• La Moudawana, un tournant dans l'émancipation familiale au Maroc
    Mar 7 2025

    Héritage, mariage, divorce, garde des enfants, droits et devoirs dans la filiation, relations des hommes et des femmes, hiérarchie des responsabilités et tutelle de la femme... Elgas vous raconte l'histoire de la Moudawana, le code de la famille au Maroc. Sujet sensible, objet de passions, de requêtes successives, elle a été au centre des intérêts tant elle régit la vie de la société marocaine dans ses recoins les plus intimes, les plus politiques, les plus philosophiques et religieux.

    Avec la participation de Nouzha Guessous, chercheuse en droits des femmes et bioéthique, membre de la Commission royale consultative chargée de la révision de la Moudawana, auteure de « Une femme au pays des fouqaha, l’appel du houdhoud » (éd.La croisée des chemins)

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    Elgas : Avant 1958 et la naissance officielle et formelle de la Moudawana, qu'est-ce qui régissait la vie en famille, le statut personnel au royaume du Maroc ?

    Nouzha Guessous : Avant 1958 et plus précisément avant 1956 la date de l'indépendance, c'était ce qu'on appelle le Fiqh. C'était le Fiqh qui régissait la vie en communauté tout comme la vie dans la famille au Maroc. C'est quoi le Fiqh ? C'est un ensemble d'avis qui régissent aussi bien le cultuel que le relationnel, et qui régissent aussi le relationnel aussi bien sur le plan interpersonnel, familial et sociétal; des avis qui sont issus de compréhension et d'interprétations temporelles des messages du Coran d'une part, et aussi de tous les dires et actes du Prophète qui ont été en fait émis par des théologiens qui étaient en même temps des jurisconsultes. Ce sont des avis divers, parfois antagonistes, qui montrent d'abord que la pensée islamique a été l'objet d'un dialogue, de débats qui ont abouti à des divisions après la mort du Prophète. Et donc ce sont les divisions qu'on connait, entre les sunnites et les chiites, mais même au sein des sunnites et au sein des chiites il y a des écoles de Fiqh qui sont différentes. Donc voilà ce sont des avis liés à des compréhensions temporelles qui sont bien entendu influencées par le concept et que l'on a malheureusement à tort qualifié de droit islamique, alors que ce n'est pas un droit, et que l'on met dans le concept valise de charia.

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  • La vallée du Nil, aux origines de l’excision
    Feb 28 2025

    Afrique, mémoires d’un continent revient ce dimanche sur l’histoire d’un sujet aussi délicat que douloureux, l’excision. Quand les femmes ont-elles été excisées pour la première fois et dans quelles régions du monde ? Comment expliquer la longévité de cette pratique ? Est-elle imposée ou recommandée par la religion, ou relève-t-elle de l’ordre de la tradition ?

    Avec la participation de Sophie Bessis, historienne, journaliste et féministe, auteure entre autres de « Les Arabes, les femmes et la liberté » (éd. Albin Michel).

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    Elgas : En l'état des connaissances, quand et où les femmes ont-elles été excisées pour la première fois ?

    Sophie Bessis : En recoupant toutes les données historiques, archéologiques, anthropologiques, on a une idée relativement précise de l'apparition des mutilations génitales féminines. Les historiens et les paléo-historiens estiment que l'excision serait apparue à peu près entre le deuxième et le premier millénaire avant Jésus-Christ. Et en fait, c'est une pratique extrêmement ancienne. Et ce qu'il faut tout de suite pointer sur cette ancienneté, c'est que cette pratique est antérieure à l'apparition des trois grands monothéismes révélés le judaïsme, le christianisme et l'islam.

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  • Malcolm X : de Harlem à l’Afrique, un héritage mondial
    Feb 21 2025

    Malcolm Little à l’état civil, Malcolm X pour l’idole, Al-Hadj Al Shabbaz un temps pour la fraternité musulmane… Afrique, mémoires d’un continent vous raconte l’histoire d’un homme aux multiples visages, d’un orateur et prédicateur hors-pair, son destin et son héritage en terres africaines, ses liens avec toute une génération à l’avant-garde pour le droit des Noirs.

