• Mario Lucio: «Aujourd’hui, les leaders africains ne donnent pas leur vie pour leur peuple»
    Mar 8 2025

    Prenons la direction de l‘archipel du Cap-Vert pour retrouver notre Grand invité Afrique du jour. Chanteur, poète, ancien ministre de la Culture, Mario Lucio était enfant en 1975 lorsque son pays est devenu indépendant. 50 ans plus tard, l’artiste vient de publier un nouvel album titré Indépendance : l’occasion de raconter en chanson ces souvenirs, ses valeurs, ses rêves. Mario Lucio répond à Guillaume Thibault.

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  • RDC: «Rien que la prise de la mine de Rubaya permet de contrôler 20% de la production mondiale de Coltan»
    Mar 7 2025

    Le site Africa Intelligence révélait cette semaine que Félix Tshisekedi avait dépêché en février des émissaires à Washington pour tenter de passer un accord avec l’administration américaine. Accord qui consisterait à sécuriser l’approvisionnement américain des minerais provenant de la RDC en échange d’une pression accrue sur Kigali. Dans l’est du pays, les ressources minières comme l’or, l’étain, le tantale et le tungstène sont extrêmement convoitées. C’est une des causes de l’instabilité dans la région. Dans une étude pour la fondation Jean-Jaurès parue cette semaine, le diplomate Pierre Jacquemot, ancien ambassadeur de France à Kinshasa, s’intéresse aux fonctionnements de ces mines et à la façon dont les minerais parviennent à quitter le pays.

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  • Jean-Marc Kabund: «Le gouvernement d'union nationale que Tshisekedi propose ne résoudra rien du tout»
    Mar 6 2025
    En RDC, l'opposant Jean-Marc Kabund sera candidat à la prochaine présidentielle. Il l'annonce aujourd'hui sur RFI, à l'occasion de sa première interview radio depuis sa sortie de prison, le 21 février dernier. Longtemps, Jean-Marc Kabund a été le bras droit de Félix Tshisekedi. Quand ce dernier est devenu chef d'État, il a même été le président par intérim du parti au pouvoir UDPS. Mais après la rupture de 2022, il a été jeté en prison. Aujourd'hui, est-il prêt à se réconcilier avec Félix Tshisekedi ? Visiblement, non. En ligne de Kinshasa, le président de l'Alliance pour le Changement répond à Christophe Boisbouvier. RFI : Le 21 février, vous avez été libéré. Le lendemain, le 22 février, Félix Tshisekedi lors d'une rencontre avec les parlementaires de son camp, a invité ses opposants à entrer dans un gouvernement d'union nationale. Est-ce que votre libération n'est donc pas un geste politique de sa part ?Jean-Marc Kabund : Je ne crois pas que ma libération puisse faire l'objet d'un marchandage politique. J'ai été victime de persécutions politiques, condamné à une peine de sept ans et j'ai passé 30 mois en prison. Cette injustice, je crois qu'elle ne pourra jamais être réparée. Il faut avouer qu'il y a une forte pression depuis que j'étais en prison, tant par la communauté internationale que par l'opinion publique interne du Congo. Je crois que Félix Tshisekedi faisant face à cette pression a dû lâcher du lest. Et j'estime que le gouvernement d'union nationale qu'il propose de mettre sur pied ne résoudra rien du tout.Est-ce que Félix Tshisekedi n'a pas lâché sur vous et sur deux autres prisonniers politiques, Mike Mukebayi et Seth Kikuni qui viennent d'être libérés afin de frapper les esprits et de montrer qu'il tendait la main vers l’opposition ?Je crois que cela était une obligation pour lui. Cela ne peut pas être considéré comme un cadeau que Félix Tshisekedi donne à l'opposition parce que moi comme les autres prisonniers, Mike Mukebayi et Seth Kikuni, étions incarcérés injustement. Et d'ailleurs, il y a encore des prisonniers politiques qui continuent de croupir en prison. Ici, je fais allusion à Jacky Ndala. Il y a un autre aspect auquel beaucoup de gens ne font pas