Anne Vogt-Bordure est une créatrice de mode française passionnée par l'histoire et l'héritage de Jenny Sacerdote, une couturière pionnière du XXe siècle, dont elle s'inspire pour créer sa propre marque de vêtements pour femmes : La suite Jenny Sacerdote. Anne Vogt-Bordure réinterprète des modèles historiques en utilisant des matériaux recyclés ou écoresponsables. Entre histoire, innovation, durabilité, elle fait l’éloge des femmes dans le monde de la mode, tout en rendant hommage à une créatrice au parcours inouï.Je suis passionnée d'histoire et pour moi, la création ne peut pas être dissociée de son contexte, de la petite histoire. L'histoire explique la forme. C'est cela qui me plaît aussi, quand nous sortons un modèle, le vêtement, nous expliquons le pourquoi du comment il a été conçu.Anne Vogt-Bordure, fondatrice de la marque : La suite Jenny Sacerdote« La suite Jenny Sacerdote, pour moi, c'était un hommage à cette femme et je ne me voyais pas relancer une marque alors qu'il y a eu une césure, la marque s'est arrêtée en 1948 après la Seconde Guerre mondiale. Elle est réapparue en 2018. C'était pour expliquer aussi cette césure et dire que maintenant, "c'est la continuité, une nouvelle ère et que nous ne repartions pas de zéro". C'est la manière contemporaine de présenter ce qu'aurait fait Jenny à cette époque. »Anne Vogt-Bordure est originaire d’Alsace. Sa famille pendant la Seconde Guerre mondiale a été expulsée de Metz et ils se sont retrouvés en Dordogne. C’est son histoire familiale, mais aussi son attirance pour le tricot, la couture et sa découverte du parcours exceptionnel de Jenny Sacerdote, une couturière née à Périgueux, qui l’ont conduite à lancer sa marque en 2018. L’héritage de cette pionnière qui a imaginé des vêtements sublimant les femmes sans les contraindre est repris par Anne Vogt-Bordure. Avec la volonté de redonner vie et de la notoriété à Jenny Sacerdote, la fondatrice de La suite Jenny Sacerdote met en avant l’importance de la mémoire collective et l’éloge de créatrices souvent oubliées.« Ses contemporains sont plus connus et elle manque encore de visibilité, donc, je milite vraiment dans ce sens pour développer sa notoriété auprès des musées français, mais aussi internationaux. Imaginez-vous, il y a des pièces de Jenny Sacerdote partout dans le monde : au Metropolitan, à New York, au Victoria Museum, à Londres, au Kyoto Institute, au Japon. Vous avez des pièces partout dans le monde parce qu'effectivement, elle habillait les personnalités du monde entier. »Pour recréer, à partir des patrons historiques de Jenny Sacerdote, ses créations et sa marque, Anne Vogt-Bordure se forme au modélisme.« Je me suis formée sur des logiciels en 2D et en 3D pour apprendre à faire du patronage, ce qui ressemble plus à des mathématiques, mais qui est tout aussi passionnant de voir un visuel porté et de l'imaginer à plat. C'est le travail inverse que font les designers aujourd'hui puisqu'ils dessinent déjà à plat un dessin en 2D pour après, faire un patron à plat. Là, j'avais donc la photo portée, donc un modèle déjà en 3D, qu'il a fallu que je repasse en 2D. »Soie, coton, lin, Anne Vogt-Bordure a une connexion personnelle et émotionnelle avec la matière. Sa marque utilise des matières recyclées pour une création de vêtements qui respecte l’environnement.« Au départ, c'était la soie. Aujourd'hui ce serait plutôt le coton biologique et le lin, matières plus naturelles. J'ai également essayé de travailler avec de l'ortie qui ressemble à s'y méprendre à la soie. Une matière très douce et beaucoup plus facile à manipuler que la soie, qui glisse beaucoup moins, qui ressemble plus au coton dans la main. La recherche de l'ortie faisait partie des questionnements que je m'étais posés au départ. " Qu'est-ce qu'elle aurait fait Jenny ?" Elle aurait été de toute façon dans l’écoresponsabilité, elle a travaillé avec des matériaux qui respectent le plus possible l'environnement et l'ortie répond à ces critères. Mais ma production, malheureusement, n'était pas suffisante pour travailler toutes les pièces. C'est pour cela que je me suis tournée après vers l'upcycling. J’ai récupéré des rouleaux de tissus des stocks dormants, toujours sur des matériaux sourcés, écoresponsables et fabriqués en France déjà existants. »L’inspiration, la recherche des matières et l’étude historique des pièces permettent à Anne Vogt-Bordure de proposer un vestiaire moderne et confortable avec des modèles aux multiples variantes.« J'ai mes favoris. Ils racontent tous une histoire, par exemple la robe qui a gagné le Grand Prix de l'élégance de 1928, le chemisier qui est fait en hommage aux marraines de guerre, la chemise de nuit de 1916, le premier manteau cape, etc. Ensuite, je travaille le patron. Mais ce que j'avais envie de faire, c'était ...