• Les trois filles de Gnamien Kli le bon dieu
    Jun 14 2021
    Gnamien Kli le bon dieu avait trois enfants : Kpin l’aînée, Sèssè l​a​ cade​tt​e​, et Kanhan la benjamine. Ces trois filles là vivaient en parfaite harmonie. ​Elles​ ​prenaient leurs trois repas par jour, que leur père leur faisait parvenir par l’intermédiaire de son émissaire. Quand l’heure de manger arrivait, les trois filles se mettaient à chanter en chœur et, lorsque leurs voix mélodieuses parvenaient à leur père, celui-ci leur envoyait de quoi se nourrir. Et tout le monde se régalait, et tout le monde était content́. Les trois filles réservaient toujours une portion du copieux repas à leur amie commune, Idjirwa la fourmi.Voilà qu’un jour, en l’absence de Kpin et de Sèssè, Idjirwa la fourmi s’approcha de Kanhan la benjamine et lui tint ces propos : « Toi, Kanhan, sais-tu que c’est ta voix aigüe qui touche le cœur de Gnamienkpli votre père ? Je t’assure que sans toi, votre ensemble ne serait pas si mélodieux.»Ces propos flatteurs firent naître chez la benjamine un sentiment d’orgueil. Elle venait ainsi de réaliser l’importance qu’elle avait dans le chœur qui leur permettait d’obtenir leurs trois repas quotidiens.Un autre jour, Idjirwa la fourmi se rendit auprès de Sèssè l​a​ cadet​te​ et lui dit : « Tu sais, au football, le numéro 10 est le meneur de jeu. Je comprends maintenant pourquoi ce sont les numéros 10 qui remportent le plus souvent le ballon d’or. Dans le chœur des enfants de Gnamienkpli, s’il faut attribuer le numéro 10 à quelqu’un, je te le donne sans réfléchir à toi, la voix medium. » - Sèssè : Ah vraiment ?A ces mots, Sèssè ne se sentit plus de joie, elle était fière de savoir que la beauté du chœur dépendait d’elle, uniquement d’elle.Le jour suivant, Idjirwa la fourmi alla trouver Kpin, l’aînée, et lui dit : « Toi, la voix basse qui assures et qui rassures, tu es pleinement dans ton rôle d’aîné, les autres voix peuvent se reposer sur toi, sans toi elles se perdraient dans l’air et vous seriez déjà mortes de faim. » - « Ah Idjirwa, tu me flattes ! » répondit Kpin.Elle venait de réaliser l’importance capitale de la basse dans le chœur.Dès lors, chacune des trois filles de Gnamienkpli était convaincue d’être indispensable au trio. Cela leur donna des ailes. Aux heures des repas, chacune faisait son petit numéro, ivre d’orgueil et de caprice. Désormais, chacune traînait des pieds et se faisait désirer au moment de se réunir. Parfois, c’était sous la fausse médiation de la fourmi que le chœur parvenait à s’assembler. Lassée des caprices de ses jeunes soeurs, Kpin décida de se retirer pour chanter seule. Sèssè et Kanhan firent de même, chacune partit de son côté. Mais durant les trois jours au cours desquels elles chantèrent en solo, les filles du bon dieu ne rencontrèrent que l’indifférence de leur père. En conséquence, aucune nourriture ne leur parvint durant trois jours.Le soir du troisième jour, affamées, elles se décidèrent enfin à se parler. Elles se rendirent compte que leur discorde venait des commérages de Idjirwa la fourmi. Pour en avoir le cœur net, elles décidèrent de réunir à nouveau leurs voix. Après les trois couplets habituels, voici que l’émissaire de Gnamienkpli se présente les bras chargés de victuailles. Des fruits et