• La mode à Abidjan, facteur chic et choc contre la discrimination des handicapés
    Nov 3 2024
    Alors que le monde a été enthousiasmé cet été par les Jeux paralympiques de Paris 2024 et en véritable communion avec les athlètes handicapés, pourquoi ne pas prolonger cette inclusion dans le monde de la mode ? C'est le projet de l'association ivoirienne Les amis du cœur qui, pour la deuxième année consécutive, le 14 novembre prochain à Abidjan, organise un défilé de mode : le « Handicap Fashion Show ». Dix mannequins valides et dix mannequins handicapés présenteront, ensemble, à la résidence des Pays-Bas d'Abidjan ce qui se fait de plus beau en matière de mode ivoirienne. Montrer sa beauté et son dynamisme là où certains ne voient que laideur et préjugés. Le Handicap Fashion show d'Abidjan, c'est un rendez-vous festif qui conjugue haute couture et handicap. Un défilé de mode ouvert à tous pour casser les à priori et les regards négatifs de certains sur les personnes souffrant de paralysie, d'un membre amputé, d'albinisme ou encore d'autisme.« C'est un peu complexe, quand on est handicapé, parfois, on se moque de vous, parfois on vous dénigre, parfois on vous aime, parfois on vous aide. Ce n’est vraiment pas évident, la vie d'une personne en situation d'handicap pour se faire accepter. C'est compliqué », nous explique Nuella. Chanteuse originaire de Yopougon, elle est l’organisatrice de ce défilé. Elle-même a souffert de cette stigmatisation. Loin de la décourager, cela l’a motivée à faire bouger les choses, entre autres avec son association Les amis du cœur. « Ca va prendre le temps que ça va prendre, mais on ne doit pas lâcher »« Ce qu'on ne doit pas faire, c'est vraiment abandonner. Dire non, rien ne se fait pour nous, donc on laisse tomber. Non, on doit se faire entendre, ça va prendre le temps que ça va prendre, mais on ne doit pas lâcher. À force de se faire voir, à force de se faire entendre, c'est ainsi que l'inclusion va vraiment se faire et que l’on va montrer aux gens que handicapé ou pas handicapé, tout le monde a le droit d'exister. » Exister et se montrer comme tout un chacun et travailler comme n'importe qui. Car au-delà de ce Handicap fashion Show, le projet est de former ses participants handicapés aux métiers de la mode : mannequinat, couture, maquillage ou coiffure... C'est pour cela que des stylistes réputés en Côte d'Ivoire comme Reda Fawaz ou des coachs en mannequinat comme Maître Kassere ont tout de suite adhéré au projet de Nuella pour prodiguer des master class. « J'ai demandé à une fille qui était dans un fauteuil roulant, de faire un premier test. Et je vous assure que quand elle est montée sur la scène avec sa chaise roulante, mais c'était extraordinaire ! C'était émouvant… ! On a vu le public qui faisait des photos avec ces mannequins-là. C'était extraordinaire ! ». s’enthousiasme Kassere.« Je me détestais, je ne voulais plus vivre ! »Si l'en est une qui s'épanouit dans ce rôle de mannequin — elle est par ailleurs maquilleuse –, c’est Yaba Zalissa Imourou. Et pourtant : « Un jour, tout à coup, comme ça, tout a basculé. Je me suis retrouvée dans un fauteuil. Je me détestais, je ne voulais plus vivre ! ». Il y a dix ans, cette jeune femme de 31 ans a été clouée dans un fauteuil roulant à cause d'une drépanocytose mal soignée. Un handicap qui n'a pas empêché Yaba d'être acclamée lors du défilé de l'an passé. « C'était vraiment merveilleux. Je n'ai pas de mots parce que les personnes en situation de handicap ont l'habitude de se cacher… Ils ( les spectateurs) ne s'attendaient pas à voir une personne aussi belle que je suis ! Après le défilé, je me suis dit : "Ah, donc moi aussi, je vais faire quelque chose, hein ! Ah tu vois, on va déclencher un truc qui va apporter plein de courage aux autres." Ils vont vouloir se montrer eux aussi. Et c'est ça, c'est le combat ! ».Un combat et une inclusion des handicapés africains qui passent aussi par un emploi. Souvent rejetés du monde du travail, la motivation des handicapés est pourtant souvent démultipliée pour encore mieux s'intégrer. De la difficulté peut naître, parfois, une surmotivation. Hervé Bernard est directeur de l'inclusion à l'ONG Handicap international. Son organisation accompagne les handicapés d’Afrique dans l’inclusion sociale et professionnelle. « On ne veut pas non plus construire un autre stigma et un autre biais qui serait "l’ultra positivité" ou le super héros handicapé. On fait très attention aussi à cela. Mais par contre, c'est vrai que toute personne qui galère et qui a du mal à trouver un travail quand on lui tend la main et qu'on l'accompagne, en général, ce sont des personnes qui en sont reconnaissantes et qui saisissent ces chances. Mais ce sont des personnes comme les autres. »Pas d'angélisme donc, en matière de handicap, mais un réel enjeu en matière d'inclusion sociale et professionnelle. En 2014, ...
