• Questions d'environnement

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Questions d'environnement

By: RFI
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  • La Terre est en surchauffe, l’ensemble du vivant chaque jour plus menacé et la science très claire : les activités humaines sont responsables de cette situation. Le temps compte pour agir afin de préserver nos conditions de vie sur la planète. Quels sont les bouleversements en cours ? Comment les décrypter ? Et quelles sont les solutions pour enrayer cette dégradation, pour adapter nos modes de vie et nos infrastructures au changement du climat, pour bâtir un avenir plus durable pour tous ? À tour de rôle, les spécialistes environnement de la rédaction de RFI ouvrent la fenêtre sur notre monde en pleine mutation.

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Episodes
  • Qu'est-ce qui a provoqué la «mystérieuse maladie des pêcheurs» au Sénégal?
    Mar 9 2025

    Plus d'un millier d’artisans-pêcheurs sénégalais ont été victimes en 2020 puis en 2021, d’une maladie de peau. Quatre ans après, les chercheurs ont déterminé avec certitude ce qui l’avait provoqué. Pourtant, des interrogations demeurent.

    Plus d'un millier d’artisans-pêcheurs sénégalais ont été atteints de dermatite aigüe. Ils ont eu des inflammations cutanées sévères. Cela s'est manifesté par des sortes de boutons sur les bras, les jambes, le visage ou encore le sexe. Mais personne n’était en mesure d’expliquer pourquoi. Pour trouver la clef du mystère une quarantaine de scientifiques situés dans une quinzaine de laboratoire à travers le monde se sont mis en quête du ou de la coupable. « On est intervenus sans savoir vraiment ce qu'on cherchait », raconte Patrice Brehmer, chercheur à l'institut de recherche pour le développement, basé à Dakar.

    Au début, les scientifiques pensent à « des polluants anthropiques » Des polluants d’origines humaines, des « polluants classiques. Il y avait le début de l'exploitation pétrolière au Sénégal, donc on s'était un petit peu orientés là-dessus », se souvient Patrice Brehmer. Il y a aussi eu des « hypothèses sur les phtalates qui seraient issus des filets. Et au fur et à mesure, en échangeant avec les pêcheurs, on s'est rendu compte qu'il n’y avait qu'une catégorie de pêcheurs qui était touchée. Il s’agissait des pêcheurs qui utilisaient des filets maillants dérivants de surface. C'était extrêmement curieux. Et cela nous a un petit peu orientés ».

    Microalgue

    Finalement, une toxine a été retrouvée dans de l’eau au fond de la pirogue de l’un de ces pêcheurs : la Portamine A. Après d’autres séries de tests les années suivantes, notamment lors du second épisode de la maladie, les chercheurs ont pu démontrer que c’est elle qui avait perturbé les cellules de la peau et déclenché une inflammation sévère. Ils en ont aussi identifié l'origine. La responsable, c’est une microalgue, la Vulcanodinium rugosum.

    Le voile sur la « mystérieuse maladie » au Sénégal est donc levé. En revanche, on ne sait pas avec certitude, si la Portamine A est bien à l'origine des maladies de peau apparues en Guinée en 2023. Mais tout comme au Sénégal, ce sont des pêcheurs pratiquant un certain type de pêche qui ont été affectés.

    Bouleversement environnementaux

    Quant à savoir pourquoi cette microalgue et cette toxine ont tout d'un coup affecté les pêcheurs. On n'a pas encore de réponses certaines. La temporalité pourrait avoir une influence. En 2020 comme en 2021, les symptômes sont apparus en novembre au changement de saison quand des nutriments remontent des eaux profondes. Mais, cela n’était pas arrivé auparavant. Cela soulève donc la problématique des changements environnementaux. Les chercheurs émettent quelques hypothèses. « On suspecte fortement un transport par les eaux de ballast des navires, détaille Patrice Brehmer. C'est un phénomène qui est largement connu et documenté pour la dissémination de ces différents types de microalgues toxiques dans le monde ».

    Pour faciliter la navigation, les bateaux pompent, en effet, de l’eau dans des cuves pour se stabiliser. Par exemple, quand le bateau a peu ou pas de marchandise, il peut remplir d’eau ces compartiments spéciaux et les vider dans un autre port lorsque la marchandise est chargée. Dans certains cas, des espèces du point A se retrouvent au point B, alors qu’elles n’y sont pas naturellement présentes.

    Par ailleurs, « les bouleversements liés au réchauffement climatique : température et oxygénation de l’eau » ou encore l’acidification des océans provoqués par la plus grande concentration en CO2 dans l’atmosphère, favorisent la prolifération et la redistribution de certains micro-organismes. Cela pourrait donc être une piste contribuant à expliquer la maladie des pêcheurs, mais cela reste à prouver.