des légumes juteux et savoureux, des grandes portions de foutou banane, de placali, accompagnés de sauce graine, sauce gouagouassou, sauce arachide, de grands plateaux de poissons bra​i​ssés, de poulets piqués, accompagnés de frites d’igname, de frites de patate, de frites de plantin, et cætera, et cætera, et cætera. Chant-chœurTout le monde était contentChant-chœurLes filles résolurent alors de se débarrasser de la fourmi.Ce rejet eut pour conséquence de plonger la fourmi dans la faim, au point d’être presque coupée en deux. Depuis, elle est contrainte de travailler en équipe avec ses congénères pour assurer sa survie. Les hommes et les femmes, quant à eux, ont perdu toute confiance en la fourmi, c’est pourquoi dès qu’ils sentent sa présence sur son corps, ils s’en débarrassent aussitôt.Mon conte est fini.CréditsLes trois filles de Gnamien Kli le bon dieu Interprété par Koami Vignon et Vincent Kouamé. Chant : Rebecca Kompaoré, Valérie Gobey et Flore Kra. Musique : Jean Sempé Ake Olloé.Recherche des contes et adaptations : Flore Kra, Valérie Gobey, Eugène Konan et Elvis Tanoh.Production déléguée : Sonia Arruda Touré, Romain MassonAssistant de production : Romain Chmiela, Eugène Konan,Assistant à la réalisation : Elvis Tanoh.Réalisation : Laure Egoroff et Tidiane Thiang.Remerciements à Thomas Weill, Yanick Zagba, Sony Music Africa, Stéphane Dogbo, et les équipes de RFI.Avec le soutien du programme "Accès Culture" de l'Agence française de développement et l'Institut français.Une production Making Waves et Des ...
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    6 mins
  • Mille jours pour le voleur et un jour pour le propriétaire
    Jun 14 2021
    L’histoire que je vais vous raconter est celle de Kôyô-kôyô, vaillant et infatigable travailleur, qui aimait la terre. Il la cultivait avec amour et abnégation. Comme la terre n’est pas ingrate, elle lui rendait bien ses efforts. À chaque fête de fin des récoltes, Kôyô-kôyô dansait et chantait comme personne, parce que le rendement de ses terres était immense.Conteur : Aboué ?Groupe : Wéyé !Conteur : Mais comme toujours, la réussite fait des jaloux.Voix dans le groupe : Ah bon, qui sont les jaloux, conteur ?Conteur : Et bien pour connaître les jaloux, il faut savoir pourquoi Kôyô-kôyô était envié. Voix dans le groupe : Pourquoi, conteur ?Conteur : Pourquoi ? Kôyô-kôyô n’était pas jeune. Il avait environ 75 hivernages, en langage familier 75 ans. Et oui, sous le poids de l’âge, son dos s’était courbé, il arrivait à peine à se redresser. Mais détrompez-vous, ce vieux travaillait avec la vigueur d’un jeune de 20 ans. Il était apprécié de certains villageois, surtout de la gent féminine, qui avait même créé une chanson pour le vieux Kôyô-kôyô.Traduction du chant : Je cherche un homme beau, je cherche un homme jeune, je cherche un homme intelligent, mais plus encore un homme comme Kôyô-kôyô. Conteur : Dans le village de N’zaa-kaha, la beauté d’un homme se mesurait au rendement de ses terres. Et Kôyô-kôyôétait capable de cultiver une plantation d’arachides de dix hectares.Voix dans le groupe : Ce n’est pas possible, conteur ! Jamais ! Aucun homme ne peut faire ça !Conteur : Et pourtant si... Mais Kôyô-kôyô avait un secret.Voix dans le groupe : Quel était son secret ?Conteur : Son secret, c’était sa daba magique !Voix dans le groupe : Daba magique ?Conteur : Et oui, le vieux Kôyô-kôyô utilisait une daba magique qui était capable de débroussailler une plantation en moins de temps que 100 gaillards réunis. Et oui, même si sa daba magique faisait beaucoup pour lui, le vieux Kôyô-kôyô prenait aussi le temps de parler à ses plantes. Tous les matins, avant le lever du soleil, dès que le coq commençait à chanter en choeur avec les pillons des femmes, Kôyô-kôyô se rendait dans son champ pour souhaiter une belle journée à ses plantes avant de les arroser.Voix dans le groupe : En tous cas, Kôyô-kôyô était brave. Voix dans le groupe : Mais conteur, c’est sa daba magique qui travaillait, pas lui !Conteur : La daba magique de Kôyô-kôyô n’était pas tombée du ciel mes enfants. Pour trouver la réussite, il faut passer par le chemin de la persévérance. Depuis sa jeunesse, il s’était toujours démarqué par sa force de travail. Kôyô-kôyô, dans son grand âge, avait fini par être récompensé. Un jour, des génies étaient venus le voir dans son champ et ils lui avaient remis cette fameuse daba magique, en guise de reconnaissance pour son amour de la terre. La terre aime ceux qui la travaillent. Et les esprits aiment ceux qui travaillent la terre.Voix dans le groupe : Et après, conteur ?Conteur : Figurez-vous, dans ce même village, vivait un vieil homme paresseux, jaloux et voleur, nommé Kayouhou. Il passait son temps à embellir ses mains, son corps, et à jaser sur tout et rien. Il avait pour habitude de se servir dans le champ des autres. Cette année, il jeta son dévolu sur la plantation du vieux Kôyô-kôyo. Ca lui apprendrait à faire le fier durant la fête des récoltes ! Kayouhou n’était pas un voleur ordinaire. Certes, il était paresseux pour faire les travaux champêtres, mais il s’appliquait beaucoup quand il s’agissait de voler.Kayouhou : Mais pourquoi se fatiguer à travailler dans les plantations. Moi Kayouhou, je ne cultive pas, mais je me nourris bien. Toi, le vieux Kôyô-kôyo, continue, continue d’avoir la force de travailler pour que je vive bien. Ah, la belle vie !Conteur : Tout comme le vieux Kôyô-kôyô aimait passionnément travailler la terre, Kayouhou lui, aimait passionnément voler ce qui sortait de la terre des autres. Il avait même une chanson spéciale qui l’inspirait dans sa besogne.Chant Voix dans le groupe : Kayouhou est mauvais, déh ! Tous tes amis travaillent, tu vas voler !Conteur : Aaaah ma fille, le lendemain de ce vol, lorsque le vieux Kôyô-kôyo retourna à sa plantation, il constata que ses plants avaient été arrachés. Il se dit que ce devait être l’œuvre d’un animal, il pensa à un gros agouti. Il décida alors de poser un piège pour attraper cette bestiole qui détruisait sa récolte.Le jour d’après, au moment même où le vieux Kôyô-kôyô quittait sa plantation d’arachides, Kayouhou le voleur apparut.Voix dans le groupe : Il a donc attrapé Kayouhou ?Conteur : Kayouhou n’était pas la moitié d’un imbécile, mon fils. Il était aussi rusé que mauvais.Il évita le piège qui était dressé devant lui, toujours en bourdonnant sa fameuse chanson.Chanson Conteur : Lorsque le vieux ...
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    11 mins
  • N'Verfouai, le ver de terre
    Jun 14 2021