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  • Africa Prime initiative met en lumière la nouvelle génération d'artistes africains
    Aug 31 2024
    Soutenir la création artistique et favoriser l’émergence de jeunes talents africains, c’est l’objectif de l’Africa Prime Initiative. L'API est une bourse décernée chaque année à une sélection de plasticiens du continent. Cette année, le Ghana et le Sénégal sont à l’honneur. Choisir un pays africain, y trouver une galerie artistique partenaire et procéder à une sélection de plasticiens pour les récompenser par une bourse, telle est la philosophie de l'Africa Prime Initiative. La branche philanthropique d'une plateforme américaine de streaming vidéo reverse un peu de ses bénéfices via cette initiative pour soutenir les jeunes créateurs du continent depuis 2022, après Madagascar et la Namibie. Cette année, c'est un pays francophone, le Sénégal, et un autre pays anglophone, le Ghana, où a eu lieu simultanément ce concours. Barbara Kokpavo, directrice de la galerie Soview à Accra au Ghana, revient sur le processus de sélection. 2 000 dollars pour chaque jeune artiste africain« Le principe était de sélectionner que des artistes émergents qui avaient moins de 35 ans et qui travaillaient soit dans le domaine de la photographie, de l’art plastique ou même de l'installation. C'était assez ouvert. Il y a eu une cinquantaine d'artistes qui ont postulé pour le concours et avec l'équipe du Africa Prime, on a pris le soin de lire chaque projet. On demandait aux artistes d'écrire un projet qu'ils avaient envie de réaliser et ensuite on a fait la sélection des cinq lauréats ».Cette année, ce sont quatre plasticiens d'Accra et un de Kumassi qui ont été retenus sur la base d'un projet proposé et réalisé par chacun d'entre eux. La somme de 2 000 dollars qui a été remise à chacun leur permettra d'améliorer leur capacité de création. À Dakar, Linjie Zhou est la commissaire qui a procédé avec la galerie Loman à la sélection des créateurs sénégalais. « L'Africa Prime Initiative a offert une bourse pour les artistes sénégalais cette année afin de les accompagner dans la création d'une nouvelle œuvre et dans le cadre d'une exposition qu'ils ont faite ensemble. Nous avons donc procédé avec la galerie Lomane à la sélection de cinq de ces artistes parmi soixante-dix candidatures. L'idée est de les accompagner dans leur progression artistique et cela passe par la possibilité pour eux de s'acheter du matériel comme des toiles, de la peinture ou tout ce dont ils ont besoin. Nous avons par exemple une céramiste qui a besoin d'outils spécifiques. Donc tout le matériel a été financé par cette subvention. Pour l’un des lauréats sénégalais, le photographe Xaadim Bamba Mbow il y a un sentiment de fierté à avoir été sélectionné.« Oui, c'est une fierté. C'est un honneur aussi d'être choisi parmi beaucoup d'autres talentueux artistes. Ça nous rassure que notre travail est apprécié et que le travail mérite d'être investi. Je pense que c'est important et les artistes ont besoin de ce genre d'initiatives. Cela nous booste en quelque sorte ».« Ah ! en fait son travail est intéressant !?! »La plupart des plasticiens récompensés le confirment, outre la somme allouée, le fait d'être sélectionné et ainsi mis dans la lumière les conforte dans une ambition artistique pas toujours facile à assumer, comme l’explique Barbara Kokpavo« Pour l’un des artistes, Emmanuel qui est de Kumasi, il sort directement de l'université, il s'est senti valorisé parce que dans sa famille, il n’était pas vraiment accompagné dans cette trajectoire. » Et le fait de recevoir un prix, ça vient conforter sa famille qui se dit : « Ah ! En fait, son travail est intéressant !?! ».L'Africa Prime Initiative est aussi un moyen d'exposition et de reconnaissance aux yeux d'un marché international de l'art de plus en plus friands de créations contemporaines africaines« En tant qu'artiste, on veut être reconnu pas seulement ici à Dakar, mais aussi à l'international » explique Ami Célestina Ndione, une autre lauréate sénégalaise.« Heureusement, on a la Biennale de Dakar, pendant le Dak’Art, il y a pas mal de visiteurs, des collectionneurs qui passent, donc, même si on n'a pas d'espace pour exposer, tu peux rencontrer des gens qui peuvent venir voir ton travail ».Pour apprécier les artistes ghanéens et sénégalais, sélectionnés et récompensés par l’API, leurs nouvelles créations seront exposées cet automne à Dakar et à Accra aux galeries Loman Art et Soview.À lire aussiApi Afrique rend les femmes et mères sénégalaises plus heureuses
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  • Zabbaan, le goût des fruits maliens pour tous
    Aug 28 2024
