Menaces sur l’information Podcast Por RFI arte de portada

Menaces sur l’information

Menaces sur l’information

De: RFI
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Chaque année, la liberté de la presse est soumise à une pression croissante à travers le monde. Selon le dernier rapport de l'ONG Reporter sans Frontière, publié en mai 2024, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des environnements extrêmement hostiles à la liberté d'expression journalistique, où exercer ce métier représente un danger pour la vie et la liberté. Pour illustrer ce constat alarmant, la chronique « Menaces sur l'Information » vous invite à découvrir les défis auxquels sont confrontés les journalistes dans le monde, à travers des portraits de ceux qui ont affronté la répression de la liberté d'expression et qui y ont parfois laissé la vie. Chaque récit met en lumière les enjeux cruciaux de notre époque pour une presse libre et indépendante.

Diffusion : tous les samedis à 6h17, 7h53 et 18h17 TU.

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  • Festival international du journalisme: les difficultés rencontrées par les journalistes aux États-Unis
    Jul 12 2025
    Organisé par les rédactions des groupes Le Monde et le Nouvel Obs, le festival international de journalisme se tient du 11 au 13 juillet dans un petit village du sud de la France. C'est là, à Couthures-sur-Garonne, que le public peut débattre ou poser des questions à des professionnels de tous les médias. Et si l'on en parle dans « menaces sur l'information », c'est que le contexte est vraiment difficile, cette année, en particulier aux États-Unis d'Amérique. Pas moins d'une douzaine de rencontres du festival sont consacrées à la façon dont le deuxième mandat du président américain bouscule la liberté de la presse. Parmi les intervenants, à Couthures-sur-Garonne : Jessica Jerreat, de Voice Of America, la voix de l'Amérique. Un service du gouvernement étasunien, qui émettait dans 49 langues et apportait de l'information depuis 83 ans, y compris dans des pays où la presse n'était pas libre. Les journalistes n'ont pas compris ce qui leur est arrivé, il y quatre mois : « Nous avons été surpris, le 15 mars dernier par ce décret disant que les effectifs de la voix de l'Amérique devaient être réduits au strict minimum, sans en dire plus ». À lire aussiÉtats-Unis: la suspension des médias extérieurs publics, une décision lourde de conséquences Comme des centaines de salariés du groupe, Jessica Jerreat a été placée en congé administratif et pourrait être licenciée en septembre prochain. VOA a été accusé de parti pris, ou de reportages inexacts. Jessica Jerreat reconnait qu'une erreur peut arriver, car tout va très vite, mais que les corrections sont permanentes et ajoute que la fiabilité des informations fait partie de la charte du groupe. Pour le chroniqueur de géopolitique à la radio France Inter et à l'hebdomadaire le Nouvel obs, Pierre Haski, Donald Trump veut déligitimer les journalistes: « On a un président américain qui considère que le journalisme est un crime, que les journalistes sont des gens à éliminer ; il le dit dans des termes aussi crus que ça ». À lire aussiPierre Haski: aux États-Unis, «on assiste à une offensive généralisée contre le journalisme» Donald Trump a le soutien des milieux d'affaires qui possèdent un certain nombre de ces journaux comme Jeff Bezos, patron d'Amazon et du Washington Post. « La presse qu’on a connue autrefois, le mythe du Watergate (le Washington Post qui révèle la vérité et qui fait tomber Richard Nixon), c’est une autre époque. On est dans une époque où un président peut ignorer des révélations, des accusations ou même des décisions de justice et passer outre parce qu’il a cette volonté de contourner tous les contre-pouvoirs parce qu’ils sont des entraves à l’extension de son pouvoir » explique Pierre Haski. Jessica Jerreat, de la voix de l'Amérique, constate déjà les effets de ce pouvoir très fort: « Il y a une sorte de changement, latent. J'ai été responsable de la liberté de la presse pendant dix ans. Et l'un des premiers signes inquiétant que vous voyez, c'est quand les gens se demandent s'ils doivent aller au bout de leur reportage. Et j'ai l'impression qu'on pourrait en arriver à ce niveau là... Celui où les journalistes se posent la question : est-ce que ça vaut les poursuites judiciaires qui pourraient surgir si on suit cette piste? est-ce qu'il ne serait pas tout simplement plus facile de ne pas faire état de ce sujet à ce moment ? » Le 2 juillet, Paramount, la société mère de CBS News a préféré payer seize millions de dollars pour mettre un terme aux poursuites judiciaires intentées par Donald Trump. Il accusait la chaîne d'avoir favorisé Kamala Harris dans une interview. À lire aussiPrésidence Trump: les médias internationaux américains en péril
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  • Algérie: Christophe Gleizes, journaliste français condamné à 7 ans de prison pour «apologie du terrorisme»
    Jul 5 2025

