• Un concours de robotique pour motiver et mettre au défi la jeunesse malienne
    Mar 4 2025

    La robotique en marche au Mali. En novembre dernier à Bamako, un jeune ingénieur a organisé le premier concours de robotique intitulé « Malibots Challenge », le premier challenge d'une longue série pour motiver la jeunesse malienne à chercher des idées et des solutions par la robotique.

    À Bamako, Youssouf Sall, électronicien et informaticien, est un passionné de robotique. Surtout, ce qui l'enthousiasme, c'est le génie créatif de ces jeunes contemporains. Voilà pourquoi, en novembre dernier, il a décidé - sur fond propre et avec quelques généreux sponsors - d'organiser le premier concours robotique à Bamako : le Malibots Challenge pour cinq équipes dans cinq catégories différentes.

    « À travers ce challenge, explique Youssouf Sall, l'objectif était la démocratisation des nouvelles technologies informatiques, électroniques ou robotiques, et tout ce qui s'ensuit : rendre vraiment les technologies disponibles pour le plus grand nombre. Au Mali, l'accès à cette technologie demande des moyens. Donc, on s'est dit que la meilleure façon de faire profiter le maximum de jeunes Maliens, c'était de les faire participer à ces compétitions. On voulait une sorte de grande fête de la science au profit des jeunes du Mali ! »

    Drones, robot en catégorie universitaire ou lycéenne, développement d'applications... le challenge robotiques de novembre dernier à Bamako a donné lieu à une formation des concurrents pour l'assemblage et la programmation, suivi du concours lui-même, avec toujours l'objectif d'une application concrète insiste Youssouf Sall.

    L'objectif d'une application concrète

    « On a voulu que ça soit axé sur un thème qui puisse servir au Mali. Par exemple, pour le cas du drone, on a voulu que des jeunes Maliens se forment au pilotage des drones pour que si jamais demain, ils veulent devenir policiers, agents des forces de sécurité, qu'ils aient cette compétence-là pour pouvoir aider le pays. Les deux autres secteurs, nous les avons axés sur l’agriculture. Il y avait par exemple un tapis au sol simulant une parcelle et les jeunes avaient pour objectif de concevoir le robot pour qu'ils puissent faire des tâches, de façon autonome. À un moment donné, il devait venir déclencher la pompe d'arrosage, arrêter la pompe et distribuer des semences… tout cela de façon autonome ».

    Le docteur Bonkana Maïga est enseignant et chercheur à l'université privée Bazo de Bamako, qui a accueilli le premier concours Malibots. « Il va de soi que ça donne l'occasion aux jeunes de se surpasser, s’enthousiasme le pédagogue « mais aussi de tester éventuellement leur création et d'avoir des retours de la part d'experts, ce qui est de nature à les encourager pour la suite. Encourager les jeunes Maliens, c'est ce qui va nous permettre de pouvoir industrialiser un peu plus notre pays. Mais il faut également pousser tout ce qui est service public, autorités, à encourager ce genre d'initiatives ».

    Aux jeunes de se surpasser

    Ce qui a le plus séduit l'une des concurrentes, Awa Cissoko, 20 ans, étudiante en gestion, c'est une machine à broderie permettant d'améliorer très nettement la qualité et la quantité d'ouvrages de couture. « Au Mali, ce n'est pas facile de trouver ces machines, c'est cela même qui nous fatigue. Sinon lorsqu'on a ces machines, on peut bien faire de la broderie ».

    Une machine à broderie automatique, c'est bien, mais pour le prochain Malibots Challenge il s'agira de ne pas s'arrêter en si bon chemin, explique Youssou Sall. « Cette année, on veut faire un projet de voiture électrique autonome. Réunir une équipe d'ingénieurs, qui travaillerait sur la mécanique, sur l'électronique, sur l'informatique. Ce serait un projet qui va s'étaler sur six mois, pour concevoir une voiture électrique autonome. Le jour de la finale, la voiture devra venir être présentée. Les Maliens verraient ainsi que les universitaires maliens ont travaillé sur une voiture électrique autonome et voici le résultat : ça fonctionne ! »