    Avec la participation de Sarah Fila-Bakabadio, historienne en études américaines et afro-américaines et maîtresse de conférences à CY Cergy Paris Université et de Romuald Fonkoua, universitaire et rédacteur en chef de Présence Africaine.

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      Elgas : Le regard entre Malcolm X et Martin Luther King, ces deux hommes ennemis, était-ce instrumentalisé ou y avait-il une vraie animosité entre les deux hommes ?

      Romuald Fonkoua : Comme en politique toujours, il y a de l'animosité. Et je pense que ces deux figures sont deux figures politiques de l'Amérique noire de cette époque-là qui sont en concurrence face au public du monde noir américain, mais qui aussi sont en opposition. Et ils sont en opposition je crois sur la question religieuse, l'un est pasteur l'autre ne l'est pas. Et donc évidemment, le pasteur ne peut pas prêcher autre chose que la non-violence, ne peut pas prêcher autre chose que l'amour, autre chose que la fraternité entre tous les hommes de la terre. Mais enfin cette fraternité, c'est un peu hors-sol si j'ose dire, parce qu'au fond c'est prêcher en dehors des contraintes qui sont des contraintes sociales. Malcolm X a les pieds dans l'esclavage, dans la violence. Il a subi une violence qui, dans son bas âge, est une violence radicale, à laquelle il ne peut répondre que de façon radicale. En découvrant l'Islam, une religion qui d'une certaine façon ne conteste pas la violence en tant que telle.

      À lire aussiMalcolm X, assassiné il y a 60 ans: «une trajectoire météorique»

      Programmation musicale :

      • Sinnerman, de Nina Simone.
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    • Tassi Hangbé, reine guerrière du Danxomè (Dahomey)
      Feb 14 2025

      La mémoire du continent vous emmène au Danxomè (Bénin), au XVIIIᵉ siècle, à la rencontre de la reine Tassi Hangbé. Fille du roi Houégbadja, jumelle du souverain Akaba, elle a occupé le trône à la mort de son frère avant de susciter la cabale qui conduira à sa destitution.

      Avec la participation de

      • Arnaud Zohou, philosophe, documentariste, essayiste, universitaire, auteur de Les histoires de Tasi Hangbé (éd. Présence africaine)
      • Mèdéssè Nathalie Sagbo, autrice de la bande dessinée Tassi Hangbé, l’amazone reine du Danxomè (H diffusion)

      Programmation musicale :

      We We, par Angélique Kidjo

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    • Charles N’Tchoréré, un tirailleur face aux nazis
      Feb 7 2025

      La mémoire du continent vous raconte la vie héroïque d’un tirailleur, le capitaine Charles N’Tchoréré. À son actif, des faits d’armes glorieux et une ascension fulgurante avant de tomber au champ d’honneur en 1940. Sa vie et sa mémoire sont retracées avec habileté dans un livre qui nous fait voyager dans son enfance, déchirée entre la sagesse du grand-père et les mirages de l’aliénation. Eclairage aussi sur les grandes guerres, ses compagnons tirailleurs, et son héritage.

      Avec la participation de Christian Eboulé, journaliste et auteur de « Le testament de Charles » (éd. Les lettres mouchetées).

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      Elgas : Quand on regarde la vie de Charles N'Tchoréré, quand on fait des recherches, quand on vous lit, ce que l'on sent c'est une flamme pour la France. Il s'engage fortement pour cette France. Il y a un amour de la patrie qui appelle des sacrifices... Comment peut-on à ce point aimer une patrie colonisatrice, coupable de crimes ? Comment vit-il le fait d'être à rebours de l'histoire quand beaucoup de jeunes Africains formés en métropole et même déjà sur le continent commencent à combattre l'ordre colonial ?

