• Élection américaine: une infox fait monter la tension à l'approche du scrutin
    Nov 2 2024
    L’élection présidentielle américaine du 5 novembre, est caractérisée par une perte de confiance d’une partie de l’électorat, amplifiée par la diffusion de fausses informations. Ainsi, une nouvelle vidéo a généré des millions de vues ces derniers jours. On y verrait un agent électoral de Pennsylvanie détruire des votes par correspondance favorables à Donald Trump. Une scène fabriquée de toute pièce, conçue, selon Washington, par la propagande du Kremlin qui dément ce samedi être à l'origine de la vidéo. Il s'agit d'une énième tentative destinée à ruiner la confiance des électeurs américains envers le processus démocratique et les institutions de leur pays. Particulièrement ciblés : les soutiens à Donald Trump qui imaginent volontiers que leur candidat est la cible d’un vaste complot destiné à empêcher son élection. La scène est censée se passer dans un bureau électoral de Pennsylvanie où sont collectés des bulletins de votes envoyés par courrier. Afin de tenter de localiser la scène, nous avons fait un arrêt sur image. En regardant les enveloppes avec attention, on distingue l'adresse du destinataire ; on peut lire : « Comté de Bucks ». Nous avons regardé sur une carte, cela se situe bien en Pennsylvanie, un état de l’Est des États-Unis. Dans ce comté vivent environ 650 000 habitants et la Pennsylvanie est un état « indécis » qui pourrait faire pencher l'élection. Dans ce comté de Bucks, le vote par anticipation est autorisé, cependant les règles sont claires : l’ouverture de ces bulletins n'est autorisée que le jour même du scrutin, et pas avant, comme le rappellent nos confrères de France 24.Une manipulation poussée par des complotistes américainsSur cette vidéo, on peut voir un prétendu agent administratif se débarrasser des votes favorables à Trump. Il ouvre les enveloppes, déchire les bulletins républicains et conserve les bulletins démocrates. La vidéo a pour origine la sphère complotiste américaine et devient virale : plusieurs millions de vues, accompagnées de commentaires laissant penser que l’élection est truquée, et que les démocrates sont des tricheurs. La vidéo est une Infox, rien de ce qui apparait à l'image n'est conforme à la réalité. L’enveloppe qui apparait à l’écran n’est pas de la bonne couleur. La bordure de la fausse enveloppe est vert foncé, alors qu'en réalité, elle est vert clair. Nous avons pu procéder à une comparaison, en nous appuyant sur des photos publiées sur la banque d'images Getty Images. L’enveloppe intérieure, de couleur jaune et destinée à garantir la confidentialité du vote, n’est pas scellée, or ça devrait être le cas.Les mains que l’on voit à l’image, ainsi que la voix que l’on entend ne correspondent à aucun employé du bureau électoral précise, dès le 24 octobre, le comté de Bucks dans un communiqué officiel dans lequel il dénonce la diffusion de cette vidéo trompeuse. « Ce type de comportement vise à semer la division et la méfiance envers nos systèmes électoraux ». Les républicains du comté ont également dénoncé une manipulation et une enquête a été ouverte par la justice, comme le révèle notamment la presse locale en ligne.Sur le bureau du directeur du renseignement américain L'ODNI (Office of Director of National Intelligence), le FBI, le bureau fédéral d'enquête et l’agence américaine pour la cybersécurité, signent dès le 25 octobre un communiqué commun, extrêmement clair, pointant la responsabilité de la Russie dans la création et la diffusion de la vidéo.Pour sa part, la cellule Info Vérif de RFI, avait déjà identifié plusieurs comptes connus pour être des vecteurs de la désinformation russe ayant repris cette infox.En septembre, nous évoquions un autre cas au schéma de diffusion très similaire ayant alerté les autorités nord-américaines : une fausse interview d’une prétendue victime d’un accident de la route, impliquant la candidate démocrate Kamala Harris. Le discours, les décors, la victime se présentant en fauteuil roulant, avaient entièrement été fabriqués en vue de perturber la campagne électorale en semant le doute dans la tête des électeurs.
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  • La Côte d’Ivoire sous le feu des attaques informationnelles
    Oct 25 2024

    La Côte d’Ivoire est la cible ces derniers jours de plusieurs attaques informationnelles. Fausse couverture de journal, fausse vidéo de coup d'État, faux communiqué de presse, les infox se multiplient sur les réseaux sociaux. Cette désinformation s’attaque principalement au régime d’Alassane Ouattara, mais aussi à la présence militaire française sur place, avec un objectif : déstabiliser le pays.