attention, ce sont les généraux. Je vous dis ici que plusieurs généraux Katangais sont arrêtés injustement. Ils sont détenus dans des cachots, en prison, sans jugement. Cela fait des années. Ici, je veux parler du général Philémon Yav. Je veux parler du général Zelwa Katanga dit Djadidja. Ils sont nombreux. Le gouvernement Tshisekedi doit savoir que ma libération et la libération des deux autres ne suffisent pas.Qu'est-ce que vous en pensez de l'avancée du M23 dans l'est de votre pays ?L'avancée du M23 est inacceptable et tout le monde doit demander au Rwanda de retirer ses troupes pour que le Congo retrouve la paix.Depuis votre libération, vous avez reçu plusieurs visites à votre domicile, notamment celle de l'opposant Martin Fayulu. Est-ce que vous réfléchissez avec Martin Fayulu et d'autres opposants à une initiative commune ?Bien entendu ! C'est parce que le régime Tshisekedi, qui est un régime finissant, doit laisser la place dès 2028. La RDC a besoin des dirigeants honnêtes afin de pouvoir donner le changement tant attendu par notre peuple.Vous êtes en contact également avec l'ancien président Joseph Kabila ?Je crois que c'est un acteur politique important de notre pays. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas être en contact avec lui. D'ailleurs, je vais même plus loin. Si demain, j'avais l'occasion d'avoir le contact de Corneille Nangaa, je l’appellerais et je lui parlerais. Je lui dirais ce que je pense de ce qu'il est en train de faire. Je suis là pour parler à tout le monde.Et que diriez-vous justement à Corneille Nangaa, le patron du M23 ?Je lui dirais tout simplement que ce qu'il est en train de faire, on l'a déjà vécu dans ce pays avec Mzee Kabila. On connaît les conséquences. Il doit arrêter de verser le sang des Congolais et revenir vite. Il doit arrêter à travers un cessez-le-feu et le gouvernement, je crois, ne pourra pas s'y opposer dans sa position actuelle pour accepter d'intégrer le processus du dialogue pour une résolution pacifique de ce conflit.Si demain le pouvoir libère les généraux actuellement en prison et renonce à son projet de changement de constitution, est-ce que vous pourriez accepter d'entrer dans un gouvernement d'union nationale avec Alliance pour le changement ?Je dis déjà, d'entrée de jeu, que je ne suis ni demandeur, ni preneur de ce gouvernement. Le problème n'est pas seulement celui des arrestations. La gouvernance doit être basée sur un programme, sur une vision claire et je ne vois pas aujourd'hui Tshisekedi garantir cela.Est-ce que vous vous êtes parlé avec Félix Tshisekedi depuis le 21 février ?Non, non. Moi, je n'en ai pas l'intention, je ne ...
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  • Joshua Osih, opposant camerounais: «L'âge du président Biya serait un handicap pour le pays s'il est élu»
    Mar 5 2025
    Au Cameroun, le parti d'opposition SDF, Social Democratic Front, qui s'est réuni en congrès extraordinaire, vient de désigner Joshua Osih comme son candidat à la présidentielle du mois d'octobre prochain. Le SDF a été longtemps la principale force d'opposition dans le pays. Depuis la dernière élection de 2018, il est moins en vue, mais cette année, il croit de nouveau en ses chances. En ligne de Yaoundé, le député Joshua Osih dévoile sa stratégie, qui pourrait bien s'inspirer de celle de Félix Tshisekedi en RDC. RFI : Dans votre programme, vous dîtes vouloir mettre fin aux violences dans les provinces du Nord-ouest et du Sud-ouest en seulement 100 jours. Comment vous allez vous y prendre ?Joshua Osih : Je pense qu’aucun autre parti politique ne connaît mieux le Nord-ouest et le Sud-ouest que nous. Nous savons ce qui se passe. Nous avons largement consulté sur la question. Nous avons parlé à toutes les parties en conflit et nous sommes sereins qu’en trois mois ou un peu plus, nous pouvons faire cesser la violence. Cela