    Aïssata Diakité a conjugué son goût pour les fruits de son pays, avec un marché qui s'ouvre de plus en plus à l'international, celui des jus, des confitures ou des tisanes, issus de l'agriculture ouest-africaine. En sept ans, sa marque Zabbaan a su promouvoir un savoir-faire auprès des consommateurs friands de nouveaux goûts, au bénéfice des coopératives agricoles avec lesquelles elle travaille. Le Zabbaan… si vous n'avez jamais goûté ce fruit acidulé et délicieux, Aïssata Diakité se fera un plaisir de vous expliquer de quoi il s'agit. « En fait, c'est un fruit, un peu comme le fruit de la passion. Riche en vitamines C. Quand j'étais petite, j'allais chercher ce fruit dans la forêt et c'est très dangereux parce que l'arbre est souvent truffé de serpents. J'ai tellement été punie pour ça ! (rires) Donc, je pouvais vraiment pas louper ce fruit-là en fait pour le nom de mon entreprise », explique cette entrepreneuse trentenaire qui navigue entre Paris et Bamako.De l'interdit de son enfance, puis ensuite d'un master en agrobusiness en France, Aïssata a conservé deux choses : d'une part, une passion pour les saveurs des fruits africains de sa jeunesse et d'autre part, la volonté de les transformer en jus, en confiture, en confiserie de qualité, accessible au plus grand nombre. De là, est née en 2017 l'entreprise Zabbaan, du nom de ce fruit qui pousse dans les arbres de Mopti et d'ailleurs au Mali.Pas de produits africains dans les rayons« Je suis née dans une région très agricole », explique la patronne malienne. « La région du Mopti. Donc après mon baccalauréat scientifique, je suis venue en France pour étudier l'agrobusiness et j'ai été très choquée de voir qu'il n’y a pas de produits africains dans les rayons quand on fait nos courses. Quand je faisais mes travaux pratiques à l'école, c'était tout le temps avec des fruits, des poires, des pommes ou des pâtés de porc, etc. etc ». « Donc, les week-ends, je m'amusais à faire beaucoup d'essais avec d'autres produits pour essayer d'innover et créer une gamme. »Quatre-vingts produits différents sortent depuis de son usine de Bamako pour le marché malien, mais aussi sous-régional comme en Côte d'Ivoire, au Sénégal ou bien au Bénin. Des produits qui s'exportent aussi de mieux en mieux en France dans certaines épiceries fines ou des hypermarchés comme la chaîne Carrefour.Le parfum du fruit ressemble de plus en plus, aujourd'hui, au parfum du succès, même si les débuts n'ont pas forcément été faciles pour cette entrepreneuse malienne.« L'accès au financement est très, très difficile en Afrique. C'est une problématique pour toutes les PME et en même temps, une femme va plus galérer qu'un homme. Moi-même au Mali, j'ai vu des business plans d’hommes qui ont été financés alors que nous (les femmes) on est là, on est en activité, tu as des chiffres, tu as une réalité, mais on ne te finance pas ! Donc, il y a beaucoup de discrimination. Je ne me victimise pas, mais ce sont des faits que je mets sur la table. Ce n'est pas pour autant aussi que j'ai abandonné. Cela donne beaucoup d'énergie et en même temps, quand on arrive à avancer, le succès est beaucoup plus beau à célébrer, en fait », se réjouit cette femme battante que l’on sent néanmoins contrariée par ce constat d’une discrimination au financement à qualité et compétence égales, voire, supérieures.Quand on arrive à avancer, le succès est beaucoup plus beau à célébrerLe succès de Zabbaan, Catherine Mounkoro l'apprécie également. Catherine est responsable d’une coopérative agricole de femmes à Gwadouman Goundo dans la commune de Koulikoro au Mali. Avec trente de ses collègues, elle récolte le mil, le pain de singe ou l'hibiscus pour fournir l'usine de Bamako.« Si c’est de la qualité, c'est sûr que ça va marcher sur le marché ! Nos produits partent en France, en Côte d'Ivoire, au Burkina, donc c'est une fierté pour nous, ça fait que la coopérative est reconnue au Mali. Tu sais que vraiment ces gens-là sont en train de mouiller le maillot, vraiment ! », s’enthousiasme Catherine.Ce projet intégré de l'agriculture jusqu'aux produits finis en magasin s'est fait avec l'expertise professionnelle de Aissata Diakité bien sûr, mais aussi avec un petit coup de pouce du programme Pass Africa, un programme de BPI France qui vise à accompagner et à conseiller les porteurs de projets comme celui-ci.Sébastien Pascaud, coordinateur du Pass Africa, en explique la philosophie. « Au travers du pass, on va accompagner des entreprises qui ont parfois cette double culture, et Aissata en est un exemple. C'est l'association du meilleur des deux mondes, avec une vision technique la plus développée à travers ses études. Et ces éléments-là, elle vient aussi les apporter pour déployer et partager la valeur entre les deux continents. »Zabbaan, une PME d'une ...
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  • Téré Box distribue de l'énergie propre au Burkina Faso
    Aug 18 2024

