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  • Au Niger, feu vert pour Starlink qui étend son réseau en Afrique
    Nov 6 2024

    Un accord a été signé entre les autorités nigériennes et le fournisseur d’accès à internet par satellite, propriété du milliardaire américain Elon Musk, Starlink, qui est autorisé après avoir été longtemps interdit. Objectif : couvrir la quasi-totalité du territoire et améliorer la connectivité dans un pays où le taux de couverture internet est encore très faible.

    Que ce soit en 2G, 3G ou 4G la couverture internet ne dépasse pas le tiers du territoire au Niger. Après des années de refus, les autorités ont donc dit oui à Starlink. Avantage principal de l’offre : du haut débit à un tarif abordable avec 200 Mb/s pour environ 25 000 FCFA par mois. Un tournant pour les entreprises nigériennes, selon l’économiste Ibrahim Adamou Louché : « Ce qui va changer avec Starlink, c’est que le déploiement du haut débit sera très important pour le secteur de l’entrepreneuriat. Beaucoup de chefs d’entreprises se plaignent de la mauvaise qualité des offres existantes. Avec Starlink, cette crainte sera levée, les entreprises vont pouvoir développer leur business ».

    Nouvelle stratégie africaine de Starlink

    Longtemps, les autorités nigériennes ont craint l’utilisation de ce réseau par les groupes terroristes, mais le rapport bénéfice-risque semble avoir changé. « Avec un acteur comme Starlink, le problème de la couverture est résolu », assure Antony Adopo, spécialiste du numérique en Afrique.

    Il explique que la stratégie de Starlink sur le continent a également évolué. Le fournisseur d’accès envoie désormais ses équipes négocier pour convaincre un à un les pays africains. « Starlink a contacté plusieurs États afin de rassurer sur les différentes craintes qu’ils peuvent avoir, comme le respect de leurs cadres réglementaires, explique Antony Adopo, il y a eu plusieurs étapes. La première, c’est quand les pays ont constaté que Starlink opérait sur leurs territoires sans y avoir été autorisé, donc il y a eu une levée de boucliers pour dire que c’est contraire à la loi. Ensuite, discussions entre les gouvernements et l’opérateur. Et une fois qu’ils se sont compris, troisième étape : acceptation de ce nouvel acteur ».

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    Quelle souveraineté numérique ?

    Reste le défi de la souveraineté numérique. Comment seront contrôlées les données collectées et les communications qui transiteront par le réseau ? De nombreux pays comme le Cameroun, ou la République démocratique du Congo refusent encore d’autoriser Starlink. « Les pays, en réalité, n’interdisent pas Starlink, mais réfléchissent à comment faire venir cet acteur-là tout en préservant l’écosystème local, assure Antony Adopo, il y a des opérateurs locaux qui investissent depuis longtemps, qui ont besoin de beaucoup de budget pour pouvoir connecter tout le monde. C’est cette équation qui est en réflexion dans la plupart des pays africains ».

    Après le Libéria récemment, le Niger deviendra le 15ᵉ pays africain à autoriser Starlink sur son territoire. Au Kenya, ce lundi 4 novembre, l'opérateur américain a suspendu toute nouvelle souscription invoquant une surcharge de son réseau.

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  • Audiovisuel en Côte d’Ivoire: des initiatives privées pour pallier le manque de main-d’œuvre
    Nov 4 2024

    En Côte d’Ivoire, la deuxième édition du Sica, le Salon international du contenu audiovisuel d’Abidjan, s’ouvre ce mardi 5 novembre. Dans le pays, cette industrie représente 3 % du PIB. À travers ce salon, les professionnels veulent continuer de faire évoluer ce secteur qui manque encore de ressources humaines, faute, notamment, de visibilité.

    Dans un salon, deux experts-comptables racontent leur métier. C’est la première séquence d’un podcast vidéo, enregistré par une société de production. Derrière la caméra, Aimé, la trentaine, est un cadreur autodidacte. Il participe à une formation pour enrichir son parcours. « Je voulais essayer de maîtriser le vocabulaire de ce métier, essayer de connaître les différentes étapes. Ça m’a permis au moins d’apprendre la rigueur du métier », confie-t-il.

