« La performance Jusque dans nos lits donne corps et fait place à la résistance in·visible à la colonialité du pouvoir. Les enjeux de ce travail se situent dans une approche intersectionnelle des termes « race », « corps » et « territoires ».
L'objectif de cette résidence sera l'expérimentation d'une dramaturgie intersectionnelle. Il s'agira de questionner des choix dramaturgiques. Pour ce faire, j'ai l'occasion d'investir la galerie de La Bellone et de transformer cet espace en lieu décolonial.
Le dispositif de la performance propose une série de conversations entre personnes racisées. Dans un container vitré, installé dans l’espace public et/ou en marge d’événements culturels, dans les jardins, halls, cours des théâtres et des musées, j’invite une personne racisée à échanger sur l’objet-prétexte à nos rencontres : le lit.
Comment le politique s’invite (jusque) dans le lit des racisé·e·s ?
Un échange audible/inaudible rendu visible/invisible au public. Le panel des invité·e·s est large : un·e spectateur·rice/un·e piéton·ne, un·e membre de l’équipe artistique du spectacle joué en parallèle, un·e membre de l’équipe du lieu accueillant et un·e artiste européen·ne ou non de passage dans la ville accueillant le dispositif.
Les spectateur·rice·s non invité·e·s dans ce lieu représentatif du « chez nous » - travail d’architecture d’une parole située et symbolique du lieu décolonial - investissent uniquement le champ de l’écoute.
Il s’agit de créer un contexte-terrain suffisamment safe permettant le déploiement d’un échange intime et politique pour faire émerger de nouveaux regards/discours. A la demande des invité·e·s, les rideaux du container seront tirés ou non, le direct de la conversation sera audible ou non par les spectateur·rice·s – qui peuvent eux aussi choisir d’écouter ou non, de regarder ou non l’action. Un moment qui, par choix, se donne à voir ou non, à entendre ou non. Le choix de l’écoute sera rendu possible à l’aide de casques et de gsm à la disposition du public, ceci pour tenter de créer un rapport intime à la rencontre. Faire lien avec la pensée dépliée par le biais du chuchotement à l’oreille. L’adresse est singulière, faire comme si l’échange s’adressait à une seule personne comme pratique de résistance à la consommation culturelle de masse.
Le but premier est de créer du lien et du discours entre les racisé·e·s. Questionner nos places et les assignations de genre et de race en se donnant les rôles principaux pour que le privilège du discours change de camp. Dans un espace protégé des agressions racistes, sexistes, homophobes, condamnant toutes formes de discriminations, je choisis une partie des conditions pour laisser émerger le trouble,l a joie, la critique du politique et du privé.
C’est aussi placer l’autre -la personne en situation de privilège blanc- dans une position de témoin, responsable et actif·ve sans avoir la parole. C’est lui donner l’occasion de réfléchir à son agentivité.
Ce dispositif nous invite tou·te·s à réfléchir à nos postures, nos conditions et nos héritages.
Observer comment une ville avec son histoire, sa situation géographique, économique et politique assigne une place particulière aux racisé·e·s. Cette performance permettra de révéler dans le singulier l’expérience du commun et du structurel. »
Projet soutenu par La Chaufferie-Acte 1
Avec le soutien du Théâtre Varia – Centre scénique de la Fédération Wallonie Bruxelles (Bruxelles).
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