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  • Au Maroc, les «moissonneurs d’eau» de l’Anti-Atlas font reculer la sécheresse
    Apr 6 2025

    On les surnomme « les moissonneurs d’eau ». Au Maroc sur les contreforts des monts de l’Atlas un couple a eu l’idée d’installer des filets pour attraper l’humidité contenue du brouillard et en faire de l’eau potable pour des villages soumis à la sécheresse.

    Au sud-ouest du Maroc, dans la région de l'Anti-Atlas, Jamila Bargach et Aïssa Derehm travaillent depuis des années avec leur fondation Dar Si Hmad au bien-être des populations, notamment celui des paysans et des éleveurs confrontés à une sécheresse persistante.

    Djamila et Aïssa ont eu l’idée, il y a sept ans, d’installer sur les contreforts des montagnes un système déjà éprouvé au Pérou, au Chili ou encore en Tanzanie, sur le Kilimandjaro, il s'agit d'immenses panneaux tendus de filets qui piègent le brouillard, transformant l'humidité en une eau qui s'égoutte lentement et remplit des réservoirs.

    « On a fait la preuve que le brouillard est une source valide et valable et pérenne » explique Jamila Bargach « donc on a utilisé l'excédent de l'eau qu'on avait dans une région où il n'a pas plu depuis dix ans. Il y a une grande sécheresse, une vraie anxiété par rapport à la question de l'eau et à la pénurie d'eau. L'eau est absolument potable, c'est de l'eau pure, c'est excellent pour faire du café. Vous faites le meilleur café, le meilleur thé, donc l'eau, elle est absolument potable ! Ensuite, elle descend dans des réservoirs. On a une capacité de stockage de 1100 m3, donc les gens l'utilisent pour boire, pour se laver. Mais la particularité, c'est qu'on en donne aussi aux animaux. Quelquefois, les femmes nous disaient qu’elles ne vont pas boire, mais elles vont donner à boire aux animaux. Alors nous avons seize villages qui sont connectés directement. Cent vingt-sept ménages sont connectés à l'eau et nous avons une population qui fluctue entre 700 personnes et 1200 personnes en fonction des saisons ».

    L'eau pour seize villages et 1200 habitants

    Une installation désarmante de simplicité, mais redoutable d'efficacité. Pourtant, quand Aïssa Derehm a eu la volonté d'installer ces panneaux « pièges à eau », les populations se sont gentiment moqué de son idée loufoque.

    « Quand on venait pour essayer de faire nos premières expériences » se souvient -il, « Les gens disaient : "Ces gens-là, ils sont en train de se moquer de vous ! Comment ils vont faire pour récolter le brouillard ?!?" et le jour où vraiment ils ont ouvert leur robinet dans leur maison, leur vie a changé. Vous avez maintenant des gens qui ont des chauffe-eau, des gens qui ont des machines à laver. Alors qu'il y a des villages à côté, les pauvres ! Ils souffrent, ils souffrent énormément ».

    « Il y a un souk qu'ils fréquentent et du souk on voit les montagnes. À présent, quand ils voient le brouillard sur ces montagnes, ils disent : "Il y a l’eau qui va arriver !". Vous voyez, ça a changé complètement la perspective, complètement ».

    Quand le brouillard est sur la montagne, l'eau va arriver !

    « On met un panneau d'un mètre carré, un filet d'un mètre carré qui est à une hauteur d'un mètre cinquante ou deux mètres au-dessus du sol. En général, quand vous avez une moyenne journalière de cinq litres par jour, ça veut dire que c'est bon. Vous pouvez exploiter le brouillard ».

    Pour encourager Aïssa et Djamila, la Fondation Yves Rocher a décidé de remettre un prix à leur initiative. Prix « Terre de femmes » car cette idée efficace a permis à des centaines de femmes de rester vivre sur leurs terres redevenues fertiles. Marie-Anne Gasnier est la déléguée générale de la Fondation Yves Rocher.

    « À la fondation, on a réalisé un rapport sur le lien entre femmes et biodiversité. Et effectivement, ce dont on se rend compte, c'est que les femmes en fait, de par leur statut social sont souvent les premières victimes en fait de la dégradation de la nature et du changement climatique. Et du coup, de fait, elles sont sources de solutions parce qu’elles prennent les problèmes à bras-le-corps et ne baissent pas les bras. Mais elles sont encore, malheureusement, trop peu financées et trop peu mises en avant. C’est donc notre contribution, nous essayons justement de pallier ces déficits ».