    Au Burkina Faso, deux jeunes entrepreneurs ont créé et commercialisé une boîte à outil électrique. Un système « tout compris » qui permet au foyer de s'équiper en électroménager et de bénéficier d'une énergie quasiment gratuite : l'énergie solaire. La Téré box, conçue par la société Alioth, fait des heureux dans les zones les moins bien desservies en électricité au Faso.

    Sur le stand du dernier salon Vivatech de Paris, où il exposait en mai dernier, Abdala Dissa, le cofondateur d'Alioth System, ne manque pas d'enthousiasme pour présenter son invention : la Térébox, littéralement la boîte solaire en langue dioula. « C'est le produit le plus distribué depuis qu'on a commencé. On en a vendu au moins 35 000 au Burkina, en milieu rural et même en milieu urbain. » La Térébox est une boîte grosse comme une armoire à pharmacie, branchée sur un panneau solaire reliée à un équipement de base pour les familles burkinabè, celles qui vivent dans les zones les moins bien distribuées en réseau électrique. Christophe Tougri, cofondateur et président d'Alioth System, explique le fonctionnement de leur invention.

    Système inclusif

    « C'est une box intelligente qui permet d'accumuler l'énergie et de la distribuer sur plusieurs types d'utilisation. On a la lampe, on a la télé, on a le ventilateur et puis on a le système de recharge de téléphone. Dans le profil d'un utilisateur de la Sonabel qui est la société nationale d'électricité au Burkina, ce genre d'équipement correspond à quelqu'un qui est branché sur un segment de trois ampères. Le panneau solaire est sur le toit, la box à l'intérieur. On fait le système de câblage pour les lampes, il y en a six : au salon, dans les chambres ou pour la femme qui vend les cacahuètes dehors. Cela permet aux élèves qui sont sur la terrasse de pouvoir aussi lire et étudier.

    « On fournit aussi une torche, une radio qu'on donne pour permettre au chef du foyer d'être tranquille dans son fauteuil, d'écouter RFI », plaisante l'un des deux patrons d'Alioth.

