• Élysée Odia, une figure bien connue du paysage médiatique congolais
    Mar 8 2025

    Élysée Odia, journaliste plurimédia, elle est diplômée en journalisme, option politique extérieure, de l’Université des sciences de l’information et de la communication (Unisic) à Kinshasa. Pendant 13 ans, elle a marqué la télévision congolaise depuis la capitale, avant de rejoindre le média en ligne 7sur7.cd, l’un des plus suivis du pays, où elle a travaillé pendant cinq ans. Aujourd’hui, elle prend son indépendance et dirige son propre média, Yabisonews.cd. Élysée Odia, c’est une voix forte, une passionnée de politique, une journaliste qui ne mâche pas ses mots. Mais cette liberté de ton lui vaut aussi de nombreuses menaces en ligne, parfois parmi les plus violentes. Comment vit-elle cette pression ? Elle nous raconte.

    Avec plus de 250 000 abonnés sur X, l’ancien Twitter, Élysée Odia est une voix qui compte. Ses interviews avec des figures politiques de tous horizons et ses analyses génèrent des milliers de vues sur les plateformes numériques. Mais ce qui la distingue, c’est sa signature, son style bien à elle. « Dans le journalisme, on pourrait qualifier cela d’un éditorial, où l’on donne un point de vue. Avec Twitter, c'est ce qui fait ma particularité et ma différence par rapport à certains confrères. Beaucoup se limitent à la présentation des faits, mais pour ma part, il m’arrive régulièrement d’exprimer un avis sur l’actualité ou des sujets de société », explique-t-elle.

    Cette liberté de ton a un prix

    Dans un climat politique de plus en plus polarisé en RDC, Élysée Odia est la cible d’insultes, de harcèlement et de menaces en tout genre. « En République démocratique du Congo, certains estiment avoir la légitimité de dicter ce qu’un journaliste doit dire ou non, quelle information doit être diffusée et quelle autre doit être tue, ou encore qui il peut interviewer et qui il doit éviter. On évolue dans un contexte où différents camps cherchent à imposer leur ligne éditoriale aux médias, refusant certaines opinions ou réflexions. Cela s’inscrit dans un climat particulièrement clivant, reflet de la situation actuelle dans le pays » raconte-t-elle.

    Aujourd’hui, sa liberté de ton sur les réseaux ne rime plus avec liberté de mouvement et Élysée Odia en est pleinement consciente. « Au quotidien, j’essaie d’identifier les endroits où je suis réellement la bienvenue. Malheureusement, j’ai dû établir une liste de lieux où je ne peux plus me rendre, sous peine d’être exposée à des violences, qu’elles soient physiques ou verbales. C’est une réalité difficile à accepter, mais c’est le prix à payer aujourd’hui pour préserver mon intégrité physique. ».

    Ce qui lui fait le plus mal, dit-elle, c’est de voir ses proches subir, eux aussi, les conséquences de ces menaces. « Je me souviens d’un jour où ma mère est rentrée en pleurs à la maison. Au marché, elle avait entendu des gens parler de me faire du mal. Dans ce contexte, ce n’est pas seulement le journaliste qui est exposé, mais aussi ses proches, qui subissent parfois des traumatismes encore plus violents ».

    Élysée Odia n’est pas seule dans cette situation

    Les rares journalistes congolaises influentes sur les réseaux sociaux sont elles aussi la cible de harcèlement, aussi bien par des comptes anonymes que par des personnes bien identifiées. Et pourtant, malgré l’entrée en vigueur il y a deux ans du code du numérique, qui criminalise le harcèlement en ligne en RDC, la justice ne suit pas. Face à cette impunité, Élysée Odia et ses consœurs trouvent parfois du soutien auprès d’organisations comme Journaliste en danger, partenaire de RSF. Mais là encore, les ressources restent limitées et souvent inadaptées face à l’ampleur des menaces.

    Show more Show less
    3 mins
  • Indonésie: informer sur l’environnement, un vaste champ de bataille
    Mar 1 2025

    L’Indonésie se classe 111e sur 180 en matière de liberté de la presse selon Reporters sans frontières (RSF). En 1999, une loi sur la presse a mis fin aux pratiques de censure et de contrôle de l’information, tournant décisif après la dictature de Soeharto. Pourtant, des obstacles demeurent, et les journalistes continuent de se heurter à de nombreuses difficultés dans l’exercice de leur métier. Ceux spécialisés dans l’environnement en font régulièrement l’expérience.