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  • Le Crac et le Stade Toulousain œuvrent à la formation du rugby ivoirien
    Feb 23 2025
    Ambiance « cassoulet & attiéké » aujourd’hui dans L’ Afrique en Marche. À Abidjan, lundi 24 février, l’Académie du Stade Toulousain (le club de rugby le plus titré d’Europe) débute un stage de formation auprès du club abidjanais du Crac (Cocody Rugby Abidjan Club). Une semaine de formations et d’échanges pour coacher une centaine de jeunes Ivoiriens et leurs éducateurs. La Côte d’Ivoire qui regorge de talents en matière rugbystique pour peu que des clubs offrent des opportunités de se perfectionner au jeu du ballon ovale… Elle est enthousiaste, la légende du rugby français et toulousain. L'ex-joueur Émile Ntamack, devenu directeur de la Stade Toulousain Academy, propose avec ses compères formateurs des stages avec des clubs un peu partout dans le monde. Et cette semaine, ce sera avec le CRAC, le Cocody Rugby Abidjan Club, un club dont l'un des fondateurs est Emmanuel Henao, honoré et ravi d'accueillir pendant une semaine les formateurs toulousains qui vont prodiguer leur savoir aux jeunes Ivoiriens et à leurs encadrants. « C'est à la fois une étape magnifique du travail fourni, de notre capacité aussi à être pris au sérieux. Je dis souvent à mes joueurs et à mes joueuses, qu'on doit se prendre au sérieux pour que les gens nous prennent au sérieux. Et c'est évidemment pour nous une espèce de consécration. Et puis en même temps, c'est un départ, parce qu'on se dit qu'on est parti peut-être pour trois ans de partenariat avec eux, donc, effectivement, c'est une magnifique consécration. Il y a la notoriété et le prestige du Stade Toulousain, on est reconnu en fait et par là, on peut aller chercher les meilleurs ».Se prendre au sérieux pour que les gens nous prennent au sérieuxS'améliorer, échanger, renforcer les techniques de jeu et d'entraînement, ce sont autant de choses que transmettra la Toulouse Academy pendant cette semaine de stage supervisée par Émile Ntamack qui n'était pas revenu en Côte d'Ivoire depuis ... « fatigué... » comme disent les Ivoiriens.« J'étais tout petit, se souvient-il, donc c'était il y a presque 54 ans ( rires)... Mon père est originaire du Cameroun donc, petits, on a été amenés à voyager au Cameroun et en Côte d'Ivoire. J'avais un tonton qui travaille là-bas mais j'ai très, très, très peu de souvenirs et c'est pour ça que je suis ravi d'y revenir ! ». Revenir en Côte d'Ivoire pour un stage qui devrait porter ses fruits, espèrent stagiaires et Emile Ntamack. « Pour ce qui est de « porter des fruits », oui, on voit des éducateurs qui ont plus de 'billes' pour être plus à l'aise, pour pouvoir encadrer les jeunes. Plus de variétés, plus d'ateliers, plus de 'skills' (exercices ndrl). Cela donne plus de sens dans ce qui se met en place sur le travail pour les enfants. Après, ce n'est pas pour autant qu'on a, depuis, sorti trois joueurs internationaux. Ce n'est pas le but. Le but, c'est d'être en phase avec ce qu'on fait. Quand on fait une pratique, on est passionné. On est tous friands de ça et ce qu'on propose, c’est que les joueurs, soient plus enthousiastes, s'amusent plus… Parce que, finalement, il y a plus de rythme, plus de dynamisme, plus de jeux. Forcément, c’est plus plaisant pour les enfants dans l'activité. Si déjà les gens sont heureux de la pratique du rugby, ils reviennent de plus en plus nombreux. Ça, c'est un signe, déjà, de progression ». Une progression que vise également Ismaël Hessani, formateur à l'académie toulousaine. « Le but, c'est d'ériger un pont entre les deux institutions. Faire 'effervescence' des différents projets qui peuvent être liés aux enfants, aux groupes d'adultes, qui souhaitent venir voir le niveau en France, à Toulouse ou dans des clubs autour ». Favoriser l’essor et le développement du rugby ivoirien Ces échanges entre clubs de rugby français et le Crac d'Abidjan ont ainsi permis à Jonathan Ange Dongo, 22 ans, de poursuivre ses études en Finances et sa passion pour le rugby. Il est en sport-étude à Niort, dans le centre de la France, en Fédérale 3 Espoir. « Je pense que c'est au travers de ces différents clubs comme le Crac, qui ont la volonté de faire progresser les joueurs ivoiriens et le rugby ivoirien en général, que nous — joueurs de ces différents clubs – nous avons la chance d'avoir de telles opportunités. C'est vraiment un truc qui a commencé, il y a longtemps, peut-être depuis même la création du Crac en 2015 et il y a eu la matérialisation de ce genre, de projet simple. Les autres clubs vont commencer à emboîter le pas pour favoriser l’essor et le développement du rugby ivoirien ». Et il est immense, le potentiel rugbystique ivoirien : ce n'est pas tout à fait un hasard si l'un des grands capitaines de l'équipe de France — un certain Thierry Dusautoir – est originaire de Divo, dans le district du Goh – Djiboua.
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  • [Rediffusion] Api Afrique rend les femmes et mères sénégalaises plus heureuses
    Feb 16 2025
    Api Afrique, est une PME sénégalaise qui depuis 2010 fabrique des couches-culottes et des serviettes hygiéniques recyclables. Grace à leur invention trois problèmes sont résolus : l'hygiène des enfants et des femmes, le respect de l'environnement et le pouvoir d'achat, parfois faible, des mamans. En 2010, Marina Gning, à la naissance de ses enfants, s'interroge sur l’usage des couches-culottes puis des serviettes hygiéniques pour ses filles. Des produits chers, quasi impossibles à recycler dans le pays. Mais sur place, il y a du coton, il y a du wax et surtout, il y a plein d'idées !Avec son mari, Abdoulaye, ils vont donc lancer une gamme de produits made in Sénégal qui réunit trois critères essentiels à leurs yeux. « C'est vrai que nous, nos motivations pour créer Api Afrique, c'était vraiment participer à la réduction des déchets, créer des emplois décents pour les femmes au Sénégal et participer aussi à préserver la santé ».Fabriqués dans leur atelier de Ngaparou, qui est passé de quatre à trente employés en dix ans, les protections hygiéniques d'Api Afrique sont réutilisables. De plus, leur usage répond à plusieurs problématiques au Sénégal comme l'explique Marina Gning.