    L’exemple le plus marquant de ces récentes attaques informationnelles est une vidéo publiée sur TikTok cette semaine. Elle affirme qu’un « un coup d'État civil vient de tomber en Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara renversé au pouvoir ». Évidemment, c’est irréel puisqu'il n’y a pas eu de coup d’État ces derniers jours en Côte d’Ivoire. Malgré ça, cette infox cumule actuellement plus de 5 millions de vues, rien que sur TikTok. Les commentaires montrent que certains internautes tombent dans le panneau.

    Cette fausse information s’appuie sur des images prétendument filmées en Côte d’Ivoire, mais en réalité, totalement sorties de leur contexte. La vidéo commence par exemple avec des militaires qui brisent la vitre d’un bus avant d’y entrer en force. Une recherche par image inversée (voir ici comment faire) montre qu’il s’agit d’une formation anti-terroriste menée par des militaires sud-coréens en 2023.

    S’ensuivent les images d’une dizaine de voitures de police poursuivant un pick-up de couleur noire. Vérification faîte, cette scène a été filmée aux États-Unis lors d’une course poursuite en Californie, en 2022.

    On y retrouve aussi des images venues du Mali ou encore de France, mais pas de Côte d’Ivoire. Le tout est accompagné d’une voix synthétique et d’une musique épique.

    Une recette simple en apparence, mais malheureusement plutôt efficace selon les statistiques d’audience.

    Fausse déclaration d’Alassane Ouattara

    Ce faux coup d'État a été accompagné dans le même temps d’une fausse déclaration d’Alassane Ouattara. À en croire une capture d’écran sur les réseaux, le président ivoirien aurait déclaré, dans une interview à Jeune Afrique en mai 2011, : « Je ne dois rien à personne, sauf à la France ». En réalité, la citation originale ne parle pas de la France, mais de la Côte d’Ivoire. « Je ne dois rien à personne, sauf aux Ivoiriens » avait titré l’hebdomadaire. Cette formule a été volontairement modifiée pour décrédibiliser Alassane Ouattara.

    Faux communiqué de presse

    Les militaires français présents sur le sol ivoirien sont également ciblés par ces opérations de désinformation. Cette fois, l’infox repose sur un faux communiqué de presse attribué à l’État-major général des armées de la Côte d’Ivoire. Il y est écrit, avec plusieurs fautes d’orthographe grossières, que l’armée française aurait « involontairement attaqué des soldats ivoiriens à Bouaké », ce qui est entièrement faux. Ce document, fabriqué de toutes pièces, a poussé la police ivoirienne à publier un démenti.

    Un écosystème de comptes sahéliens

    Si on ne sait pas précisément qui se cache derrière ces opérations de désinformation, nos recherches montrent le rôle joué par un écosystème de comptes domiciliés notamment au Burkina Faso et au Mali. Ces profils diffusent à la fois la propagande des présidents de transition au Sahel, et des fausses informations destinées à déstabiliser les régimes voisins, comme le Bénin et la Côte d’Ivoire.

    Face à l’intensification de ces attaques informationnelles, les autorités ivoiriennes ont lancé une campagne de sensibilisation contre les infox en ligne. Alors que l’élection présidentielle est prévue d'ici à un an, le scrutin s’annonce d’ores et déjà particulièrement exposé à la désinformation.

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  • Liban: une image trompeuse prétend que la Finul collabore avec le Hezbollah
    Oct 18 2024

    Au Liban, la tension est encore montée d’un cran cette semaine entre la Force intérimaire des Nations unies et Israël. La Finul a affirmé ce mercredi 16 octobre qu’un char israélien a tiré sur l’une de ses positions dans le sud du pays. Jusqu’ici, au moins cinq casques bleus ont été blessés par des tirs israéliens. Dans ce contexte, certains assurent, que la force onusienne collaborerait avec le Hezbollah. Un narratif mensonger qui s’appuie sur une image détournée.