    Spécialiste du football africain, le journaliste français Christophe Gleizes avait été arrêté en mai 2024. Après treize mois de contrôle judiciaire, le tribunal de Tizi-Ouzou lui a infligé cette lourde peine dimanche dernier. Ses proches, ses employeurs et Reporters sans Frontières dénoncent un dossier «vide» et craignent que l'affaire soit instrumentalisée par le pouvoir politique algérien, dans un contexte tendu entre Paris et Alger depuis plusieurs mois.

    Depuis dimanche dernier, c'est la stupeur et l'incompréhension pour les proches de Christophe Gleizes. Sa famille évidemment, mais aussi ses collaborateurs sont sonnés par le verdict du tribunal de Tizi Ouzou.

    Franck Annese est directeur du groupe So Press pour qui le journaliste travaille depuis plus de dix ans : « C'est pas possible, tu ne peux pas condamner à sept ans de prison quelqu'un qui fait juste son travail. C'est horrible en fait, c'est pas possible. La situation est ubuesque... »

    Journaliste sportif indépendant, Christophe Gleizes est accusé notamment d' « apologie du terrorisme ».

    Un verdict complètement disproportionné selon Reporters Sans Frontières

    « Il faut remonter à plus de dix ans pour trouver une condamnation aussi lourde à l'encontre d'un journaliste français, nous explique Anne Bocandé, la directrice éditoriale de l'ONG Reporters sans frontières. Ça a été véritablement un choc et un coup de massue puisque le dossier est vide. Ces accusations sont totalement infondées et c'est terrible cette distance justement entre un dossier totalement vide et la lourdeur de cette peine... »

    Le destin de cet amoureux du continent africain a basculé en mai 2024, alors qu'il travaillait sur plusieurs sujets pour le magazine So Foot. Un reportage sur le club de la Jeunesse Sportive de Kabylie mais aussi une enquête sur les dix ans de la mort d'Albert Ebossé, un footballeur camerounais qui jouait à la JSK...

    Mais c'est à cause de précédents séjours en Algérie que Christophe Gleizes s'est retrouvé dans le viseur des autorités du pays. « Il a rencontré deux fois en 2015-2017, un dirigeant du club de Tizi Ouzou, qui se trouve avoir aussi des activités militant pour l'indépendance de la Kabylie, nous raconte Franck Annese, directeur de So Press. Et ce mouvement, le MAK en l'occurrence, a été reconnu par le gouvernement algérien comme un mouvement terroriste à partir de 2021.

    Et donc, ils estiment qu'à partir du moment où il était en contact avec ce dirigeant, il est accusé d'apologie du terrorisme. Ce qui est une folie, puisqu'il n'a évidemment jamais écrit que la Kabylie devait être libre ou indépendante. Il n'a jamais été dans ces sujets-là. Ça n'a jamais été le cas, en fait. »

    Depuis son arrestation, ce spécialiste du foot africain a donc été assigné à résidence. Et il a attendu son procès pendant treize mois.

    Un nouvel épisode dans la crise diplomatique entre Paris et Alger

    Pour ses soutiens, qui ne voulaient d'abord pas médiatiser cette affaire, ce qui arrive à Christophe Gleizes est un épisode de plus dans la crise diplomatique entre Paris et Alger.

    « Quand on voit ce processus judiciaire, quand on voit la lourdeur de la peine, on est en mesure, en effet, en droit de se questionner sur, aujourd'hui, l'impact de la situation politique, poursuit Anne Bocande. Et si, en tout cas, influence du politique il y a, c'est dire aussi qu'il peut y avoir une solution politique. Il n'a rien à faire derrière les barreaux ».