« Il y a le 'quand dira-t-on' ! Est-ce que la fille est enceinte ? Est-ce qu’elle n’est pas enceinte ? Est-ce qu'elle a des relations hors mariage, ou non ? Et il y a aussi tout le mysticisme. On y pense rarement, mais, en fait, le sang des règles a des pouvoirs. En tout cas, on ne veut pas que des gens qui nous veulent du mal puissent trouver notre sang des règles. C'est pour cela que les filles vont laver à fond la serviette jetable avant de la jeter pour que personne ne puisse utiliser le sang des règles, pour faire de la magie avec. En fait, le problème des couches et des serviettes hygiéniques, c'est que c'est un besoin absolu. Ce n'est pas une option. On ne peut pas décider d'en avoir besoin ou pas. Et ce sont des produits en version jetable qui sont du consommable donc ils sont à racheter tout le temps. Donc, effectivement, ça représente un poids considérable sur les budgets des jeunes filles, des femmes et des familles avec les bébés et en plus, cela crée des problèmes de pollution dans un pays où il n’y a pas vraiment de solution de gestion des déchets ».À lire aussiMadagascar: comment en finir avec le tabou des règlesLes serviettes hygiéniques ne sont pas une optionLe site internet de la marque propose des tutoriels en français et en wolof pour les usagers.Kiné Riquet est une cliente sénégalaise convaincue de l'utilité d'un tel produit recyclable sur le marché sénégalais. « Complètement ! Moi, je pense que c'est juste qu’il faut communiquer un peu plus. Que les Sénégalais soient plus au courant de l'existence de ces produits qui sont à disposition et à des prix qui restent quand même abordables. Parce que, quand on calcule le coût des paquets tous les mois, tout au long de l'année, moi, je pense que ça reste quand même très intéressant ! ». 8 000 protections périodiques dans une vie de femmeDans sa vie, une femme utilisera en moyenne 8 000 protections périodiques, ce qui donnera lieu à une tonne de déchets. Les serviettes hygiéniques recyclables sont donc une idée louable et à développer, selon le gynécologue Abdoulaye Diop.« Le gros intérêt, c'est d'abord un intérêt écologique. Je vous laisse imaginer les milliers de tonnes de serviettes hygiéniques de retour dans la nature après utilisation. Utiliser des services recyclables permet justement d'économiser des centaines de tonnes de serviettes hygiéniques qui vont se balader dans la nature. Il rajoute, le deuxième intérêt, c'est évidemment l'intérêt médical. On sait que ces serviettes réutilisables, les produits qui sont utilisés avec lesquels on les fabrique, créent beaucoup moins d'effets secondaires tels que certaines démangeaisons, certaines irritations, certaines infections que les femmes peuvent avoir en utilisant des serviettes jetables. Malheureusement. Et puis, il y a un aspect que l'on ignore souvent : c'est le coût que représentent ces serviettes pour les femmes qui ont leurs règles, explique le gynécologue. Et qui sont parfois amenés à utiliser des produits pas vraiment conformes. C’est ce que nous appelons la précarité menstruelle. Surtout dans le milieu rural, les jeunes filles ont des difficultés à avoir des serviettes hygiéniques de bonne qualité et cela crée des problèmes médicaux. Et donc les serviettes hygiéniques recyclables viennent un peu répondre à ça et apportent une alternative aussi bien écologique, médicale que durable dans le temps ».Différentes études estiment à 2 500 euros (1 600 000 francs CFA) le coût total de l'usage des serviettes hygiéniques dans la vie d’une femme. Le prix de serviette réutilisable en coton revient, lui, à 450 euros (295 000 francs CFA...
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  • Les «héritiers», ou les gardiens des films des pionniers du 7ème art africain
    Feb 9 2025
    Le cinéma africain est un véritable patrimoine qui n’est pas toujours bien mis en valeur ou correctement préservé. Aussi plusieurs filles ou fils des pionniers du septième art africain se sont réunis pour pérenniser leurs œuvres et les faire connaître au plus grand nombre. Un regroupement informel qu'ils ont surnommé avec facétie « les héritiers ». Alors qu'on célèbre dans un cinéma de quartier parisien le centenaire de Paulin Soumanou Vieyra, Stéphane son fils, avec un soupçon d'ironie nous explique comment l'idée des « héritiers », un groupe informel d'enfants et de conjoints de cinéastes, a vu le jour. « Notre seul problème, sur le continent africain, c'est d'être sûr que la préservation des œuvres sera éternelle. C'est ça le but de l'association, la préservation et aussi la vulgarisation, pour que les gens sachent que ça existe et qu'ils puissent l'utiliser. Parce que ma mère m'a dit : "Ton père, il a fait quelque chose d'énorme, une grosse œuvre. Il faut la préserver et la partager. Prenez-la !" Et aujourd'hui, tout est aux États-Unis. Pourquoi ? Parce que c'est là qu'on a eu les financements pour numériser, organiser, restaurer toutes les archives. Nous avons deux structures aux États-Unis dans la même université de l’Indiana. Une pour les archives photos, papier, audio et une autre pour les films au niveau des négatifs ». Numériser, organiser, restaurer toutes les archivesStéphane Vieyra et ses frères et sœurs ont créé l'association PSV pour leur réalisateur de père. Henriette Duparc, elle, a initié à Abidjan la « Fondation Henri Duparc » pour protéger et valoriser l'œuvre du cinéaste ivoirien. « D'abord, il faut connaître », explique-t-elle « la production d'un film. Comment ça se passe ? Il faut ensuite retrouver les laboratoires où sont stockés, les éléments. C'était souvent un jeu de piste : retrouver où sont les négatifs et puis ensuite savoir qu'est-ce qu'on va en faire, dans quel état ils sont ? Est-ce qu'il y a nécessité