    Tout repose sur une photo activement relayée en ligne ces derniers jours. On y voit un véhicule blindé léger de couleur blanche, avec le logo UN (United nation), caractéristique de la Force intérimaire des Nations unies au Liban. Un militaire au casque bleu est posté sur le toit du blindé. L’élément important, c’est le drapeau jaune et vert du Hezbollah attaché sur la partie arrière gauche du véhicule.

    Ce cliché fait dire à des internautes que la Finul serait « une organisation criminelle qui aide les terroristes du Hezbollah ». Certains vont même jusqu’à encourager les tirs israéliens sur les positions de la force onusienne.

    Sauf qu’en réalité, cette photo est totalement sortie de son contexte. Une recherche par image inversée nous a permis de retrouver la première occurrence de cette image en ligne. Elle apparaît le 1ᵉʳ avril 2024 dans une vidéo publiée sur X par un journaliste israélien.

    Il raconte alors que des habitants de Baraachit, dans le sud du Liban, ont attaqué une patrouille de la Finul qui pénétrait dans un quartier résidentiel. Les assaillants auraient crevé les pneus des blindés avant d’y accrocher un drapeau du Hezbollah.

    Une version confirmée par la Finul

    Dans un rapport publié le 12 juillet 2024, identifié par nos confrères de TF1, le Conseil de sécurité des Nations Unis fait bien mention d’un incident survenu le 1ᵉʳ avril 2024 dans le nord-est de Baraachit. D’après le compte-rendu, une quarantaine d’individus s’en est pris à une patrouille de la Finul, nécessitant l’intervention de l’armée libanaise pour calmer la situation. D’ailleurs, si on regarde attentivement la photo de départ, on remarque bien un pneu crevé et plusieurs traces d’impact sur le blindé. Cette photo montre donc un véhicule de la Finul attaqué par des sympathisants du Hezbollah, et non la force de l’ONU collaborant avec la milice chiite.

    La Finul prise pour cible

    Plusieurs incidents de ce type ont été signalés ces dernières années. En décembre 2023 par exemple, un casque bleu indonésien de l’ONU avait été blessé lors d’une patrouille. Cette fois aussi, des habitants s’en étaient pris à un convoi pour dénoncer la présence de la Finul qui compte environ 10 000 soldats en provenance d'une quarantaine de pays. Pour rappel, la Finul est chargée de surveiller la fin des hostilités à la suite de la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, de confirmer le retrait des forces israéliennes du Sud-Liban et d'aider le gouvernement libanais à rétablir son autorité dans la région.

    Propagande pro-Israël

    Derrière cette manipulation, on retrouve plusieurs comptes israéliens ou pro-israéliens suffisamment influents pour rendre l’infox virale en quelques heures. Leur but, c’est de dénigrer l’image de la force onusienne à l’international et de demander son départ. Jusqu’ici, l’armée israélienne a demandé à la Finul de se retirer des zones de combat. Une demande catégoriquement refusée par le secrétaire général des Nations unies.

