainsi s’en retrouver modifié. Pour arriver à ces conclusions, les scientifiques ont comparé des baies issues de plusieurs pays d'Europe. En analysant la teneur des arômes, ils se sont rendu compte que les baies de chaque pays avaient des profils chimiques différents, de quoi modifier les notes boisées ou florales par exemple. À l'origine de ces différences : la quantité de précipitations.

    Outre cette boisson alcoolisée, les fruits de manière générale méritent une attention particulière. Des études sur les pommes par exemple, sont arrivées à des conclusions similaires. Avec l'augmentation de la température moyenne, une baisse d'acidité et une hausse de sucre apparaît depuis les années 70. Pourtant, les méthodes d'arboriculture sont restées les mêmes.

    Les laitages concernés

    En France, plusieurs chercheurs de l'INRAE se sont penchés sur la question des produits laitiers, et notamment des fromages. Selon leurs recherches, le fromage est également altéré par le dérèglement climatique, mais par d'autres facteurs : celui de l'adaptation des éleveurs aux aléas climatiques pour nourrir leurs vaches. En règle générale, les bovins se nourrissent d'herbes, elles-mêmes touchées par la sécheresse. Dans le massif central, où s'est déroulée l'étude, la culture du maïs se développe face au réchauffement climatique : « L’introduction de cette plante dans les rations des vaches peut avoir un effet sur le fromage. Et la grande conclusion de notre étude, c'est que malgré cette introduction du maïs en sillage dans les rations, il faut veiller absolument à garder une part d’herbe pâturée dans l’alimentation des vaches laitières si on ne veut pas trop détériorer la qualité des fromages, qu’elle soit nutritionnelle ou gustative », explique Matthieu Bouchon, Ingénieur en charge des expérimentations à l'Inrae.

    La qualité nutritionnelle des aliments aussi touchée

    Au-delà du goût, la qualité nutritionnelle du fromage est donc aussi touchée. Les acides gras par exemple (ceux qu'on appelle Oméga 3 ou Omégas 6) proviennent directement de ce que les animaux mangent. Or, l'herbe permet de produire du lait plus riche en Oméga 3 très favorable pour la santé, alors que les Omégas 6 sont favorisés par le maïs et peuvent avoir des effets plus délétères pour nous.

    À lire aussiLe Comté, appellation d’origine fraternelle, et politique

    Si goût des aliments semble condamné à évoluer à cause du dérèglement climatique, il y a des solutions à mettre en place, explique Matthieu Bouchon, l'Ingénieur en charge des expérimentations à l'Inrae : « L’objectif de ce type d’étude est justement d’alerter les organismes de gestion et de défense des différentes appellations fromagères pour qu’ils tiennent compte de ça dans leur cahier des charges. Le but est de continuer à mettre l’accent sur le maintien des prairies dans la ration des vaches laitières, pour éviter justement de perdre la typicité des produits. » D’autant plus que garder les prairies est bon pour la préservation de la culture gastronomique, mais aussi pour la préservation de l'environnement, car ce sont des puits de carbone. Les prairies compensent en partie les émissions de gaz à effet de serre des vaches.

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  • Pourquoi les banques ont-elles plus financé les énergies fossiles en 2024?
    Jun 24 2025

    Selon le rapport annuel « Banking on Climate Chaos » publié il y a quelques jours, le financement des énergies fossiles par les banques a augmenté de 25 % l'an dernier. Une augmentation de 162 milliards de dollars par rapport à 2023.

    Charbon, gaz, pétrole... Les projets financés par les banques sont multiples. Rien que pour l'année 2024, sur 65 banques étudiées, le rapport « Banking on Climate Chaos » parle de 869 milliards de dollars. Une grosse enveloppe qui peut aller vers de l'extraction par exemple, ou encore vers des infrastructures de transports. Plus précisément, et pour près de la moitié de cette somme, ce sont des financements vers des entreprises qui ont des projets d'expansion.

    Le problème derrière cette augmentation des financements vers les énergies fossiles polluantes et émettrices de gaz à effet de serre, est que nos chances de limiter le réchauffement climatique s’amoindrissent. Pourtant en 2021, beaucoup de banques avaient annoncé soutenir les objectifs de neutralité carbone lors de la COP 26. Depuis, le financement global des combustibles fossiles était en baisse.

    Volonté politique et taux d’intérêt

    Selon l’ONG Reclaim Finance, ce constat peut s’expliquer par un contexte global de retour en arrière des autorités publiques et des acteurs financiers. On peut parler par exemple de la Commission européenne qui a proposé de repousser l'application de certains textes du Green Deal (Pacte Vert). Aux États-Unis, le retour de Donald Trump et sa politique pro énergies fossiles peut aussi jouer.

    Autre élément d’explication : les taux d'intérêt. Pendant plusieurs années, ils étaient remontés et pouvaient peut-être dissuader les entreprises du secteur pétrolier ou gazier à avoir recours aux banques, d'autant que les grandes entreprises faisaient des superprofits grâce à la flambée des cours. Mais l'an dernier, les intérêts étaient plus intéressants pour elles.

    À lire aussiLes plus grandes économies investissent des milliards dans les énergies fossiles à l'étranger, selon une ONG

    Dans le rapport « Banking on Climate Chaos », c'est la banque JP Morgan qui arrive en première position avec 53,5 milliards de dollars de soutien aux énergies fossiles l’an dernier. On retrouve juste derrière Bank of America et Citigroup. Dans les arguments pour se défendre, certaines banques affirment financer en parallèle la transition et le développement durable. Mais « ce n'est pas la bonne méthode » explique Lucie Pinson, Directrice de l'ONG Reclaim Finance qui a travaillé sur le rapport : « Dans tous les cas, ça ne suffit pas de financer du renouvelable pour être dans une bonne direction. Il faut vraiment réduire les financements aux énergies fossiles progressivement, en commençant dès maintenant par un arrêt des financements à l’expansion – au développement – de nouveaux projets, de charbon, de gaz et de pétrole. »

    Contraindre les banques

    Selon Lucie Pinson - Directrice de l'ONG Reclaim Finance – la solution est de contraindre les banques à agir : « Les banques ont continué "business as usual" malgré les grandes promesses qu’elles ont pu faire sur le climat. Donc il va falloir que des acteurs interviennent, que les parties prenantes des banques se mobilisent pour pousser les banques, contraindre les banques à agir que ce soit à travers l’adoption de mesures réglementaires ou à travers la mobilisation des autorités de supervision… » Et les acteurs qui doivent se mobiliser sont multiples, explique l'ONG : société civile, clients, actionnaires, et bien sûr, les autorités publiques.

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