    Même si les composants sont fabriqués en Chine, l'assemblage de la boite électrique s'effectue à Ouagadougou grâce aux 50 employés que compte l'entreprise depuis 2017.

    L'Afrique est le premier continent de l'innovation

    Les deux cofondateurs ont lancé l'aventure d'Alioth System en revenant d'expatriation au Faso ont misé toutes leurs économies, soit 60 000 euros, dans ce projet un peu fou, mais sur lequel a aussi parié Orange. L'opérateur téléphonique s'est associé à Alioth en permettant le prélèvement, via Orange Money, des factures pour l'achat du kit ce dont se félicite la directrice exécutive RSE d'Orange, Elisabeth Tchounghi : « Je suis convaincu de deux choses. La première, effectivement, ces start-up apportent des réponses à des besoins locaux. Mais je vais plus loin, je pense qu'aujourd'hui, l'Afrique est le premier continent de l'innovation dans le monde. Cette créativité des start-up africaines qui évoluent justement dans un contexte parfois complexe, cette approche innovante au bénéfice de tous, je trouve que ce sont des start-up qui ont des leçons à donner au monde entier. Donc je suis absolument convaincue que l'Afrique est le continent de l'innovation pour répondre aux grands enjeux de transformation de notre siècle. »

    L'un des enjeux du siècle, c'est aussi le transport propre. Or l'autre projet de Christophe Tougri et d'Abdalla Dissa, c'est de développer une formule de commercialisation de scooters et de voitures avec des batteries électriques adaptées aux fortes chaleurs du Burkina Faso.

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  • Accompagner les sportifs africains de demain et ceux en reconversion
    Aug 12 2024
    Y a-t-il une vie après les Jeux olympiques et après le sport pro en général ? Alors que les JO de Paris s'achèvent, rencontre avec un incubateur qui propose aux sportifs africains ou de la diaspora d'aborder leur carrière de la meilleure manière possible afin d'assurer leur avenir à l'issue de leur parcours sportif. On peut être doué pour le sport de haut niveau et se trouver démuni quand il s'agit de gérer sa carrière. C'est avec ce constat qu'Abdoulaye Sidibé, concepteur du programme Incubasport, propose depuis 2022 de conseiller, d'accompagner des sportifs professionnels africains ou binationaux dans leur parcours et, aussi, lors de la délicate période de fin de carrière. « On sait que la reconversion professionnelle des sportifs de haut niveau, c'est un vrai sujet, constate Abdoulaye Sidibé. Ils sont exposés, ils ont aussi des grosses pertes de revenus. Il y a beaucoup de choses qui arrivent après une carrière quand on n’a pas assez anticipé et l'idée est vraiment de les accompagner pas à pas, soit sur leur projet professionnel : créer une entreprise, créer une association…. Soit personnellement, c'est-à-dire avec un suivi athlétique, un suivi sur la santé ». L'objectif est aussi de permettre à de jeunes sportifs de mieux appréhender les codes de leur métier afin d'éviter des erreurs de parcours dans un monde sportif africain qui n'est pas encore parfaitement professionnalisé, constate Abdoulaye.Ne pas lire un contrat comme on lit un manga« Concrètement, on réunit une expertise autour d'eux, explique-t-il. Il y a la partie conseil juridique. Les contrats, il ne faut pas les lire comme si c'était un manga ! . Il faut vraiment passer du temps là-dessus. On revoit la copie jusqu'à ce que ce soit acceptable et "win-win" pour les parents, les familles. Ensuite, il y a la partie sponsoring, équipement. Il faut savoir qu’en Afrique particulièrement, y a des problèmes au niveau des équipements. Les athlètes n'ont pas de pointes, les boxeurs n'ont pas les shorts ni les protège-dents. »Devenu membre du programme à part entière, Sedia Sanogo, capitaine de l'équipe ivoirienne de boxe, a pu remonter sur les rings suite aux conseils de coach qui ont su la remotiver. « J'ai eu une pause de trois ans dans ma carrière qui m'a coûté cher, avoue-t-il. J'avais perdu un gros combat pour me qualifier pour les Jeux Olympiques. Donc, du coup, je n'avais vraiment plus envie d'entendre parler de sport. J'étais démotivée. Après le deuxième arrêt, je suis remontée sur le ring, j'ai pu prouver ce que je pouvais faire et j'ai créé mon association et j'ai eu envie d'aider les autres. »Le but est de professionnaliser le parcours du sportif africain, ce dont se félicite Maria Tavares. Cette Cap-Verdienne est agent de foot féminin et elle constate que le manque de cadres et de protection des sportifs professionnels poussent, trop souvent, ces derniers à jouer hors de leur pays. Une joueuse zambienne, plus gros contrat de foot pro « La joueuse de football féminin professionnel la plus chère au monde au niveau de son contrat vient de Zambie, raconte-t-elle. Elle joue aux États-Unis au Bay FC de San José. Racheal Kundananji, son contrat est presque à 800 000 dollars, ce qui est quelque chose ! Et puis après ? Cela montre que le football pro féminin, d'ici à dix ou quinze ans, il peut être africain. Donc, du coup si on l’accompagne il n’y a pas de raison que cela ne soit pas développé ! ».Incubasport a récemment signé une convention avec la ville de Dakar dans la perspective des Jeux olympiques de la jeunesse de 2026. Des Jeux où de nombreux jeunes talents africains pourraient devenir les champions accomplis de demain.À écouter aussiJO 2024: «la médaille d'or de Letsile Tebogo est une victoire pour tout le continent africain» À écouter aussiJeux olympiques de la Jeunesse de Dakar: «L’olympisme charrie des valeurs que nous avons besoin de disséminer» (Ibrahima Wade)
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  • Vernis Rouge: la qualité pour ses clients, la stabilité pour ses employés
    Aug 3 2024

