• Matières premières: les élections américaines ne renversent pas les marchés
    Nov 6 2024
    La victoire de Donald Trump n’a pas fait réagir outre mesure les cours des matières premières. Une preuve peut-être que l’influence des États-Unis sur les principaux marchés n’est peut-être plus si grande. Comme il l’a promis, Donald Trump devrait ouvrir les vannes de la production pétrolière et gazière, une fois de retour au pouvoir, et renforcer la position du pays en tant qu’exportateur d’énergies fossiles. Mais ira-t-il jusqu’à inonder le marché mondial pour chercher à mettre fin à la guerre en Ukraine, comme cela a été évoqué dans son entourage ? Difficile à imaginer, car faire couler le pétrole à flot ferait certes baisser les prix et pénaliserait Vladimir Poutine, mais les producteurs américains seraient tout aussi impactés, rappelle Philippe Chalmin, économiste, professeur émérite à l’Université Paris Dauphine et éditeur du rapport CyclOpe sur les marchés mondiaux.En revanche, il est fort probable que l’appétence de Donald Trump pour les énergies fossiles pèse sur la transition environnementale. La consommation américaine de pétrole pourrait alors baisser moins vite que prévu, voire augmenter, ce qui compenserait peut-être alors la hausse de la production : « L’effet sur les prix du pétrole pourrait au final être quasi-neutre », estime l’expert en matières premières.À lire aussiPrix du pétrole: une tendance de fond à la baisse malgré la guerreÉnergies fossiles versus batteries électriquesMais ce n’est là qu’une hypothèse. Car ce scénario pourrait être bousculé par le positionnement d’Elon Musk, le patron de Tesla, aux côtés de Donald Trump durant cette campagne.Après avoir été soutenu par le milliardaire, le futur président pourra difficilement ne pas appuyer le développement d’unités industrielles de fabrication de batteries. Si la dynamique se poursuit, elle tirera la demande américaine pour les énergies fossiles vers le bas. Un soutien au secteur des batteries devrait logiquement s’accompagner d’aides au développement du secteur minier. Mais sur les métaux, dans l’immédiat, c’est beaucoup plus la Chine que les États-Unis qui est scrutée à la loupe. La réunion de l’organe suprême du Parlement chinois — le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire — qui se termine vendredi 8 novembre pourrait être l’événement qui aura un impact durable sur les cours s’il confirme la mise en place d’un solide plan de relance économique.À lire aussiPrésidentielle américaine: la victoire de Donald Trump, pari gagnant d'Elon MuskLe dollar, devise des matières premièresPour l’heure, ce qui retient l’attention des partenaires commerciaux des États-Unis, c’est l’évolution du dollar. La monnaie américaine est devenue La devise des matières premières. Historiquement, lorsque le dollar monte, mécaniquement le prix des matières premières a tendance à baisser, même si régulièrement cette règle est contredite par les faits.L’autre point de vigilance, c’est la perspective de nouvelles taxes douanières. À en croire l’augmentation des achats chinois de céréales et de soja américain qui ont précédé le scrutin, la Chine s’y prépare. Tout en sachant que si elle ne peut plus acheter aux États-Unis, elle pourra se fournir au Brésil, le nouveau grenier du monde.Donald Trump pourra-t-il imposer des tarifs douaniers aussi élevés que ceux qu’il a annoncés ? Philippe Chalmin en doute, et rappelle que de telles hausses pourraient avoir des conséquences négatives sur la croissance américaine.À lire aussiÉlection de Donald Trump: Wall Street à la hausse aux États-Unis, les Bourses européennes dans le rouge en Europe
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  • Les pays de l'Opep+ attendront fin décembre pour produire plus
    Nov 4 2024

    Début septembre, les pays de l'Opep+ avaient décidé d'attendre début décembre pour relancer leur production. Le délai est à nouveau prolongé d'un mois. Faute de demande et dans l'attente des élections américaines, l'Opep+ joue la prudence.

    En septembre, les pays de l'Opep+ avaient prévenu que leur décision pourrait être revue à tout moment et c'est ce qui s'est passé, à l'initiative de huit des 22 membres de l'organisation. L'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l'Algérie et Oman ont jugé que le contexte n'était pas encore propice à une réouverture des vannes.

    Ni les coupes de production reconduites de mois en mois, ni le conflit au Proche-Orient ne semblent avoir de réelles prises sur les cours. Depuis des mois, les facteurs macroéconomiques reprennent le dessus après chaque sujet de tension et maintiennent les prix des deux références américaine (WTI) et européenne (Brent) autour de 70 dollars le baril.