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  • États-Unis: l'ouragan Milton ciblé par les infox à des fins électorales
    Oct 11 2024
    Au moins 14 morts, de centaines de personnes secourues et des millions d’habitations privées d’électricité. Le bilan provisoire est moins lourd que prévu, mais reste considérable en Floride après le passage de l’ouragan Milton. Dans ce contexte, énormément de fausses informations circulent autour de cet événement météorologique. Ce déluge de désinformation est notamment poussé par des influenceurs politiques républicains, à un mois de l'élection présidentielle. Depuis le passage des ouragans Hélène puis Milton sur la Floride aux États-Unis, des comptes très influents diffusent le même message en boucle sur les réseaux sociaux. Ces phénomènes météorologiques ne seraient pas des événements naturels, mais « auraient été volontairement générés par l’homme ». Certains accusent l’armée américaine, quand d’autres pointent du doigt le gouvernement démocrate. Cette théorie du complot cumule des dizaines de millions de vues sur les réseaux sociaux ces derniers jours.Ce narratif s’appuie sur différents documents relayés en ligne, allant des faux témoignages, aux images sorties de leur contexte. Un exemple marquant est une vidéo dans laquelle on voit un inquiétant tapis de nuages noirs, de forme triangulaires, au-dessus d’une plage. Les internautes qui la partagent prétendent qu’elle montrerait des nuages fabriqués artificiellement.Grâce à une recherche par image inversée, on sait pourtant que ces images n’ont rien à voir avec l’ouragan Milton. Cette même vidéo a en effet déjà été diffusée sur Facebook en juin 2021. La légende évoque des nuages au-dessus de la plage de Fort Walton, en Floride.Quant à cette formation nuageuse spectaculaire, il s’agit d’un phénomène tout à fait naturel. Cette structure, baptisée asperitas par les scientifiques, est régulièrement visible en Amérique du Nord.Le projet Haarp, obsession des complotistesAu-delà de diffuser des images sorties de leur contexte, certains évoquent également avec insistance l’utilisation d’un programme de recherche à haute fréquence capable, selon eux, de « manipuler la météo ». Le projet Haarp, c’est son nom, est présenté par des milliers d’internautes comme une « arme météorologique secrète capable de générer des ouragans ». Sauf qu’en réalité, ce programme scientifique américain ne vise pas à manipuler la météo. Il a été lancé il y a plus de trente ans pour étudier l’ionosphère, la couche supérieure de l’atmosphère. Ce projet, porté par d’autres pays, cristallise aujourd’hui tous les fantasmes complotistes à chaque catastrophe naturelle. Plusieurs internautes dénoncent aussi, à tort, l'utilisation de la géo-ingénierie.Instrumentalisation politiqueCes théories complotistes sont poussées par des personnalités politiques de premier plan côté républicain, à l’image de Marjorie Taylor Greene. L’élue de Géorgie a affirmé dans un tweet que le gouvernement fédéral pouvait contrôler la météo. Une façon d’instrumentaliser la catastrophe à moins d’un mois du scrutin présidentiel.Cette stratégie est portée par Donald Trump lui-même. Le candidat républicain a lancé une véritable campagne de désinformation autour de ces ouragans pour s’attaquer à l’administration de sa rivale Kamala Harris. Il a notamment assuré, à tort, que les fonds de soutien aux victimes auraient été détournés pour aider les « immigrés clandestins », ou encore que les Démocrates empêcheraient l’arrivée de l’aide dans les territoires républicains. La multiplication de ces fausses informations a poussé l’Agence fédérale de gestion des urgences (Fema) à démentir ces rumeurs sur son site internet. Le président des États-Unis, Joe Biden, a dénoncé « une propagation irresponsable, dangereuse et continue de désinformation et de mensonges » autour de ces ouragans.Résultat de toute cette désinformation sur le terrain, les fausses informations prennent parfois le dessus sur les dispositifs de secours et les consignes d’évacuation. Dans certaines régions, des résidents ont discuté de la création d’une milice pour se défendre contre l’arrivée des secouristes de l’agence fédérale, rapporte le New York Times. Cette rhétorique électoraliste rend donc la catastrophe encore plus dramatique.
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  • L’attaque iranienne contre Israël provoque un flot de fausses informations
    Oct 4 2024

    Trois jours après l’attaque massive de missiles lancée par l’Iran contre Israël, les images de cette nouvelle montée des tensions sont partout sur les réseaux sociaux. Dans ce contexte, un flot d’images sorties de leur contexte circule encore activement. Dès les premières minutes de cette attaque, des comptes influents ont diffusé massivement des fausses informations, à tel point qu’il est encore difficile de démêler le vrai du faux.

    Tout commence au moment même où l’armée israélienne annonce que des missiles viennent d’être tirés depuis l’Iran. Pendant que les sirènes d’alerte retentissent en Israël, une première vidéo devient virale sur les réseaux sociaux. On y voit des dizaines de camions lance-roquettes multiples, parfaitement alignés, à flanc de colline, en train de lancer des centaines de projectiles dans le ciel. Des internautes affirment que ces images impressionnantes montreraient la pluie de missiles lancées par l’Iran en direction d’Israël. Certains vont même jusqu’à dire, à tort, que la télévision iranienne aurait diffusé cette séquence.

    Sauf que vérification faîte, ces images ne sont pas réelles. Cette vidéo, apparue pour la première fois en ligne sur TikTok en novembre 2023, est tirée d’un jeu vidéo. L’analyse des graphismes et des camions lance-roquettes, des M-77 Oganj de fabrication yougoslave, montre que cette scène est issue d’un jeu de simulation militaire baptisé Wargame : Red Dragon.