    Avec 1700 m² de filets, Jamila et Aïssa aimeraient en déployer le double pour rendre rapidement les villages de l'Anti-Atlas autonome en eau, une petite goutte d'espoir dans un grand fleuve de volonté.

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  • Coumba et Sabou luttent pour l'environnement au Mali
    Apr 4 2025
    Au Mali, face à la pollution et l’invasion de déchets plastique, Sabou Doumbia et Coumba Diakite, deux jeunes entrepreneuses maliennes, se retroussent les manches en transformant et en valorisant ces déchets. L’une crée des meubles, l’autre fabrique des ustensiles. Le recyclage au Mali, ça marche. Face à la pollution plastique, Coumba Diakité, fondatrice de l'entreprise By'Recycl et Sabou Doumbia, responsable de la société EcoBuild Mali, ont décidé de se retrousser les manches. Ces deux jeunes entrepreneuses à Bamako, au Mali, ont décidé de récupérer des sachets noirs qui jonchent le sol ou des pneus usagés jetés dans les caniveaux et d'en faire des objets recyclés, des objets de valeur.Au sein de son entreprise By'Recycl, Coumba Diakité transforme depuis 2018 des roues usées en caoutchouc en meubles élégamment décorés avec du wax ou bien du bogolan. « Je me suis tournée vers le recyclage parce que j'aime beaucoup découvrir de nouvelles choses. J'ai fait une formation sur les enjeux de développement durable. Du coup, après cette formation, ça m'a donné envie de me tourner vers le recyclage. Nous revalorisons les pneus usagés, nous faisons de mobilier avec : des chaises d'intérieur et d'extérieur, des poufs, des tables bases, des jouets pour les espaces de jeu pour les enfants », détaille-t-elle.À peu près 300 pneus recyclés par an, un chiffre qui peut paraître modeste au regard des déchets produits au Mali, mais Coumba organise également des ateliers de formation pour les femmes sans activité qui transforment des sachets plastiques. « Ce sont des activités de tissage des sachets plastiques pour faire soit des sacs de courses ou des objets de décoration. Cela permet à ces femmes de pouvoir faire des produits qu'elles peuvent vendre. Et on a déjà eu à former les femmes de deux camps de déplacés », selon elle.Sabou Doumbia, elle, participe souvent avec Coumba, à ces ateliers de sensibilisation et de formation sur le recyclage des déchets. Il y a trois ans, Sabou Doumbia a créé une société EcoBuild qui recycle jusqu'à 14 tonnes de plastique par an. « EcoBuild est née pour cette mission et, aujourd'hui, nous avons pour vision vraiment de promouvoir l'économie circulaire à travers le recyclage des déchets plastiques. Surtout proposer des solutions et des matériaux utiles pour la population à des coûts vraiment raisonnables », explique-t-elle.« Aujourd'hui, de plus en plus de jeunes commencent à prendre acte de l'impact de ces sachets classiques sur l'environnement, estime-t-elle. Je dirais qu'il y a une amélioration parce qu'il y a une prise de conscience, aussi minime soit-elle, qui est en train de se produire actuellement à Bamako. Avec Coumba, on a eu à collaborer sur différents projets avec cet objectif d'impact social et environnemental. Appuyer sur la responsabilité sociale de la population vis-à-vis de ces déchets plastiques et de les sensibiliser aussi à acheter les produits recyclés qui sont peu connus, ici, sur le marché. »Un travail de recyclage et de sensibilisation des populations à la question environnementale qu’accompagne Georges Théodore Dougnon avec son ONG Cultural Survival. « Lorsque j'ai connu Coumba, je pense que c'est la première dame que j'ai vue en train de transformer les pneus par exemple. C'était extraordinaire et c'est important parce qu'on a tendance à voir peu de femmes dans ce domaine-là. J’apprécie également le niveau de créativité et d'innovation qu'elles mettent dans leur travail. Je pense que c'est bien de voir des gens qui sont là pour faire de la récupération et de la transformation. Je pense que c'est bénéfique et que cela inspire aussi d'autres personnes », affirme-t-il.Sabou et Coumba commencent à mesurer l'efficacité de leur travail de recyclage. Prochaine étape pour Coumba Diakite : mettre au point un procédé de transformation des pneus usagés en granules pour fabriquer des sols souples. À lire aussiÀ la Une: des nouvelles taxes qui font débat au Mali
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  • Au Togo, cartables solaires pour réussites scolaires
    Mar 23 2025

