Alors que la Corée du Sud, l’Ukraine et les États-Unis assurent qu’au moins 10 000 soldats nord-coréens se préparent à aller combattre aux côtés des troupes russes, Moscou comme Pyongyang continuent de le nier. La Corée du Nord a en même temps effectué jeudi 31 octobre le tir d’un nouveau missile balistique intercontinental. Des preuves concrètes pourraient émerger rapidement, car le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken assure que 8 000 nord-coréens seraient déjà dans la région russe de Koursk, à la frontière avec l'Ukraine. Une guerre se joue aussi sur le front médiatique. Le feuilleton des soldats nord-coréens en est illustration parfaite. Et les seules informations viennent des renseignements des ennemis de Moscou et Pyongyang. Au moins 10 000 soldats nord-coréens en Russie, camouflés derrière des équipements russes selon le Pentagone. À en croire les services de Séoul et Kiev, ils pourraient être 19 000 hommes à débarquer sur le sol russe.À écouter aussiLa Corée du Nord déploie ses soldats sur le front russe «en échange d'aide financière»Des forces spéciales fortes de 200 000 soldatsAu sein de la gigantesque armée populaire de Corée, composée d’1.5 million d’hommes et de 7 millions de réservistes, Pyongyang n’aurait pas envoyé de simples conscrits. Avec 10 ans de service militaire pour les hommes et cinq à huit pour les femmes, la guerre est l’affaire de tout le monde en Corée du Nord. Mais d’après les renseignements sud-coréens, le leader du Nord Kim Jong-un aurait déployé ses troupes d’élite : une à deux unités des forces commandos du 11ème corps d’armée. Des soldats jeunes, en début de vingtaine, entrainés et sur-préparés à des interventions rapides et efficaces. Des hommes de confiance du régime qui présentent en théorie un risque de défection moins important qu’un soldat de base.D’après un rapport des renseignements militaires américains, ils bénéficient des meilleurs équipements du pays, que ce soit en termes de parachutes, d’avions, d’explosifs. En tout, près de 200 000 soldats composeraient les forces spéciales nord-coréennes, au sein de la marine, l’armée de l’air et l’armée de terre.Bien loin de l’image d’une armée d’hommes trop petits, mal nourris et sous-équipés souvent véhiculée dans la presse. L’arrivée de milliers ou de dizaine de milliers de soldats nord-coréens en Ukraine et/ou dans la région de Koursk, n’est pas une menace à prendre à la légère. D’autant que l’armée nord-coréenne s’est modernisée. Son arsenal balistique, développé quasiment sans aide extérieure, est impressionnant et sa capacité de production de munitions s’est maintenue à un niveau très élevé. Une nécessité pour un État qui vit au bord d’une reprise de la guerre depuis 1953.À lire aussiSoldats nord-coréens en Ukraine: quelles conséquences pour la péninsule ?Un entraînement nécessaire pour faire face aux drones et équipements de pointePour autant, cela ne signifie pas que ces forces d’élites, surement accompagnées par de l’encadrement et des ingénieurs militaires, sont préparées à se battre directement sur le front ukrainien. L’omniprésence de drones ou d’équipements de pointe n’est pas une donnée avec laquelle l’armée nord-coréenne a l’habitude de composer. D’où la nécessité de se préparer en Russie avant un potentiel « déploiement sur le front début novembre », d’après l’ambassadeur de l’Ukraine à l’ONU.Car il s’agit de la première vraie expérience de guerre pour l’armée nord-coréenne depuis la guerre de Corée (1950-1953). Durant la guerre du Vietnam, plus de 1 000 soldats étaient allés porter assistance aux hommes du leader communiste vietnamien Ho Chi Minh. Une quarantaine de pilotes du régime avaient aussi participé à la guerre du Kippour, aux côtés de l’Égypte. Si certains estiment que cette expérience de combat réel en Ukraine serait grandement bénéfique pour l’armée nord-coréenne, Jenny Town, directrice du site d’observation 38 North « est dubitative » : « Cela signifie que les troupes en train de s’entrainer et qui vont se battre vont rentrer chez eux. Je ne suis pas sûre que ce soit le scénario prévu. »À lire aussiPour l'Otan, l'envoi de troupes nord-coréennes en Ukraine serait «une escalade significative»