    Savez-vous pourquoi le ver de terre n’a pas d’os et vit sous le sol ? Cette histoire vous en donnera les raisons.

    Il y a longtemps, très très longtemps, au temps de la création, c’est le père de ver de terre qui avait été chargé par Dieu de distribuer aux êtres les os qui donneraient à leur corps la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.

    Les êtres se présentaient à tour de rôle dans son atelier pour se procurer les os de leur préférence. Les modèles, les tailles, les formes et les qualités étaient au choix du demandeur et le père de ver de terre, par le talent que Dieu lui avait donné, assemblait les os choisis dans les différents corps. Les animaux repartaient chez eux pleinement satisfaits de leur nouveau squelette. Arrivés en rampant, ils se déplaçaient désormais avec beaucoup d’aisance, d’élégance, ils avaient fière allure.

    Certains, comme l’éléphant, le rhinocéros, l’hippopotame, avaient choisi les os les plus gros. La girafe opta pour les plus longs. La tortue, le crabe, et l’escargot mirent l’accent sur leur sécurité en choisissant des os comme couverture. Les poissons et les serpents, privilégiant leur agilité, se déterminèrent pour les os les plus petits.

    Pendant que tous les êtres convergeaient vers la maison de son père, ver de terre, lui était tranquillement couché, persuadé qu’à tout moment, il pourrait trouver des os à sa convenance. Les demandeurs le trouvaient toujours à la même place, se moquant de leur empressement. Quand certains lui disaient de faire son choix pendant qu’il en était temps, il les prenait de haut : « Les os ne sont pas une inquiétude pour moi, je suis le fils du fournisseur ! C’est plutôt moi qui devrais m’inquiéter pour vous. »

    Chaque jour, leur cour était bondée de monde et ver de terre se sentait envahi. « Poussez-vous ! On ne peut plus respirer ici ”. Ces visites répétées le dérangeait, il se moquait des demandeurs. Il avait des propos déplacés : « Eh l’éléphant, pousse tes grosses fesses. Oh toi la girafe, avance avec ton long cou ! » Puis, il s’habitua à ce flot de visiteurs et ne leur prêta plus attention. Il avait mieux à faire que de s’occuper de ces êtres si pressés de se procurer une ossature !

    Les jours passaient et ver de terre ne se rendait pas compte que le nombre de visiteurs diminuait. Deux jours de suite, personne ne se présenta. Mais ce n’est qu’au troisième jour que ver de terre prit conscience que les visites avaient cessé. Il se dit que le moment était venu de choisir ses propres os en toute tranquillité. Mais en pénétrant dans l’atelier de son père, quelle ne fut pas sa surprise de constater qu’il était vide. Non seulement, aucun visiteur n’était en vue, mais son père n’était plus là et tout son matériel avait disparu. « Que se passe-t-il ? Où est mon père ? » dit ver de terre. L’inquiétude et la confusion s’emparèrent de lui. Il eut beau tourner, se retourner, il était seul, tout seul. Alors, une voix se fit entendre : « La mission que j’ai confiée à ton père est terminée. Tous les êtres qui voulaient des os en ont eu. Toi, tu as été négligent et tu vas en subir les conséquences toute ton existence. »

    Confus et honteux, ver de terre décida de s’enfoncer dans le sol pour éviter la moquerie de ses concitoyens.

    Comme on dit chez nous : « Qui remet à demain, trouve malheur en chemin ! ».

    Crédits

    N'Verfouai le ver de terre

    Interprété par Flopy Mendosa avec la voix de Stéphane Dogbo.

    Musique : Jean Sempé Ake Olloé.

    Recherche des contes et adaptations : Flore Kra, Valérie Gobey, Eugène Konan et Elvis Tanoh.

    Production déléguée : Sonia Arruda Touré, Romain Masson

    Assistant de production : Romain Chmiela, Eugène Konan,

    Assistant à la réalisation : Elvis Tanoh.

    Réalisation : Laure Egoroff et Tidiane Thiang.

    Remerciements à Thomas Weill, Yanick Zagba, Sony Music Africa, Stéphane Dogbo, et les équipes de RFI.

    Avec le soutien du programme "Accès Culture" de l'Agence française de développement et l'Institut français.

    Une production Making Waves et Des Livres Pour tous - Côte d'Ivoire.

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    6 mins
  • Le roi et le fou
    Jun 14 2021

    Au cœur de la forêt régnait un méchant roi appelé Hediala (onomatopée peule exprimant l’angoisse). Sourcils toujours froncés, Hediala n’ouvrait la bouche que pour insulter et ne levait le bras que pour frapper.

    Chaque matin, il prenait un malin plaisir à tourmenter ses sujets avec ​des ​questions ​qui ​faisaient bouillir d’angoisse leurs cervelles. Il demandait aux uns d’avaler des flammes, aux autres de lécher un couteau tranchant, et Dieu seul sait quoi encore ! Ses conseillers avaient beau faire, Hediala têtu comme une mule avait décidé une fois pour toutes de torturer tous ceux qui faisaient parler d’eux.