de les restaurer où les stocker ? Pour nous c'était d'autant plus compliqué que Henri Duparc a laissé huit longs métrages et ce n'était pas rien ! Ce sont toutes ces questions-là, que les héritiers se posent quand ils se retrouvent avec tout ce patrimoine à gérer ». Parmi les membres de ce petit groupe informel des « héritiers », on trouve les fils de Désiré Écaré ou d'Ousmane Sembène, la fille d'Ababacar Samb et également les deux filles de Sarah Maldoror, Henda et Anouchka De Andrade. Anouchka qui revient sur la nécessité entre héritiers de s’entraider. « Alors d'abord, c'était pour qu'on soit au courant des événements des uns et des autres. Ensuite, c'est une source d'information parce qu'il y a beaucoup de personnes qui se retrouvent héritières d’une œuvre et il faut la faire vivre. Mais ils ne savent pas parce que tous n'ont pas eu la chance d'avoir travaillé dans le cinéma. Par exemple : comment négocier les droits, ce qu'il faut faire ? Où aller chercher ? Où sont les labos ? etc… Donc quand une personne de notre groupe a une question, il la pose. Et puis l'un de nous répond : « fais comme ci. Voilà ce que moi j'ai fait. Je te recommande ça. Surtout ne va pas avec untel, c’était une mauvaise expérience ! ». Voilà, c'est juste quelque chose de totalement informel mais de très vivant où l’on s'invite, on s'informe et on échange sur les bonnes pratiques ». Denis Garcia est, lui, le directeur général d'Archive TV, une société française qui travaille en ce moment à la restauration de En résidence surveillée de Paulin Soumanou Vieyra. Une œuvre qui n’est pas diffusée est irrémédiablement perdue« Les héritiers quand on leur parle il faut comprendre qui ils sont, c'est-à-dire : est-ce qu’ils ont hérité des droits d'auteur ? Des droits du réalisateur ? Est-ce qu'ils ont les droits de la production ou pas ? Et souvent il n’y a pas les deux, donc on se retrouve coincés. Quand il s'agit de cinéma français, il y a une loi qui favorise l'exploitation suivie des œuvres et donc une œuvre qui dormirait, qui ne serait pas exploitée par ceux qui sont propriétaires des négatifs, il y a un peu moyen de "forcer les choses" pour que l'œuvre ne soit pas perdue et oubliée. Une œuvre qui n’est pas diffusée, elle est irrémédiablement perdue, ne serait-ce que dans les mémoires des potentiels spectateurs ». Des spectateurs qui à New-York en mai prochain au Moma, pourront voir l'intégrale de l'œuvre de Sarah Maldoror, après un hommage qui lui sera rendu au Centre Pompidou à Paris, en avril. Et la 29e édition du Fespaco, au Burkina Faso, devrait célébrer, comme il se doit, le centenaire de la naissance de Paulin Soumanou Vieyra.
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  • L'éducation et la sensibilisation contre la lame et l'aiguille
    Feb 2 2025
    À l'occasion de la journée mondiale contre les mutilations génitales féminines (6 février), un collectif de femme organise une marche via un train Paris-Marseille pour éveiller les consciences en ce qui concerne les dégâts physiques et psychologiques de l'excision ou de l'infibulation. Vivant à Marseille, la comédienne ivoirienne Naky Sy Savané est la présidente du collectif des Femmes africaines contre l'excision. Elle est la cheville ouvrière de ce train, qui samedi 8 février, conduira les militantes de cette cause de Paris à Marseille pour une grande campagne de sensibilisation. Dernière victoire en date pour cette association féminine, qui a milité avec d'autres : le rejet cette année d'une loi visant à légaliser l'excision en Gambie. « C'est quelque chose qui m'avait révolté » explique la comédienne. « C'est pour cela que j'ai lancé ce mouvement, qui est le Collectif des femmes africaines contre l'excision. Nous avons mené cette bataille et pour une fois, les femmes africaines ont eu gain de cause. Donc nous aimerions quand même que cela soit su parce que, là, ils ont décidé de surseoir à cette loi. C'est une première victoire pour nous, femmes africaines, on a envie que cela se sache. On a envie de dire que : "oui ! les femmes africaines se sont levées, un jour pour dire non à la légalisation et qu’elles ont été entendues !" et nous attendons d'autres victoires encore ». Parmi celles qui remportent des victoires et qui décrivent par leurs écrits, la douleur ressentie d'une lame tranchant un clitoris : Aminata Traoré, excisée dans sa plus tendre enfance. Cette écrivaine ivoirienne prendra part à cette campagne de sensibilisation entre Paris et Marseille le 8 février. Fière de briser le mur du silence« Moi, je suis déjà une victime et j'ai pour habitude de dire que je ne suis pas fière d'être une victime de l'excision. Mais je suis fière d'avoir eu le courage de briser le mur du silence. Si ce témoignage-là peut permettre de sauver ne serait-ce qu'une fille, alors j'aurais déjà gagné notre bataille, c'est ça le plus important pour moi. Et donner aussi de la force à toutes ces survivantes, parce qu'elles sont partout. On les retrouve aussi en France, un peu partout... C'est leur donner de la force pour dire que le couteau brûlant, ce couteau-là, c'est l'instrument qui sert à la pratique. Mais on peut transformer ce vécu, ce drame en une force pour aller de l'avant, celle de donner de la voix. C'est ça ! »Donner de la voix et aussi se doter de lois contre l'excision : depuis 1998, l'Assemblée de Côte d'Ivoire par exemple, à légiférer pour interdire ce genre de pratique. Législation et éducation sont les deux principes sur lesquels AminataTraoré compte pour faire disparaitre l'excision. « Véritablement l'action des activistes, des féministes est portée. Donc il faut toujours continuer. Et moi, par exemple, je travaille beaucoup en milieu éducatif à travers mon concept : le livre comme moyen de sensibilisation. Comme j'ai écrit une œuvre autobiographique, le couteau brûlant, je me sers du livre comme moyen de sensibilisation en milieu scolaire parce que je me dis, les meilleurs relais au niveau de nos familles, ce sont les enfants, ce sont les élèves