    À lire aussiPrix du pétrole: une tendance de fond à la baisse malgré la guerre

    Une offre abondante hors de l'Opep+

    Ce qui empêche les cours de remonter depuis plusieurs mois, c'est la peur de ne pas voir la demande repartir durablement en Chine, premier importateur de brut, et dans le monde, même si le dernier rapport de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), a constaté la semaine dernière un sursaut de la demande aux États-Unis, que ce soit pour l'essence, le kérosène, ou dans l'industrie.

    En face, l'offre n'est finalement pas si restreinte que ce que voudrait l'Opep+ : car si les membres du cartel pétrolier gardent sous terre près de 6 millions de barils/jour pour ne pas inonder le marché, les pays non membres ne s'imposent pas de limites.

    L'Opep+ voit son poids diminuer

    C'est en particulier le cas des États-Unis où la production de brut a atteint un record de 13,4 millions de barils par jour au mois d'août. Au fil des mois, l'Opep+ a perdu des parts de marché et ne représente désormais qu'à peine la moitié de la production mondiale, d'où sa difficulté à orienter les cours.

    Attendre un mois de plus, jusqu'à fin décembre, pour remettre des barils sur le marché, est pour le cartel pétrolier un moyen aussi de temporiser jusqu'aux résultats des élections américaines : leur issue pourrait avoir un impact significatif sur l'économie, la demande en pétrole et donc sur les prix, selon un analyste de Rystad Energy.

    À lire aussiLes pays de l'Opep+ échouent à faire remonter les cours du pétrole

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  • Les vins australiens retrouvent des couleurs en Chine
    Nov 3 2024
    En Chine, le dégel des relations entre Pékin et Canberra profite notamment aux vins australiens. Les importations ont progressé de 31 % sur les trois premiers trimestres de 2024 par rapport à l’année précédente. De notre correspondante à Pékin,L’appétit des consommateurs chinois pour le vin australien semble s’être accru cette année. Et pour cause, en mars, Pékin a officiellement levé les droits de douane imposés sur le vin australien depuis 2020, des taxes pouvant aller jusqu’à 218 %.Ces tarifs avaient été instaurés en période de tensions diplomatiques, largement considérées comme une punition pour le précédent gouvernement australien qui a adopté des lois interdisant l'ingérence étrangère secrète dans la politique intérieure, pour avoir empêché le géant chinois des télécommunications Huawei de déployer le réseau 5G de l'Australie pour des raisons de sécurité et pour avoir demandé une enquête indépendante sur la pandémie de Covid-19.Les viticulteurs australiens en ont fait les frais, car la Chine représentait près de 40 % des exportations totales de vin de l'Australie en 2019. On estime que les droits de douane ont coûté à l'économie australienne 20 milliards de dollars australiens (environ 12,1 milliards d'euros).Le vin australien n'étant pas disponible, les consommateurs chinois se sont tournés vers d'autres sources, ce qui a entraîné un changement dans la microéconomie. Le marché chinois du vin s'est affaibli, alors que la consommation intérieure se remettait d'un ralentissement. Aussi, les vins français, chiliens et italiens ont pris des parts de marché.Mais la suppression des droits de douane a donné un nouveau souffle aux exportations australiennes de vin vers la Chine : en septembre, la valeur des importations de vin en bouteille a bondi, atteignant 2 952 fois le montant enregistré en septembre 2023. Cette forte reprise place Canberra en deuxième position des fournisseurs de vin dans l’empire du Milieu, juste derrière la France.Les vins australiens sont toujours très appréciés des consommateurs chinois, car ils offrent un équilibre entre qualité et prix abordable. Les importateurs chinois sont optimistes et enthousiastes à l'idée de reprendre le commerce. L'industrie s'attend à ce que le retour du vin australien stimule le marché et la consommation en vue d'une reprise.À lire aussiLes producteurs français de spiritueux sous la menace des sanctions chinoises35% de hausse de chiffre d'affairesLes producteurs australiens comme Treasury Wine Estates, propriétaire de la marque Penfolds, observent une hausse de 35% du chiffre d’affaires en Asie, signe d’une reprise vigoureuse du marché. Le vin australien, et en particulier les marques de prestige, attire des consommateurs aisés chinois, qui perçoivent les vins étrangers comme des produits haut de gamme et des symboles de statut social, ce qui contribue à une demande constante d'importations.Cependant, des défis persistent. Le marché chinois du vin s’est réduit ces dernières années, et la concurrence internationale reste forte. Les incertitudes économiques en Chine pourraient également influencer la demande à long terme.Le rebond rapide des vins australiens, et en particulier des marques premium, laisse penser que le marché chinois conserve une appétence solide pour les vins importés. Et même si les considérations de santé modifient les habitudes de consommation du marché général, ce qui conduit à une modération de la consommation d'alcool, cela reste un secteur qui, pour le moment, résiste aux vents économiques défavorables.À lire aussiEn 2023, le commerce mondial de vin plombé par la conjoncture économique
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  • Sénégal: les transformateurs de noix de cajou appellent l'État à l'aide
    Oct 31 2024

    La filière de l'anacarde est en difficulté au Sénégal. Après une mauvaise récolte et une flambée des prix de la noix de cajou brut, les transformateurs manquent de matières premières, au point que l'ensemble des unités de transformation du pays ont suspendu leur activité depuis le mois de mai dernier.