    Le journaliste espère que le gouvernement français s'engagera comme il l'a fait pour Boualem Sansal, condamné, lui, en appel à cinq ans de prison pour « atteinte à l'unité nationale ».

    Le Premier ministre François Bayrou a demandé une « mesure de grâce » au président algérien Abdelmadjid Tebboune pour libérer l'écrivain.

    Pour le moment, Christophe Gleizes est lui toujours incarcéré à Tizi Ouzou. Si rien n'évolue diplomatiquement, son procès en appel aura lieu en octobre.

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  • Cambodge: tentative d’assassinat contre deux journalistes environnementaux
    Jun 28 2025

    Au Cambodge, deux journalistes environnementaux ont été la cible d'une tentative d'assassinat le 5 juin 2025, alerte Reporters sans frontières (RSF). Les journalistes en question - Thlang Tao et Hang Chenda - rentraient d’un reportage sur un trafic de bois illégal dans le nord-ouest du pays. Pour RSF, c'est une nouvelle escalade des violences contre la presse au Cambodge, qui en trois ans a chuté de 19 places dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF, devenant 161e sur 180.

    C'est en pleine nuit, au nord-est du Cambodge, que le journaliste Thlang Tao et son confrère subissent des tirs, alors qu’ils circulent à moto. Après un sentiment de confusion, Thlang Tao prend conscience d'avoir été victime d'une tentative d'assassinat. « Ce jour-là, j'étais loin de m'imaginer ce qui allait se produire. Et je ne savais pas du tout que c'était une tentative d'assassinat. J'ai eu peur quand ils ont tiré, et puis ils m'ont pourchassé, et ils ont tiré vers moi une deuxième fois. Mais j'ai gardé en tête qu'il fallait être courageux et qu'on les arrête pour qu'ils répondent de leurs actes aux autorités ».

    Deux suspects ont été interpellés à leur domicile le lendemain de l'attaque, placés en détention, puis inculpés pour violences, possession d'armes illégales et usages de drogue, mais pas pour tentative d'assassinat. Thlang Tao a déposé un rapport de plainte pour demander une requalification. « J'en appelle à la Cour... Et je demande aussi à la Justice de faire pression sur ces traitres qui m'ont tiré dessus. Ils nous ont tiré dessus comme si nous étions des poules ! Et on les laisse se faire accuser de faire partie d'un gang violent. Mais je ne pense pas que ce soit suffisant pour mettre la pression sur des traîtres publics, ils devraient recevoir une pression énorme de la part du système judiciaire cambodgien », dit-il.

    « La liberté de la presse a l'air inexistante au Cambodge »

    Au-delà de cet incident majeur, le journaliste dit avoir déjà fait face à d'autres formes d'intimidation, provenant d'autres personnes, incluant des autorités locales. « Elles ne souhaitent pas nous voir rester, et travailler sur certains sujets », explique-t-il. « Malgré la liberté de la presse présente dans le monde entier, elle a l'air inexistante au Cambodge. Ici, si les journalistes font une toute petite erreur, on peut annuler leur permis de travail. Et si on est un journaliste pauvre, c'est très injuste. Sans notre travail de journaliste, les forêts seraient détruites, mais aussi toutes les ressources naturelles, les miennes et celles de toute la population du Cambodge. Elles seraient entièrement exploitées ».

    À lire aussiCambodge: un journaliste environnemental arrêté après ses enquêtes

    C’est après avoir informé les autorités du trafic illégal de bois dans une réserve naturelle que Thlang Tao et son collègue ont été pris pour cible. « Ce que l'on observe en général dans ces cas au Cambodge, les violences contre les journalistes, c'est une passivité des autorités. On sait qu'au Cambodge, il y a une certaine accointance entre les autorités et les groupes criminels qui sont en lien avec les activités de déforestation. On peut légitimement se poser la question plus largement, s'il y a un vrai besoin de protection physique des journalistes. Résoudre ces questions passe par une enquête systématique sur les agressions et les assassinats des journalistes pour que toutes ces affaires soient prises au sérieux », indique Arthur Rochereau de l'ONG Reporters sans frontières.

    En décembre 2024, un journaliste environnemental avait été tué par balle après avoir révélé des activités de déforestation au Cambodge.

    À lire aussiAmnesty International dénonce l’esclavage et la torture dans les centres d’escroquerie au Cambodge

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