    D’autres images de ce type circulent ces derniers jours. Après que les premiers missiles ont frappé Israël, certains ont diffusé une vidéo censée montrer un avion iranien attaquant Tel Aviv.

    Mais là encore, cet extrait est issu d’un jeu vidéo. Aucun avion iranien n’a attaqué Israël. Ces images de synthèse sont destinées à faire du clic et à semer la terreur.

    Benyamin Netanyahu ciblé par les infox

    Pour faire croire à des scènes de paniques sans précédent en Israël, certains partagent une vidéo dans laquelle on voit, Benyamin Netanyahu, courir dans un couloir. Ceux qui la diffusent affirment qu’elle montre le premier ministre israélien, en panique, en train de se réfugier dans son bunker présidentiel.

    Sauf qu’une nouvelle fois, c’est faux. La vidéo en question a été diffusée par Benyamin Netanyahu lui-même sur son compte X (ex-Twitter), le 13 décembre 2021. Il courrait alors dans les couloirs de la Knesset pour aller voter, et non pas pour se mettre à l’abri d’une attaque de missiles.

    Les images de dégâts, le vrai du faux

    Concernant l’ampleur des dégâts sur le territoire israélien, une nouvelle fois, parmi les vraies images se cachent énormément de documents sortis de leur contexte. Une vidéo vue plus d’ 1 600 000 fois prétend notamment montrer un missile frapper de plein fouet un immeuble résidentiel à Tel-Aviv.

    Une recherche d’image inversée montre pourtant qu’il s’agit d’un drone ukrainien percutant une tour à Moscou, en 2023. En plus de diffuser ces infox, les mêmes comptes affirment qu’Israël aurait recouvert l’une de ses bases militaires frappées par les Iraniens, avec des faux nuages pour empêcher les satellites de voir les dégâts.

    Une fausse information vue des millions de fois, démentie par les images satellites publiée ces dernières heures, et qui montre bien des dégâts, notamment sur la base de Nevatim.

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  • Attaques d'Israël au Liban: les infox bouleversent les perceptions du conflit
    Sep 27 2024

    La tension ne redescend pas au Proche-Orient. Cinq jours après les premières frappes, l’armée israélienne continue de bombarder le Liban ce vendredi 27 septembre. Parmi les images terribles de ce conflit qui circulent les réseaux sociaux, plusieurs d’entre elles n’ont en réalité rien à voir avec cette guerre. Ces infox virales bouleversent les perceptions du conflit, et participent à semer la panique chez les populations civiles.

    L’exemple le plus marquant est une vidéo sortie de son contexte, vue plusieurs millions de fois ces derniers jours. Durant les trois premières secondes, on y voit des voitures à l’arrêt, sur un boulevard, sous un ciel illuminé par des centaines de projectiles incandescents de couleur rouges. Une deuxième séquence, plus longue, montre une ville ravagée par les flammes. Côté son, on entend une femme crier et une alarme retentir.

    Selon les comptes qui partagent, cette vidéo, on retrouve différents narratifs. Certains affirment que ces images montreraient « un incendie provoqué par des roquettes tirées par le Hezbollah sur Haïfa », ville portuaire du nord d'Israël. D’autres, au contraire, évoquent « un bombardement israélien sur le sud du Liban ».

    Un spectacle pyrotechnique à Alger

    Grâce à une recherche par image inversée, on sait que les premières images montrent en réalité un spectacle pyrotechnique, à Alger, le 7 août 2024, à l’occasion du 103ᵉ anniversaire du club de football du Mouloudia d’Alger. Les projectiles rouges qui tombent du ciel sont donc des feux d’artifices lancés par les supporters, et non pas des missiles ou des roquettes.

    Concernant la deuxième séquence, là aussi, il y a manipulation. Contrairement à ce qu’assurent certains comptes influents, ces images d’une ville en feu n’ont pas été filmées au Liban ou en Israël, mais en Indonésie. Cet incendie a touché, le mois dernier, un marché dans la localité de Benoa Baru, à plus de 9 000 km du Proche-Orient.

    Quant à la bande son, on ne sait pas d’où elle provient, mais ce qui est certain, c’est qu’elle n’a aucun rapport avec les images.

