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  • Romain Lucken, le surveillant de l'espace
    Feb 28 2025
    Imaginez une ville où tous les véhicules circuleraient sans feux verts ni feux rouges. Imaginez qu'en plus, des milliers de projectiles volants seraient lancés entre tous ces véhicules. C'est pourtant ce qui arrive au-dessus de nos têtes. L'espace est aujourd'hui habité de satellites militaires, commerciaux et civils. Le problème, c'est qu'en vol, ces satellites ne peuvent pas s'arrêter ni toujours se désintégrer. Romain Lucken, ingénieur français, a créé Aldoria pour prévenir les accidents. RFI : Pour commencer, quand on parle du spatial ou de territoire spatial, c'est à quelle hauteur au-dessus de nos têtes terriennes ? Romain Lucken : Assez vite ! Au-delà de 80 kilomètres, on passe la ligne de Van Karman (reconnue à 100 kilomètres par la Fédération aéronautique internationale comme la frontière officielle entre la Terre et l'espace). On commence donc à être dans l'espace au-delà de 100 kilomètres.Les satellites que votre entreprise Aldoria observent depuis la Terre grâce à vos télescopes géants, circulent à quelle hauteur ? Jusqu'à 2 000 kilomètres, on considère les orbites de la Terre – trajectoires autour d'une planète – comme des orbites basses. Ensuite, les orbites Léo, comprises entre 2 000 kilomètres et 36 000 kilomètres, sont les orbites des récepteurs GNSS pouvant recevoir les satellites de navigation de tous les réseaux (de 24 à 30 satellites par réseau).Quelle est la différence entre GPS et GNSS ?Les récepteurs GPS que nous connaissons sont situés entre 20 000 à 25 000 kilomètres. Ensuite, l'orbite géostationnaire se situe à 36 000 kilomètres de la Terre. C'est la route droite et la plus haute. La trajectoire est directe, à l'exacte verticale de l'équateur. De là, les instruments peuvent observer près d'un tiers de la Terre. Pour finir, au-delà des 36 000 kilomètres, on considère que ce ne sont plus les orbites terrestres, c'est l'espace. Aldoria, votre entreprise, est spécialisée dans les débris, ces déchets de l'espace laissés par les satellites. Pourquoi avoir développé ce secteur ? Parce qu'il y a urgence ! Aujourd'hui, avec l'envoi de toujours plus de satellites, l'espace est devenu un territoire encombré de déchets, de résidus de l'activité humaine. Des milliers de satellites ont été envoyés depuis les années 1950. Le problème, c'est que les envois de satellites continuent, avec des satellites qui laissent des morceaux en l'air capables de rester pour l'éternité.Alors ça, c'est incroyable ! Je croyais que les satellites se désintégraient, qu'ils retombaient sur Terre ou dans la mer. Vous dites qu'ils ne se désagrègent pas automatiquement ? Normalement, oui ! En orbite basse, jusqu'à 2 000 kilomètres, les satellites doivent se désorbiter. Les entreprises qui les envoient doivent laisser assez de carburant pour qu'à la fin de leur mission, ils quittent l'orbite pour rentrer dans l'atmosphère terrestre. Deux solutions sont possibles : soit ils se désintègrent dans l'atmosphère, soit ils retombent dans l'océan. Mais ces satellites sont arrivés en fusée et il y a des accidents, des collisions, des explosions en vol qui ont laissé des débris. Donc il reste encore des milliers de petits bouts, parfois de moins de 10 centimètres, dans l'espace.Pourquoi ces débris sont-ils dangereux ? Parce qu'ils sont lancés à une vitesse ultra-rapide, dix fois la vitesse d'une balle de fusil ! Ce sont de véritables petits canons capables d'endommager les outils, de détruire les instruments et de les faire varier de trajectoire. Imaginez une route avec des milliers d'objets entre lesquels les voitures devraient circuler ! Parmi ces objets volants, on trouve aussi bien des morceaux de satellites que de leur support de base, les fusées. Vous êtes en train de nous dire qu'avec le nombre grandissant de satellites envoyés dans l'espace, ces routes n'ont ni feux rouges, ni feux verts, aucune loi de circulation !Mais c'est impossible de freiner ces engins ! Puisqu'en orbite, lorsqu'ils suivent leur trajectoire, les satellites comme les débris d'appareils ne s'arrêtent pas. C'est la même chose pour tous, de l'objet le plus volumineux au plus petit.À quelle vitesse circulent les satellites en orbite basse ? Environ 8 kilomètres par seconde. L'accident le plus spectaculaire a été celui de 2009 entre deux grands satellites, Iridium-33 et Kosmos-2251. Le premier satellite commercial était américain, l'autre russe. Cet accident a provoqué une pollution spatiale à 800 kilomètres de hauteur, des nuages de 300 000 débris. Ces satellites – environ 10 000 – sont de toutes les tailles ? Oui. Les plus petits ne mesurent pas plus que deux smartphones collés. Le premier satellite russe en orbite, Spoutnik, en aluminium, n'était pas plus gros qu'un ballon de basket. Et ça va jusqu'aux satellites de la taille de bus. Ce sont ces satellites de communication que l'on...