ne veut pas dire que la crise politique va s'arrêter. C'est pour cela que nous proposons en même temps de lancer un grand chantier qui devra aboutir au bout de trois ans sur un référendum constitutionnel. Cela va nous permettre de rétablir les équilibres politiques dans ce pays pour éviter des crises futures.Le président Biya, qui vient de fêter ses 92 ans, laisse entendre qu'il sera candidat à sa réélection en octobre prochain. Est-ce que vous pensez que son âge pourrait être un paramètre à prendre en compte dans la campagne ?Nous pensons certainement que l'âge du président de la République serait un handicap pour le pays si jamais il est élu. Vous savez, cela voudrait tout simplement dire que, si monsieur Biya devenait président de la République pour un autre mandat, il aurait 100 ans [à la fin de son mandat, NDLR] et que le pays s'arrêterait pour attendre la fin de son mandat. Sept années encore dans le noir, c'est quelque chose que la jeunesse camerounaise ne va pas accepter. C'est quelque chose que tous les Camerounais ne vont pas accepter. Nous sommes confiants que, qu'il soit candidat ou pas, son parti est dans l'impossibilité de gagner les élections de 2025.Dans vos discours, Joshua Osih, vous êtes moins véhément que Maurice Kamto. Est-ce à dire que face au RDPC au pouvoir, le SDF est dans une stratégie moins frontale que le MRC ?Ce n'est pas une question d'être moins véhément ou moins dans une stratégie frontale. C'est tout simplement parce que moi, j'ai appris à faire la politique auprès d'un très grand homme, John Fru Ndi et j'ai compris que, dans la politique, aucun adversaire n'est permanent. C'est déjà le premier point. Deuxièmement, il faut pouvoir se parler, même quand on est en désaccord. Donc, quand on fait la politique par les injures, et là je ne vise aucun parti politique, il y a malheureusement trop de personnes qui pensent qu'il faut passer la journée à insulter les uns et les autres. Nous sommes des adversaires politiques. La première des choses, c'est que nous devons nous respecter. Donc, je respecte le MRC, je respecte le RDPC, je respecte le PCRN, je respecte tous les partis politiques sur la place en attendant aussi d'eux un respect réciproque.En 2018, face à Joseph Kabila, Martin Fayulu et Félix Tshisekedi avaient deux stratégies différentes et à la fin, c'est Félix Tshisekedi qui est devenu président. Est-ce que vous avez ce scénario congolais dans la tête pour octobre prochain ?Bien sûr et je pense que nous sommes très proches de l'UDPS. Nous avons accompagné l’UDPS lors de ces élections-là. Et donc nous sommes plutôt dans cette logique-là que dans celle de Martin Fayulu. En 1992, nous avons gagné l'élection présidentielle. Tous nous donnent raison que nous avons gagné cette élection. Mais nous avions oublié qu'il faut gagner l'élection et aussi pouvoir prendre le pouvoir. Ce sont deux choses complètement différentes et nous n'avons pas réussi à prendre le pouvoir en 1992. Plus jamais nous n'allons faire cette erreur. Quand on est en politique, il faut avoir la capacité de construire des ponts et de parler avec ceux qui ont perdu le pouvoir pour qu'ensemble, on arrive à construire ce pays. Il ne s'agit pas pour le SDF d'arriver au pouvoir et de mettre tout le monde du RDPC en prison, de les jeter en pâture etc. Non, il s'agit de démontrer que, quand je vais gagner, il n'y aura pas de chasse aux sorcières parce qu'on aura besoin des 30 millions de Camerounais pour rattraper les 43 années que nous avons perdues.Face au candidat du pouvoir, vous serez beaucoup d'opposants. Maurice Kamto, Cabral Libii , Akere Muna, Madame Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya et vous-même. Est-ce que par vos divisions, vous n’ouvrez pas un boulevard au candidat du RDPC au pouvoir ?Mutualiser nos forces dans les bureaux de vote, c'est une voie que nous pensons ...