    Cette fausse information est partagée la fois par des comptes pro-israéliens et des comptes pro-Hezbollah. Ceux qui parlent d’un bombardement du Hezbollah, se servent de cette vidéo détournée pour justifier les bombardements israéliens au Liban ou pour glorifier l’organisation chiite. À l’opposé, ceux qui parlent de frappes de l’État hébreu, s’en servent pour encenser l’armée israélienne.

    Une désinformation dangereuse

    Cette désinformation est particulièrement nocive dans un tel contexte. D’abord, car ce type d’images sorties de leur contexte se comptent par dizaines ces derniers jours.

    Enfin, ces infox sèment le doute sur ce qu’il se passe vraiment, radicalisent les uns et les autres, et participent aussi à occulter les vraies images de cette guerre, malheureusement souvent tout aussi terrifiantes.

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  • Russie: l’explosion d’un dépôt de munitions à Toropets ciblée par les infox
    Sep 20 2024

    En Russie, un important dépôt de munitions a été frappé par une attaque de drone ukrainienne ce mercredi 18 septembre, dans la localité de Toropets, à 380 km au nord de Moscou et à 500 km de la frontière avec l’Ukraine. L’explosion a été si puissante qu’elle a provoqué un tremblement de terre d’une magnitude de 2,8 dans la zone. La vidéo de cette explosion a fait le tour du monde sur les réseaux sociaux, entraînant beaucoup d’interrogations, mais aussi beaucoup de désinformation.

    Les images filmées de nuit sont impressionnantes. On y voit une énorme boule de feu s’élever à plusieurs dizaines de mètres dans le ciel. Le souffle provoqué par l’explosion principale se fait alors ressentir à plusieurs dizaines de kilomètres aux alentours. Rapidement, un immense nuage en forme de champignon se forme au-dessus de Toropets, où se situe ce dépôt de munitions. Cette vidéo fait dire, à tort, à plusieurs internautes que l’Otan viendrait « de frapper la région russe de Tver à l’aide d’une bombe nucléaire tactique ». Un message, vu plus d’un 1 500 000 fois sur X, parle même de « la troisième guerre mondiale ». Un autre affirme même qu'il s’agit de « la plus grande attaque nucléaire de l’histoire depuis la Seconde Guerre mondiale ».

    Sauf qu’en réalité, il ne s’agit ni d’une explosion nucléaire, ni d’une « attaque de l’Otan ». Cette explosion est survenue à la suite d’une attaque de drones menée par l’armée ukrainienne. Le jour même, le 18 septembre 2024, le gouverneur de la région russe de Tver, Igor Rudenya, évoquait « une attaque massive de drones » sur Toropets, annonçant dans le même temps l’évacuation partielle de la ville « à cause d’un incendie en cours ». Le bilan officiel fait état de plus d'une dizaine de blessés.

    Côté ukrainien, un responsable du bureau du renseignement a fait avoir à l’agence Associated Press, que plus de cent drones kamikazes fabriqués en Ukraine ont été utilisés durant cette opération. Un nombre actuellement impossible à vérifier de façon indépendante.

    Aucune anomalie de radioactivité

    Certains internautes parlent aussi de l’explosion possible d’ogives nucléaires russes prétendument stockées dans ce dépôt de munitions. Une nouvelle fois, cette piste est écartée. Grâce aux mesures de radioactivité collectées par le Centre commun de recherche de la surveillance environnementale de la radioactivité de la commission européenne (Eurdep), on sait que les derniers relevés des stations d’Ostaskov et de Novgorod, situées à environ 100 et 200 km du dépôt de munitions, ne montrent absolument aucune anomalie.

    Or, l’explosion d’ogives nucléaires tactiques aurait provoqué une importante fuite de radiations détectables non seulement dans la région, mais aussi dans les pays voisins.

    Nuage en champignon

    Si aucune ogive nucléaire n’a explosé à Toropets, comment expliquer ce nuage en forme de champignon ? C’est simple, toute grosse explosion peut provoquer un nuage de la sorte en raison de la chaleur générée. Concernant le dépôt de munition de Toropets, les analystes en sources ouvertes évoquent la présence possible de 30 000 tonnes de munitions sur site. Enfin, lors de l’explosion du port de Beyrouth en août 2020, le nuage avait aussi pris la forme d’un champignon.