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  • Énergies: l'Union européenne favorable à la production d'hydrogène par énergie nucléaire
    Feb 21 2025
    Passée sous les radars de l'actualité, une annonce européenne va pourtant bouleverser le transport à hydrogène. Pour la première fois de son histoire, l'hydrogène européen à énergie nucléaire sera considéré comme un hydrogène vert, moins polluant pour la planète. C'est le Français Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission européenne, qui l'a annoncé. Ce changement, en faveur du couple nucléaire et hydrogène, sera officialisée le 26 février à Bruxelles. L’intégration de l’hydrogène fabriqué à l’énergie nucléaire fait partie des révisions du Pacte vert, une série d'engagements pour la protection de la planète prises par la Commission européenne, examinées le 26 février. L’hydrogène à énergie nucléaire sera ainsi classé moins polluant. Parmi les critiques, les militants anti-nucléaires dénoncent cette nouvelle forme de production d'hydrogène comme une victoire des lobbys de l'atome.L'hydrogène nucléaire est appelé hydrogène rose. Il est fabriqué par l’électrolyse de l'eau avec de l'électricité issue de centrales nucléaires. On le différencie de l’hydrogène gris – à base d’énergie fossile comme le charbon ou le gaz – ou de l'hydrogène bleu – à partir de gaz naturel avec captation des émissions de CO2. Ou encore de l’hydrogène vert, conçu à partir d’énergies renouvelables telles le solaire ou l'éolien.La France, première puissance nucléaire d’EuropeAvec 56 réacteurs en service, la France reste le premier pays en termes de centrales nucléaires d'Europe. Près de 65% de son énergie nucléaire sert à son approvisionnement électrique. Malgré de nombreux projets de constructions de centrales dans le monde, l'Europe reste le premier continent concernant l'approvisionnement en nucléaire. Suite aux engagements pris par l'Union européenne de décarboner son économie d'ici à 2050, d’autres pays européens ont également construit des centrales. Pour Valérie Bouillon-Delporte, directrice du partenariat hydrogène public privé à la Commission européenne, le transport à hydrogène est promis à un bel avenir. Cette nouvelle classification dans le Pacte vert européen va se répercuter dans toute l’Europe et encourager de nouvelles constructions de centrales pour fabriquer cet hydrogène rose. « Je dois d’abord préciser que l’hydrogène nucléaire s’intègre très bien dans un transport à énergie renouvelable, stable et continu. C’est une sécurité d’énergie bas-carbone – réduction des émissions de CO2 – en Europe. Parmi les pays européens dotés de centrales, je peux citer la Slovénie, la Suède, la Finlande, l’Espagne, la Bulgarie, la Hongrie, la République tchèque, la Roumanie. D’autres membres de l’Union européenne envisagent de se doter de centrales, c'est le cas de la Pologne à l’horizon 2033. En contrepartie, la Belgique, par exemple, est en plein débat sur une éventuelle fermeture de ses centrales », explique-t-elle.L’un des arguments en faveur de l'hydrogène nucléaire est l’économie financière importante que constitue son transport. En effet, l’hydrogène, par sa composition, est compatible avec les gazoducs déjà existants. Transporté via les gazoducs européens préexistants, il reviendra moins cher que de transporter l’électricité sur des lignes à haute tension.Des autoroutes de l’hydrogène à travers l'Europe dès 2040L’Europe a déjà dessiné la carte de ces autoroutes à hydrogène au travers du continent. Prévu pour 2040, ce nouveau maillage consiste à utiliser 60% des gazoducs déjà en service. Il est aussi question d’améliorer le maillage en construisant de nouveaux canaux. Au total, les autoroutes de l’hydrogène relieront 28 pays européens. La Commission de Bruxelles estime la finition du projet en 2040. Les projets émanent de régions, de municipalités ou d’entreprises. À la Commission européenne, on explique que Bruxelles a déjà versé 550 millions d’euros de son budget hydrogène. Ces enveloppes servent à 80 projets de transports à hydrogène en Europe. Le calcul européen le montre : pour atteindre ses objectifs de réduction de la pollution en 2050, l’Europe doit intégrer toutes les formes de transport moins polluant. C’est en cela que l’hydrogène constitue non pas une solution, mais un moyen parmi d'autres pour les moteurs hybrides, électriques ou les nouveaux carburants qui alimenteront les futurs moyens de transports européens.Le cas particulier de l'aviation à hydrogène, difficile à mettre en œuvreParmi les différents modes de transports, le sort particulier de l'aviation à hydrogène semble compliqué. En ce début 2025, le géant européen de l'aéronautique Airbus repousse la commercialisation de son avion 100% hydrogène, initialement prévue pour 2035. La puissante Association internationale des compagnies aériennes (IATA) a publié un dernier rapport sur l...
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  • En Asie du Sud-Est, les transports sont à la pointe de la modernité
    Feb 14 2025