    Au Togo, une association a décidé de fabriquer et distribuer des cartables scolaires et solaires à des élèves en classes primaires de plusieurs villages. Des cartables solaires, car le système inventé par l’association « We are The New Africa » permet aux enfants, lorsqu’ils rentrent chez eux, la nuit tombée, de continuer à lire ou à écrire à la lueur de leurs cartables.

    Un sac scolaire muni d'un mini-capteur solaire, d'une lampe et d'un interrupteur, c’est une idée qui a germé dans l'esprit de l’artiste styliste Akbar, il y a six ans, alors qu'il fabriquait de simples sacoches pour les manuels et les trousses des élèves.

    Akbar, créateur et responsable de l'association « We are the New Africa » fabriquait au départ de simples sacs. « J’avais vu un reportage dans une localité où les élèves avaient des difficultés à avoir des sacs, donc ils prenaient des sachets plastiques. Et lorsque je me suis rendu deux ou trois fois dans un village, il y avait la problématique également du manque d'électricité dans la plupart des régions où je distribuais les sacs et donc j'ai eu cette idée, explique le créateur. Je suis allé sur Internet, j'ai regardé un peu et j'ai réussi à faire un sac et à y incorporer un système d'éclairage à énergie solaire. Des sacs sur lesquels on met des plaques, des capteurs solaires, un interrupteur et, à l'intérieur, il y a une batterie. Et donc en journée, lorsque l'élève va à l'école, le sac est exposé au soleil. Naturellement, pendant les récréations, les capteurs captent le rayon du soleil pour alimenter la batterie intérieure. Et le soir, l'élève a une source de lumière pour étudier au moins pendant deux ou trois heures de temps ».

    Trois heures de lectures supplémentaires grâce au soleil

    Trois heures de lecture supplémentaire qui n'ont peut-être l'air de rien, mais depuis six ans que ces sacs sont fabriqués et distribués gratuitement, cela produit son petit effet. Les professeurs des écoles constatent en effet une nette amélioration de la progression scolaire des élèves. « Voilà !, c'est exactement ça !, se félicite Akbar. C'est ce qui moi personnellement me motive parce que dans la plupart des villages où nous sommes passés, où nous avons fait les opérations, les professeurs ont témoigné [positivement]. On fait souvent comme une sorte de compétition où les élèves disent : il y a 100% à tel examen, 98%.... Pour les enfants, c'est ludique de s'amuser avec le sac, d'avoir de la lumière. Et donc en plus, ils s'intéressent, ils font des révisions. Après toutes ces années, le niveau scolaire a augmenté considérablement, c'est un fait ! C'est surtout ça qui me motivera, qui nous motivera à continuer ».

    Cartables de lumières

    Ce travail bénévole de fabrication et de distribution de cartables solaires se fait grâce à l'association d’Akbar et à l'appui financier d'une ONG en France, Educadev. Jean-Luc Colin est l'un de ses responsables. « Akbar est un monsieur extrêmement actif qui nous a fait un budget et on l'a suivi déjà plusieurs fois depuis 2019. On en est à la 4e ou 5e session de fabrication de ces "cartables de lumière". On a surtout un grand sentiment de fierté de voir ces élèves qui, du coup, disposent en plus d'un cartable pratique, lumineux, d'un mode de transport assez solide pour trimballer leurs affaires ».

    Depuis six ans, 100 à 200 sacs de lumière sont fabriqués et distribués chaque année dans les classes de villages togolais. Le but d'Akbar et de son association est bien sûr de permettre la production plus importante de sacs pour que chaque élève du Togo manquant de lumière dans son foyer puisse malgré tout progresser dans ses études.

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  • La santé à portée de main avec l'application camerounaise Waspito
    Mar 16 2025

    Focus sur une start-up camerounaise, Waspito, qui présentait en mai dernier à Paris au salon VivaTech son application. Une appli de consultation médicale à distance qui permet de résoudre les questions d'accès aux soins dans les zones les moins favorisées et les moins médicalisées du Cameroun. [Rediffusion]

    « Il y a quelques années, j'ai perdu mon père qui voulait que je sois médecin. Il a eu une crise cardiaque. Dans sa ville de Kumba, il n'y avait pas de cardiologue et le temps de le transporter là où il y avait un cardiologue, il est mort en chemin ». Ce souvenir marque encore, six ans plus tard, Jean Lobe Lobe.