    Fabriquer à Abidjan des chemises de qualité qui conviendront à une clientèle ivoirienne exigeante, mais aussi à un marché international, c'est ce à quoi s'emploie la PME Vernis Rouge fondée il y a quatre ans par un jeune couple plein d'ambition pour son équipe.

    « Ici, on ne peut pas faire dans l'à-peu-près, vu que l’on tient à s'exporter. On ne peut pas offrir localement quelque chose d’approximatif et se dire que, de toute façon, cela va se vendre ailleurs. Donc localement et de façon internationale, il faut qu'on puisse vendre le made in Africa et le bon made in Africa ».

    Dans son atelier d’Angré, dans la banlieue nord d'Abidjan, Yasmine Diaby nous résume la philosophie de l'entreprise de confection qu'elle a fondé avec son conjoint Honoré Diarrassouba, cofondateur de la marque Vernis Rouge.

    Ne pas faire dans l'à-peu-près

    « Nous, on a décidé de se mettre sur ce créneau-là justement parce que l’on a estimé qu'il y avait une place à prendre sur le créneau des chemises classiques. La plupart de ce qu'on trouve localement, ce sont des marques internationales. Donc, on s'est dit qu'effectivement, il y avait quelque chose à capter » affirme Honoré avec enthousiasme. « L’une de nos particularités, que nos clients ne trouvaient pas forcément avec les marques internationales existantes, c'est une sorte d'exclusivité parce que nos chemises sont produites en séries relativement limitées » ajoute le jeune entrepreneur.

    Proposer du prêt-à-porter haut de gamme aux standards internationaux pour une clientèle locale désireuse de consommer africain, c'est ce qui a permis à la marque Vernis Rouge de prospérer dans ces deux ateliers d'Angré et de Riviera.

    La plupart des machines ont été achetées sur fond propre, deux d’entre elles ont été offertes par Proparco, la filiale investissement privée de l’Agence française de développement, suite à un concours de « pitch » organisé par la fondation Sephis.

    Fabriquer ivoirien

    Cela a permis à Vernis Rouge de surfer sur le « fabriqué ivoirien » pour des clients ivoiriens. Plus tard, et puisqu'ils respectent les normes internationales de taille de leurs chemises, ils ne s'interdisent pas un développement grâce à la vente par Internet comme l’imagine Honoré Diarrassouba.

    « Le digital est possible dans la mesure où nous travaillons chaque jour à la standardisation de nos tailles. La taille M que nous portons à Abidjan doit être le M qui se porte à Paris. Une fois que c'est fait, le digital sera une conséquence et le marché est là, en fait ! ». En quatre ans, la marque Vernis Rouge est passée de quelques dizaines à plus de cent-dix chemises assemblées par semaine. Le plus grand motif de fierté pour Yasmine et Honoré, c'est d'avoir permis à treize couturiers d'Abidjan de trouver un emploi stable et un salaire régulier.