    Saviez-vous que c'est en Asie qu'il y a le plus de compagnies low cost, ces compagnies d'avions à bas prix ? Ou encore que Singapour est un port de marchandises presque entièrement robotisé ? Voici ce que l'on apprend dans le nouveau livre de Sophie Boisseau du Rocher. Spécialiste de l'Asie, elle publie : L'Asie-Pacifique, nouveau centre du monde, aux éditions Odile Jacob.

    RFI : Vous sillonnez l’Asie depuis plus de trente ans. Les transports, dites-vous, en Asie du Sud-Est sont à la pointe de la modernité ?

    Sophie Boisseau du Rocher : Oui, ce qui frappe lorsque vous débarquez dans un aéroport de Taïwan, de Thaïlande, de Singapour, de Malaisie, c’est leur rapidité et l’efficacité. Par exemple, à l’arrivée, pour rejoindre la capitale ou les villes importantes de province, il y a des navettes rapides ou des trains.

    Facilitée grâce à une avance technologique, expliquez-vous, au sein même de l’aéroport.

    Parfaitement ! Pour les flux de passagers, tout va très vite. Les passeports sont biométriques, il y a des bornes pour accélérer les passages des bagages et les vérifications d’identité.

    Vous nous apprenez des mots nouveaux. Par exemple, au sujet des Routes de la soie chinoises, ces réseaux mondiaux (trains, avions, ports…), vous parlez des Routes asiatiques de la tech.

    Et il n’y a pas que la Chine, loin de là. Il faut sortir de ce préjugé de ne voir le secteur du transport que par le prisme de la Chine. En Asie du Sud-Est, la concurrence entre les pays est un élément important de compréhension de cette région du monde.

    Dans quel domaine ?

    Les conteneurs par exemple. Les trois premiers fabricants de conteneurs du monde sont asiatiques — chinois, japonais et sud-coréens.

    Vous êtes témoin de l’énorme développement du secteur maritime et du transport de marchandises par la mer ?

    L’Asie Pacifique est au cœur de la nouvelle géopolitique mondiale. 60% des bateaux transporteurs de marchandises du monde passent par l’Asie du Sud-Est.

    Avec un rôle important du port de Singapour ?

    Oui, aller à Singapour et voir le niveau de technologie du port est, pour des Européens, incroyable ! Pratiquement toutes les étapes sont robotisées — les grues, les transits pour relier les voies ferrées ou les routes pour continuer l’acheminement intérieur par camions ou trains.

    L’une des autres spécificités est l’aérien, avec la multiplication des compagnies low cost, les compagnies à bas prix.

