• Européen de la semaine

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Européen de la semaine

By: RFI
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  • Chaque semaine, la rédaction Europe de RFI, fait le portrait d’un Européen qui est au cœur de l’actualité. Un portrait qui permet de découvrir les acteurs du monde dans lequel nous vivons et d’éclairer les évènements que nous commentons et dont nous témoignons dans les journaux de RFI.

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Episodes
  • Géorgie: Bidzina Ivanishvili, le prince de l'ombre
    Nov 1 2024
    Il est Géorgien et se nomme Bidzina Ivanishvili. Il est l'homme le plus riche du pays et président d'honneur du parti Rêve géorgien, au pouvoir depuis 2012. Il est vu comme l'homme qui tire les ficelles de la turbulente vie politique de ce pays du Caucase déchiré entre l'aspiration à l'intégration européenne et le renforcement de la sphère d'influence russe. À Tbilissi, il est difficile d'échapper à sa présence pour une raison simple et bien visible : son immense villa s'étale sur une colline dominant le quartier historique de la capitale. On y trouve, dit-on, un héliport, des appartements privés, un bureau panoramique, une galerie d'art où est exposé son Picasso à 95 millions de dollars... Il y a même un zoo privé et un aquarium dans lequel il cajole lui-même, de son propre aveu, un requin et une raie manta.Le maître des lieux de ce palais de verre et d'acier porte des costumes de prix et des cheveux poivre-et-sel toujours impeccablement brossés en arrière. Calme, assumant une allure un peu pincée de colonel en civil, Bidzina Ivanishvili règne sur sa famille, sur son clan, sur son argent et sur son pays avec la même rigidité. De l'avis de nombre de ses adversaires qui l'ont connu dans le passé, c'est un homme qui aime exercer le pouvoir et qui, pour ce faire, s'appuie sur un entourage obscur. Mais c'est aussi un chef de parti très soucieux de préserver ses intérêts privés.« Le qualificatif d'homme politique ne convient pas toujours à Ivanishvili parce que c'est une personnalité de l'ombre, explique ainsi le politologue Thorniké Gordadzé, enseignant à Sciences-Po, qui a été ministre dans le gouvernement ayant précédé l'arrivée en politique de l'oligarque. C'est quelqu'un qui déteste les réunions, qui n'aime pas parler aux diplomates et qui préfère rester chez lui. En revanche, il a un contrôle total à la fois sur le parti et le cabinet des ministres qui étaient ses anciens employés : son ancien garde-du-corps a été ministre de l'Intérieur puis chef des renseignements, son avocat ministre de la Justice, le dentiste de son épouse ministre de la Santé… Et on peut multiplier les exemples. »La guerre ou la paixBidzina Ivanishvili dirige donc, de fait, les gouvernements successifs de la Géorgie depuis 2012. Et c'est lui qui, à l'aide de sa machine électorale et de ses obligés, a engagé la Géorgie dans la voie actuelle.Vers quel but ? Après avoir voté le 26 octobre au milieu d'une violente bousculade de journalistes et de garde-du-corps, il a formulé ainsi ce qui, à ses yeux, était l'enjeu des législatives, qui sont depuis si controversées : « Soit nous choisissons un gouvernement qui vous servira, vous, le peuple géorgien, la société géorgienne, notre patrie, et s'occupera réellement de notre pays, soit nous choisissons des agents de l'étranger qui ne feront qu'obéir aux ordres de pays étrangers. »Des forces occultes seraient donc à l'œuvre, selon lui, pour pousser la Géorgie à la guerre, comme elles auraient poussé l'Ukraine à la guerre en 2022 : tel était d'ailleurs son axe de campagne, telle est son obsession, tel est son croquemitaine préféré.« L'homme est assez friand des théories du complot, explique Thorniké Gordadzé. Comme lui-même adore être dans l'ombre, il pense que le monde est gouverné par un nombre restreint de personnalités qui n'apparaissent pas : il le nomme le "Parti global de la guerre". Ce petit nombre contrôlerait Joe Biden, Ursula von der Leyen et la plupart des dirigeants et des chefs de gouvernement européens. Et dans cette configuration, il serait la seule personne qui protégerait la Géorgie d'une nouvelle guerre contre la Russie. »Un pied à MoscouLa Russie, qui occupe encore une partie du pays depuis 2008 et qui est dans toutes les têtes en Géorgie, est en effet l'autre patrie de Bidzina Ivanishvili. Champion de la libre entreprise et de l'Europe hier, célébré par les milieux d'affaires occidentaux, il a même eu, pendant un temps, la nationalité française. Ce fils de mineur a bâti sa fortune à Moscou dans les années 1990, les grandes années du dépeçage de l'Union soviétique. Et de l'avis des bons connaisseurs du pays, on ne sort pas indemne ou totalement affranchi du Kremlin.Pourtant, ses partisans et lui-même se taisent obstinément sur le sujet. Alors, son penchant pour Moscou ne serait-il qu'une rumeur malveillante ? Non, il s'agit d'un projet politique, estimait la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili. Les prochaines étapes pour son parti et lui, a-t-elle ainsi déclaré le 29 octobre 2024 sur RFI, « ils les ont annoncé au cours de la campagne électorale : l'arrestation des opposants, l'interdiction des partis politiques d'opposition, la mise en œuvre ''rigoureuse'' – comme ils disent – de la loi russe sur les ''agents étrangers'' qui pratiquement revient comme en Russie à la mise à pied et le placement sous ...
