• Enrico Letta : «Répliquons à Trump en évitant d'être une colonie de la finance américaine !»

  • Feb 7 2025
  • Length: 20 mins
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Enrico Letta : «Répliquons à Trump en évitant d'être une colonie de la finance américaine !»

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  • Cette semaine, nous recevons Enrico Letta, président de l’Institut Jacques Delors ainsi qu’ancien ministre et président du Conseil des ministres italien. Auteur d’un rapport sur la compétitivité de l’UE, il commente les menaces commerciales des États-Unis, le souverainisme grandissant au sein des Vingt-Sept et l’avenir de l’UE portée par le couple franco-allemand. À la suite de l’élection de Donald Trump aux États-Unis et à ses menaces d’augmenter les taxes douanières sur les exportations européennes, Enrico Letta prône de «changer d'approche avec le président américain : il faut commenter les faits et non pas les annonces. Il cherche à créer du chaos avec des dizaines d’annonces sur des sujets différents». Si l’Union européenne (UE) est dans l’attente d’annonces officielles de l’administration Trump au sujet des droits de douane, Enrico Letta prédit qu’elle devra «répliquer au niveau commercial» mais également dans d’autres domaines : «Si Donald Trump continue à attaquer l'Europe, il faut également répliquer au niveau des marchés financiers en protégeant notre système financier et en évitant d'être une colonie de la finance américaine !»Pourtant, au sein même des Vingt-Sept, des désaccords subsistent face à l’attitude du président américain. Giorgia Meloni, présidente du Conseil en Italie et Viktor Orban, Premier ministre hongrois, ont notamment participé à l’investiture de Donald Trump. «Quelques pays pensent qu'avoir une relation personnelle avec Donald Trump va les aider à éviter ses coups. Je pense que c’est une grande erreur», ironise l’ancien chef de file du parti démocrate de centre gauche en Italie. Si Giorgia Meloni a l’oreille du président américain, Enrico Letta espère que «cela se concrétise de façon utile pour tous et qu’elle ne divisera pas l'Europe». «L’Europe doit parler d'une voix à Donald Trump et cette voix doit être celle de la présidente de la Commission européenne». L’Italie a également signé un contrat de 1,5 milliard d'euros avec l’entreprise d’Elon Musk contre la fourniture d'un accès sécurisé à Internet via le système Starlink pour les opérations du gouvernement italien et de son armée. Un partenariat critiqué par l’ancien président du Conseil des ministres italien qui le considère comme une entrave au développement d’un programme spatial à l’échelle européenne : «Nous devons défendre cette solidarité entre nous et il faut le faire ensemble.» Selon Enrico Letta, «Elon Musk déteste l'Europe en tant que telle, l'idée de cette solidarité entre les pays».Le milliardaire Elon Musk, désormais acteur majeur de l’administration Trump, interfère également dans les élections législatives allemandes du 23 février. Il soutient publiquement le parti d’extrême droite AfD, qui grimpe dans les sondages pour ces élections. «J'espère que l’AfD ne va pas gagner ces élections. Il est évident que cette tentative d’Elon Musk d'aider l’AfD est une tentative de nuire à l'Union européenne. Si l'Allemagne vire à l'extrême droite, ce sera un coup mortel pour l'UE», alerte le président de l’Institut Jacques Delors. Il s'inquiète également d'une possible collaboration entre l’AfD et le parti chrétien-démocrate, en tête des sondages. Une coalition exclue par le chef de file des chrétiens-démocrates, Friedrich Merz, mais qui vient de voter une motion anti-migrants en s'appuyant sur les voix des députés AfD. «J'espère que ce dossier est complètement clos», assène Enrico Letta. «J'espère que le résultat des urnes donnera lieu à une coalition simple, pas une coalition à trois ou quatre partis. Ce serait un désastre. Une coalition simple et surtout pro-européenne», détaille-t-il.Hongrie, Pays-Bas, Belgique, Autriche, Slovaquie… de plus en plus de pays européens sont dirigés par des gouvernements de droite radicale ou populistes. Face à un souverainisme grandissant, Enrico Letta rappelle que la solidarité européenne est essentielle notamment en termes de compétitivité : «Le souverainisme national profite à Wall Street, à l'industrie américaine et chinoise à cause de la fragmentation de notre système de marché financier européen, divisé en 27 pays.»Revenant sur l’idée de solidarité européenne, le président de l’Institut Jacques Delors promeut le développement de politiques de cohésion : «Le marché intérieur, c'est un succès, mais ça renforce ceux qui sont déjà forts. Il faut aider en étant solidaires», encourage-t-il.
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