    Là encore, une incroyable réussite, que ce soit en Indonésie, en Thaïlande, en Chine, aux Philippines, en Malaisie. En Malaisie, Air Asia propose des vols locaux, provinciaux qui permettent de relier les villes secondaires entre elles.

    Et ça fonctionne bien ?

    Parfaitement bien. Ce qui est intéressant, c'est de voir que ces compagnies sont très utilisées par les populations régionales qui n’ont pas les moyens de s’acheter des billets sur les compagnies nationales aériennes de leur pays ou sur les compagnies étrangères.

    En définitive, votre livre est un grand souffle d’espoir pour l’avenir de l’Asie du Sud-Est et de ses transports.

    Oui, ils ne sont pas du tout inquiets pour leur avenir ! Il faut veiller à ce que ce développement technologique et ces différentes solutions des transports fassent progresser le niveau de vie des habitants.

    Un mot de conclusion ?

    Juste un chiffre pour finir. Sur les 2,3 milliards d’habitants, qui n’intègrent ni l’Inde, ni l’Australie, 800 millions de jeunes se trouvent en Asie Pacifique !

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  • Les conséquences du changement climatique sur le transport naval
    Feb 7 2025

    Obligés de prendre le train par faute de bateaux, c'est ce qui est arrivé l’an passé aux transporteurs européens. En Europe, les sécheresses et les pluies torrentielles de l’an dernier ont bouleversé les fleuves et les mers. Dans une nouvelle étude, l’assureur de transport international TT Club a calculé l’impact des déchargements forcés pour routes asséchées ou des zones portuaires inondées.

    Le comble pour un transporteur de marchandises, être obligé d’alléger ses bateaux pour arriver à temps. Géraldine Savin, coordinatrice du rapport de l’assureur britannique TT Club, explique que l’an passé, les sécheresses des fleuves en Europe ont poussé des industriels à n’acheminer que 25 % de leurs marchandises sur des navires habituellement bien remplis. Plus légers, les bateaux évitent ainsi de s’échouer. « Il faut d’abord comprendre le risque et régulièrement revoir et mettre à jour les plans et les procédures pour rendre l’industrie mondiale du transport et de la logistique plus sûre, plus sécurisée et plus durable », affirme-t-elle.

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    100 milliards de dollars perdus chaque année

    Inversement, l’été dernier, les pluies torrentielles en Allemagne ont provoqué l’arrêt du transport sur le Rhin, le fleuve était impraticable. Pour les entreprises, ces retards imprévus nuisent à leur réputation. Cela fait partie des risques que les assureurs comptabilisent. L’avenir du transport fluvial est en péril. Et comme les fleuves conduisent aux mers, c’est toute la chaîne qui risque d’être perturbée. D’ailleurs, selon Hervé Deiss, qui dirige la revue Ports et Corridors, les effets sur l’économie mondiale se font déjà sentir :

    « Le risque climatique est important. Ça a été notamment mis en exergue sur le canal de Panama. Ce canal, c’est quand même la route entre l’Atlantique et le Pacifique. En raison de pluies assez faibles, le canal de Panama a dû restreindre le nombre de passages de navires par jour. Donald Trump a dit : "Je saurai mieux gérer le canal de Panama que les Panaméens. Donc, je vais reprendre le canal." Ça n’empêchera pas que s’il y a des problèmes d’eau, il y aura les mêmes soucis. Sauf qu’il fera passer d’abord les bateaux américains avant les bateaux des autres pays. »

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    Un risque climatique et géopolitique

    Selon l’analyste, le risque est climatique, mais aussi géopolitique : « On l’a vu avec les attaques des Houthis où tous les bateaux qui reliaient l’Asie à l’Europe ne passent plus par Suez, mais contournent par le cap de Bonne Espérance, une mer assez agitée, ce qui a entraîné quand même quelques petits soucis aussi de pertes de conteneurs en mer. Toute la logistique aujourd’hui est dépendante de plus en plus des conditions climatiques, au-delà de ce que l’on connaît. »

    L’an dernier, des piles de conteneurs se sont renversées, des grues se sont effondrées. Les assureurs préviennent, il est temps que les gestionnaires de ports en Europe prévoient les risques.