    Or, dans la région, vivait un homme réputé connaître beaucoup de choses : les enfants, les femmes, les jeunes, les hommes, les veillards. Tout le monde ne parlait que de sa grande sagesse.

    Il n’en fallait pas plus pour que Hediala le roi tyran veuille le tracasser ; aussi le fit-il venir auprès de lui.

    Le jour de la rencontre, la foule nombreuse s’assembla, du plus petit au plus grand, du dignitaire à l’esclave, personne ne voulait se faire conter cette histoire, chacun tenant à assister à ce qui allait se passer.

    Le Roi : Il m’est revenu que tu te piques de tout connaître ?

    Le sage : Seigneur, je n’ai jamais prétendu à la connaissance totale. Je ne connais que ce que je sais. Et ce que je ne sais pas est un océan immense.

    Le Roi : Hummm ! Tu ne sais donc rien. Pourtant tu fais le malin au milieu de tes prétendus disciples ! Eh bien, tu vas devoir faire un plongeon dans la petite goutte de ton savoir pour y trouver la réponse à cette question : quand on laisse tomber un pilon dans un mortier vide, le bruit qui en résulte vient-il du mortier ou du pilon ? Réfléchis bien et réponds, sinon je te ferai pendre immédiatement ! ».

    On dit que le silence est un ami qui ne trahit jamais.

    Le sage garda un moment le silence, puis il dit : Le bruit vient des deux.

    Le Roi : Mais dans quelle proportion d’intensité ?

    Le sage, ne sachant quoi répondre, resta muet.

    Hediala reprit : Dépêchons-nous donc, prétendu sage, dont la connaissance se situe en-deçà d’un mortier et d’un pilon !

    Au même moment, un homme sale, bizarre, crasseux, avec des habits tout déchirés fendit la foule et s’avança vers Hediala.

    Le fou : Ô Roi ! Aucun homme n’ayant jamais été frappé de commotion cérébrale ne poserait pareille question, et pour y répondre il faut avoir l’esprit fêlé. Ainsi, c’est moi qui vais te donner satisfaction.

    Et, levant le bras, il assena au Roi une gifle si sonore que même les oiseaux qui se reposaient sur les branches des arbres s’envolèrent. Une gifle si sonore que chacun l’entendit dans tout le village. Puis il éclata de rire :

    Le Fou : Eh bien, ô Roi ! Est-ce de ma main ou de ta joue qu’est sorti le bruit, et dans quelle proportion ?

    Chant

    Il faut souvent un fou pour instruire un tyran.

    Crédits

    Le Roi et le fou

    Extrait de "Petit bodiel et autres contes de la savane" de Amadou Hampâté Bâ.

    Interprété par Rebecca Kompaoré, Charles Kohoury, Jean-Marc Kouasi Kouadio et Vincent Kouamé.

    Musique : Jean Sempé Ake Olloé.

    Recherche des contes et adaptations : Flore Kra, Valérie Gobey, Eugène Konan et Elvis Tanoh.

    Production déléguée : Sonia Arruda Touré, Romain Masson

    Assistant de production : Romain Chmiela, Eugène Konan,

    Assistant à la réalisation : Elvis Tanoh.

    Réalisation : Laure Egoroff et Tidiane Thiang.

    Remerciements à Thomas Weill, Yanick Zagba, Sony Music Africa, Stéphane Dogbo, et les équipes de RFI.

    Avec le soutien du programme "Accès Culture" de l'Agence française de développement et l'Institut français.

    Une production Making Waves et Des Livres Pour tous - Côte d'Ivoire

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    6 mins
  • Bande annonce • L'Afrique en conte
    Jun 7 2021

    À partir du 14 juin, retrouvez L'Afrique en conte, une série podcast de 10 contes africains collectés en Côte d'Ivoire par l'ONG Des livres pour tous et adaptés sur place sous forme de fictions sonores par le collectif Making Waves.