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    3 mins
  • France: à quoi sert le Zéro Artificialisation Nette (ZAN) ?
    Mar 6 2025
    Trois lettres sèment la discorde dans les campagnes françaises : ZAN pour « Zéro Artificialisation Nette ». Un objectif fixé par l’État pour 2050 afin de stopper la destruction de la biodiversité liée à l’étalement des villes et villages. Mais cette politique rencontre l’opposition d’une partie des élus locaux qui doivent l’appliquer et la droite veut continuer à la détricoter avec une proposition de loi attendue au Sénat le 12 mars prochain. Un sol est artificialisé quand l’occupation ou l’usage qu’en fait l’être humain altère durablement ses fonctions écologiques (ses fonctions hydriques, climatiques, agronomiques notamment).L’artificialisation totale, c’est la ville. On a imperméabilisé la terre en la recouvrant de béton ou de bitume pour y construire des immeubles, des routes. Un champ agricole est aussi une zone artificialisée – moins, mais tout de même – parce qu’on y utilise des produits chimiques, qu’on laboure, qu’on laisse la terre à nu. Enfin, une artificialisation moins intense, ce sont nos jardins. Même s’ils hébergent des animaux et des plantes, la végétation ne s’y développe pas librement puisqu’on coupe l’herbe, on retire le bois mort, etc. Pourquoi est-ce un problème d’artificialiser les sols ? Le problème est que notre consommation de sols naturels, agricoles et forestiers est trop gourmande. Chaque année en France, on prend environ 20 000 hectares à la nature. C’est d’abord néfaste pour la biodiversité. En construisant des routes, des villes ou des centres commerciaux, on détruit des espèces – on coupe des arbres, on tue la vie dans les sols, on assèche des zones humides – et on fragmente le terrain de jeu des animaux, ce qui participe à leur disparition. En urbanisant, on réduit aussi la capacité des terres agricoles à nous nourrir, indique le portail du gouvernement français sur l’artificialisation des sols. Et puis en étalant nos villes, on augmente les distances parcourues en voiture – cela contribue au changement climatique – et on réduit la capacité des sols à absorber l’eau, ce qui favorise les inondations. Réutiliser des terres déjà artificialisées L’idée du Zéro Artificialisation Nette (ZAN) d’ici 2050 est donc d’être plus sobre. Il s’agit de pousser les communes à réutiliser des espaces déjà artificialisés : réutiliser les friches industrielles, récupérer les logements vacants, densifier l’habitat, et restaurer de la nature quand on en a détruit à côté. « Pour stopper l’effondrement de la biodiversité, il faut qu’on apprenne à lui faire de la place », affirme Brian Padilla, écologue au Muséum national d’Histoire naturelle et spécialiste de l’artificialisation des sols. Au fond, c'est partager l’espace avec le reste du monde vivant.La loi climat et résilience de 2021 qui instaure le ZAN prévoit une étape intermédiaire : moins 50 % d’artificialisation d’ici 2031. Mais certains élus locaux grincent des dents, car cela questionne le modèle d’aménagement actuel.Jusqu’à maintenant, les règles d’urbanisme pour éviter l’étalement des villes n’exigeaient des élus que des obligations de moyens, désormais « il y a une obligation de résultats et des sanctions », indique Maylis Desrousseaux, maîtresse de conférences à l'École d’urbanisme de Paris et spécialisée dans les domaines du droit de l'environnement et de l'urbanisme. « Jusqu’à présent les études d’impact environnemental contenaient très peu de données qualitatives sur les sols, poursuit-elle, on se contentait d’expliquer qu’une Zone d’Aménagement Concerté allait utiliser tant d’hectares, on ne se rendait pas compte de l’impact du projet sur les fonctionnalités et la santé des sols. Le ZAN est donc fondamental pour amorcer une politique publique plus générale sur la dégradation des sols ».Effet de surprise, droit de propriété et maintien des écolesLes maires qui critiquent le ZAN considèrent que le délai de dix ans pour atteindre la première étape d’une réduction de 50 % de l’artificialisation est trop court. Même si la France est plutôt pionnière en Europe avec l’application du Zéro Artificialisation Nette, cette politique découle « d’une feuille de route de l’Union européenne de 2011 qui poussait déjà les États membres à se mettre sur une trajectoire de ‘zero land take’ ou zéro changement d’usage des sols », rappelle Maylis Desrousseaux. Le changement d’usage des sols, c'est lorsque l’on prend des sols naturels, agricoles ou forestiers pour les urbaniser ou y installer des infrastructures ou des jardins. À lire aussiFrance: la justice administrative annule l'arrêté préfectoral autorisant le chantier de l’autoroute A69Comme c’est souvent le cas lorsque des règles s’occupent de protéger les sols, certains élus ...