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  • Luc Ferry: «L'intelligence artificielle est un progrès inouï pour l’organisation de la ville»
    Jan 31 2025

    Les Français le connaissent pour ses livres de philosophie et ses débats télévisés. Mais en ce début d'année, le philosophe dévoile une passion pour l'intelligence artificielle. L'ancien ministre explique pourquoi, comme dans la plupart des domaines, nos vies vont être bouleversées.

    RFI : L’IA continue à révolutionner les transports. Quel est pour vous le transport le plus emblématique des profonds changements à venir ?

    Luc Ferry : Tous. Mais pour nous, citoyens, c'est certain, ce sont les véhicules autonomes. Les voitures, camions, tous ces transports sont déjà pilotés par l’IA et le seront encore plus. Moi, j’ai testé dans Paris une voiture autonome. C’est vraiment incroyable. Des lasers, des capteurs… Je n’ai pas touché le volant une seule fois.

    Une autre amélioration du secteur routier, dites-vous, étant la circulation sur les routes.

    Oui, parfaitement puisque les outils GPS (du type d’application Waze) permettent d’avoir une vue satellitaire des routes. Donc, ils vont vous guider non pas en fonction des espaces les plus proches, mais de la globalité de votre trajet. En calculant l’option la plus rapide et fluide en dernier ressort, en calculant à partir de tous les trajets de tous les conducteurs.

    Vous aimez cette façon de voir les choses. Le spectre large.

    C’est un progrès inouï pour l’organisation de nos villes. On se rend compte, là, des gains de temps, donc d’énergie. Puisque moins les voitures roulent, moins elles consomment de l’énergie.

    Votre livre parle beaucoup du bouleversement de l’industrie déjà en cours. Quel que soit le continent du monde, la manière de penser et de fabriquer les transports va changer.

    Oui. Les ingénieurs inventent de nouveaux matériaux plus légers, donc moins consommateurs d’énergie. C’est vrai pour les avions comme pour les trains.

    Pour cela, ils auront des jumeaux numériques. Vous expliquez très bien le rôle du jumeau numérique.

    Le jumeau numérique permet aux ingénieurs d’analyser un pont, un avion, une voie de chemin de fer sans l’avoir réellement construit. La seconde option est d’avoir ce clone d’objet ou d’infrastructure déjà construit pour en optimiser l’entretien. Il faut penser le jumeau numérique comme une réplique dépassant la 3D, l’image en trois dimensions.

    C’est-à-dire ?

    En jouant avec. Cette image virtuelle sur ordinateur vous permet de voir votre construction en fonction des éléments qui l’impactent. Par exemple, les tempêtes, la température, les sècheresses et même le mouvement des vagues pour calculer et choisir les trajets des navires. Tout cela en temps réel, donc imaginez l’argent, le temps et la sécurité gagnés grâce aux jumeaux numériques.

    Vous parlez beaucoup de l’IA et des progrès écologiques pour l'urbanisme et les villes de demain.

    L’IA, en calculant et en rassemblant un maximum de données, permet d'imaginer des villes qui auront beaucoup plus de transports en commun pour tous et… partout. Des connexions capables de fournir un moyen de déplacement où que vous soyez, sans posséder forcément votre propre véhicule.

    Pour les auditeurs de RFI en Afrique où dans les pays de nouvelles énergies (solaire, éolien…), l’IA va-t-elle rendre possible l’invention de nouveaux véhicules ?

    Nouveaux modèles, non, je ne pense pas. En revanche, des véhicules qui éviteront les niveaux de pollution actuels que subissent les plus grandes capitales d’Afrique, d’Asie ou d’ailleurs, ça oui. Les véhicules électriques sont indispensables, il faut les faire arriver en Afrique. Mais pour cela, il faut les aider parce qu’implanter une industrie électrique, c'est très cher. Nous devons tous être conscients que c’est dans l’intérêt, non pas uniquement de l’Afrique, mais de l’humanité entière, des générations à venir.

    L'IA, le grand remplacement ou complémentarité ? de Luc Ferry est publié aux éditions de l'Observatoire, 2025.