    Show more Show less
    3 mins
  • La maison des journalistes, à Paris, un sanctuaire pour continuer d'écrire et informer
    Feb 22 2025

    À Paris, la Maison des journalistes accueille des journalistes en exil depuis 2002. Venus d'Afrique, d'Asie, du Moyen-Orient... toutes et tous ont fui après avoir été menacés, pourchassés, parfois emprisonnés. Cette maison, à la capacité d'accueil de 13 personnes, est un refuge : un lieu de vie, d'hébergement, d'accompagnement social et un espace pour continuer d'écrire et d'informer sans risquer sa vie. Djifi Elugba Kabamba, journaliste originaire de République démocratique du Congo, nous raconte son vécu dans cette institution.

    La maison des journalistes à Paris

    Show more Show less
    2 mins
  • Un contre-sommet à Paris pour témoigner des impacts de l'IA dans les métiers de l'information
    Feb 15 2025

    Cette semaine, Paris a accueilli le sommet international de l'intelligence artificielle. Et à une centaine de mètres du Grand Palais, lieu principal de ce sommet, le théâtre de la Concorde a organisé, lundi, un contre-évènement. Organisé par le syndicat national des journalistes, il aborde les questions éthique et déontologique que pose l'intelligence artificielle, notamment lorsqu'elle est utilisée en journalisme, une pratique de plus en plus courante.

    Francis Magois est journaliste à L'Équipe. Là-bas, ça fait longtemps que l'IA n'est plus sur le banc. Cet été, elle générait seule des podcasts sur les Jeux olympiques à partir des articles du quotidien. Un grave problème déontologique pour le journaliste. « Ça a été vendu comme "ça ne coûte rien et il n'y a pas de travail supplémentaire au niveau de la rédaction". Donc, notre réaction, de se poser des questions, sur qui est responsable et qu'est-ce qu'on fait s'il y a une erreur ? L'IA, c'est une nouvelle forme de croyance qui permet peut-être d'avoir une rentabilité économique. Mais la conséquence, c'est qu'il n'y aura plus de journalistes », estime-t-il.

    Et les premiers journalistes touchés risquent d'être les secrétaires de rédactions, c'est-à-dire ceux qui relisent et corrigent les articles. Pourtant, bien loin de décharger les journalistes de ces tâches supposées « rébarbatifs » et « chronophages », les erreurs, trop fréquentes, de l'intelligence artificielle les poussent à être deux fois plus vigilants. C'est ce qu'explique Éric Barbier, journaliste à L'Est républicain et coorganisateur du contre-sommet : « Il y a sans arrêt un contrôle humain, une relecture humaine qui est indispensable parce que ces IA commettent tellement d'erreurs qu'il faut repasser derrière elles en permanence. Donc, en fait, il n’y a aucun gain de temps. On ne peut pas demander à un journaliste comme on l'entend aujourd'hui, même du président de la République, "il faut que les journalistes fassent leur métier, vérifient l'information" et leur demander de l’IA générative qui n'est pas fiable. C'est complètement paradoxal comme raisonnement. Donc, revenons à l'essentiel, revenons aux fondamentaux du journalisme. C'est-à-dire donnons-nous le temps de faire notre métier, un métier qui respecte des règles éthiques, déontologiques, d'informations, de collecte d'informations sourcées, vérifiées. »

    À écouter aussiLes enjeux et usages de l'IA dans les médias en février 2025

    Et pourtant, l'utilisation de l'IA se répand dans toutes les sphères journalistiques. Le journal Le Monde et l'Agence France presse ont déjà passé des contrats avec deux logiciels d'intelligence artificielle générative. Face à cette arrivée massive de l'IA dans les rédactions, Éric Barbier veut des gardes-fous : « Il faut qu'on se mette autour d'une table déjà pour en discuter, comme le préconise le CDJM, le Conseil de déontologie journalistique et de médiation, qui fixe une échelle de risques à l'utilisation de ces IA, avec un risque faible, un risque modéré, un risque à proscrire. Qu'on se mette autour d'une table justement en appliquant cette échelle de risque pour définir quelles IA on peut potentiellement utiliser, c'est-à-dire celles qui n'ont aucun risque sur nos métiers. »

    Des chartes pour réguler l'IA commencent à se mettre en place dans les médias. Signe que les rédactions prennent de plus en plus conscience des risques que pose un tel outil.