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  • Route Mauritanie-Maroc: «Je ne vois pas la rupture de la neutralité de Nouakchott»
    Mar 4 2025
    Une nouvelle route pour les camions de marchandises entre le Maroc et la Mauritanie à travers le Sahara occidental, c'est le projet que Rabat et Nouakchott sont en train de finaliser avec la construction des derniers kilomètres de bitume et l'ouverture d'un poste frontière au sud de Smara. Est-ce le signe que la Mauritanie sort de sa neutralité entre le Maroc et le Front Polisario ? Ahmedou Ould Abdallah a été ministre mauritanien des Affaires étrangères. Aujourd'hui, il préside une société de conseil, le Centre 4S : Stratégie, Sécurité, Sahel, Sahara. En ligne de Nouakchott, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : La Mauritanie accepte d'ouvrir un nouveau poste frontière avec le Maroc au nord-est du Sahara occidental, à 400 kilomètres à peine de Tindouf, la base principale du Front Polisario. Est-ce un geste politique de la part de Nouakchott ?Ahmedou Ould Abdallah : À mon avis, par principe, un pays dispose de la liberté de mouvement, d'investissement et d'action sur son territoire national. Si la Mauritanie ouvre une route dans une partie de son territoire national, que cela soit avec la frontière de l'Algérie ou qu'elle soit en train de construire le pont actuellement avec le Sénégal sur le fleuve à Rosso, ou qu'elle prolonge la route qui la lie de Bassikounou au Mali, je ne vois pas en principe une action hostile même si elle peut gêner. Je ne la vois pas comme hostile à un pays ou à une organisation.Mais est-ce à dire que la Mauritanie sort de sa neutralité historique dans le conflit du Sahara et se rapproche du Maroc ?Je suis bien placé pour me souvenir du communiqué que la Mauritanie a signé en août 1979. Notre communiqué, que j'ai rédigé personnellement, parle de « stricte neutralité ». Mais cela ne veut pas dire que nous renonçons aux intérêts du pays, en particulier dans une région de transit avec le Sahel qui est une région de commerce. Je ne vois pas a priori de rupture de la neutralité avec l'ouverture d'une route qui lie telle ou telle ville de Mauritanie à un pays étranger, que ce soit le Mali, le Maroc, le Sénégal ou l'Algérie. D'ailleurs, nous faisons la route maintenant Tindouf-Bir Moghrein qui est très avancée.Vous parlez commerce. Il y a déjà une route commerciale entre le Maroc et la Mauritanie. Elle longe la côte atlantique du Sahara occidental jusqu'à Guerguerat puis jusqu’en Mauritanie. Mais avec cette nouvelle route éventuelle, les camions marocains pourront couper à travers le désert au départ de Smara au nord-est du Sahara occidental et à destination du nord de la Mauritanie, quel serait l'avantage économique pour le Maroc et la Mauritanie ?Je dois ajouter que, dans la presse au Sénégal et ailleurs, on parle également non seulement de cette route actuellement existante, mais on parle même de la création d'une ligne de navigation de Dakhla directement à Dakar. Cette 3e route ne peut qu’accélérer les échanges entre la Mauritanie et le Maroc mais aussi l'Europe du Nord et l'Afrique subsaharienne. Cette route pourrait éventuellement accélérer la production des produits et une baisse des prix.Et permettrait peut-être aux trois pays de l'Alliance des États du Sahel de se mettre à l'abri d'une éventuelle crise supplémentaire avec les pays côtiers de la Cédéao ?Absolument, par exemple, vous connaissez ces problèmes entre le Bénin et le Niger mais aussi le Burkina avec certains pays côtiers.Le problème, c'est que cette route doit passer par une région du Sahara occidental, au sud de Smara, qui est un secteur où l'armée marocaine et le Front Polisario se sont durement affrontés en 1991. Aujourd'hui, le Front Polisario dit à la Mauritanie que l'ouverture éventuelle de cette route ne restera pas sans conséquences. Est-ce qu'il y a un risque d'escalade militaire ?Je pense que, tant qu'il y a un conflit, il y a toujours un risque d'escalade militaire. Il y a quelques années, il y a eu des attaques dans la région de Guerguerat, c'est-à-dire sur la route qui existe actuellement. Mais de mon point de vue, la Mauritanie n'est pas à blâmer dans cette situation. Si un pays voisin, que ce soit le Sénégal, le Mali, l'Algérie, comme je vous dis que, Dieu merci, on est en train de faire la route de Tindouf à la Mauritanie, si le Maroc fait la même chose, je ne vois pas en quoi on pourrait blâmer la Mauritanie.Concrètement en 1998, au sud de Smara, l'ONU et la Minurso ont réussi à arracher un accord pour qu'il y ait des restrictions et des retenues militaires de la part de l'armée marocaine et de la part du Polisario sur leur présence autour de ce fameux mur de sable. Est-ce que cet accord militaire n°1 comme on l'appelle peut encore tenir à l'avenir ?C'est une excellente question qui concerne les parties qui sont concernées. Je pense que la Mauritanie n'est pas concernée. Si mon avis pouvait être écouté, la Mauritanie ne serait même pas ...