    À lire aussiSécurité routière: l'ONU lance une campagne mondiale avec Dembélé, Djokovic et Pogacar

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  • Sécurité routière: l'ONU lance une campagne mondiale avec Dembélé, Djokovic et Pogacar
    Jan 24 2025
    Les Nations unies en parlent comme une épidémie mondiale. Sauf qu'en France, il ne s'agit pas d'une maladie mais de comportements. L'ONU lance sa nouvelle campagne de sécurité routière. Cette année, l'entreprise d'affichage JC Decaux codirige l'opération. Parmi les visages reconnus : le tennisman Novak Djokovic, le cycliste Tadej Pogacar ou le footballeur Ousmane Dembélé. Avec pour slogan « Sur le terrain, j'accélère. Sur la route, je ralentis ! », cette campagne est lancée dans 80 pays. En France, c'est dans un collège de Courbevoie, en banlieue parisienne, que cette campagne mondiale a été lancée. Car, quel que soit le pays ou le continent, ce sont invariablement les plus jeunes qui meurent le plus sur la route. Les garçons plus exposésDans ces écoles, lorsque Christophe Ramon, directeur d'études à l'Association française de Prévention routière, ajoute que parmi les jeunes, il y a plus de morts chez les garçons que chez les filles, l'ambiance se glace un peu. « C'est une moyenne, pas une généralité, précise-t-il. Mais la prise de risque masculine se retrouve sur tous les continents. Les garçons sont plus fréquemment victimes des accidents de la route. Ils circulent plus à moto (donc sans les carrosseries protectrices de voitures) que les filles. De plus, les garçons roulent plus souvent la nuit et souvent plus vite que les filles. Les routes sont parfois mal éclairées ou pas assez rénovées. Cette campagne les encourage à porter un casque. »Des progrès à faire sur la ceinture de sécuritéLa ceinture en voiture est considérée par les Nations unies (ONU) comme l'une des outils les plus efficaces en termes de prévention. On estime qu'elle réduit de 50% les risques de morts en cas de chocs routiers. Or, elle n'est pas obligatoire dans tous les pays, au regret des acteurs de la sécurité routière. C'est le cas au Mexique, notamment. D'autres pays obligent uniquement la ceinture pour le conducteur, en faisant l'impasse sur les autres passagers. C'est le cas au Pakistan, au Nigeria et dans les États de New-York et de Floride aux États-Unis.Au total, 16 stars mondialement connues du show business, comme l'acteur Jean Reno, ou du monde sportif comme le footballeur français Ousmane Dembélé, le cycliste slovène Tadej Pogacar ou le tennisman serbe Novak Djokovic se mobilisent. JC Decaux, l'entreprise française d'affichage urbain, co-dirige cette campagne avec l'ONU, dont l'envoyé spécial du Secrétaire général pour la sécurité routière est l'ancien pilote de Formule 1, Jean Todt. Les visages de toutes ces personnalités et leurs messages seront présents dans 1000 villes du monde.À lire aussiSécurité routière : les deux-roues vulnérables Des affiches dans 80 pays d'ici à 2025L'enjeu à venir : faire baisser les morts en Afrique ou Asie, là où la majorité de la population a moins de 30 ans. C'est le cas dans de nombreux pays africains comme la Guinée ou le Zimbabwe, ainsi qu'en Asie, en Thaïlande, en Chine, des pays à la démographie élevée et au trafic routier important. Les accidents routiers coûtent cher aux contribuables de ces pays respectifs. Ils pèsent sur les dépenses de santé et ôtent la force vive de l'économie, fauchant des adultes en âge de travailler.La volonté politique, ça fonctionneDepuis 2010, les Nations unies estiment que de grands progrès ont été faits. En Asie, c'est le cas dans des pays très peuplés comme l'Inde. Les gouvernements africains engagés dans des stratégies de prévention ont aussi eu des succès en faisant baisser le nombre de morts.Chaque année, le baromètre classe les pays du nord de l'Europe sur le podium des pays où les accidents de la route sont les plus faibles. Là encore, les moyens sont connus : réduction de la vitesse, construction de routes protégées, maintenance des voitures en bon état, passages réservés aux piétons (notamment aux abords des écoles), rapidité et information des services de secours.À lire aussiLa sécurité routière passe aussi par une bonne visionNe pas boire d'alcool, porter un casque et isoler les piétionsL'alcool au volant et la vitesse restent les deux fléaux de la route. Les gouvernements doivent s'attaquer à certaines priorités : la qualité des véhicules (voitures et deux-roues) et la protection des piétons en leur aménageant des couloirs le long des routes. Pour rappel, 1,19 million de personnes meurent chaque année d'accidents routiers, et ils sont 500 millions à être victimes de blessures graves. Ce qui entraîne des amputations, des infirmités, des comas et des traumatismes dont les accidentés garderont des séquelles à vie.Pour gagner en efficacité, les organisateurs demandent directement aux plus concernés, les jeunes, d'apporter leurs idées aux prochains slogans de campagne. L'enthousiasme d'Albert Asseraf, directeur de cette campagne pour le groupe JCDecaux, est perceptible : « Cette année, nous ...
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  • Mieux emballer, c'est mieux transporter
    Jan 17 2025