      Christian Eboulé : Je l'explique, je crois par un amour réel, une fascination même pour la civilisation et la manière dont elle leur avait été donnée dès le plus jeune âge, notamment par les missionnaires catholiques. Je crois qu'on a du mal souvent à admettre qu'il y a cette fascination qui doit avoir, y compris un aspect un peu mystique. C'est un Blanc qui a conquis l'Afrique, qui a vaincu nos aïeux, et que certains parmi nos aïeux ont considéré comme des revenants. Donc tout ça s'entremêle. Charles avait cette fascination. Cette France dont on lui parlait à l'école, il avait envie d'y appartenir. Et puis il y a une deuxième chose : une profonde aspiration à cette modernité occidentale. Voilà ces deux fascinations qui ont permis que Charles s'installe ainsi dans ce qu'on peut considérer aujourd'hui comme l'aliénation.

      Programmation musicale :

      • Bwiti Simba du Gabon MOGHIMBAKA, par Guy Roger
      • Les Africains et Marches de l'Air N°2.

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    • La révolte des esclaves du Gaoulet en Martinique : histoire et fiction
      Jan 31 2025

      Ce dimanche, le magazine Afrique mémoires d’un continent est consacré à la série Code noir, les révoltés du Gaoulet, une fiction sonore inspirée d'une révolte d'esclaves en Martinique au XVIIIè siècle. Prénoms subvertis, corps suppliciés, les esclaves se révoltent pourtant. En face, des miliciens rompus à la répression sanglante. Code noir, les révoltés du Gaoulet incarne une histoire, dans le texte de son auteur et la voix de ses acteurs, au service d’une extension du domaine de l’histoire.

      Avec la participation de :

      - Myriam Cottias, historienne, spécialiste de l’esclavage dans l’espace caribéen

      - Vincent Hazard, scénariste, auteur et réalisateur

      - Elisa Mignot, journaliste et productrice de podcasts.

      Cette émission a été enregistrée à Brest à l’occasion du festival de la radio et de l'écoute Longueur d’ondes.

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    • Mayotte et les Comores, fragments d’une histoire partagée
      Jan 24 2025

      Direction Mayotte, dans l’archipel des Comores, dans les vents de l’océan Indien. Département français d’outre-mer au milieu de voisins, sinon frères africains, avec lesquels ils partagent tout ou presque, sauf l’affiliation administrative. L’histoire de Mayotte est celle d’une sécession sur fond de choix rationnel, d’une lutte entre ceux qui ont choisi la France et de leurs frères comoriens qui revendiquent aujourd’hui encore le territoire.

      Terre de pirates et de sultans batailleurs jusqu’à l’arrivée des Français dans l’archipel, Elgas et son invité vous racontent toutes les tractations qui conduiront à la création de ce département singulièrement français.

      Avec la participation de Rémi Carayol, journaliste indépendant, cofondateur et éditeur de la revue Afrique XXI, auteur de « Mayotte, Département colonie » (éd. La Fabrique).

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    • Comment vivait-on en Afrique, il y a 12 000 ans ?
      Jan 17 2025

      De la vallée du Nil à l’Afrique de l’Ouest, de la Corne de l’Afrique à l’Afrique australe, Afrique mémoires d’un continent vous propose cette semaine de faire un véritable tour d’Afrique préhistorique. Terres d’émergence des premières sociétés de production, passage de la cueillette et de la pêche à l’agriculture et à l’élevage, naissance de l’artisanat, comment vivait-on sur le continent il y a 12 000 ans ? Pour quelles raisons les modes de vie ont-ils changé radicalement ?

      Pics et cahiers à la main, archéologues et préhistoriens nous font découvrir le processus de néolithisation universel, dont l’Afrique prit sa part et fut un fief important.

      Avec la participation de Jessie Cauliez, archéologue et préhistorienne, chargée de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) au Laboratoire TRACES.

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      Elgas : Parlons des premières sociétés de production. Pourquoi cette terminologie et que désigne-t-elle ?

      Jessie Cauliez : C'est tout simplement ce moment clé de l'histoire de notre humanité qui va voir les sociétés passer du stade de chasseurs-cueilleurs durant lequel elles vont faire de la prédation, puiser dans la nature les ressources sauvages, puis ensuite accéder, basculer dans le monde de la production de nourriture, c'est-à-dire domestiquer les plantes, c'est le début de l'agriculture, et domestiquer les animaux, c'est le début de l'élevage.

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