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  • Japon: pourquoi le 8e émetteur mondial de gaz à effet de serre traîne à se décarboner?
    Mar 5 2025
    Des feux de forêts comme en ce moment dans le nord du pays, des étés de plus en plus chauds, des inondations. À l’image du reste du monde, le Japon vit les effets du réchauffement mondial. Face à ce défi, le gouvernement de Shigeru Ishiba vient de fournir à l’ONU son nouveau plan climat avec un objectif revu à la hausse : d'ici 2035, réduire de 60 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2013. Mais cela ne semble pas suffisant. Comme toute économie développée, le Japon a une responsabilité historique dans le réchauffement climatique et celle-ci perdure. L'archipel est aujourd'hui 8ᵉ émetteur mondial. « Il a longtemps été le 5ᵉ pays à émettre le plus de gaz à effet de serre [responsables du changement climatique], souligne Hanna Hakko, spécialiste de la décarbonation du secteur énergétique au Japon au sein du groupe de réflexion européen E3G. Mais ces dernières années, des pays émergents comme l’Indonésie et le Brésil se sont mis à émettre encore plus ».Le Japon est très dépendant des énergies fossiles qu’il importe massivement (d’Australie et de pays asiatiques notamment) pour produire de l’électricité, pour l'industrie et pour les transports. Et la catastrophe nucléaire de Fukushima de 2011 a eu un triple effet.L'accident nucléaire — le pire au niveau mondial depuis Tchernobyl — qui a suivi le séisme et le tsunami « a ouvert les yeux aux Japonais sur l'importance d'économiser l'énergie et sur les dangers du nucléaire », explique Masayoshi Iyoda, porte-parole au Japon de l'ONG environnementale 350.org. « Après Fukushima, les gens ont cherché à maximiser l'efficacité énergétique des bâtiments, des écoles, partout au Japon. Et de nombreux groupes de la société civile ont lancé des projets communautaires d'énergies renouvelables dans leurs villes ».Après le choc de Fukushima et ses 18 000 morts, le gouvernement a aussi fermé temporairement ses réacteurs et pour compenser, il s'est mis à construire des centrales à charbon et à gaz. Résultat : « un pic d'émissions carbone en 2013 et depuis le pays lutte pour faire redescendre ses émissions », explique Hanna Hakko.Les entreprises d’énergies fossiles ont freiné la décarbonationMalgré tout, les énergies renouvelables se développent. « Aujourd’hui, les lieux publics regorgent de publicités de l’État et d’entreprises qui vantent leur décarbonation via les énergies renouvelables et le nucléaire et il est commun de voir des panneaux solaires sur les toits », décrit l’experte qui revient de sept années passées dans le pays. Entre 2013 et 2022, les émissions ont baissé de 19 %, selon le dernier rapport officiel japonais.Mais cela ne va pas assez vite. Et selon les scientifiques, le nouvel objectif de moins 60 % d'ici à dix ans ne permet pas d'être dans les clous de l’Accord de Paris qui vise à contenir le réchauffement global à +1,5° par rapport à l’ère industrielle.« D’après le Climate Action Tracker, un groupe indépendant de scientifiques du climat, la cible du Japon devrait être d’atteindre au moins 81 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035 », presse Masayoshi Iyoda, de l’ONG 350.org.Qu’est-ce qui coince ? Pour développer les énergies décarbonées, le Japon a fait face à un « problème d’accès aux terres limité », mais il a aussi manqué de volonté politique, estime Hanna Hakko, du groupe de réflexion E3G. « Certaines grandes entreprises japonaises ont pendant longtemps plaidé pour continuer à utiliser les énergies fossiles. Elles ont priorisé des bénéfices à court terme, liés à ce modèle-là. Cette façon de penser a eu une influence significative sur les politiques publiques et cela a ralenti la décarbonation et les objectifs et réglementations du gouvernement », analyse-t-elle. Elle se réjouit qu'aujourd'hui d'autres entreprises fassent rimer décarbonation et croissance économique.Selon les plans climat et énergie présentés par Tokyo en février, le Japon veut développer les panneaux solaires et les éoliennes en mer et innover en la matière. « Ils travaillent notamment sur des panneaux solaires plus légers et sur des éoliennes flottantes », détaille Hanna Hakko. Objectif du pays : faire des renouvelables sa première source d'énergie d'ici 2040.Le gouvernement nippon entend aussi rouvrir davantage de centrales nucléaires, mais il se heurte aux craintes d'une partie de la population.Alors que l’Accord de Paris fêtera ses dix ans à la fin de l’année, le militant écologiste Masayoshi Iyoda insiste : pour tous les projets énergétiques, « les voix locales doivent être entendues ». Pour lui, il ne s’agit pas seulement d’un enjeu climatique, mais aussi de démocratie.
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