    Show more Show less
    3 mins
  • L'«effet Trump» sur les médias
    Feb 8 2025

    C'est devenu tellement banal que la presse américaine n'en parle même plus. Depuis des années, Donald Trump et son entourage crachent sans retenue sur les médias traditionnels. Mais la donne vient de changer, avec son retour à la Maison Blanche. Ce qu'on appelle « l'effet Trump » risque de faire entrer les attaques contre les journalistes dans une nouvelle dimension...

    C'est un poison qu'il a utilisé pendant toute sa campagne : sur une période-test de deux mois. Entre début septembre et fin octobre 2024, Reporters sans frontières a dénombré lors de ses discours plus d'une centaine de diatribes dirigées contre la presse. On parle d'« effet Trump » parce que cette rhétorique anti-médias a des conséquences très concrètes sur la sécurité des journalistes américains. Elisa Lees Muñoz dirige la Fondation internationale pour les femmes dans les médias, basée à Washington.

    « L'"effet Trump", on l'a vu se mettre en place pendant ses meetings par exemple... Dès qu'il pointe du doigt les médias au fond de la salle ou qu'il désigne tel ou tel journaliste, la foule les prend pour cibles... Mais c'est valable aussi lorsqu'il dénigre ou critique la presse de manière générale... Tout simplement parce que dans la bouche d'un président ou d'un candidat à la présidentielle, l'impact est immédiat. »

    Plusieurs reporters racontent avoir subi des violences physiques, surtout dans les États les plus polarisés, où l'extrême-droite a pignon sur rue. Mais aussi des injures, de l'intimidation ou des menaces de mort de la part d'un électorat armé et radicalisé. Dans le Michigan, une journaliste raconte comment des partisans de Donald Trump lui ont hurlé dessus, « j'espère que quelqu'un va venir te violer avant de t'assassiner ».

    À lire aussiLes médias conservateurs américains et Donald Trump : toute une histoire

    Les médias vu comme des adversaires politiques

    Pour conjurer ce phénomène, plus de 600 professionnels des médias, en particulier des femmes, ont suivi des formations spécialisées. Une sorte de kit de survie journalistique : savoir reconnaître un public hostile, travailler à plusieurs, garer sa voiture à proximité des sorties, et même apprendre quelques rudiments d'arts martiaux.

    Mais maintenant qu'il est de retour au pouvoir, l'effet Trump prend une autre dimension. Elisa Lees Muñoz assure qu'il va passer à la vitesse supérieure. Et s'en prendre à l'existence même de certains médias qu'il considère comme des adversaires politiques.

    « Je ne crois pas qu'on ait déjà vu ça, mais on s'attend à des enquêtes sur le financement des entreprises de presse, en particulier les médias à but non lucratif. Si vous prenez PBS, le réseau de télévision publique ici, vous verrez qu'à l'antenne, ils publient la liste de leurs donateurs. Telle fondation, telle corporation nous a donné de l'argent. Désormais, le gouvernement assimile ça à de la publicité. Ce qui permet de remettre en cause le caractère non lucratif de l'activité de ces médias... Et d'assécher complètement leur système de financement participatif. »

    Au classement mondial de la liberté de la presse, les États-Unis pointaient au 55ᵉ rang en 2024. Soit une chute de dix places par rapport à l'année précédente. À l'appui de cette dégringolade, Reporters sans frontières met en avant la défiance généralisée envers les médias, l'insécurité croissante qui touche les journalistes américains dans l'exercice de leurs fonctions et l'hostilité notoire de la classe politique.

