L'homme qui a aidé à créer le mythe Donald Trump pour la télé-réalité demande pardon aux Américains, « pour avoir aidé à créer un monstre ». Le compte à rebours est lancé : le 5 novembre, les Américains se rendront aux urnes, pour élire leur président pour les quatre prochaines années. D’où vient donc cette impression que cette élection aura des conséquences déterminantes sur la paix mondiale ?D’ordinaire, l’opinion, sous toutes les latitudes, vit chaque présidentielle aux États-Unis comme si elle était déterminante pour le destin du monde. Et, de fait, elle l’est, puisque le locataire de la Maison Blanche, de par le poids de son pays sur l’échiquier diplomatique international et dans l’économie mondiale passe pour être le leader du monde libre. Avec l’actualité agitée que nous vivons, et toutes ces tensions qui fragilisent les équilibres régionaux, la personnalité du prochain président des États-Unis peut, soit ramener un tout petit peu de sérénité, ou précipiter le monde vers un peu plus d’incertitude. Certains des protagonistes des tensions actuelles ne s’y trompent pas, qui ont leurs préférences, et seraient heureux de voir dans le Bureau ovale Donald Trump ou Kamala Harris, pour leur permettre de persister dans la voie qu’ils ont choisie, ou de refréner quelque peu les ardeurs de leurs adversaires. Deux personnalités en tout points dissemblables, que les sondages peinent à départager. Autant dire que le meilleur reste possible, mais le pire aussi.N'a-t-on pas un peu trop tendance à diaboliser Donald Trump ?Ses actes et ses propos justifient la perception que l’on peut avoir de lui. Pour le reste, lui-même ne se prive pas de diaboliser tous ceux qui viennent d’ailleurs, ne pensent pas comme lui, ou ont l’outrecuidance de ne pas le soutenir. D’ailleurs, il suffit de survoler la liste de tous ceux qui l’ont soutenu par le passé, ont travaillé avec lui et tout donné pour lui, et qui se retrouvent à le combattre aujourd’hui avec virulence, pour comprendre. Son propre vice-président l’a désavoué, et Dick Cheney, l’ancien vice-président de George W. Bush, connu pour être un républicain pur et dur, s’est rangé derrière la candidate démocrate. Tout comme sa fille Liz Cheney, qui a justifié son rejet de Donald Trump par cette formule assassine : « les Américains veulent un président que leurs enfants peuvent regarder avec fierté ». Ses amis, Trump les embarrasse ou leur fait peur.Les défections les plus spectaculaires sont celles de jeunes dames courageuses, qui occupaient des postes en vue à la Maison Blanche sous son administration, et disent aujourd’hui préférer leur patrie à leur parti. Nombre de ceux qui ne le combattent pas craignent sa capacité de nuisance, mais le détestent. Ils réprouvent sa radicalité dans le verbe, ses affirmations définitives parfois à mille lieues de la vérité. Ils le trouvent potentiellement dangereux pour la paix mondiale et pour la paix sociale, tant il a du mal à concevoir les relations humaines et interétatiques autrement que dans des rapports d’allégeance ou d’hostilité. Pour certains, il a pris en otage le Parti républicain d’Abraham Lincoln. Ce parti de valeurs est devenu le parti de Trump, assénant les contre-vérités avec un aplomb déconcertant.Il y a pourtant un public qui le suit, des foules…Oui ! Au-delà des États-Unis, le danger qui guette notre monde tient au fait que les dirigeants populistes ont du succès. Une partie de l’opinion adhère ou donne l’impression d’adhérer, y compris à leurs mensonges flagrants. Quel que soit le côté inacceptable de ce que disent certains dirigeants politiques, il y a toujours une partie de l’opinion qui les suit et s’abreuve à la fontaine de leurs excès. Comme si le monde avait pris congé des dirigeants d’envergure. Les imposteurs, les démagogues, les populistes ont quartier libre. Les gens qui sont en politique pour servir l’intérêt général sont de moins en moins nombreux. Mais les actes inappropriés, les propos indécents ne restent jamais sans conséquences pour les peuples. La facture des excès et autres guerres inutiles devra être, tôt ou tard, réglée. Ancien directeur du marketing de la chaîne américaine NBC, John Miller, qui a aidé à fabriquer le mythe Donald Trump dans l’émission de télé-réalité « Apprentice », a pris sa plume, ces jours-ci, pour demander pardon aux Américains, « pour avoir aidé à créer, vingt années durant, un monstre », dit-il. En voici la facture…