    De notre correspondante à Dakar,

    Les comptes sont dans le rouge. Au lieu des 300 tonnes de noix de cajou habituels, Ethicajou, l'un des quatre transformateurs industriels du Sénégal, affirme n'avoir pu acheter que 24 tonnes. En cause, des prix faramineux suite à une récolte moitié moins importante et l'absence de mesures de protection de l'État pour éviter que les producteurs de cajou ne vendent aux exportateurs vietnamiens et indiens plutôt qu'aux entreprises sénégalaises.

    En Casamance, Ethicajou a été obligée de fermer jusqu'à la prochaine campagne en avril 2025, et les 119 personnes qui y travaillaient ont été licenciées pour motifs économiques. Une situation qui met en péril l'avenir de l'entreprise, installée depuis trois ans grâce à un investissement étranger et pas encore à l'équilibre, et ce alors que le potentiel d'emplois que représente cette entreprise pour la zone de Kolda en Casamance – l'une des plus pauvres du pays – est crucial.

    Pour chacune des unités de transformation d'anacarde du Sénégal, c'est le même scénario. Les machines sont à l'arrêt. Plus de 400 personnes ont perdu leur travail.

    Une filière cajou à haut potentiel d'emplois

    Avec environ 2 000 tonnes de noix de cajou brute transformées chaque année, le secteur ne représente que 3% de ce qui est récolté au Sénégal. Mais il ne demande qu'à croître, affirment les défenseurs de la cajou qui avancent ce chiffre.

    Pour 65 000 tonnes d'anacardes en 2023, décortiquer, griller et empaqueter le cajou pour la consommation directe permettrait de créer plus de 2 600 emplois d'ouvriers et près de 900 emplois de techniciens. Une donnée cruciale pour un pays miné par le chômage des jeunes. Encore faut-il pour cela sécuriser les approvisionnements en anacarde.

    Pas de taxes à l'exportation

    Le Sénégal est le seul pays de la Cédéao avec la Gambie à ne pas taxer les exportations brutes vers l'étranger et à ne pas avoir de politique de soutien à la transformation de la précieuse noix.

    En juin dernier, un plaidoyer sur le modèle de la Côte d'Ivoire a donc été transmis aux nouvelles autorités sénégalaises. Parmi les demandes, celle d'imposer une taxe de 52 francs CFA (0,08 centimes d'euro) par kilo aux exportateurs pour encourager ces derniers à vendre en priorité aux transformateurs sénégalais, et ainsi donner une chance à des noix de cajou 100% made in Sénégal de s'exporter à l'étranger plutôt que les seules noix brutes.

    À lire aussiLa Côte d'Ivoire incite à favoriser la transformation des noix de cajou sur place

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  • En Côte d'Ivoire, la filière viande impactée par la crise au Sahel
    Oct 30 2024

    La Côte d'Ivoire dépend largement des importations de viande des pays du Sahel, zone agropastorale de référence. Seulement, la crise sécuritaire que traversent le Niger, le Burkina ou encore le Mali a un impact sur l'organisation de la filière dans le pays.

    Près de 55% de la viande consommée en Côte d'Ivoire est importée du Mali, du Burkina Faso et du Niger. La crise sécuritaire rend l'acheminement du bétail plus long et plus complexe. Les commerçants dépendent des escortes pour se déplacer. Ils passent notamment par le Bénin et le Togo, ce qui rallonge le temps de livraison des marchandises.

    Paradoxalement, cette situation ne se fait pas encore sentir sur les marchés. « Si les prix de la viande ont connu des soubresauts en 2021-2022, depuis, ils sont restés stables, car ils sont plafonnés », indique le docteur Ranie-Didice Bah-Koné, secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre la vie chère. Ce prix oscille entre 2 800 et 3 000 FCFA le kilo de viande de bœuf (4,20 et 4,60 euros). « Il n'y a pas eu de rupture d'approvisionnement », assure cette responsable.