    Faute d'accès rapide à un cardiologue, son père décédé. De ce drame personnel est née une idée, celle de créer une application de consultation médicale à distance, Waspito. Téléchargeable sur smartphone, cette appli permet aux patients, même éloignés des grandes villes, de trouver rapidement un médecin généraliste ou bien un spécialiste disponible.

    « Mes premiers pas, c’était avec mes économies propres. J'ai vendu ma maison, pratiquement tous mes biens. Ce n'était pas facile. Il a fallu convaincre mon épouse pour prendre ces risques, explique-t-il. Moi-même, j'ai pris deux ans pour apprendre à coder en PHP. Je suis allé sur Youtube apprendre à coder. Ensuite, il fallait rassembler une équipe », se souvient Jean que rien ne prédestinait à la médecine.

    En 2018, à force de courage et de volonté, Jean Lobe Lobe, réussi à monter sa start-up jusqu'à réunir la somme de 6 millions de dollars - soit 3,5 milliards de francs CFA - pour concevoir et lancer son application. D'entreprise unipersonnelle, Waspito est devenue une société de 40 salariés répartis sur Douala, Yaoundé et également Abidjan.

    Quarante salariés en six ans

    « Dans 70 % des cas, quand vous allez à l'hôpital, c'est juste une conversation entre vous et le médecin. Il ne vous touche pas, explique Jean Lobe Lobe. Donc la première chose qu'on utilise pour essayer d’améliorer l'accès aux soins, c'est juste de commencer par l'appel vidéo dans l'application. Donc même si on est en "brousse", vous avez accès à 1 200 médecins sur l'application Waspito. Je choisis mon médecin et je paye par Orange Money », décrit le concepteur de l’application tout en faisant une démonstration sur son smartphone.

    1200 médecins consultables, même en brousse

    Le coût d’une consultation à distance est de 4 000 francs CFA pour un généraliste ou 10 000 pour un spécialiste. Un tarif sensiblement le même qu'en présentiel, mais il permet d'économiser le coût du transport et de gagner en rapidité.

    Alexis Tazinya, médecin généraliste à Douala, fait partie de ceux qui ont adopté l'application : « Je suis à Douala, mais je consulte les malades dans différentes zones reculées. L'accès à internet grandit chaque jour, donc la médecine 3.0, c'est très important pour toute personne en Afrique. »

    Au Cameroun, avec ses 28 millions d'habitants, l'OMS recense un médecin pour 8 000 à 10 000 camerounais. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la couverture minimale préconisée est de 3 médecins pour 1 000 habitants. L'application de Jean Lobe Lobe permet donc de limiter les effets des déserts médicaux en Afrique.

    À lire aussiWaspito, MyDawa... ces start-ups africaines qui font le pari de l'e-santé

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  • Transition du thermique à l'électrique: au Sénégal, les pirogues naviguent propres!
    Mar 11 2025

    L’Afrique en marche navigue à l’électrique … Une PME sénégalaise, Jokosun Energies, a décidé de proposer aux piroguiers de Casamance et du Sine Saloum de changer leurs moteurs bruyants et polluants par des systèmes électriques, silencieux et économiques.

    Depuis 2018, Jokosun Energies, la société créée par Raymond Sarr étudie les possibilités de remplacer un moteur essence par un moteur électrique sur les pirogues du Sénégal. L'hélice, le corps du moteur ne changent pas, seule la partie carburateur est remplacée par un système électrique alimenté par une batterie rechargée en panneau solaire. Raymond Sarr, est le directeur de Jokosun Energies.

    « Ce qu'on propose aux piroguiers, c'est de nous amener leur moteur thermique et nous, avec nos mécaniciens formés et affiliés, on leur transforme ce moteur thermique en moteur électrique. On ouvre le bloc, la carcasse et on remplace le cœur du moteur thermique par un moteur électrique » explique cet ancien technicien aéronautique à Toulouse.