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  • La santé à portée de main avec l'application camerounaise Waspito
    Jul 27 2024

    Focus sur une start-up camerounaise, Waspito, qui présentait en mai dernier à Paris au salon VivaTech son application. Une appli de consultation médicale à distance qui permet de résoudre les questions d'accès aux soins dans les zones les moins favorisées et les moins médicalisées du Cameroun.

    « Il y a quelques années, j'ai perdu mon père qui voulait que je sois médecin. Il a eu une crise cardiaque. Dans sa ville de Kumba, il n'y avait pas de cardiologue et le temps de le transporter là où il y avait un cardiologue, il est mort en chemin ». Ce souvenir marque encore, six ans plus tard, Jean Lobe Lobe.

    Faute d'accès rapide à un cardiologue, son père décédé. De ce drame personnel est née une idée, celle de créer une application de consultation médicale à distance, Waspito. Téléchargeable sur smartphone, cette appli permet aux patients, même éloignés des grandes villes, de trouver rapidement un médecin généraliste ou bien un spécialiste disponible.

    « Mes premiers pas, c’était avec mes économies propres. J'ai vendu ma maison, pratiquement tous mes biens. Ce n'était pas facile. Il a fallu convaincre mon épouse pour prendre ces risques, explique-t-il. Moi-même, j'ai pris deux ans pour apprendre à coder en PHP. Je suis allé sur Youtube apprendre à coder. Ensuite, il fallait rassembler une équipe », se souvient Jean que rien ne prédestinait à la médecine.

    En 2018, à force de courage et de volonté, Jean Lobe Lobe, réussi à monter sa start-up jusqu'à réunir la somme de 6 millions de dollars - soit 3,5 milliards de francs CFA - pour concevoir et lancer son application. D'entreprise unipersonnelle, Waspito est devenue une société de 40 salariés répartis sur Douala, Yaoundé et également Abidjan.

    Quarante salariés en six ans

    « Dans 70 % des cas, quand vous allez à l'hôpital, c'est juste une conversation entre vous et le médecin. Il ne vous touche pas, explique Jean Lobe Lobe. Donc la première chose qu'on utilise pour essayer d’améliorer l'accès aux soins, c'est juste de commencer par l'appel vidéo dans l'application. Donc même si on est en "brousse", vous avez accès à 1 200 médecins sur l'application Waspito. Je choisis mon médecin et je paye par Orange Money », décrit le concepteur de l’application tout en faisant une démonstration sur son smartphone.

    1200 médecins consultables, même en brousse

    Le coût d’une consultation à distance est de 4 000 francs CFA pour un généraliste ou 10 000 pour un spécialiste. Un tarif sensiblement le même qu'en présentiel, mais il permet d'économiser le coût du transport et de gagner en rapidité.

    Alexis Tazinya, médecin généraliste à Douala, fait partie de ceux qui ont adopté l'application : « Je suis à Douala, mais je consulte les malades dans différentes zones reculées. L'accès à internet grandit chaque jour, donc la médecine 3.0, c'est très important pour toute personne en Afrique. »

    Au Cameroun, avec ses 28 millions d'habitants, l'OMS recense un médecin pour 8 000 à 10 000 camerounais. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la couverture minimale préconisée est de 3 médecins pour 1 000 habitants. L'application de Jean Lobe Lobe permet donc de limiter les effets des déserts médicaux en Afrique.

