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Européen de la semaine

Européen de la semaine

By: RFI
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Chaque semaine, la rédaction Europe de RFI, fait le portrait d’un Européen qui est au cœur de l’actualité. Un portrait qui permet de découvrir les acteurs du monde dans lequel nous vivons et d’éclairer les évènements que nous commentons et dont nous témoignons dans les journaux de RFI.

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  • Biélorussie: indéboulonnable mais vieillissant, le président Loukachenko brigue un 7e mandat (rediffusion)
    Jul 18 2025
    Dimanche 26 janvier, les électeurs biélorusses sont appelés à voter dans le cadre de l'élection présidentielle. Comme le dénonce depuis des décennies la communauté internationale, c'est par un processus électoral ni libre, ni équitable, qu'Alexandre Loukachenko devrait être reconduit pour un nouveau mandat, son septième consécutif à la tête d'un pays considéré comme un satellite de la Russie. Un pays déserté par une opposition victime d'une répression féroce. (rediffusion du 25 janvier 2025) Il est au pouvoir depuis 1994. Alexandre Loukachenko est aujourd'hui le plus ancien dirigeant des ex-républiques de l'espace soviétique. À 70 ans, il continue de diriger d'une main de fer un régime considéré par beaucoup comme le plus autoritaire en Europe et se présente sans véritable opposant dans ce scrutin présidentiel. Il devrait logiquement être reconduit pour un septième mandat à la tête d'un pays dont le régime s'est encore plus durci depuis août 2020, après une dernière élection entachée de nombreuses fraudes. « Souvent, quand on parle de Biélorussie, on parle d'une forme d'accord tacite qui existait plus ou moins avec les classes moyennes biélorusses, en tout cas qui a permis l'émergence de ces classes moyennes biélorusses, qui pouvaient circuler à l'époque assez librement, qui pouvaient donc gagner leur vie assez facilement. Mais en échange, il ne devait évidemment pas manifester d'ambitions politiques. C'est ce pacte qui, du point de vue d'Alexandre Loukachenko, a été rompu en 2020, quand beaucoup de citoyens biélorusses ont exprimé des revendications politiques », estime Olga Gille-Belova, docteur en sciences politiques et maître de conférences à l'université Bordeaux-Montaigne. Une opposition muselée, en exil ou en prison La répression féroce qui a suivi ces manifestations sans précédent a permis à Alexandre Loukachenko d'écarter toute opposition. Si certains de ces opposants ont été arrêtés et sont désormais en prison, d'autres sont parvenus à fuir. « Dès l'automne 2020, des Biélorusses par milliers, des dizaines de milliers même, ont fui le pays par peur de répression, par peur de l'emprisonnement, par peur des tortures, par peur des menaces sur leur famille, et beaucoup sont arrivés en Lituanie, en Pologne et également en Géorgie, détaille Ronan Hervouet, sociologue, professeur à l'université de Bordeaux-Montaigne et qui mène actuellement des recherches sur les exilés biélorusses. Ces personnes, au début, continuaient de participer à des formes de mobilisation, de manifestation, de soutien aux prisonniers politiques, etc. Mais rapidement, ils se sont rendu compte qu'ils ne se sentaient pas en sécurité, même dans les pays d'accueil. Ils avaient peur que leur mobilisation à l'étranger puisse nuire à leurs proches. Aujourd'hui, la mobilisation, l'action contre le régime apparaissent extrêmement difficile à mener collectivement, à l'intérieur du pays comme depuis l'étranger. » Une dépendance à la Russie qui va de pair avec la répression Svetlana Tikhanovskaïa, considérée comme la cheffe de file de l'opposition biélorusse et adversaire du président sortant en 2020, continue de se battre, mais en exil. Ainsi, Alexandre Loukachenko est sans opposant aujourd'hui et compte rester sur la même ligne, c'est-à-dire avancer main dans la main avec la Russie de Vladimir Poutine, dont la Biélorussie aujourd'hui ne peut se passer. « Il y a une dépendance beaucoup plus importante qui s'est instaurée à l'égard de la Russie. La dépendance militaire, la dépendance stratégique, la dépendance économique, qui existaient déjà auparavant, se sont beaucoup renforcées depuis 2022 », énumère Olga Gille-Belova. Alexandre Loukachenko applique aujourd'hui la méthode Poutine. C'est donc la peur qui domine dans le pays. À tel point que, cette année, personne de s'attend à ce que les Biélorusses mécontents sortent s'exprimer dans les rues après cette élection. « Il y a un tel degré de répression… Tout a été traqué et continue d'être traqué. Il y a 1 250 prisonniers politiques, mais il y en a qui ont pris des peines d'un an de prison, de deux ans de prison. Certains sont sortis, mais il y a d'autres qui entrent. En fait, ça ne s'arrête pas depuis 2020. La répression à l'intérieur du pays est telle qu'une mobilisation apparaît complètement impossible », explique Ronan Hervouet. Alexandre Loukachenko va donc enchaîner un septième mandat, personne n'en doute. Mais à 70 ans, il n'est pas éternel. Et s'il peut encore enchaîner un ou deux mandats, la question de sa succession se pose aujourd'hui. Ce qui semble être la seule issue possible pour un changement de pouvoir à la tête de la Biélorussie. À lire aussiBiélorussie: un «simulacre d'élection» dans un pays avec «des milliers de prisonniers politiques»