    Recevoir une brosse à dents dans un carton vingt fois trop grand, si l'aventure ne vous est pas arrivée, vous connaissez sûrement ces expériences de paquets inadaptés à leurs marchandises. Mais aujourd'hui, les choses bougent, transporteurs et industriels du monde entiers ont rendez-vous le 28 janvier à Paris pour la semaine du Packaging professionnel. L'objectif : débattre de nouvelles solutions. Parce que mieux emballer, c'est mieux transporter !

    D'après vous, le pays le plus en pointe dans les produits emballés à transporter, quel est-il ? La bonne réponse, c'est la France, le seul pays au monde à avoir inscrit dans sa loi la notion d'emballage inutile. Comme l'explique Fabrice Peltier, l'un des plus grands experts internationaux des emballages, emballer un produit, c'est répondre à trois fonctions très réglementées : protéger, conserver et informer.

    À écouter dans 8 milliards de voisinsEmballage plastique, que change la réglementation?

    Protéger, conserver, informer

    « Les produits ne sont jamais envoyés un par un. Ils sont regroupés à l'intérieur d'un emballage de livraison qui peut être une caisse en carton. Et l'emballage de livraison, c'est celui sur lequel on va justement mettre du film pour faire tenir ces palettes et regrouper tous les emballages, des housses, des cornières, pour que cela ne s'abîme pas, détaille Fabrice Peltier. Et quand on va parler après d'emballage de transport, ce qui va changer, c'est l'emballage de transport en lui-même. C'est-à-dire que si vous partez en bateau, vous allez mettre ça dans des conteneurs pour bateaux pour être sur les porte-conteneurs ; en avion, ça va être des caisses spécifiques pour les avions cargo, détaille-t-il ; et dans le transport, que ça soit maritime ou ferroviaire, c'est toujours des palettes que vous allez regrouper — donc 28 dans un semi-remorque par exemple, et une plus grande quantité dans un train. »

    À lire aussiPour en savoir plus sur la Packaging week à Paris.

    L'IA du transport emballé

    France Burnand dirige le Celo, le rendez-vous annuel des transporteurs de marchandises, qui se tiendra en mars prochain. Pour elle, l'intelligence artificielle va révolutionner le domaine.

    « Comment vous dire que l'IA offre un potentiel absolument immense ? Les contraintes douanières pour minimiser les retards, l'emballage, bonheur absolu, parce que l'IA va permettre l'optimisation de l'emballage, on va créer des designs adaptés à chaque produit, à chaque mode de transport, s'enthousiasme-t-elle. Ça va nous permettre de réduire les coûts, les déchets. L'IA va pouvoir nous prédire les risques pour anticiper les problèmes — de température, d'humidité, de choc — selon chaque mode de transport, chaque région, chaque pays s'il y a des vols. Puis dès qu'il y a un nouvel incident, on pourra immédiatement rentrer l'information, obtenir des plans B, comme on dit, en réduisant les erreurs humaines, ce qui va nous amener à une harmonisation des pratiques mondiales. Donc, ça n'est que des bonnes nouvelles. »

    Dans les débats professionnels, cette année, il y aura encore le souci climatique, avec, entre autres, l'idée de plus en plus répandue de réutiliser les emballages, mais aussi les transports. Donc, ne plus circuler, naviguer ou rouler à vide.