    Une main-d’œuvre qui vient d’ailleurs

    Cette formation met l’accent sur la postproduction. « Quand je suis dans mon poste de montage, je suis dans mon univers », se réjouit Penda Ndiaye. Elle a quitté une chaîne de télévision privée au Sénégal, pour se former au montage de longs formats. « Avant, je ne faisais pas de montage de film/série, documentaire et autre. Je faisais juste du montage de reportage et d’émissions. On m’a appris comment monter un film, comment on fait un documentaire, les séries, etc. En plus, j’ai appris le métier de script-plateau ». Cette formation est initiée par Créative Lab.

    Créative Lab est une structure créée il y a huit ans, pour accompagner l’industrie audiovisuelle. Ce besoin est à l’origine parti d’un constat : le manque de ressources humaines dans ce domaine. « Pas mal de sociétés de production en Côte d’Ivoire sont obligées de faire venir de la main-d’œuvre de l’extérieur, notamment du Sénégal, du Maroc, du Burkina Faso, ou de la France, relève Charly Kodjo, producteur et co-fondateur de Créative Lab. On manque de scénaristes, de bons réalisateurs, on manque de directeurs photo, on manque de monteurs, on manque d’ingénieurs du son… sur toute la chaîne de valeur, il y a un besoin de renforcer les ressources humaines ».

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    L’intérêt du secteur privé

    Son associée dans ce projet, Cynthia Nassardine, est actrice et productrice. Selon elle, ce secteur est en pleine expansion. « C’est vrai qu’on vit beaucoup de subventions étatiques, mais petit à petit, le secteur privé commence aussi à s’intéresser à notre industrie. Ce qui crée beaucoup plus de facilité d’expansion, donc aujourd’hui, on peut en vivre », explique-t-elle.

    Au-delà des productions pour des entreprises privées, les débouchés concernent également la réalisation de séries pour les chaînes de télévision. À cela s’ajoute, un réseau de salles de cinéma, qui progressivement s’étend dans la capitale économique ivoirienne.

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  • En Afrique, vers un regain d'intérêt des investisseurs?
    Nov 3 2024
    Routes, lignes électriques, écoles ou centres de santé, l’Afrique a besoin d’investissements privés. En 2023, les investissements directs étrangers étaient stables sur le continent – tandis qu’ils dégringolaient dans d’autres régions du monde – atteignant environ 48 milliards de dollars selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Si les statistiques ne sont donc pas encore au rendez-vous des besoins, des signaux semblent pourtant au vert. Un regain d’intérêt des investisseurs vers le continent paraît se confirmer. L'agence de notation Standard & Poor's a récemment relevé la note de la Côte d'Ivoire à BB. Un signal pour Stanislas Zézé, à la tête de l'agence de notation africaine Bloomfield, que l'évaluation du risque sur le continent est en train d’évoluer. « La raison pour laquelle les gens avaient du mal à venir ou étaient un peu sceptiques, c'était à cause de comment ils évaluaient le risque, pas le risque réel, mais la perception des risques qu'ils avaient. Et cette perception évolue de façon significative », analyse ce spécialiste de la finance.Pour lui, d’autres facteurs interviennent. « Il y a un potentiel extraordinaire parce qu’il y a tout à faire ici. Donc, évidemment, le développement est de plus en plus rapide, les taux de croissance sont parmi les plus élevés au monde et le risque est mieux maîtrisé aujourd'hui parce que mieux compris. En termes même de remboursement, les Africains ne sont pas les moins crédibles. C'est tout ça qui crée une vraie dynamique d'investissements sur le continent », ajoute-t-il.À lire aussiS&P rehausse la note de la dette publique de la Côte d'Ivoire à «BB»Donner de bons signaux aux investisseursAutre événement, la levée de fonds d'Ecobank sur le London Stock Exchange. Ce n'était pas arrivé pour une banque africaine depuis 2021. Les marchés ont ainsi investi 400 millions de dollars. Proparco, filiale de l'Agence française de développement, s'était positionnée comme référent sur cette opération. « Comme ces marchés financiers étaient attentistes et un peu fermés, il a été convenu qu’il faudrait que des investisseurs anchor, c'est-à-dire des investisseurs de référence qui travaillent depuis très longtemps avec elle — donc qui connaissent bien la banque, qui apprécie son impact et sa solidité —, que ses investisseurs puissent envoyer un peu un signal aux marchés en avance pour dire : nous, on a confiance dans cette banque », explique Emmanuel Haye, responsable du département institutions financières. Ce qu’a donc fait Proparco et d’autres partenaires. « Très vite, on a pu annoncer qu'on allait investir 20 millions de dollars aux côtés d'autres investisseurs anchor, et donc ça, ça a permis certainement que les investisseurs trouvent cette opération intéressante et qu’ils y souscrivent », ajoute encore Emmanuel Haye.Pour Stanislas Zézé, il ne fait aucun doute, investir en Afrique est rentable. « Si vous regardez les 400 millions de dollars qui ont été empruntés par Ecobank, c'est à 10%. Je ne sais pas où en Europe vous ferez de l'investissement avec un retour à 10%, insiste-t-il. Ça m’étonnerait. Donc évidemment, le continent devient de plus en plus attractif. »À lire aussiLes projections économiques concernant l'Afrique subsaharienne revues à la baisseInstallation prochaine de J.P. MorganDes investisseurs étrangers, dont l'une des têtes de pont, J.P. Morgan, vient d'annoncer vouloir s'installer prochainement en Côte d'Ivoire et au Kenya. « Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est en effet avec la baisse des taux, le retour des États souverains sur les marchés internationaux, et c'est ça que vient cibler J.P. Morgan, qui va arranger la levée de ressources pour ces États souverains ou les très grandes entreprises », confirme Emmanuelle Haye.Parmi les opérations remarquées cette année et qui semblent confirmer le regain d'intérêt des investisseurs pour le continent, le retour de la Côte d'Ivoire et du Bénin sur les marchés internationaux.
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  • Tourisme: la Côte d'Ivoire ambitionne de devenir le hub régional de l'Afrique de l'Ouest
    Oct 31 2024