    Cette situation pose tout de même la question du développement de la filière bétail dans le pays. Une filière elle-même impactée par la crise au Sahel.

    À lire aussiComment la sécheresse fragilise les éleveurs en Afrique de l'Ouest

    Filière bétail en difficulté

    Les éleveurs se heurtent à des problèmes d'espace. « Au moment de la crise de 2002, des anacardiers ont été plantés sur les pistes qui correspondaient aux couloirs de transhumance », explique Moussa Bocoum, le président des éleveurs du Tchologo. Or, ces couloirs n'ont pas été redéfinis. Résultat : en saison des pluies, les conflits entre éleveurs et agriculteurs sont fréquents. Et « l'arrivée ces deux dernières années de réfugiés du Burkina Faso n'a fait qu'amplifier ce problème, puisque ces personnes viennent souvent avec leur troupeau », poursuit cet éleveur.

    Cela crée une certaine « tension sur l'accès aux ressources, notamment sur des points d'eau et la multiplication des vols de bétails », affirme le président des éleveurs du Tchologo, qui constate une nouvelle tendance : le départ de plusieurs éleveurs vers la Sierra Leone et le Ghana, à la quête d'espaces de pâturages.

    Le ministère des Ressources animales porte plusieurs programmes pour développer l'élevage de petits et de gros ruminants. À cela s'ajoutent des projets plus larges comme ces 10 000 hectares consacrés à la culture de semence fourragère à Badikaha.

    À lire aussiTranshumance au Ghana: la crainte du financement du terrorisme

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  • En Russie, fort rebond du prix des pommes de terre sur le marché local
    Oct 30 2024

    Le prix des pommes de terre est remonté en flèche en Russie au cours des premiers mois de l'année 2024, jusqu’à +88% en juillet par rapport à l'année dernière. Cet automne, les prix se sont stabilisés, mais ce légume tubercule, un indispensable sur les tables russes, devrait continuer à rester cher.

    2023 avait été une année record de production, la meilleure récolte de pommes de terre en 30 ans en Russie. Les agriculteurs avaient alors prévenu : « Nous ne pourrons pas gérer un autre record. »

    Le marché ayant été inondé l'année dernière, certains d'entre eux ont en effet été obligés de vendre leur production en dessous du coût de revient. D'autres sont même allés jusqu'à en faire du compost. Cette année, en revanche, une conjonction de facteurs a rendu l'ajustement des prix brutal.

    Une récolte 2024 en fort recul

    Il y a eu un facteur météo : gelées printanières, sécheresse estivale. Mais les agriculteurs échaudés par 2023 ont aussi réduit leur surface de plantation. Selon les experts, cette contraction a atteint en moyenne sur le territoire national 10%. Un épisode de la guerre en Ukraine a aussi joué son — petit — rôle : l'entrée de l'armée ukrainienne dans la région de Koursk, une région connue pour ses conglomérats agricoles, mais aussi par sa variété de pomme de terre.

    Tout simplement appelée « pomme de terre de Koursk », elle a été évidemment impossible à récolter dans une partie de la région, en raison des combats. Au total, la récolte de pommes de terre a donc été, cette année, bien plus basse : près de 9 tonnes selon les dernières estimations, soit environ 17% en moins par rapport à l'année précédente. Certains s'attendent à ce que les derniers chiffres corrigés soient encore plus élevés.

    Chute des importations d'Égypte

    Enfin, dernier facteur d'inflation des prix sur les étals, lui aussi lié directement au conflit : la chute de moitié des importations venues d'Égypte. Ce traditionnel et principal exportateur de pommes de terre sur le marché russe a dû revenir sur ses ambitions habituelles en raison des sanctions occidentales générant des problèmes de logistique et de paiement bancaire.

    Reste que dans certaines régions, les agriculteurs disent que cette hausse des prix ne suffira pas pour rétablir leurs comptes. Les revenus supplémentaires issus de la hausse des prix sur les étals, disent-ils, compensent à peine leurs coûts croissants, et notamment celui du travail. Comme d'autres secteurs de l'économie, l'agriculture manque de bras et subit de plein fouet la concurrence des salaires des hommes qui signent pour aller se battre en Ukraine.

    À lire aussiA-t-on raison de vouloir consommer plus de pommes de terre ?

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  • La loi de régulation des semences de plus en plus décriée au Kenya
    Oct 28 2024

    Au Kenya, le combat contre une loi de régulation des semences, gagne de plus en plus de partisans. Tout a commencé en 2022, quand une quinzaine de petits agriculteurs a porté plainte contre la loi sur les semences et variétés végétales, un texte voté en 2012 qui criminalise l’usage et le troc de semences non certifiées. Leur plainte a été rejointe récemment par différentes organisations de la société civile.