    Des bibliothécaires de l’ONG Des livres pour tous sont allés dans des quartiers et des villages de Côte d’Ivoire pour collecter des contes auprès des populations, avec une ambition : mettre à la disposition des oreilles du monde entier ces histoires issues du patrimoine ivoirien que l’on retrouve également un peu partout en Afrique de l'Ouest.

    Avec les créateurs sonores du collectif Making Waves, ils ont sélectionné 10 contes, les ont adaptés en micro-fictions de 6 à 10 minutes enregistrées avec des comédien.nes et des musicien.nes, pour donner naissance à une série de podcasts : L’Afrique en conte.

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    2 mins
  • Tinkougri
    Jun 29 2022

    Il y a très longtemps, quatre frères qui n’avaient pour seule ambition que d’être riches, décidèrent d’aller ensemble dans le village interdit de Tinkougri.

    Il était tellement interdit que le simple fait de prononcer son nom conduisait automatiquement à la mort. La légende raconte aussi que dans ce village sacré des ancêtres, les cailloux des chemins étaient en or, et que les fétiches y avaient le pouvoir de rendre n’importe qui aussi riche qu’un roi. Entre l’interdit et les richesses à venir, le choix de nos quatre frères était fait. Ils se donnèrent du courage et s’entraînèrent à ne prononcer sous aucun prétexte le nom de Tinkougri.

    FRÈRE 1 : « Où on va là, on ne prononce pas ce que tu sais »

    FRÈRE 2 : « Ah, je sais. Ça fait combien de fois que tu m’as dit ça, je sais. Il faut dire ça à l’autre qui dit tout ! »

    FRÈRE 3 : « J’ai compris. »

    FRÈRE 1 : « Tu as compris quoi ? »

    FRÈRE 3 : « Tu dis de ne pas dire, non ? »

    FRÈRE 1 : « On ne doit pas dire quoi ? »

    FRÈRE 3 : « Mais toi grand frère quand même, on ne dit pas ce qu’on ne peut pas dire. »

    Nos quatre frères prennent la route. Ils marchent, ils marchent, ils marchent, ils marchent…

    Et au bout de trois longs jours de marche, le quatrième frère sous l’effet de la fatigue, oubliant l’interdit, dit à ses frères :

    FRÈRE 4 : « Mais les gars, leur TINKOUGRI est loin, dêh !!! ».

    Et aussitôt, il tombe raide mort.

    C’est tout en pleurs et impuissants devant la dépouille de leur petit frère, que les trois autres se promirent d’offrir à leur cadet des funérailles grandioses une fois devenus riches.

    Et à nouveau, ils prennent la route. Ils marchent, ils marchent, ils marchent, ils marchent…

    Fatigué et nostalgique de son petit frère, le troisième frère dit soudain :

    FRÈRE 3 : « C’est notre petit frère qui avait raison, TINKOUGRI est vraiment trop loin ! »

    Immédiatement, il s’écroule, et meurt à son tour.

    En pleurs, les deux survivants reprennent la route. Ils marchent, ils marchent, ils marchent, ils marchent…

    Au bout de trois longs jours de marche, ils arrivent à TINKOUGRI.

    Avant même d’être au centre du village, ils ont déjà rempli six sacs d’or.

    Pris d’une joie immense, le deuxième frère dit alors :

    FRÈRE 2 : « Wouais grand-frère, TINKOUGRI est vraiment merveilleux, regarde tout ce qu’on a ramassé ! »

    Mais à peine l’a-t-il dit qu’il tombe à son tour.

    Furieux, le premier des frères dit :

    FRÈRE 1 : « On peut être bête comme ça ? On te dit qu’on ne doit pas dire TINKOUGRI, et tu le dis! Voilà maintenant, tu es mort. »

    Et sur ces mots, ce dernier tombe lui aussi, raide mort.

    Lequel des quatre frères méritait selon vous les richesses de TINKOUGRI ?

    Interprètes : Flopy Mendosa, Vincent de Paul Kouamé, Hugue-Édouard Kouakou, Charles Kohoury, Yacouba Karamoko.