    À lire aussiUSAID: quand la désinformation russe alimente la politique du DOGE de Donald Trump

    Show more Show less
    3 mins
  • Biélorussie: Marina Zolotova, journaliste, condamnée par le régime à douze ans de prison
    Feb 1 2025

    Depuis les fortes mobilisations contre les fraudes électorales en 2020, le dirigeant biélorusse Alexandre Loukachenko mène une répression sans précédent. Tous les médias indépendants du pays ont été fermés et plus de quarante journalistes sont derrière les barreaux. Parmi eux, Maryna Zolotova, ancienne rédactrice en chef du média Tut.by, purge une peine de douze ans de prison.

    Avec à sa tête Marina Zolotova, Tut.by était le plus grand média en ligne indépendant de Biélorussie. Estampillé « extrémiste » par le pouvoir, il a été fermé en août 2021. Alexandra Pouchkina y a travaillé. Elle est aujourd’hui membre du comité de direction du journal en ligne Zerkalo, successeur de Tut.by, dont les journalistes sont disséminés dans plusieurs pays européens.

    « Beaucoup de personnes avaient Tut.by en page d’accueil : elles débutaient leur journée en lisant notre site. Elles puisaient toutes les informations sur Tut.by et vérifiaient l’information grâce à Tut.by. On estimait que tant que ça n’avait pas été publié sur le site, l’information n’existait pas. Tut.by c’était cette force qui permettait notamment de régler des problèmes dans le pays », explique la jeune journaliste.

    « Nous avons fait notre choix »

    Marina Zolotova, 47 ans, purge sa lourde peine dans la colonie pour femmes de Gomel. Ses collègues ont de ses nouvelles grâce aux lettres qu’elle peut échanger avec sa famille, son mari, ses deux enfants, exilés à Varsovie, en Pologne. Voici ce qu’elle disait de son métier à la Deutsche Welle avant son arrestation : « Nous avons fait notre choix lorsque nous avons décidé de faire du journalisme dans ce pays et de le faire comme nous le faisons, c'est-à-dire en rapportant honnêtement ce qui se passe dans le pays ».

    Marina Zolotava a été condamnée, tout comme la directrice de Tut.by Lioudmila Tchekina, pour « incitation à la haine » et appel à des actions « visant à porter atteinte à la sécurité nationale », mais aussi évasion fiscale et incitation à la haine sociale, des charges qualifiées d'absurdes par Reporters sans frontières. Olga Loïko était responsable éditoriale de la section politique et économique de Tut.by. Placée sur la liste des personnes impliquées dans des activités terroristes, après avoir passé 10 mois en détention provisoire, elle a dû fuir le pays. Elle sera jugée par contumace pour les mêmes charges que son ancienne rédactrice en chef. « On savait qu’on était susceptible de se retrouver en prison, mais personne ne pensait qu’il y aurait des peines aussi lourdes », avoue-t-elle.

    Plainte de RSF pour crimes contre l’humanité

    « Dans la rédaction, c’était un sujet de plaisanterie, une sorte de psychothérapie sur le ton de l’ironie, poursuit Olga Loïko. On blaguait par exemple avec des interrogations du type : mais qui va rester avec ton chat ? On en discutait assez souvent parce qu’il y avait déjà des arrestations. Mais d’un autre côté, Tut.by était quand même un média important, influent, où on s’efforçait de respecter les bonnes pratiques du journalisme. Donc, on ne s’attendait pas à de telles condamnations et d’ailleurs personne probablement ne s’y attendait. »

    S’il a gracié quelques prisonniers politiques l’an dernier, Alexandre Loukachenko a signifié, lors d’une récente conférence de presse, qu’il n’avait aucunement l’intention d’en faire de même pour les journalistes emprisonnés. Face aux arrestations arbitraires, aux perquisitions, aux fermetures de médias et aux violences exercées contre les journalistes, Reporters sans frontières a déposé plainte auprès de la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité.

    À lire aussiLe procès des journalistes du site d'information Tut.by s'ouvre en Biélorussie

    Show more Show less
    3 mins
  • Menaces et pressions au Cameroun: une manière de faire taire les journalistes, le vécu de L. Renée Batongué
    Jan 25 2025

    Line Renée Batongué est journaliste à la Cameroon Radio Television (CRTV), l’organisme public de radio et télévision du pays. Ce média d’État suit la ligne éditoriale du pouvoir et n’est donc pas connu pour des positions qui pourraient être jugées subversives. Pourtant, l’une de ses journalistes, Line Renée Batongué, a subi en novembre 2020 une arrestation arbitraire, des menaces et quelques frayeurs alors qu’elle était en mission officielle près de la ville de Bertoua dans l’est du pays pour la CRTV.