parce que eux-mêmes, ils vont porter, ils vont porter aussi leur voix à leurs parents pour dire que aujourd'hui, il faut bannir cette pratique parce qu'elle a plus de conséquences. Soyons optimiste ! ».Hommes sensibilisés, beaucoup plus utilesSensibiliser dans les écoles, mais aussi interpeller dans une société patriarcale, ceux qui sont concernés tout autant que leurs femmes ou leurs filles : les hommes. Ghislain Coulibaly et le président du Réseau des hommes engagés pour l'égalité de genre en Côte d'Ivoire. Il procède régulièrement à des rencontres avec les autorités religieuses ou les chiffres de village pour faire évoluer les mentalités. « Ce que nous, nous constatons. C'est que lorsque les hommes sont sensibilisés, ils sont beaucoup plus utiles parce que c'est eux qui ont le pouvoir. Lorsque les hommes deviennent des alliés ou des partenaires, alors ils se dressent contre toutes les pratiques de violences basées sur le genre, notamment les cas d'excision ».L'excision, une pratique qui est encore la vie dure en Afrique et ailleurs. Selon l'Unicef, cette année, il y aura trois millions de petites filles ou d'adolescentes à travers le monde qui passeront entre les mains d’une exciseuse.À écouter aussiLa vallée du Nil, aux origines de l’excision
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  • La Malienne Mariam Sy plonge ses racines architecturales dans la terre
    Jan 26 2025
    Mariam Sy est l’une des figures de l’architecture ouest-africaine, qui réussit à allier la modernité des bâtiments avec les techniques ancestrales de constructions à base de terre. Une construction adaptée au climat sub-saharien et respectueuse de l’environnement. Portrait d’un talent de l’architecture au Mali. « À 15 ans, j'ai dit à mes parents que je voulais être architecte. Ils ont trouvé que c'était une bonne idée et j'ai dû sortir de l'école de jeune fille pour aller faire un lycée professionnel à Bamako » se souvient Mariam Sy. Après ce lycée technique, elle obtient son diplôme d'architecte en Belgique et enchaîne une formation complémentaire en France, à Grenoble. Mariam est devenue aujourd'hui l'une des références en matière d'architecture traditionnelle. C'est d'ailleurs à Grenoble, au centre de recherche et d'application en terre, le Craterre, que cette quadragénaire a perfectionné son savoir-faire avec l'usage des matériaux traditionnels. « Que ça soit la terre, la pierre ou tout ce qu'on peut trouver localement, l'idée c'est vraiment d'utiliser le moins d'énergie possible pour construire et d'utiliser le matériau adéquat pour la température du lieu. Et il s'avère que, au Mali, la terre est un des matériaux locaux les plus répandus et les plus connus, et l'avantage pour nous Sahéliens, c’est que ces matériaux s'adaptent vraiment à notre climat ». « ces matériaux s'adaptent vraiment à notre climat »Dès lors, à Bamako, Mariam Sy au sein de son cabinet Architerre multiplie les constructions de maisons ou de centres médicaux, mais aussi la rénovation de mosquées, notamment à Tombouctou.Une technique architecturale qui séduit de plus en plus de clients au Mali, mais aussi en Afrique. « Cette question d'architecture écoresponsable concerne tout le monde. Même si au Sahel, on sait qu’on n’est pas les plus gros consommateurs d'énergie, on subit quand même les conséquences de cela. Donc, il est important que l’on prenne en compte aussi les nouvelles technologies, les questions qui se posent à tout le monde et qu'on se les applique à nous-même. On considère que voilà, nous sommes des militants au niveau du réseau « Fact Sahel ». Pour nous, vraiment, notre travail c'est du militantisme. Dans ce réseau, il y a des architectes, il y a des maçons, des ingénieurs, des étudiants, des chercheurs, des écrivains. On est un réseau, c'est toute une réflexion autour de ces enjeux-là. Comment expliquer aux gens le retour donc à ces matériaux qui ont vraiment beaucoup, beaucoup d'avantages sur beaucoup d'aspects de la vie, pas seulement sur la construction »Un des points d'avenir de l'AfriqueAu sein de l'association Fact Sahel, qu'elle a cofondé, Mariam Sy participe à cette réflexion à propos d'un retour aux techniques africaines de construction adaptées à un monde moderne, ce qui correspond à un mouvement de fond, comme l'explique un autre architecte français, Jean-Marc Lalo, qui organise régulièrement en Afrique des séminaires d'échanges entre architectes des deux continents. « Il y a à la fois une question d'identité architecturale africaine, un engouement pour retrouver des techniques traditionnelles de construction en terre et la deuxième chose, c'est aussi un des points d'avenir de l'Afrique : c'est de faire un saut directement vers des constructions avec des matériaux biosourcés, des matériaux locaux. La terre est parfaitement adaptée pour cela en fait. Il y a eu plusieurs architectes africains qui ont beaucoup travaillé sur ces points. Hassan Fathy, par exemple en Égypte, avait pensé à des projets faits autour de la construction en terre. Mais par contre, depuis que Francis Kéré a reçu le prix Prtizker (la plus haute récompense pour l’architecture, NDLR) il y a des choses qui bougent. Il y a des pays qui veulent effectivement aller vers cette direction-là. Je pense au Bénin, au Sénégal, au Maroc aussi. Il y a un centre de la construction en terre au Maroc qui a été ouvert il y a quelques années. Au Bénin, le président Talon a fait quelques commandes à Francis Kéré, dont l'Assemblée nationale. Il est possible de faire beaucoup en utilisation de la terre avec la BTC : la brique de terre comprimée. On la retrouve au Mali, au Sénégal, au Burkina Faso, aussi ». Prochain projet pour Mariam Sy, qui allie modernité, usage des techniques traditionnelles et conceptions écoresponsables, un centre scolaire en terres à Bamako, histoire que l'architecture durable continue de faire école au Mali.
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  • «Human empress», la jeunesse congolaise écoresponsable
    Jan 19 2025