    Musique : Ange Bouely, Boussou Roland, Souleymane Diabaté, Daniel Opoh et Jean Sempé Ake Olloé.

    L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.

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    5 mins
  • Comment le lion est devenu roi
    Jun 29 2022

    Savez-vous qu’autrefois, le lion n’était pas le roi des animaux ? Du moins, il ne l’était pas au départ. C’était Dankélé, un grand buffle noir de la savane, qui régnait sur le peuple des bêtes.

    Dankélé était un tyran qui gouvernait sans foi ni loi. Si tu avais raison, tu avais peur. Si tu n’avais pas raison, tu avais raison d’avoir peur de lui.

    À cette époque-là, il n’y avait qu’une seule rivière où tous les animaux venaient boire. Mais personne n’avait le droit d’y boire avant Dankélé. Dankélé ne se contentait pas seulement de se désaltérer, il se baignait dans la rivière, s’y roulait et y faisait tous ses besoins. C’est seulement après son passage que les autres animaux pouvaient boire à leur tour, une fois que l’eau était souillée.

    C’était injuste, mais c’était comme ça. Il fallait le supporter.

    Un jour où il faisait très chaud, la lionne était venue faire boire son lionceau qui mourait de soif. Sans attendre le roi, elle lui donna un peu d’eau et en but elle-même un tout petit peu.

    Arriva le roi Dankélé accompagné de membres de sa cour, de griots et de griottes, de conseillers et de conseillères qui chantaient ses louanges :

    GRIOTS : « Longue vie au roi, vive le roi, longue vie au roi. »

    Quand il fut au bord de la rivière, Dankélé vit qu’on avait osé boire avant lui. Il se tourna vers ses sujets et, les menaçant de son regard, hurla sa colère. Et sa colère fit trembler tout le monde.

    DANKÉLÉ : « Qui ? Qui a donc osé boire avant moi, le roi ? Si vous ne me désignez pas le coupable, alors vous l’êtes tous ! »

    Les animaux, terrifiés, se regardèrent. Tout le monde avait vu la lionne donner à boire à son petit. Mais qui, qui oserait la dénoncer à cette brute de roi ?

    La hyène le fit :

    LA HYÈNE : « Moi, je ne vais pas payer pour une faute que je n’ai pas commise. Majesté, c’est la lionne qui a bu avant vous. Voilà, je l’ai dit. »

    Aussitôt, le roi Dankélé bondit sur la lionne et l’écrasa sous ses sabots furieux.

    Le lionceau, lui, n’était pas mort, il s’était sauvé à toutes pattes et était allé se cacher.

    Il attendit l’heure de sa vengeance. Il attendit, attendit, attendit… jusqu’à ce qu’il soit devenu grand.

    Quand il fut devenu un lion grand et fort dont le rugissement retentissait à travers toute la savane, il sortit enfin de sa cachette.

    Il alla voir le roi Dankélé et lui dit :

    LE LION : « Buffle, où est partie ma mère ? »

    Le buffle, intimidé par la force que dégageait le jeune lion, bafouilla :

    DANKÉLÉ : « Heu… ta… ta… ta mère ? La lionne ? »

    UNE CONSEILLERE lui souffla à l’oreille : « Majesté, il s’agit de la lionne que vous avez tuée il y a de cela quelques années parce qu’elle avait osé boire avant vous. »

    DANKÉLÉ : « Ah oui, c’est vrai » dit le buffle en se tournant vers le lion. « C’est la loi, ce n’est pas moi. La loi, c’est la loi. Ta mère a osé boire avant moi, alors la loi a été appliquée. La loi, c’est la loi, la loi ce n’est pas moi. »

    Le lion répondit :

    LE LION : « Une loi qui ne s’applique qu’au plus faible est une loi injuste. »

    Et le lion se jeta sur le buffle, le terrassa, le mis en pièce et libéra le peuple du tyran Dankélé.