    Line Batongué avait participé en 2019 à l'émission de RFI « Autour de la question » sur le thème « Comment développer le journalisme scientifique en Afrique ? »

    À lire aussiDes procédures bâillons pour museler les journalistes

    À lire aussiMédias: en Bretagne, informer peut s'avérer dangereux pour les journalistes

    Show more Show less
    3 mins
  • Des procédures bâillons pour museler les journalistes
    Jan 18 2025

    C'est un procédé bien connu des entreprises pour tenter de faire taire la presse : les procédures bâillons. Le principe : lancer des actions en justice pour intimider ou dissuader les journalistes et défenseurs des droits d'enquêter ou de révéler des informations sensibles.

    5 janvier 2017, alors que le journaliste Nicolas Vescovacci est en pleine écriture d’un livre-enquête sur l’homme d’affaires Vincent Bolloré (Vincent Tout Puissant, co-écrit avec Jean-Pierre Canet, publié aux éditions JC Lattès) un huissier frappe à sa porte pour lui remettre un courrier.

    « Je dépiaute cette enveloppe et je vois sur la troisième page un montant : 700 000 euros plus 50 000 euros. Je me dis de quoi s’agit-il ? Vivendi m’accusait d’avoir mis en péril la bonne marche de l’entreprise à travers des mails et des sms que j’avais envoyés pour faire simplement mon travail, c'est-à-dire le « contradictoire » dans une enquête, et il me réclamait 750 000 euros de dommages et intérêts »

    Dans ce dossier, le groupe Vivendi sera finalement condamné pour « procédure abusive ».

    L'homme d'affaires et ses sociétés vont engager deux autres actions en diffamation, celles-ci, contre les auteurs du livre. Avant de se désister à quelques semaines de l'audience.

    À lire aussiVincent Bolloré et son empire médiatique, un tremplin pour l'extrême droite en France?

    « Au final, Vivendi ou Vincent Bolloré a intenté trois procédures contre moi. Trois procédures, ça veut dire quasiment 6 à 7 ans de pression judiciaire sur vos épaules et des coûts financiers de plusieurs milliers d’euros. C’est ça une procédure bâillon. C'est une intimidation concrète et précise sur un journaliste, un journal ou une maison d’édition. C’est faire peur pour que les autres ne s'engagent pas sur l'enquête, et Vincent Bolloré est un adepte des procédures bâillons ».

    Contacté, l’avocat de Vincent Bolloré n'a pas répondu à cette affirmation.

    Toujours est-il que ce type de procédures se multiplie, observe Nicolas Vescovacci, par ailleurs membre du collectif de journalistes « Informer n’est pas un délit » : « On n'imagine pas le nombre de procédures qui sont intentées pour des journalistes qui enquêtent par exemple en Bretagne sur le système agroalimentaire français. Tout ça pour limiter la sortie d'information qui sont d'intérêt général ».

    C’est justement pour limiter le recours à ces procédures judiciaires abusives qu’une directive européenne a été adoptée en mars 2024.

    Didier Leick avocat au Barreau de Paris spécialisé dans le droit de la presse : « Il y a maintenant une directive européenne qui vise à mettre un certain nombre de dispositifs de protection pour ce qui est des procédures les plus abusives. Par exemple : que celui qui a initié la procédure supporte les frais de justice et puisqu'il soit condamné à couvrir les frais de procédure. Pour que celui-ci, qui tente de « bâillonner » pour reprendre l’expression, ait lui-même à gérer une petite prise de risque ».

    Encore faut-il que les États membres de l'Union européenne transposent cette directive dans leur droit national. Ils ont jusqu’à 2026 pour le faire…

    Certains avocats pointent déjà les limites de ce texte puisqu'il ne concerne pour le moment que les actions en justice lancées devant des tribunaux civils. Et non celles engagées au pénal, qui représentent pourtant l'écrasante majorité de ces procédures bâillons.

    Show more Show less
    3 mins