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  • António Costa, un adepte du compromis au service de l’Union européenne
    Jul 11 2025
    Il a vécu son baptême du feu en présidant son premier Conseil européen à Bruxelles jeudi 19 décembre : António Costa veut secouer les habitudes prises ces dernières années à Bruxelles… La « méthode Costa », faite de compromis et de relationnel, lui a plutôt réussi au Portugal, mais peut-elle fonctionner à Bruxelles dans un contexte de fortes tensions économiques et politiques ? [Rediffusion] Lunettes rondes, cheveux argentés et sourire communicatif : António Costa est visiblement satisfait de « son » premier Conseil européen en tant que président de l’institution. Il faut dire que l’ancien Premier ministre portugais a déjà réalisé un petit exploit en concluant en une seule journée ce conclave des dirigeants européens… une « méthode Costa » déjà saluée par ses interlocuteurs de l’Union européenne. « Je pense que nous avons réussi à concentrer le travail des dirigeants sur la discussion stratégique et politique, en confiant la préparation du sommet à nos ambassadeurs », s’est donc félicité l’ancien Premier ministre à l’issue de ce premier Conseil européen, tandis qu’aux étages du bâtiment Justus Lipsius, les dirigeants européens ne cachaient pas leur soulagement de pouvoir rentrer dans leurs pays respectifs aussi rapidement. « Il a voulu ramasser le Conseil européen sur une seule journée alors que jusqu’à présent, c'était sur deux jours », salue Pascale Joannin, directrice générale de l’Institut Robert Schuman. « C’est vraiment la première mesure tangible que l’on voit de la "méthode Costa" – l’idée étant de permettre aux 27 de se voir, d’échanger, mais de le faire plus rapidement, même si l’agenda est chargé. » Origines indiennes Un premier point positif donc pour ce nouveau président du Conseil européen, nommé le 1ᵉʳ décembre dernier pour un premier mandat de deux ans et demi – renouvelable une seule fois. Aujourd’hui âgé de 63 ans, António Costa a grandi au Portugal dans une famille très politisée et engagée contre la dictature de Salazar, une histoire familiale qui l’a beaucoup marqué, de même que les origines indiennes de son père. « Orlando da Costa était originaire d’une famille de Goa, un comptoir indien resté portugais jusque dans les années 1960, et il a ensuite vécu un temps au Mozambique, il a donc eu une histoire familiale liée à la colonisation portugaise », raconte Victor Pereira, chercheur à l’Institut d’histoire contemporaine de l’Université nouvelle de Lisbonne. « Autre élément important dans cette histoire familiale : son père était écrivain et il militait au Parti communiste portugais, qui était le principal parti d’opposition pendant la dictature de Salazar. Sa mère, Maria Antonia Palla, était une journaliste engagée à gauche. Elle a fait notamment des reportages sur les avortements clandestins, ce qui lui a valu des mésaventures avec la justice, mais aussi une réputation de journaliste courageuse et engagée. » Une première grève à 14 ans C’est donc très jeune qu’António Costa s’engage en politique, il a d’ailleurs organisé sa première grève à l’âge de 14 ans pour dénoncer l’éviction d’une professeure dans son collège. Passionné de football – il soutient le Benfica – et de cinéma, il devient avocat, milite au Parti socialiste et entre pour la première fois au gouvernement en 1995 à l’âge de 34 ans, sous la houlette d’António Guterres, l’actuel secrétaire général de l’ONU. Il est maire de Lisbonne pendant huit ans, un mandat qu’il met à profit pour revaloriser et dynamiser la capitale portugaise. Puis, en 2015, il devient Premier ministre en formant une alliance à gauche qui est alors totalement inédite au Portugal. Cet amateur de puzzle à 1 000 pièces déploie alors des talents de négociateur hors pair afin d’y parvenir. « Il va réussir à gouverner durant quatre ans avec une formation de gauche radicale et avec les communistes, dont les relations avec les socialistes portugais ont toujours été très tendues, décrypte Victor Pereira. Et ce alors que c’est la droite qui était arrivée en tête aux élections ! En outre, il parvient à rompre avec la politique d’austérité de ses prédécesseurs tout en améliorant la situation financière du pays. » Un « miracle portugais » qui finit mal pour António Costa : le dirigeant portugais est contraint de démissionner, fin 2023, lorsque son nom apparaît dans une affaire de corruption. L’enquête n’aboutit pas, mais l’ancien avocat doit renoncer à ses ambitions nationales et finit par rebondir au niveau européen, en profitant du départ de Charles Michel pour diriger le Conseil européen. À lire aussiDémission du Premier ministre portugais emporté par un scandale de corruption La « méthode Costa » À Bruxelles, l’ancien Premier ministre n’arrive pas en ...