    Le peuple ravi s’écria : « Longue vie au roi, le roi lion, longue vie au roi, le roi lion »

    C’est depuis ce jour que le lion est devenu le roi des animaux. Contrairement au buffle, et malgré sa force, il s’efforce d’être plus juste et plus droit envers les plus faibles.

    Interprètes : Koami Vignon, Yacouba Karamoko, Reine Azi, Charles Kohoury, Hugue-Edouard Kouakou

    Musique : Ange Bouely, Boussou Roland, Souleymane Diabaté, Daniel Opoh et Jean Sempé Ake Olloé.

    L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.

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    6 mins
  • Kal et Ndom
    Jun 29 2022

    Dans un petit village de la forêt équatoriale africaine, KAL et NDOM sont nés jumeaux. Une fille et un garçon. Pour leur initiation, ils doivent aller puiser l’eau dans une source mystérieuse située au cœur même de la forêt sacrée.

    Pour atteindre cette source merveilleuse, il y a deux chemins. Il s’agit d’emprunter soit le chemin battu, soit de se frayer son propre chemin.

    Arrivés à la croisée des chemins, malgré́ les recommandations de leur mère, NDOM le frère fait le choix d’emprunter le chemin battu.

    KAL sa sœur, fait le choix, elle, d’écouter sa maman, et de se frayer son propre chemin.

    Les jumeaux comme dans une sorte de défi, se donnent rendez-vous à la croisée des chemins. Péniblement, lentement, mais sûrement, KAL la sœur arrive à la source, puise l’eau nécessaire et revient au lieu de rendez-vous.

    Au lieu de rendez-vous, point de frère. KAL a un mauvais pressentiment. Alors elle dépose sa calebasse d’eau, et revient en catimini à la maison. Elle prend un couteau, un sachet de sel, et un sachet de piment. Elle cache le tout sous ses vêtements et se glisse dans la forêt sacrée. Arrivée à la croisée des chemins, elle emprunte le chemin battu mais c’est une voie sans issue.

    KAL se retrouve nez à nez avec EMOMORO, un énorme monstre à forme humaine. Un géant mutant, plus grand que les géants les plus imposants de la forêt. Un être humain entre les doigts de sa main, serait à l’échelle d’une crevette entre les doigts d’une main humaine.

    Et EMOMORO raffole de la chair humaine, au moins autant que moi-même qui vous raconte cette histoire, je raffole de la chair des crevettes.

    KAL la sœur se met à trembler de frayeur.

    Alors EMOMORO lui demande : « D’où̀ viens-tu ? Où vas-tu ? »

    KAL : « Je suis à la recherche de mon frère. L’aurais-tu vu ?

    EMOMORO : « Tu dis quoi ? Je n’entends rien. Je suis un peu dur d’oreilles. Pour que je t’entende bien, accepterais-tu de venir te poser sur la paume ma main ? Ainsi, je pourrais te rapprocher de mon oreille pour mieux t’entendre.

    Alors KAL monte sur l’immense paume de la main d’EMOMORO.

    Tout un coup, prestement, le monstre porte sa main à l’abime qui lui tient lieu de gueule, et avale la pauvre KAL, comme il avait déjà avalé son frère... ANGOROOOMMM !

    KAL se retrouve dans le ventre du monstre. KAL retrouve son frère dans le ventre EMOMORO au milieu d’une foule monstrueuse d’autres égarés.

    Alors, KAL sort son couteau, et commence à taillader les boyaux du monstre soutenu par un chant vindicatif « JE COUPE, JE COUPE, JE METS DU SEL, JE METS DU PIMENT, JE COUPE, JE COUPE, JE METS DU PIMENT ... »

    EMOMORO hurle de douleur. Le monstre s’écroule raide mort.

    KAL la sœur ouvre le ventre du monstre et libère les humains de l’emprise de la bête.

    Comme quoi : dans la vie, il faut souvent se méfier des chemins battus.

    Auteur et interprète : Binda Ngazolo.

    Musique : Ange Bouely, Boussou Roland, Souleymane Diabaté, Daniel Opoh et Jean Sempé Ake Olloé.

    L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.

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