    La Côte d'Ivoire veut miser sur son tourisme. Grâce à sa feuille de route « Sublime Côte d’Ivoire », elle espère attirer cinq millions de touristes par an. Pour sa promotion, elle sillonne les grands événements comme le salon du tourisme Top Resa à Paris. Le ministre du Tourisme ivoirien se fait volontiers l'ambassadeur de son pays pour en faire le hub régional de l'Afrique de l’Ouest.

    « Oublier la Côte d'Ivoire, ce n'est plus possible. Il faut faire avec », annonce en souriant le ministre du Tourisme, Siandou Fofana. Il égrène les avantages de la destination Côte d'Ivoire : sa géographie, sa stabilité politique et son climat de paix. En plus de cela, il met en avant les efforts réalisés par les autorités sur la question des infrastructures pour ambitionner de devenir un hub régional.

    « C'est se doter d'infrastructures modernes, d'abord des infrastructures de transport aérien. La Côte d'Ivoire, c'est un aéroport international qui est en pleine mutation », détaille-t-il. La première phase de travaux doit permettre l'accueil de cinq millions de passagers, et dans une deuxième phase, atteindre les 10 millions.

    Autre stratégie des autorités ivoiriennes : se doter d'une compagnie aérienne solide, Air Côte d'Ivoire, qui « s'étoffe avec l'acquisition d'une flotte qui est de la génération la plus récente ». Puis, « tout un maillage des infrastructures routières modernes et réhabilitées avec la construction de routes neuves », poursuit Siandou Fofana.

    La Côte d'Ivoire propose des offres touristiques balnéaires classiques, mais elle met également en avant ses nouveaux circuits culturels. Aujourd'hui, le pays attire de manière importante le tourisme d'affaires. Cela passe par l'implantation des sièges et bureaux régionaux de grandes entités et d'institutions internationales comme la Banque africaine de développement, du FMI ou de la Banque mondiale.

    « Toute chose qui nous confère une position géostratégique et qui fait que tous les acteurs qui négocient leurs dossiers sont obligés de passer par Abidjan », insiste le ministre. Abidjan accueille par ailleurs la bourse régionale des valeurs, ce qui en fait « une place boursière de premier ordre de la région ». Pour tenter de répondre aux besoins, le gouvernement s'est ainsi doté d'un parc d'exposition et a augmenter la capacité hôtelière.