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  • RDC: «L’empire du silence commence à être brisé, mais il y a l’empire de l’impunité»
    Mar 3 2025
    À Kinshasa, la Cour pénale internationale (CPI) est prête à soutenir la création d’un Tribunal spécial pour juger tous les crimes commis au Congo depuis trente ans. C’est ce qu’a annoncé la semaine dernière Karim Khan, le procureur de la CPI, lors d’un déplacement sur place. Voilà près de dix ans que le docteur Mukwege, le prix Nobel de la Paix 2018, réclame un tribunal international qui serait en mesure de poursuivre tous les criminels présumés, qu’ils soient Congolais, Ougandais ou Rwandais. Mais si ce tribunal voit le jour cette année, comme semble le souhaiter le président Tshisekedi, ne risque-t-il pas d’être instrumentalisé ? Il y a trois ans, le cinéaste belge Thierry Michel a réalisé le film-choc L’Empire du silence. Aujourd’hui, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : « La justice internationale n'a pas permis d'arrêter trois décennies d'atrocités au Congo », a reconnu le procureur de la CPI, c'était la semaine dernière à Kinshasa. Pourquoi cet aveu ?Thierry Michel : Est-ce qu'il a essayé ? À part quelques petits poissons qui ont été jugés devant la CPI, ils sont trois dans les années 2010-2020, je ne vois pas beaucoup de poursuites qui ont été engagées et jamais sur les hautes personnalités des commandements militaires ou politiques, que ce soit du Congo, de l'Ouganda ou du Rwanda. Donc, je pense extrêmement important aujourd'hui de remettre sur la table cette question de la justice transitionnelle pour laquelle se bat le docteur Mukwege, le prix Nobel de la paix 2018, depuis déjà pas mal d'années de par le monde.La nouveauté, la semaine dernière, c'est que lors de ce déplacement à Kinshasa, Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale, a soutenu l'idée d'un tribunal spécial pour les crimes commis au Congo…Oui, ce qui est important, c'est qu'il a dit qu'aucune partie du conflit n'a un chèque en blanc pour les crimes les plus graves relevant du statut de Rome. Aucune partie du conflit, cela veut bien dire que ce ne sera pas une justice de Congolais envers les Congolais, mais que cela va toucher évidemment tous les acteurs des crimes commis depuis 30 ans dont évidemment les pays voisins et les responsables des pays voisins. La question est évidemment de voir si on va remonter les chaînes de commandement politiques et militaires. Mais que je sache, le procureur de la CPI, Karim Khan, n'a pas froid aux yeux puisqu'il a osé s'en prendre à monsieur Poutine en Russie et monsieur Netanyahu en Israël. Donc peut-être qu'il n'aura pas de scrupules à s'en prendre aussi à ceux qui ont été responsables des guerres en RDC.Et pour ce futur tribunal spécial, Karim Khan dit qu'il faut « une approche globale qui nécessite un mandat avec plus de moyens, s'occupant de