    À lire aussiLe Parlement européen vote pour la mise en circulation de «méga-camions»

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  • Au Népal, sur l'Everest, la querelle des hélicoptères
    Jan 10 2025
    Ils ont échappé à l'interdiction totale de voler, mais de peu : après 24 heures de perturbations et de discussions, les pilotes d'hélicoptère au Népal ont pu retrouver leurs touristes et les déposer sur l'Everest. Depuis l'automne dernier, une association de jeunes défenseurs de l'environnement empêche régulièrement les appareils d'atterrir. Le blocage s'est aggravé cette semaine du 6 janvier dans le parc de Sagarmatha, classé au patrimoine mondial. Or, c'est étonnant, mais ce n'est pas la pollution des moteurs qui pose le plus problème, c'est la pollution sonore des hélicoptères. Le bruit d’un hélicoptère dans une vallée de l’Everest, c’est celui d’un hélicoptère multiplié par dix, en raison de l’écho. Au Népal, et plus spécifiquement dans les vallées et montagnes de l'Everest, règne l'anarchie. Chaque pilote vole et atterrit où il peut pour déposer les touristes.Augmentation des animaux retrouvés morts Les jeunes népalais qui empêchent régulièrement les hélicoptères d’atterrir accusent non pas la pollution, mais LES pollutions. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, non pas d’abord la pollution du fuel, mais celle du bruit, qui affole tellement les animaux qu’ils essaient de fuir et se tuent en tombant dans le vide. Seul un expert pilote spécialiste de l’aviation en zone difficile, comme Sylvain Bosc, directeur de la société Avico, peut vous le dire : un hélicoptère, passe encore, mais quand 30 hélicoptères survolent en même temps un parc de l’Everest, ça devient impossible.« L'hélicoptère, en montagne, constitue une pollution sonore et écologique, surtout en montagne où l'environnement silencieux est facilement perturbé par le bruit de l'hélicoptère, qui est effectivement un appareil très bruyant. D'autant plus dans les vallées encaissées où l'écho vient amplifier le bruit. En revanche, est-ce que c'est quelque chose dont on peut se dispenser ? Je ne pense pas, parce qu'on ne peut pas remplacer par des avions, explique-t-il. Pour un avion, il faut une piste. En montagne, évidemment, ce n'est pas possible puisqu'il faut de la place parce que sinon les manœuvres sont trop dangereuses. C'est aussi l'outil d'urgence des secours lorsque la nature, hostile dans ces environnements, peut mettre en danger la vie des hommes. Donc, c'est important d'avoir une approche qui soit nuancée. »L'hélicoptère électrique Ce même Sylvain Bosc s'est spécialisé dans les vols de rapatriements. Pour lui, l'idéal pour résoudre les conflits autour de la pollution et du bruit des hélicoptères serait de réguler les espaces et le nombre de vols. Ou bien d'inventer des hélicoptères électriques : « Peut-être qu'un jour, on pourra avoir des hélicoptères qui seront électriques, mais ce n'est pas pour tout de suite, qui feront moins de bruit, qui seront moins polluants en termes d’émissions, imagine-t-il. Mais aujourd'hui, l'hélicoptère demeure un moyen de transport indispensable, et notamment en montagne. » Malheureusement, malgré les recherches techniques, l'hélicoptère électrique à grande échelle n'est pas encore fabriqué. Tourisme et protection de la nature, peut-être une solutionLe problème pour le gouvernement népalais est de trouver le bon équilibre entre les rentrées d’argent touristique et la protection de l’Everest, de ses ressources humaines et animalières. À lire aussiAu Népal, de nouvelles règles pour rendre l'ascension de l'Everest plus sûre et moins polluanteLes visiteurs, beaucoup d'argent et peu de temps Comme le résume le responsable des industries touristiques au Népal : les touristes ont beaucoup d’argent, mais peu de temps ! Donc, faire 15 jours de transports sur des routes de montagnes dangereuses, inutile d'y penser. Alors que faire ? Des couloirs de vols La solution serait-elle celle du président de l’Association des guides grimpeurs de montagne au Népal ? Après avoir déclaré dans les journaux que se quereller ne résout rien, il propose une solution qui contenterait responsables du parc de Sagarmatha et du tourisme : faire des couloirs réservés, en tenant compte des habitats et des cycles de reproduction des animaux. En somme, des couloirs aériens dédiés aux visites panoramiques aériennes et d’autres, aux atterrissages.À lire aussiLes sherpas, héros de l'ombre de l'Everest
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