    « Human empress », « Impératrice humaine » en français, est une association congolaise de Brazzaville qui milite pour une Terre plus propre et des pratiques plus responsables afin de préserver l’environnement. À la tête de cette association : Paule Sara Nguié, une femme dynamique qui met toute son énergie pour sensibiliser ses concitoyens à la cause écologique en commençant par la jeunesse.

    Il y a cinq ans que Paule Sara Nguié a créé Human empress à Brazzaville. Cette femme de trente ans, ancienne technicienne dans le secteur de l'énergie et qui fut également journaliste, a décidé de s'emparer de la question de l'écologie. Depuis son enfance, Paule Sara a vu lentement son environnement se dégrader dans son quartier à Brazzaville.

    « Je vivais dans un quartier assez reculé de la ville, Massengo », se souvient Paule Sara « Vous y avez une belle savane, vous faites encore de la cueillette. L'air est frais, je me baignais dans la rivière et mes grands-parents que je côtoyais sont des personnes qui ont de bonnes valeurs de développement durable. Pour moi, tout cela semble naturel. Et quand je commence à fréquenter la grande ville, la grande cité avec sa pollution, je suis suffoquée. Je me rends compte qu'il y a des problèmes et je décide d'agir, petit à petit ».

    Dès lors, Paule Sara organise avec son association des Rencontres citoyennes de la jeunesse dans les quartiers, dans les écoles et elle coordonne un concours. Ce challenge, baptisé « Couronne verte », permet à des porteurs de projet d'exposer et parfois de financer leurs inventions écoresponsables, nous décrit Paule Sara.