    À noter aussi que ce n’est pas la première fois que certains parlent, à tort, de l’utilisation d’ogives nucléaires dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Cette accusation refait régulièrement surface à chaque grosse explosion filmée en Russie. Les comptes de propagande pro-russe l’agitent pour alimenter la peur d’une escalade, faire croire à l’entrée en guerre de l’Otan, mais aussi pour ne pas reconnaître la capacité de frappe des Ukrainiens sur le sol russe.

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  • Kamala Harris accusée à tort de porter une oreillette discrète durant le débat
    Sep 13 2024
    Il n’y aura pas de nouveau débat entre Kamala Harris et Donald Trump. Le candidat républicain a finalement décliné l’invitation trois jours après son duel face à la vice-présidente. Si les observateurs s’accordent à dire que la candidate démocrate a dominé les échanges, Donald Trump parle lui, d’une « affaire truquée ». Une accusation reprise par ses partisans qui affirment, à tort, que Kamala Harris aurait triché, à l’aide d’écouteurs connectés camouflés en boucles d’oreilles. Les soutiens de Donald Trump en sont persuadés, Kamala Harris aurait été assistée en direct durant son débat face à son rival républicain. « Regardez bien ses boucles d’oreilles. Ce ne sont pas des bijoux, mais des oreillettes connectées », s’insurge un internaute américain. « Voilà donc le vrai secret de sa performance », croit savoir un compte francophone qui rappelle que le port d’oreillettes est interdit durant le débat. Cette rumeur mensongère cumule aujourd’hui plus de 40 millions de vues sur X, Facebook et TikTok.Cette fausse information s’appuie sur un comparatif visuel entre les boucles d’oreilles portées par la candidate démocrate, et un bijou développé par une start-up allemande. Les écouteurs audio Nova H1, c’est leur nom, ressemblent à des boucles d’oreilles classiques avec une perle de nacre sur une monture dorée. Sauf qu’un haut-parleur situé à l’intérieur permet d'écouter de la musique ou de communiquer en toute discrétion. Ce modèle, financé par une cagnotte participative, était vendu en 2021 aux alentours de 300 euros.En réalité, Kamala Harris ne portait pas ces écouteurs discrets lors de son débat face à Donald Trump. En visionnant l’ensemble du débat, on remarque clairement que les boucles d’oreilles portées par Kamala Harris ne correspondent pas au modèle Nova H1. Si on retrouve bien la même perle nacrée, la monture, elle, est différente. L’une se tient en un seul bloc, l’autre a la forme d’un anneau recourbé avec deux branches.La vice-présidente a d’ailleurs déjà porté ces boucles d’oreilles, notamment lors d’un rassemblement en Pennsylvanie et lors d’un concert organisé à la Maison-Blanche. Un site internet de fan de mode, intitulé, What Kamala Wore (ce que portait Kamala en français), a publié un article sur le sujet. Plusieurs photos montrent que ce sont des boucles de la marque Tiffany, et non pas des écouteurs sans fil.Une vieille théorie complotisteÀ l’origine de cette fausse information, on retrouve plusieurs influenceurs d’extrême-droite américains, ouvertement pro-Trump. Ces comptes diffusent régulièrement de la désinformation et des théories complotistes pour dénigrer le camp démocrate. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cette théorie complotiste circule. En 2020, une campagne de publicité financée par le clan Trump sur les réseaux sociaux, affirmait que Joe Biden avait triché lors de son débat face à Donald Trump grâce à une oreillette sans fil. En 2016, cette théorie ciblait Hillary Clinton lors de son débat face à Donald Trump. En 2012, c’est Barack Obama qui était la cible de ces attaques.À lire aussiÉlections aux États-Unis: l’IA générative comme outil de propagande politiqueSi on remonte encore plus loin, en 2004, George Bush avait, lui aussi, été accusé d’avoir un récepteur audio dissimulé, cette fois, au niveau de l’épaule. Les États-Unis n’ont pas le monopole de cette infox. En 2017, Emmanuel Macron en avait fait les frais après son débat face à Marine Le Pen. Mais à chaque fois, ces affirmations ont été démenties par les faits.
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