L’histoire que je vais vous raconter est celle de Kôyô-kôyô, vaillant et infatigable travailleur, qui aimait la terre. Il la cultivait avec amour et abnégation. Comme la terre n’est pas ingrate, elle lui rendait bien ses efforts. À chaque fête de fin des récoltes, Kôyô-kôyô dansait et chantait comme personne, parce que le rendement de ses terres était immense.Conteur : Aboué ?Groupe : Wéyé !Conteur : Mais comme toujours, la réussite fait des jaloux.Voix dans le groupe : Ah bon, qui sont les jaloux, conteur ?Conteur : Et bien pour connaître les jaloux, il faut savoir pourquoi Kôyô-kôyô était envié. Voix dans le groupe : Pourquoi, conteur ?Conteur : Pourquoi ? Kôyô-kôyô n’était pas jeune. Il avait environ 75 hivernages, en langage familier 75 ans. Et oui, sous le poids de l’âge, son dos s’était courbé, il arrivait à peine à se redresser. Mais détrompez-vous, ce vieux travaillait avec la vigueur d’un jeune de 20 ans. Il était apprécié de certains villageois, surtout de la gent féminine, qui avait même créé une chanson pour le vieux Kôyô-kôyô.Traduction du chant : Je cherche un homme beau, je cherche un homme jeune, je cherche un homme intelligent, mais plus encore un homme comme Kôyô-kôyô. Conteur : Dans le village de N’zaa-kaha, la beauté d’un homme se mesurait au rendement de ses terres. Et Kôyô-kôyôétait capable de cultiver une plantation d’arachides de dix hectares.Voix dans le groupe : Ce n’est pas possible, conteur ! Jamais ! Aucun homme ne peut faire ça !Conteur : Et pourtant si... Mais Kôyô-kôyô avait un secret.Voix dans le groupe : Quel était son secret ?Conteur : Son secret, c’était sa daba magique !Voix dans le groupe : Daba magique ?Conteur : Et oui, le vieux Kôyô-kôyô utilisait une daba magique qui était capable de débroussailler une plantation en moins de temps que 100 gaillards réunis. Et oui, même si sa daba magique faisait beaucoup pour lui, le vieux Kôyô-kôyô prenait aussi le temps de parler à ses plantes. Tous les matins, avant le lever du soleil, dès que le coq commençait à chanter en choeur avec les pillons des femmes, Kôyô-kôyô se rendait dans son champ pour souhaiter une belle journée à ses plantes avant de les arroser.Voix dans le groupe : En tous cas, Kôyô-kôyô était brave. Voix dans le groupe : Mais conteur, c’est sa daba magique qui travaillait, pas lui !Conteur : La daba magique de Kôyô-kôyô n’était pas tombée du ciel mes enfants. Pour trouver la réussite, il faut passer par le chemin de la persévérance. Depuis sa jeunesse, il s’était toujours démarqué par sa force de travail. Kôyô-kôyô, dans son grand âge, avait fini par être récompensé. Un jour, des génies étaient venus le voir dans son champ et ils lui avaient remis cette fameuse daba magique, en guise de reconnaissance pour son amour de la terre. La terre aime ceux qui la travaillent. Et les esprits aiment ceux qui travaillent la terre.Voix dans le groupe : Et après, conteur ?Conteur : Figurez-vous, dans ce même village, vivait un vieil homme paresseux, jaloux et voleur, nommé Kayouhou. Il passait son temps à embellir ses mains, son corps, et à jaser sur tout et rien. Il avait pour habitude de se servir dans le champ des autres. Cette année, il jeta son dévolu sur la plantation du vieux Kôyô-kôyo. Ca lui apprendrait à faire le fier durant la fête des récoltes ! Kayouhou n’était pas un voleur ordinaire. Certes, il était paresseux pour faire les travaux champêtres, mais il s’appliquait beaucoup quand il s’agissait de voler.Kayouhou : Mais pourquoi se fatiguer à travailler dans les plantations. Moi Kayouhou, je ne cultive pas, mais je me nourris bien. Toi, le vieux Kôyô-kôyo, continue, continue d’avoir la force de travailler pour que je vive bien. Ah, la belle vie !Conteur : Tout comme le vieux Kôyô-kôyô aimait passionnément travailler la terre, Kayouhou lui, aimait passionnément voler ce qui sortait de la terre des autres. Il avait même une chanson spéciale qui l’inspirait dans sa besogne.Chant Voix dans le groupe : Kayouhou est mauvais, déh ! Tous tes amis travaillent, tu vas voler !Conteur : Aaaah ma fille, le lendemain de ce vol, lorsque le vieux Kôyô-kôyo retourna à sa plantation, il constata que ses plants avaient été arrachés. Il se dit que ce devait être l’œuvre d’un animal, il pensa à un gros agouti. Il décida alors de poser un piège pour attraper cette bestiole qui détruisait sa récolte.Le jour d’après, au moment même où le vieux Kôyô-kôyô quittait sa plantation d’arachides, Kayouhou le voleur apparut.Voix dans le groupe : Il a donc attrapé Kayouhou ?Conteur : Kayouhou n’était pas la moitié d’un imbécile, mon fils. Il était aussi rusé que mauvais.Il évita le piège qui était dressé devant lui, toujours en bourdonnant sa fameuse chanson.Chanson Conteur : Lorsque le vieux ...