    Agir petit à petit

    « Sur l'agriculture biologique notamment, une équipe a mis en place un système aquaponique sur la gestion durable de l'eau. Vous avez sur les énergies ceux qui font dans la transformation énergétique à partir de déchets. Vous avez ceux qui fabriquent des charbons à partir de déchets, aussi. C'est ce type de programme que les jeunes ont mis en place et qui ont été retenus et qui sont financés pour répondre réellement aux besoins, ici, à Brazzaville ».

    C'est ainsi que Danielle Mbemba, étudiante, a remporté l'un de ces concours portant sur un projet de serviette hygiénique recyclable. Des serviettes qui évitent de polluer les cours d'eau.

    « Mon projet, il était axé sur la fabrication de serviettes hygiéniques réutilisables. Mon projet s'appelle Menga Ecoflux. C'est déjà un produit que j'ai commencé à développer. J'ai fait des prototypes que j'ai déjà donnés à certaines de mes amies et à quelques personnes de ma famille pour pouvoir les tester. On fait principalement avec du coton naturel et aussi de la fibre de bambou. »

    Des prototypes, des inventions et des projets exposés lors de ces rencontres régulières à Brazzaville ou à Pointe Noire et qui reçoivent le soutien de partenaires comme la délégation de l'Union européenne au Congo. Des initiatives précieuses, selon Anne Marchal, ambassadrice de l'UE à Brazzaville.

    Coton naturel et fibre de bambou

    « C'est la convergence en fait des centres d'intérêt qui fait que nous sommes partenaires de cette association, qui justement permet de donner une voix aux jeunes et de créer de la conscience sur les problèmes d'environnement. Et donc toutes les activités de Paule Sara, y compris au niveau du support et la création, la formation à des emplois de développement durable, est vraiment ce qui nous a attirés, en plus du fait qu'elle a organisé des rencontres citoyennes de jeunes. Nous tenons vraiment à avoir ces contacts avec les jeunes pour leur retour sur les attentes des jeunes dans les pays où nous sommes partenaires ».

    Le prochain projet que Paule Sara compte mettre en œuvre avec Human empress, c'est la création d'un écocentre. Un lieu de rencontre ou les jeunes congolais pourront venir exposer leurs projets, apprendre et transmettre les bonnes pratiques écoresponsables.