    Réduction de 50% des coûts en carburant

    « In fine, le moteur à la même tête. Ensuite on relie ce moteur silencieux à une batterie. Le piroguier, en faisant cette opération de rétrofit, gagne en rentabilité et en autonomie au jour le jour. Grâce au moteur électrique, il réduit à peu près de 50% ses coûts de carburant et de 3 fois ses coûts d'entretien, parce que les moteurs électriques nécessitent beaucoup moins d'entretien que des moteurs thermiques ».

    André Jammeh est mécanicien et fait partie de ceux qui ont été formés pour dispenser la solution moteur électrique au piroguiers.

    « Je ne connaissais pas cette technique » admet-il « mais maintenant je la connais parce que j'ai transformé quatre moteurs. C'est pour les touristes et leurs pirogues. C’est simple en fait » .

    D'autant plus simple que la société, Jokosun Energies propose d'assurer le changement des batteries déchargées par d'autres batteries rechargées, ce qui assure une autonomie presque équivalente à un moteur thermique explique Raymond Sarr.

    « Le piroguier va débourser à peu près 100 000 francs CFA ( 150 euros), pour faire cette opération de rétrofit. On lui apporte un moteur qu'on lui propose en leasing il va payer en plusieurs fois et on lui loue des batteries au jour le jour. Tout l'enjeu est de contourner la barrière de l'investissement initial. Le coût de l'engagement pour le piroguier est faible, ce qui lui permet d'accéder et de se rendre compte de tous les bénéfices de l'électrique, en douceur… »

    L'avantage de l'électrique Mame Birra Barro, que l'on surnomme « bio », propriétaire d'une pirogue pour touristes, l'a très vite compris.

    Bon pour l'écosystème

    « Je trouve que c'est une très bonne idée pour le tourisme. Ça nous donne l'avantage de se rapprocher au plus près des oiseaux parce que c'est plus silencieux, ça ne pollue pas, donc c'est bon pour l'écosystème. Pour les pêcheurs aussi qui pêchent à la traîne, tu ne fais pas beaucoup de bruit. C'est vraiment l'avenir pour nous parce que l’essence ce n’est pas donné et avec les batteries solaires tu dépenses moins ».

    Claire O’neill est la directrice d'un programme appelé Manufacturing Africa pour la coopération britannique. C'est elle qui a cofinancé ce projet d'électrification des pirogues.

    « L’idée était de tester une solution d'énergie propre qui présentait un avantage économique. Ce qui est intéressant, dans ce projet c'est le modèle circulaire. C’est cela qui nous a attiré pour tester ce projet. Le fait que ce soit une innovation, mais une innovation qui est bien adaptée aux besoins des populations locales. On a vu déjà que cela avait un effet très positif sur le trajet que font les piroguiers avec les touristes en termes de prix mais aussi en même temps, cela préserve l'univers marin ».

    Le projet Jokosun ne porte que sur cinq pirogues équipées en Casamance et dans le Sine Saloum mais l'expérience ayant fait ses preuves, on passera à vingt pirogues électriques dans le courant de l'année.

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  • Un concours de robotique pour motiver et mettre au défi la jeunesse malienne
    Mar 4 2025

    La robotique en marche au Mali. En novembre dernier à Bamako, un jeune ingénieur a organisé le premier concours de robotique intitulé « Malibots Challenge », le premier challenge d'une longue série pour motiver la jeunesse malienne à chercher des idées et des solutions par la robotique.

    À Bamako, Youssouf Sall, électronicien et informaticien, est un passionné de robotique. Surtout, ce qui l'enthousiasme, c'est le génie créatif de ces jeunes contemporains. Voilà pourquoi, en novembre dernier, il a décidé - sur fond propre et avec quelques généreux sponsors - d'organiser le premier concours robotique à Bamako : le Malibots Challenge pour cinq équipes dans cinq catégories différentes.

    « À travers ce challenge, explique Youssouf Sall, l'objectif était la démocratisation des nouvelles technologies informatiques, électroniques ou robotiques, et tout ce qui s'ensuit : rendre vraiment les technologies disponibles pour le plus grand nombre. Au Mali, l'accès à cette technologie demande des moyens. Donc, on s'est dit que la meilleure façon de faire profiter le maximum de jeunes Maliens, c'était de les faire participer à ces compétitions. On voulait une sorte de grande fête de la science au profit des jeunes du Mali ! »

    Drones, robot en catégorie universitaire ou lycéenne, développement d'applications... le challenge robotiques de novembre dernier à Bamako a donné lieu à une formation des concurrents pour l'assemblage et la programmation, suivi du concours lui-même, avec toujours l'objectif d'une application concrète insiste Youssouf Sall.