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  • Gergely Karacsony, l’opposant de Budapest
    Jul 4 2025
    Il s’est fait connaître hors des frontières de son pays en sauvant la marche des fiertés de Budapest : Gergely Karacsony est notre Européen de la semaine. Le maire de Budapest est devenu le nouveau héraut de l’opposition au nationaliste Viktor Orban. Grâce à lui, la Marche des fiertés a pu avoir lieu dans les rues de la capitale hongroise. Une édition historique. Jusqu’à 200 000 personnes auraient défilé à Budapest le samedi 28 juin 2025. Du jamais vu ! Elles ont manifesté pour le respect des droits LGBTQ+ mais aussi – et surtout – contre Viktor Orban. Le Premier ministre hongrois a tout fait pour interdire ce rassemblement. Mais Gergely Karacsony a entamé un bras de fer avec le gouvernement pour que la Gay Pride ait bien lieu. « Nous avons décidé de soutenir cette cause, et la municipalité de la capitale organisera cet événement à la place de la Budapest Pride interdite », déclarait-il avant la manifestation. « Cet événement sera pleinement conforme aux lois hongroises et à notre conviction morale : nul en Hongrie ne devrait être victime de discrimination. » Le maire de Budapest n’a rien lâché. Cette Gay Pride s’est tenue sans heurts avec la police, alors que les manifestants étaient menacés d’amendes de plusieurs centaines d’euros et d’un an de prison. C’est même la plus grande manifestation anti-Orban depuis une décennie dans le pays. « Vrai opposant » Gergely Karacsony est un opposant à Viktor Orban depuis le début de son engagement politique. Il y a quatre ans, il a même tenté de se présenter comme le candidat de l’opposition contre Viktor Orban, mais il échoue à la primaire des partis de gauche. Un opposant de longue date, plus que le favori des sondages, le dissident du Fidesz Péter Magyar. « Les médias occidentaux ont focalisé l'attention sur Péter Magyar en oubliant un petit peu le maire de Budapest qui en fait à une grande antériorité par rapport à Magyar dans l'opposition à Orban », explique Catherine Horel, directrice de recherches au CNRS et spécialiste de la Hongrie. « Parce que Karacsony, à la différence de Péter Magyar, c'est un vrai opposant. On a affaire à quelqu'un qui dès le départ, dès le début de sa carrière politique est à gauche. C'est quelqu'un qui a maintenu son profil d'opposant depuis le début de sa carrière politique. » À lire aussiMarche des fiertés: Irlande, Hongrie... les droits LGBT+ reculent dangereusement Engagé à gauche Gergely Karacsony ne vient pas de l’élite. Il a monté une à une les marches de l’ascension sociale, retient Catherine Horel : « C'est quelqu'un de très modeste, qui vient de province, qui s'est fait tout seul, qui est monté faire ses études à Budapest, qui vient d'une famille avec une maman veuve. C'est quelqu'un qui n’a pas eu la cuillère d'argent dans la bouche. Il est venu jeune étudiant à Budapest, il a fait des études de sociologie et de sciences politiques. Et puis à un moment, il s'est engagé et il a été repéré par l'état-major du parti socialiste. Et il a commencé à travailler pour le gouvernement socialiste à partir de 2002. » Il crée ensuite son propre parti, « Dialogue ». Maire d’arrondissement, il remporte la ville de Budapest en 2019. Il se présente comme écologiste, mais il a plutôt fédéré des écologistes autour de lui. Et à la tête de la capitale, il est aussi engagé dans un bras de fer permanent avec le gouvernement. « Il y a plein de choses qu'on ne peut pas faire à Budapest parce que ça dépend de l'État », retient Catherine Horel. « Et systématiquement des initiatives de la mairie sont battues en brèche par le gouvernement. Il a donc été empêché dans un certain nombre d'initiatives par des décisions ministérielles. Les réalisations de monsieur Karacsony sont assez limitées à Budapest, mais en partie à cause de ça. » 50 ans, lunettes, sans cravate, il apparaît toujours souriant, on le voit sur X avec un tee-shirt Budapest aux couleurs du drapeau LGBT. Marié et père de famille, discret et sans aspérité, on ne lui connaît pas de passions en dehors de son métier chronophage de maire. Relance dans la course pour détrôner Orban ? Après le succès de la Marche des fiertés, on lui prête maintenant un destin national. Mais si Gergely Karacsony est bien connu des habitants de la capitale, c’est dans les campagnes qu’il va devoir convaincre et séduire la population, souligne Catherine Horel : « Il faudrait qu'il rebâtisse une figure nationale. Et je ne suis pas sûre que l’initiative qu'il a prise d'autoriser la Marche des fiertés ait beaucoup d'écho chez le petit électeur rural du Nord-Est et qui vote Orban, qui va dire "Ah bah oui, à Budapest, c'est bien connu, c'est tous des dégénérés, etcetera". » Les prochaines élections auront lieu en mars prochain. Une primaire pourrait être organisée pour choisir le candidat de gauche. ...
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