génocides, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité »…Cela me semble dans le principe très bien. On a déjà des bases de travail, le premier rapport Mapping, mais évidemment, il se termine en 2002. Il ne couvre que dix ans. Il faut évidemment compléter par un deuxième rapport Mapping, me semble-t-il, qui devrait couvrir au moins une vingtaine d'années. Mais ce qui est rassurant, c'est que le Conseil des droits de l'homme de l’ONU va envoyer une commission d'enquête internationale qui devra fixer les responsabilités. Mais il faut aujourd'hui évidemment veiller à sécuriser les témoins. Sécuriser aussi, je pense, les fosses communes, parce qu'il y aura là un travail aussi important, comme cela a été fait dans d'autres pays, d'exhumation des corps pour identification. Comment ont-ils été assassinés et par qui et à quel moment ? Et avec le risque évidemment, si ce n'est que congolais, même avec des experts étrangers, mais si cela ne reste qu'au niveau congolais, il y a évidemment le risque d'instrumentalisation politique ou bien d'éviter certaines responsabilités de certains acteurs de ces crimes qui sont toujours aujourd'hui quand même dans des postes de pouvoir militaire ou politique.Grâce à ce rapport Mapping de 2010, on sait ce qui s'est passé, mais on ne connaît pas l'identité des criminels. Pourquoi ?Mais quand même, on ne les connaît pas, on ne veut pas les connaître puisque….Officiellement, en tout cas.Ce sont ceux dont le docteur Mukwege a dit avec beaucoup de pertinence lors de son discours à Oslo, quand il a reçu le prix Nobel en 2018 : « Ces personnes dont on n’ose et on ne veut pas dire le nom ». N'empêche, ils sont quand même cités dans plusieurs rapports des Nations unies. Et je vous rappelle que dans le film L'Empire du Silence que j'ai réalisé sur 25 années de tragédies congolaises en allant dans toutes les régions où se sont passés ces crimes contre l'humanité et ces crimes de guerre et ces massacres abominables, on a quand même pu, par les témoignages que j'ai récoltés, établir que certains étaient des présumés coupables, vraiment ...
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  • Sénégal: «Ici, le ramadan est associé à la nostalgie et au renforcement des liens familiaux»
    Mar 1 2025

    Les croyants musulmans entrent ce week-end dans le mois de jeûne du ramadan. Un mois d'effort et de spiritualité qui est aussi un temps de retrouvailles et un moment où les dépenses augmentent. L'institut de sondage Ipsos a réalisé au Sénégal une enquête sur la façon dont les croyants s'apprêtaient à vivre les semaines à venir. Entre nouvelles technologies et nostalgie des grands rassemblements de famille, ce sondage dresse un portrait statistique des jeûneurs sénégalais, hommes et femmes. Pour en parler notre invitée ce matin est Georgette Angela Diouf, l'une des responsables d'Ipsos Sénégal. Elle répond aux questions de Laurent Correau.