    L'objectif d'une application concrète

    « On a voulu que ça soit axé sur un thème qui puisse servir au Mali. Par exemple, pour le cas du drone, on a voulu que des jeunes Maliens se forment au pilotage des drones pour que si jamais demain, ils veulent devenir policiers, agents des forces de sécurité, qu'ils aient cette compétence-là pour pouvoir aider le pays. Les deux autres secteurs, nous les avons axés sur l’agriculture. Il y avait par exemple un tapis au sol simulant une parcelle et les jeunes avaient pour objectif de concevoir le robot pour qu'ils puissent faire des tâches, de façon autonome. À un moment donné, il devait venir déclencher la pompe d'arrosage, arrêter la pompe et distribuer des semences… tout cela de façon autonome ».

    Le docteur Bonkana Maïga est enseignant et chercheur à l'université privée Bazo de Bamako, qui a accueilli le premier concours Malibots. « Il va de soi que ça donne l'occasion aux jeunes de se surpasser, s’enthousiasme le pédagogue « mais aussi de tester éventuellement leur création et d'avoir des retours de la part d'experts, ce qui est de nature à les encourager pour la suite. Encourager les jeunes Maliens, c'est ce qui va nous permettre de pouvoir industrialiser un peu plus notre pays. Mais il faut également pousser tout ce qui est service public, autorités, à encourager ce genre d'initiatives ».

    Aux jeunes de se surpasser

    Ce qui a le plus séduit l'une des concurrentes, Awa Cissoko, 20 ans, étudiante en gestion, c'est une machine à broderie permettant d'améliorer très nettement la qualité et la quantité d'ouvrages de couture. « Au Mali, ce n'est pas facile de trouver ces machines, c'est cela même qui nous fatigue. Sinon lorsqu'on a ces machines, on peut bien faire de la broderie ».

    Une machine à broderie automatique, c'est bien, mais pour le prochain Malibots Challenge il s'agira de ne pas s'arrêter en si bon chemin, explique Youssou Sall. « Cette année, on veut faire un projet de voiture électrique autonome. Réunir une équipe d'ingénieurs, qui travaillerait sur la mécanique, sur l'électronique, sur l'informatique. Ce serait un projet qui va s'étaler sur six mois, pour concevoir une voiture électrique autonome. Le jour de la finale, la voiture devra venir être présentée. Les Maliens verraient ainsi que les universitaires maliens ont travaillé sur une voiture électrique autonome et voici le résultat : ça fonctionne ! »