    À lire aussiCongo-Brazzaville: une ONG réclame un plan d’aménagement du parc national Ntokou Pikounda

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  • Lukaré, centre artisanal burkinabè et grenier à idées et à talents
    Jan 12 2025
    Direction le Burkina Faso et le quartier de Dapoya, à Ouagadougou, où est installé le centre artisanal Lukaré. Un centre qui, depuis près de 15 ans, fait figure d'excellence en matière de création de meubles et d'accessoires à base de matériaux de récupération. Au centre Lukaré, la quinzaine d'apprentis ou de créateurs aguerris sont à l'ouvrage. Perceuses, ponceuses, poste à souder... Tous ces outils – entre deux délestages – s'activent, avec Inoussa Dao comme chef d'orchestre. « Lukaré ça veut dire ''le grenier'' en pulaar. C'est un grenier où on a beaucoup d'idées. Voilà, on aimerait aussi transmettre ces idées à d'autres jeunes », explique-t-il. Il y a 15 ans, Inoussa a fondé, avec son frère Hassan Dao et deux autres artistes, le centre d'apprentissage et la galerie Lukaré, qui font référence depuis au Burkina Faso :« L'idée de Lukaré, c'est vraiment la récupération. Je peux dire que 90% de nos créations, c'est de la récupération. C'est de donner une seconde vie aux matières mortes, si on peut dire ainsi. C'est du bois, des carcasses de voitures, de la récupération de bidons. Voilà, tout ce qu'on peut recycler et leur donner une seconde vie. On fait des tables, des meubles de rangements, des accessoires comme des dessous de plat, des lampes, des meubles d'intérieur et d'extérieur. » L'art de recycler des matériaux bruts comme des racines d'arbres ou bien des pots d'échappement de mobylette, pour les sublimer en meubles uniques, a fait école au Faso . D'autant plus que le centre Lukaré accueille des jeunes qui cherchent leur voie pour les former à la technique de la récup'. Une seconde vie aux matières mortes« On n'a pas besoin d'avoir un diplôme ou une formation quelconque, c'est la motivation personnelle qui compte, souligne Inoussa Dao. Après, nous, on les place à l'atelier soudure d'abord, et après, on les place à l'atelier bois pour qu'ils apprennent ces deux métiers de base. Après, c'est à lui de choisir la branche qu'il veut. Nous, on est à côté pour les guider dans cette création. Mais c'est lui qui créé après ! »C'est ainsi que de ce phalanstère créatif sont sortis de grands noms du design burkinabè qui ont fait leur chemin depuis, comme Ahmed Ouattara, Kader Kaboré, Ousmane Kouyaté ou encore Paulin Banigabou. Ce dernier est un virtuose dans l'art d'entremêler palissandre et fer à béton pour en faire des sièges :« Actuellement, on peut dire que je travaille à mon propre compte. C'est grâce à eux aussi (les encadrants de Lukaré, NDLR), parce que je suis passé par eux qui nous ont guidés, qui nous ont montré comment faire. Actuellement , mon travail est beaucoup basé sur les tabourets et des pièces uniques aussi. Des chaises et des tables aussi quoi, parce que j'ai été formé, mais j'ai ajouté ma ''touche'' aussi. Je fais un peu différent de mon patron parce qu'il faut créer aussi ta propre identité. Ainsi il y a des gens, quand il voit ça, ils disent ''Ça, c'est Paulin !''. »Finitions nickelLes meubles et accessoires de Lukaré font le bonheur des amoureux du design comme Eliot Martin. En Allemagne, à Francfort, il est le responsable de la galerie Moogoo. Il s'extasie :« L'idée, c'est de dire :''Nous, on veut du beau ! Et qu'en plus il y ait une histoire derrière.'' On a la volonté de vendre des beaux produits. C'est vrai que les finitions (chez Lukaré, NDLR) sont nickel, quoi ! Il y a une qualité ! Pour tout ce qui est soudure, tous les gens ici qui s'y connaissent sont toujours impressionnés par leur travail. Je ne sais pas s'ils se rendent compte, mais ils n'ont pas le matos qui existe en Europe ! À part des postes à souder, ils n'ont pas beaucoup plus d'outils, quoi ! » Rendre la matière brute magnifique, c'est l'art de concilier l'indigence des moyens avec l'exigence d'artisans surdoués. Hortense Assaga, journaliste et auteur d'un ouvrage intitulé Made In Africa est, elle aussi, admirative :« Ce centre illustre vraiment bien la pratique africaine. Il y a une espèce de regroupement qui se fait entre artisans, créatifs. Et puis, ils essayent d'organiser ça. On apprend les uns des autres pour en sortir souvent les objets fabuleux. Oui, c'est une pratique à l'africaine, une transmission qui se fait tout naturellement entre artisans, et c'est vraiment ça qu'il faut saluer. » Le mot de la fin, c'est Inoussa Dao qui l'a trouvé en cherchant dans son grenier peul à idées : « On va consommer ici ce que nos braves artistes et artisans produisent. Nous consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons. »
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