    De notre correspondante à Nairobi,

    La Société kényane du droit, une organisation de juristes, et l’Association kényane pour la biodiversité sont les deux dernières organisations à avoir rejoint les parties civiles dans cette affaire.

    La loi sur les semences et variétés végétales rend passible de deux ans de prison et 1 million de shillings d’amende — soit environ 7 500 $ — l’usage, la vente ou l’échange de semences non certifiées. Selon le gouvernement, cette loi est destinée à réguler le secteur et à améliorer, à terme, la sécurité alimentaire du pays.

    L’agriculture familiale menacée

    Pour les petits agriculteurs, c’est tout le modèle de l’agriculture familiale qui est menacé. « Ces semences sont utilisées depuis des temps immémoriaux, explique Francis Ngiri, agriculteur et partie civile dans cette affaire. Nous les avons héritées de nos ancêtres. Et aujourd’hui, nous serions des criminels pour cela ? » s’indigne-t-il.

    Les petits agriculteurs accusent les autorités kényanes de favoriser les intérêts des grandes compagnies agricoles au détriment des fermiers kényans. Une politique qui pourrait en outre avoir de graves conséquences sur la sécurité alimentaire du pays.

    80 % des graines proviennent du système informel

    « Les semences indigènes sont résilientes par nature, explique Elizabeth Atieno, de Greenpeace Africa. Elles sont fondamentales pour la diversité des cultures et représentent notre défense contre le changement climatique et le manque d’eau ».

    D’après une étude de la fondation Access to seeds — l’Accès aux semences — 90 % des graines plantées au Kenya proviennent du système informel et 80 % des agriculteurs kényans en dépendent. Le jugement de la Haute cour kényane est attendu dans les semaines à venir.

    Pour aller plus loin, à écouter dans Autour de la questionBiopiraterie: quels enjeux Nord-Sud?

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  • Le dumping russe joue les trouble-fêtes sur le marché de l'hélium
    Oct 27 2024

    Depuis un mois, l'hélium produit en Russie est soumis lui aussi aux sanctions européennes. La mesure a perturbé le marché, avant même qu'elle entre en vigueur le 26 septembre dernier.

    La Russie est le troisième producteur mondial, mais seulement le quatrième exportateur d’hélium. En Europe, la part des importations russes ne représente que quelques pour cent — les trois gros fournisseurs étant le Qatar, l’Algérie et les États-Unis — mais l’idée même d’être privé du gaz russe à partir de fin septembre a poussé les pays européens, en particulier l’Allemagne, à réaliser des stocks.

    « Ces trois derniers mois, les importations européennes ont été multipliées par quatre », explique Nicolas Pelissier, président de la start-up française 45-8 Energy. Comme l’hélium ne peut pas se stocker sur une longue période, en raison de sa volatilité, cela a fait baisser temporairement les achats de gaz européen et donc les prix.

    À lire aussi Hélium : un marché de plus en plus stratégique

    Dumping russe en Asie

    En Asie, le dumping russe pratiqué depuis l’annonce de nouvelles sanctions a aussi entraîné son lot de conséquences. La commercialisation de gaz russe, à des prix parfois 30 % inférieurs aux prix européens — prix variable selon les conditionnements — a fait baisser les prix en Chine : le pays achète désormais beaucoup plus à la Russie et moins au Qatar car, en plus de prix attractifs, l’Empire du Milieu bénéficie de la proximité de la production russe de Sibérie orientale, une production appelée à monter en puissance avec le développement du projet Amur.

    Le Qatar, qui a perdu des parts de marchés en Asie, va devoir chercher de nouveaux contrats ailleurs. Mais l’émirat, qui faisait transiter son hélium via le canal de Suez, est aujourd’hui confronté à des défis logistiques qui pourraient faire exploser le coût environnemental de ses exportations.

    Les prix européens retrouvent un niveau élevé

    La mise sous sanction de l’hélium russe a donc désorganisé les échanges et affecté la dynamique observée ces dernières années sur le marché mondial, à savoir celle d’une hausse continue des prix portée par une augmentation de la demande dans l’industrie électronique de pointe — plus d’un quart des usages de l’hélium est maintenant dédié à ce secteur.

    Aujourd’hui, les prix ont certes baissé en Chine, mais ils se sont de nouveau stabilisés à un niveau très haut en Europe, « un niveau acceptable économiquement pour tous, consommateurs et producteurs », estime le président de la start-up française sachant que pour les producteurs, un prix élevé est un moteur essentiel pour le développement de nouveaux projets et de nouvelles capacités de recyclage.

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