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  • Le Crac et le Stade Toulousain œuvrent à la formation du rugby ivoirien
    Feb 23 2025
    Ambiance « cassoulet & attiéké » aujourd’hui dans L’ Afrique en Marche. À Abidjan, lundi 24 février, l’Académie du Stade Toulousain (le club de rugby le plus titré d’Europe) débute un stage de formation auprès du club abidjanais du Crac (Cocody Rugby Abidjan Club). Une semaine de formations et d’échanges pour coacher une centaine de jeunes Ivoiriens et leurs éducateurs. La Côte d’Ivoire qui regorge de talents en matière rugbystique pour peu que des clubs offrent des opportunités de se perfectionner au jeu du ballon ovale… Elle est enthousiaste, la légende du rugby français et toulousain. L'ex-joueur Émile Ntamack, devenu directeur de la Stade Toulousain Academy, propose avec ses compères formateurs des stages avec des clubs un peu partout dans le monde. Et cette semaine, ce sera avec le CRAC, le Cocody Rugby Abidjan Club, un club dont l'un des fondateurs est Emmanuel Henao, honoré et ravi d'accueillir pendant une semaine les formateurs toulousains qui vont prodiguer leur savoir aux jeunes Ivoiriens et à leurs encadrants. « C'est à la fois une étape magnifique du travail fourni, de notre capacité aussi à être pris au sérieux. Je dis souvent à mes joueurs et à mes joueuses, qu'on doit se prendre au sérieux pour que les gens nous prennent au sérieux. Et c'est évidemment pour nous une espèce de consécration. Et puis en même temps, c'est un départ, parce qu'on se dit qu'on est parti peut-être pour trois ans de partenariat avec eux, donc, effectivement, c'est une magnifique consécration. Il y a la notoriété et le prestige du Stade Toulousain, on est reconnu en fait et par là, on peut aller chercher les meilleurs ».Se prendre au sérieux pour que les gens nous prennent au sérieuxS'améliorer, échanger, renforcer les techniques de jeu et d'entraînement, ce sont autant de choses que transmettra la Toulouse Academy pendant cette semaine de stage supervisée par Émile Ntamack qui n'était pas revenu en Côte d'Ivoire depuis ... « fatigué... » comme disent les Ivoiriens.« J'étais tout petit, se souvient-il, donc c'était il y a presque 54 ans ( rires)... Mon père est originaire du Cameroun donc, petits, on a été amenés à voyager au Cameroun et en Côte d'Ivoire. J'avais un tonton qui travaille là-bas mais j'ai très, très, très peu de souvenirs et c'est pour ça que je suis ravi d'y revenir ! ». Revenir en Côte d'Ivoire pour un stage qui devrait porter ses fruits, espèrent stagiaires et Emile Ntamack. « Pour ce qui est de « porter des fruits », oui, on voit des éducateurs qui ont plus de 'billes' pour être plus à l'aise, pour pouvoir encadrer les jeunes. Plus de variétés, plus d'ateliers, plus de 'skills' (exercices ndrl). Cela donne plus de sens dans ce qui se met en place sur le travail pour les enfants. Après, ce n'est pas pour autant qu'on a, depuis, sorti trois joueurs internationaux. Ce n'est pas le but. Le but, c'est d'être en phase avec ce qu'on fait. Quand on fait une pratique, on est passionné. On est tous friands de ça et ce qu'on propose, c’est que les joueurs, soient plus enthousiastes, s'amusent plus… Parce que, finalement, il y a plus de rythme, plus de dynamisme, plus de jeux. Forcément, c’est plus plaisant pour les enfants dans l'activité. Si déjà les gens sont heureux de la pratique du rugby, ils reviennent de plus en plus nombreux. Ça, c'est un signe, déjà, de progression ». Une progression que vise également Ismaël Hessani, formateur à l'académie toulousaine. « Le but, c'est d'ériger un pont entre les deux institutions. Faire 'effervescence' des différents projets qui peuvent être liés aux enfants, aux groupes d'adultes, qui souhaitent venir voir le niveau en France, à Toulouse ou dans des clubs autour ». Favoriser l’essor et le développement du rugby ivoirien Ces échanges entre clubs de rugby français et le Crac d'Abidjan ont ainsi permis à Jonathan Ange Dongo, 22 ans, de poursuivre ses études en Finances et sa passion pour le rugby. Il est en sport-étude à Niort, dans le centre de la France, en Fédérale 3 Espoir. « Je pense que c'est au travers de ces différents clubs comme le Crac, qui ont la volonté de faire progresser les joueurs ivoiriens et le rugby ivoirien en général, que nous — joueurs de ces différents clubs – nous avons la chance d'avoir de telles opportunités. C'est vraiment un truc qui a commencé, il y a longtemps, peut-être depuis même la création du Crac en 2015 et il y a eu la matérialisation de ce genre, de projet simple. Les autres clubs vont commencer à emboîter le pas pour favoriser l’essor et le développement du rugby ivoirien ». Et il est immense, le potentiel rugbystique ivoirien : ce n'est pas tout à fait un hasard si l'un des grands capitaines de l'équipe de France — un certain Thierry Dusautoir – est originaire de Divo, dans le district du Goh – Djiboua.