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  • Maia Sandu, la présidente moldave face à l’influence russe
    Oct 26 2024
    C’est un second tour très délicat qui se profile le 3 novembre prochain pour Maia Sandu, la présidente pro-Europe de la Moldavie. Arrivée en tête du premier tour de l’élection présidentielle, le 20 octobre dernier, Maia Sandu est fragilisée par la victoire étriquée du référendum sur l’Union européenne organisé le même jour : seulement 50,4 % des voix en faveur de l’Union européenne. C’est seulement au bout d’une nuit électorale éprouvante pour les nerfs que le verdict est tombé, avec une victoire du « oui » sur le fil du rasoir, obtenue grâce à l’apport tardif des voix de la diaspora. Pour le camp pro-européen, l’essentiel est sauf puisqu'avec ce « oui », l’objectif d’adhésion à l’Union européenne sera bien gravé dans le marbre de la constitution moldave.Mais l’impact politique de ce vote étriqué sera forcément négatif, tant la présidente s’était personnellement impliquée dans la bataille du référendum. Maia Sandu ne s’y est pas trompée, qui fustigeait dans le courant de la nuit, alors qu’un décompte encore provisoire accordait la victoire au « non », une « attaque sans précédent contre la démocratie, à coups de désinformation et d’achat de voix. »Aujourd’hui âgée de 52 ans, Maia Sandu conserve toutefois une base électorale importante - elle a tout de même obtenu 42 % des voix au premier tour et elle reste aux yeux de ses électeurs une présidente à la fois intègre et compétente. « J’ai voté pour elle parce qu’à mon avis, c’est la présidente idéale pour la Moldavie, nous confiait avec enthousiasme Tatiana, une habitante de Chisinau rencontrée lors de la journée d’élection du 20 octobre. Elle est intelligente, elle parle plusieurs langues, elle a rencontré les plus grands dirigeants de la planète. Et puis elle est intègre ! Elle se bat contre la corruption dans tous les domaines. »À lire aussiMoldavie: la présidente Sandu en tête du premier tour, courte victoire du «oui» au référendum sur l'UE« Elle n’a pas tenu ses promesses »De fait, cette ancienne économiste de la Banque mondiale a un CV impressionnant et continue de vivre simplement, dans le modeste appartement qu’elle occupe avec sa mère. Les détracteurs de Maia Sandu lui reprochent cependant de ne pas avoir mesuré les conséquences de l’inflation qui a suivi la guerre en Ukraine (29 % en 2022).« Elle devait augmenter les retraites, mais ce sont les prix qui ont augmenté, souffle Parascovia, une ancienne institutrice de 76 ans qui a été obligée de reprendre un travail pour subvenir à ses besoins. « Moi, j'ai travaillé plus de 40 ans et maintenant, j'ai une retraite de 4 300 lei [environ 200 euros, NDLR] ! Comment pourrais-je payer mon loyer, acheter mes médicaments ? Maia Sandu n’a pas tenu ses promesses et elle m’a beaucoup déçue. C’était des paroles, beaucoup de paroles, mais pas de résultats. » Lors de son élection en 2020, Maia Sandu s’est engagée à réformer la justice et à combattre la corruption. Elle se présentait comme une candidate favorable à l’Europe, mais n’a pas tout de suite rompu avec la Russie. « À partir de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en 2022, la Moldavie ne pouvait plus rester à l’écart et rester amie avec tout le monde, l’Occident et la Russie, ce qu’elle faisait depuis son indépendance, il y a 30 ans, se rappelle Vladislav Kulminiski, ancien vice-Premier ministre de Maia Sandu. Dès lors, son discours et son attitude ont changé : elle a dit que la menace venait de la Russie et que pour préserver la paix en Moldavie, il fallait rejoindre l’Union européenne. »Basculement pro-européenSandu rompt alors avec la Russie, se tourne résolument vers le camp occidental et voit son activisme diplomatique couronné de succès, puisque l’Union européenne accepte d’ouvrir des négociations d’adhésion avec la Moldavie en juin dernier.Revers de la médaille, ce choix pro-occidental suscite l’inquiétude d’une partie de la population, attachée à la neutralité de la Moldavie. « La propagande russe a imposé l’idée que l’UE veut dire l’Otan, décrypte Catherine Durandin, professeur honoraire à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). La propagande insiste sur le fait que l’UE va entraîner la Moldavie dans la guerre en Ukraine. Or, la population veut la paix à tout prix et a peur de ce glissement vers l’UE et vers l’Otan. »Autre angle d’attaque du camp pro-russe, tout comme en Géorgie : l’idée qu’une adhésion à l’UE menacerait les valeurs traditionnelles – valeurs fondées sur la religion orthodoxe et une conception conservatrice de la famille. « L’Union européenne est présentée par la propagande pro-russe comme un monde décadent qui rendrait obligatoire, par exemple, les mariages homosexuels, pointe Catherine Durandin. L’UE est également associée ...