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  • Côte d'Ivoire: un centre d'alphabétisation veut donner plus d'indépendance aux femmes d'Anoumabo
    Jul 20 2024
    Depuis bientôt 25 ans, l'Association internationale des femmes de Côte d'Ivoire (AIFCI) vient en aide aux femmes jeunes ou moins jeunes déscolarisées qui ne maîtrisent pas la lecture, l'écriture ou le calcul. Un centre gratuit, tenu par des bénévoles qui donnent une deuxième chance aux femmes du quartier populaire d'Anoumabo. Dans le quartier populaire d’Anoumabo, au centre d'alphabétisation de l'AIFCI, l'activité bat son plein. Elles sont des dizaines de femmes, jeunes filles et mamans plus âgées qui répètent ensemble les leçons des professeurs et des animateurs bénévoles. Bema Kamagate explique son travail en tant que professeur bénévole de CP2 « On va permettre à ces dames de mieux garder ce qu'elles ont appris au CP1. En plus, nous allons leur ajouter des notions de conjugaison, de grammaire, de vocabulaire afin de préparer ces dames à mieux cerner la classe d'après ». Quand on lui fait remarquer qu’il y a une grande différence d’âge - entre certaines filles et des dames qui pourraient être leur mère -, le professeur bénévole répond avec un peu de fierté et beaucoup de tendresse pour ses élèves : « En Côte d'Ivoire, on a beaucoup de jeunes, souvent qui sont déscolarisés. Il y en a aussi qui n'ont pas eu la chance d'aller à l'école. Donc ici, nous donnons d'abord la chance aux plus âgés. Il faut dire que vraiment, elles sont volontaires, il faut le dire ! Pour nous, c'est aussi un plaisir de donner une partie de nous-mêmes. Parce que, être ici en tant qu'enseignant, c'est d'abord donner une partie de soi parce que comme on le dit : l'école, c'est la lumière ! ». Véronique est originaire de Bondoukou. Débarquée à Abidjan très jeune, elle a raté plein d'opportunités d'emploi, faute de savoir lire et écrire. Aujourd'hui, à 36 ans, elle reprend le chemin de l'école et du tableau noir. « À l’âge de 10 ans, j’ai cherché l’argent. Mais maintenant, j'ai compris que l'école, c'était important. Je prenais des cours du soir dans une autre école, mais là-bas, je payais cher, donc c'est une sœur qui m'a parlé d'ici. En plus, c'est gratuit. J'ai compris que quand tu ne sais pas lire ou écrire, c'est un peu comme quand tu es aveugle. Tu es là, tu vois, mais tu es aveugle. Donc savoir lire, écrire, c'est très important », conclut Véronique.« Quand tu ne sais pas lire ou écrire, c'est un peu comme quand tu es aveugle »Rebecca Ozé qui l’écoute, elle, a débarqué un peu par hasard au centre d'enseignement pour fuir la maltraitance de ses parents. D'abord apprenante, Rebecca est devenue enseignante bénévole. Elle nous décrit l’importance de l’existence de tels centres pour les femmes déscolarisées. « Ici, c'est vraiment le centre de l'espoir. C'est une deuxième chance qu'on vous donne parce que moi, étant déscolarisé, c'était une deuxième chance qu'ils m'ont donné de pouvoir m’en sortir ». « Quand on ne sait pas lire et écrire, on est "handicap" dans la société pour pouvoir travailler. Ces dames qui viennent ici, ce sont des commerçantes et même au marché, elles ont besoin de savoir lire, écrire et de savoir compter parce que, très souvent, elles se trompent dans leurs calculs de monnaie. Le fait de venir apprendre ici à lire, à compter, c'est vraiment très bénéfique pour elles ! ». « Ici, c'est vraiment le centre de l'espoir »Grâce à ces centres d’enseignements bénévoles et aussi certaines opérations comme « Alphatic » portées par l'Unesco, qui forment des femmes par le biais d'applications sur smartphone, la maîtrise de l'écriture et de la lecture progresse en Côte d'Ivoire. Et son corollaire : la pauvreté des femmes régresse même si elle reste trop importante.Yves Marius sagou, chargé d'alphabétisation à l'Unesco en Côte d'Ivoire le constate chaque année dans ses études. « Quand vous regardez la carte la pauvreté en Côte d'Ivoire et que vous la comparez à la carte de l'analphabétisme, vous voyez que c'est pratiquement pareil et cela est lié au fait que les gens n'ont pas reçu l'éducation qu'il leur fallait depuis l'enfance. Ils sont donc restés dans la pauvreté et la précarité », déplore-t-il. L'analphabétisme chez les femmes diminue en Côte d'Ivoire, il est passé de 71 % en 1998 à 53 % en 2021 selon l'Unesco. Le travail d'éducation et des centres d'alphabétisation comme celui d’Anoumabo ont encore un peu de chemin à faire.
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