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  • [Rediffusion] Api Afrique rend les femmes et mères sénégalaises plus heureuses
    Feb 16 2025
    Api Afrique, est une PME sénégalaise qui depuis 2010 fabrique des couches-culottes et des serviettes hygiéniques recyclables. Grace à leur invention trois problèmes sont résolus : l'hygiène des enfants et des femmes, le respect de l'environnement et le pouvoir d'achat, parfois faible, des mamans. En 2010, Marina Gning, à la naissance de ses enfants, s'interroge sur l’usage des couches-culottes puis des serviettes hygiéniques pour ses filles. Des produits chers, quasi impossibles à recycler dans le pays. Mais sur place, il y a du coton, il y a du wax et surtout, il y a plein d'idées !Avec son mari, Abdoulaye, ils vont donc lancer une gamme de produits made in Sénégal qui réunit trois critères essentiels à leurs yeux. « C'est vrai que nous, nos motivations pour créer Api Afrique, c'était vraiment participer à la réduction des déchets, créer des emplois décents pour les femmes au Sénégal et participer aussi à préserver la santé ».Fabriqués dans leur atelier de Ngaparou, qui est passé de quatre à trente employés en dix ans, les protections hygiéniques d'Api Afrique sont réutilisables. De plus, leur usage répond à plusieurs problématiques au Sénégal comme l'explique Marina Gning.« Il y a le 'quand dira-t-on' ! Est-ce que la fille est enceinte ? Est-ce qu’elle n’est pas enceinte ? Est-ce qu'elle a des relations hors mariage, ou non ? Et il y a aussi tout le mysticisme. On y pense rarement, mais, en fait, le sang des règles a des pouvoirs. En tout cas, on ne veut pas que des gens qui nous veulent du mal puissent trouver notre sang des règles. C'est pour cela que les filles vont laver à fond la serviette jetable avant de la jeter pour que personne ne puisse utiliser le sang des règles, pour faire de la magie avec. En fait, le problème des couches et des serviettes hygiéniques, c'est que c'est un besoin absolu. Ce n'est pas une option. On ne peut pas décider d'en avoir besoin ou pas. Et ce sont des produits en version jetable qui sont du consommable donc ils sont à racheter tout le temps. Donc, effectivement, ça représente un poids considérable sur les budgets des jeunes filles, des femmes et des familles avec les bébés et en plus, cela crée des problèmes de pollution dans un pays où il n’y a pas vraiment de solution de gestion des déchets ».À lire aussiMadagascar: comment en finir avec le tabou des règlesLes serviettes hygiéniques ne sont pas une optionLe site internet de la marque propose des tutoriels en français et en wolof pour les usagers.Kiné Riquet est une cliente sénégalaise convaincue de l'utilité d'un tel produit recyclable sur le marché sénégalais. « Complètement ! Moi, je pense que c'est juste qu’il faut communiquer un peu plus. Que les Sénégalais soient plus au courant de l'existence de ces produits qui sont à disposition et à des prix qui restent quand même abordables. Parce que, quand on calcule le coût des paquets tous les mois, tout au long de l'année, moi, je pense que ça reste quand même très intéressant ! ». 8 000 protections périodiques dans une vie de femmeDans sa vie, une femme utilisera en moyenne 8 000 protections périodiques, ce qui donnera lieu à une tonne de déchets. Les serviettes hygiéniques recyclables sont donc une idée louable et à développer, selon le gynécologue Abdoulaye Diop.« Le gros intérêt, c'est d'abord un intérêt écologique. Je vous laisse imaginer les milliers de tonnes de serviettes hygiéniques de retour dans la nature après utilisation. Utiliser des services recyclables permet justement d'économiser des centaines de tonnes de serviettes hygiéniques qui vont se balader dans la nature. Il rajoute, le deuxième intérêt, c'est évidemment l'intérêt médical. On sait que ces serviettes réutilisables, les produits qui sont utilisés avec lesquels on les fabrique, créent beaucoup moins d'effets secondaires tels que certaines démangeaisons, certaines irritations, certaines infections que les femmes peuvent avoir en utilisant des serviettes jetables. Malheureusement. Et puis, il y a un aspect que l'on ignore souvent : c'est le coût que représentent ces serviettes pour les femmes qui ont leurs règles, explique le gynécologue. Et qui sont parfois amenés à utiliser des produits pas vraiment conformes. C’est ce que nous appelons la précarité menstruelle. Surtout dans le milieu rural, les jeunes filles ont des difficultés à avoir des serviettes hygiéniques de bonne qualité et cela crée des problèmes médicaux. Et donc les serviettes hygiéniques recyclables viennent un peu répondre à ça et apportent une alternative aussi bien écologique, médicale que durable dans le temps ».Différentes études estiment à 2 500 euros (1 600 000 francs CFA) le coût total de l'usage des serviettes hygiéniques dans la vie d’une femme. Le prix de serviette réutilisable en coton revient, lui, à 450 euros (295 000 francs CFA...
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