• En attendant le bonheur des partis uniques…

  • Mar 8 2025
  • Length: 4 mins
  • Podcast

En attendant le bonheur des partis uniques…

  • Summary

  • Après la généralisation, dans certains pays d'Afrique de l'Ouest, des détentions arbitraires, des procès expéditifs, des coups d'État et de leur cortège de kakistocratie, il n'est pas exclu que, bientôt, certains réclament le retour au monopartisme. Au Gabon, le général Brice Oligui Nguema se déclare candidat à la présidentielle du mois prochain, au grand dam de ses potentiels adversaires et d’une partie de l’opinion qui pensait qu’au terme de la transition engagée depuis le coup d’État d’août 2023, il rendrait, comme il l’avait promis, le pouvoir aux civils. Que dit cette candidature de l’engagement des militaires en politique en Afrique ?S’il subsistait, dans l’opinion, une quelconque illusion sur l’aptitude des militaires africains à tenir parole, celle-ci s’est envolée avec cette déclaration de candidature. Ces cinq dernières années, il était, sur le continent, le dernier à s’être emparé du pouvoir par un coup d’État. Il semblait plus cohérent, se distinguant même, en étant le premier à revenir, aussi vite, à l’ordre constitutionnel. Sauf qu’en choisissant de se porter candidat à une élection qu’il peut difficilement perdre, il a décidé de garder le pouvoir. Il conforte l’impression, plutôt désagréable, que les militaires putschistes sont davantage motivés par la soif du pouvoir que par une quelconque volonté de rétablir l’état de droit et la démocratie. L’on est loin des gestes majestueux des militaires justiciers, dont quelques-uns sont entrés dans l’Histoire comme semeurs de démocratie et de développement. Certes, à Libreville, beaucoup encensent le général. Mais, il n’empêche. Son seul fait de gloire, pour le moment, est d’avoir renversé l’impopulaire Ali Bongo.Ne pensez-vous pas que ceux qui chantent les louanges du général Oligui Nguema sont convaincus qu’il est le seul à avoir l’envergure pour relever le pays ?Ils ne se sont manifestement pas donnés beaucoup de peine à chercher. Il est intriguant de voir des politiciens connus naguère pour leur virulence à l’égard du pouvoir des Bongo, se muer subitement en laudateurs obséquieux du général Brice Oligui Nguema, issu du même système. Comme s’ils le remerciaient pour la place qu’il leur a conférée dans le système nouveau. Et que, pour chacun d'eux, sa candidature était juste vitale. Après tout, ils ne peuvent espérer conserver leur rang et leurs privilèges au bord de la mangeoire que si le général est confirmé dans ses fonctions actuelles. Mais il n’y a pas qu’au Gabon que l’on admire aussi facilement un militaire, pour juste avoir déposé un chef d’État. La servilité de la plupart des laudateurs est d’autant plus déconcertante qu’elle n’est nullement désintéressée…La virulence des détracteurs l’est-elle davantage ?Non, évidemment pas ! Et le plus désespérant, au Gabon comme dans de trop nombreux pays africains, est que, entre les champions de la complaisance cupide et les détracteurs stériles, il n’y a pratiquement pas d'espace pour des voix qui soient dans la mesure, avec ce qu’il faut de crédibilité, pour indiquer le cap de l’intérêt général, avec quelque chance d’être écoutées. Pendant que les profiteurs d’hier ruminent à l’écart leur rancœur, les profiteurs d’aujourd’hui embouchent leur trompette de griots, en attendant qu'un jour les rôles s’inversent. Ou que s’opèrent des ralliements, ou des défections, au nom de la transhumance si répandue dans certaines contrées.À l’indépendance du Ghana, le Dr Kwame Nkrumah se réjouissait de ce que l’Afrique avait conquis le droit de commettre ses propres erreurs. Certains semblent l’avoir pris au mot, au-delà de la caricature. Mais, en oubliant d’en assumer les conséquences. En oubliant de s’améliorer à partir des expériences malheureuses. Comme s’ils avaient délibérément fait le pari du recul permanent, certains peuples s’évertuent à répéter sans cesse les mêmes erreurs. C’est ainsi que l’on glisse subrepticement vers ce que l’on appelle la kakistocratie. Et, à ce rythme, il ne faut pas s’étonner, demain, dans la continuité de la mode des coups d’État, que l’on vienne convaincre les Africains de l’utilité, sinon du bonheur des partis uniques.À lire aussiGabon: le général Brice Oligui Nguema officialise sa candidature à la présidence
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