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    4 mins
  • Dasha Navalnaya dans les pas de son père
    Oct 19 2024
    Elle vient tout juste d’avoir son diplôme mais elle a déjà une sacrée expérience politique. Dasha Navalnaïa est notre Européenne de la semaine. La fille aînée d’Alexeï Navalny, l’opposant russe mort en détention en février dernier, s’est engagée dans le prolongement du combat mené par son père jusqu'à prêter main forte à la campagne de Kamala Harris. En 2023, âgée d’à peine 23 ans, Dasha Navalnaya donne une conférence Ted en Géorgie et se met dans les pas de son père. Alexeï Navalany était à l’époque encore en vie dans sa prison : « Si être la fille de mon père m'a appris quelque chose, c'est de ne jamais céder à la peur et à la tristesse. La Russie est ma maison et je vous le promets : je continuerai à m'exprimer, à dire la vérité et à me battre jusqu'à ce que la Russie devienne un pays libre et démocratique. Libérez Alexeï Navalny ». C’est aussi elle qui reçoit au nom de son père le prix Sakharov au Parlement européen en 2021. Très jeune mais déjà très politique. À tel point qu’elle est aujourd’hui l’une des rares voix de l’opposition russe en exil.D'étudiante en Californie à soutien de Kamala HarrisSon vrai prénom est Daria mais tout le monde la connaît sous son diminutif Dasha. Elle vient de finir ses études dans la prestigieuse université américaine de Stanford en Californie après une enfance évidemment particulière. La première fois que la police est entrée dans l’appartement familial, elle avait 10 ans. « C'est l'engagement politique de son père au péril de sa vie qui est le fait le plus marquant de cette enfance », note Cyrille Bret chercheur à l’institut Montaigne, spécialiste de la Russie. « Cela détermine sa prise de position dans la politique russe bien sûr, mais aussi dans la politique américaine ». Son diplôme de psychologie et de sciences politiques en poche, Dasha Navalnaya a fait un choix surprenant : elle vient de s’engager pour Kamala Harris. Pour s’occuper de sa campagne en Pennsylvanie comme nous l'apprend le journal britannique The Times. Militante de terrain Dasha Navalnaya est « field organiser », une coordinatrice sur le terrain chargée d'organiser la mobilisation des électeurs et l’animation des sections locales du parti démocrate. Depuis le mois d’août, elle s’est engagée en Pennsylvanie, un État clé pour l’élection de novembre. Un premier job annoncé discrètement sur son compte Linkedin. Si elle n’a pas soutenu officiellement Kamala Harris, c’est quand même un choix surprenant, même pour le chercheur Cyrille Bret : « c'est évidemment un engagement politique dans la continuité des valeurs défendues par son père. Mais en même temps, c'est une façon de s'ancrer dans le paysage politique américain, ce qui risque de la discréditer assez durablement sur la scène politique russe ».Quel rôle en Russie ? À l'étranger, c’est déjà l’une des principales figures anti-Poutine, aux côtés de sa mère. Dasha Navalnaya a donné plusieurs interviews marquantes, au magazine allemand Spiegel ou la télé américaine CNN. Elle a aussi mené une série d’entretiens très politiques avec des jeunes sur sa chaîne YouTube. Mais c’est surtout sur son compte Instagram et avec ses 264 mille followers que Dasha partage sa vie quotidienne d’une jeune de son temps, malgré les menaces qui pèsent sur elle. Alors peut-elle vraiment jouer un rôle politique en Russie en vivant aux États-Unis ? « Si elle voulait jouer un rôle politique actif en Russie, c'était plutôt le chemin du martyr de son père qu'il aurait fallu suivre », relève le chercheur Cyrille Bret. « Pour qu’une figure de ce type-là, de l'exil, diplômé de Stanford, ait un rôle politique en Russie, il faudrait tout simplement qu'il y ait un changement de régime à Moscou ». On se pose la même question pour sa mère Ioulia. Et c’est difficile de mesurer auprès des Russes l’impact des prises de paroles de la veuve de Navalny, qui vit cachée quelque part en Europe. Pour Cyrille Bret, les jeunes russes, même s’ils entendaient Dasha Navalnaya, ne la suivraient probablement pas : « La population jeune des grands centres urbains de Russie est évidemment plus enclin à rejoindre la contestation du régime. Mais c'est intégralement une génération Poutine. C'est Vladimir Poutine qui a façonné la culture politique du pays. Et cette culture politique est aujourd'hui faite pour rendre inaudible toute parole qui viendrait de l'étranger ». Dasha Navalnaya, elle, l’assure, elle retournera vivre un jour à Moscou, sa ville préférée.
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