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  • Romdhane Ben Amor: «Il y a une mobilisation nationale en Tunisie, malgré le climat de peur»
    Feb 28 2025
    En Tunisie, les défenseurs des droits de l'homme se réjouissent de la libération, la semaine dernière, de quatre détenus politiques. Mais pour eux, c'est l'arbre qui cache la forêt. Plusieurs dizaines d'autres figures de l'opposition et de la société civile restent en prison, notamment pour avoir soutenu des migrants. Aujourd'hui, plusieurs ONG tunisiennes interpellent le président Kaïs Saïed, mais aussi la Première ministre italienne, Giorgia Meloni. Romdhane Ben Amor est le porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES). En ligne de Tunis, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : La semaine dernière, quatre opposants et militants pour les droits de l'homme ont été libérés. Est-ce que c'est une bonne nouvelle ?Romdhane Ben Amor : Bien sûr, les libérations sont toujours des bonnes nouvelles. La liberté est une chose qui nous satisfait, bien sûr. Surtout pour des personnes qui sont détenues depuis des mois. Mais ce n’est pas le signe d'une ouverture de la part de la présidence de la République en Tunisie. Ce sont plutôt des actions qui ont anticipé les réunions du Conseil des droits de l'homme de l’ONU, où la Tunisie sera aussi convoquée. C'est donc une action qui a anticipé un peu les critiques. Ce jeudi, on n'était pas très satisfait de ce qui s'est passé parce que le tribunal de Tunis a refusé la libération de personnes qui travaillent dans des ONG d'aide aux migrants.Il y a ces quatre figures tunisiennes qui viennent d'être libérées, mais combien d'autres restent en prison ?Tout d'abord, il y a des dizaines de décideurs politiques qui sont encore en prison dans des affaires de complot. On a aussi des dizaines de décideurs, ou bien des gens qui ont travaillé dans des ONG surtout liées à la migration, qui sont encore en prison. Ils ont dépassé aujourd'hui les 300 jours de détention. On a malheureusement des dizaines de jeunes qui sont en prison parce qu’ils ont juste critiqué la situation politique, économique ou bien sociale par le fameux décret 54 qui est maintenant le plus utilisé pour faire taire toutes les voix qui critiquent la situation.Vous parlez du décret 54. C'est ce décret présidentiel de septembre 2022 qui vise officiellement à lutter contre les fakes news, les fausses informations, et qui est à l'origine des poursuites judiciaires actuelles contre quelque 400 personnes. Parmi elles, il y a deux figures de la société civile : l'ancien conseiller du Haut-Commissaire aux réfugiés, Antonio Guterres, il s'agit bien sûr du grand diplomate Mustapha Djemali. Et puis la directrice de Terre d'asile Tunisie, Sherifa Riahi, qui a été arrêtée l'année dernière, deux mois après son accouchement. Pourquoi cet acharnement contre ces personnalités ?Kaïs Saïed, quand il a fait son discours raciste le 21 février 2023 envers les migrants, a parlé d'un complot contre l'État tunisien pour changer la composition démocratique. Alors, les organismes de l'État ont mobilisé pour prouver ces propos de Kaïs Saïed et pour dire qu'il y avait un vrai complot, surtout au niveau de la situation avec les migrants. L'État a été mobilisé après une réunion du Conseil de sécurité nationale, en mai 2024. Ils ont surtout visé les ONG qui travaillent pour soutenir les migrants. Ils ont donc visé Mustapha Djemali, Abdelrazek Krimi du Conseil tunisien des réfugiés, Iyadh Bousselmi, Sherifa Riahi, Mohamed Joô de Terre d'asile Tunisie, Saadia Mosbah de l’association Mnemty et les autres. Donc, à travers ces propos, Kaïs Saïed dit qu'il y a un vrai plan et que ce plan-là vient des gens qui ont des relations avec l'étranger. Quand on parle de Mustapha Djemali ou par exemple de Terre d'asile, ce sont pour Kaïs Saïed les stéréotypes qui nourrissent sa narration. Et aussi pour lui, ce sont les gens qui sont impliqués d'une manière ou d'une autre dans ce complot.Pensez-vous que la mobilisation tunisienne et internationale pour ces personnalités, comme Mustapha Djemali par exemple, peut convaincre les autorités de décider une mesure de clémence ?Tout d'abord, il faut mentionner qu'il y a une mobilisation nationale en Tunisie, malgré le climat de peur. Donc, il y a toujours des associations, des militantes et des militants qui essayent de se mobiliser et de faire des actions pour faire pression, pour demander et exiger la libération des détenus, qu'ils soient des politiques ou bien des détenus de la société civile. Malheureusement, sur le plan international, pour nous, on est déjà assez indignés par la position de l'Union européenne. Au moment où Kaïs Saïed fait la répression contre les migrants et la société civile, on voit beaucoup de dirigeants européens qui viennent en Tunisie, qui saluent la Tunisie pour ses efforts menés pour la lutte contre la migration non réglementaire. Il y a donc une complicité aussi de la part de beaucoup de dirigeants européens.Et...
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