    L'innovation pour promouvoir la destination

    Mais la destination souffre encore de l'impact des crises sécuritaires vécues. Les autorités, afin d'attirer plus de visiteurs, ont lancé une nouvelle offensive communicationnelle, avec l'ouverture de 15 bureaux du tourisme dans le monde. « L'objectif pour nous, c'est de susciter l'envie des gens de venir en Côte d'Ivoire », explique Fatime Camara, la directrice du bureau implanté en France. Et pour cela, l'innovation et les technologies sont mises à contribution. « Nous travaillons beaucoup sur l'intelligence artificielle (IA) pour faire la promotion de la Côte d'Ivoire. Nous avons des cartes de réalité virtuelle qui permet d'aller faire des visites en immersion de la basilique, de la cathédrale, des plages d'Abidjan. À Top Resa, on avait la possibilité d'aller visiter un village artisanal par exemple », met-elle en avant.

    La Côte d'Ivoire mise également sur les retombées à long terme de l'organisation de la CAN, grâce à la visibilité que l'événement lui a donnée et aux 1 500 milliards de francs CFA investis à cette occasion. En 2022, le tourisme contribuait à hauteur de 6% au PIB. Les autorités espèrent un bond à 8% cette année.

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  • Les groupes miniers producteurs de platinoïdes face à la crise en Afrique du Sud
    Oct 30 2024

    En Afrique du Sud, les producteurs de platinoïdes sont dans une très mauvaise passe. Les cours du palladium et du rhodium, des métaux moins demandés avec le passage des véhicules à l'électrique, ont vu leur cours plonger, après avoir atteint des sommets. La bulle éclate et se retourne contre les groupes miniers producteurs de ces métaux précieux, qui emploient plus d’un tiers des salariés du secteur minier en Afrique du Sud, premier producteur mondial de platinoïdes.

    La chute des prix des platinoïdes a forcé plusieurs grands groupes miniers à se restructurer depuis deux ans en Afrique du Sud. Fermetures de puits, pertes d'emploi... L'entreprise Sibanye Stillwater a dû se séparer de 12 000 de ses 80 000 salariés. « À partir de 2023, nous avons assisté à une baisse des prix de ces matières premières, les principaux platinoïdes que sont le platine, le palladium et le rhodium, explique Charl Keyter, directeur financier du groupe. Et je pense que cela s'explique en grande partie par l'opinion largement répandue selon laquelle tout le monde va se tourner vers les véhicules électriques. »

    Platinoïdes victimes du succès de la voiture électrique

    Ces platinoïdes sont en effet principalement utilisés dans l'industrie automobile, pour confectionner les pots catalytiques des voitures thermiques. La pandémie de Covid-19, puis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, second producteur de ces métaux, avaient poussé de nombreux constructeurs à faire des réserves auprès des mines sud-africaines, faisant exploser les prix.

    « Pendant le Covid, nous avons vu le prix des métaux du groupe du platine grimper à des niveaux jamais imaginés. Jusqu'à trois fois supérieurs à leur précédent record historique, rappelle Peter Major, analyste du secteur. Maintenant que ces prix ont baissé et sont revenus à des niveaux plus normaux, cela met l'industrie sous forte pression, car il y avait eu de grosses augmentations de salaires, de grands projets d'investissement, et des acquisitions très coûteuses à l'étranger. »

    Espoirs dans la voiture à hydrogène

    Les prix semblent s'être à présent stabilisés, et ces entreprises minières sont soulagées d'y voir un regain d'intérêt pour les voitures hybrides. Mais elles continuent d'espérer que la transition écologique jouera davantage en la faveur des véhicules à hydrogène, qui nécessitent des platinoïdes.

    « Nous pensons vraiment que l'hydrogène est une source d'énergie intéressante et qu'elle se développera au cours de la prochaine décennie, juge Craig Miller, PDG d'Anglo American Platinum, premier producteur mondial de platine. Le rôle que les platinoïdes peuvent jouer, c'est d'abord dans la production d'hydrogène, et à plus long terme – pas pour le moment –, dans les voitures à pile à combustible. »

    Un optimisme que ne partage pas un certain nombre d'analystes, face à la lenteur de la progression, depuis 30 ans, des technologies utilisant l'hydrogène.

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  • Raffiner l'or sur place, le pari compliqué du Ghana
    Oct 29 2024

    Raffiner son or localement est un rêve que de nombreux pays producteurs souhaitent atteindre. C'est le cas du Ghana. En août dernier, le premier extracteur d'or du continent africain a inauguré une toute nouvelle raffinerie. Une infrastructure qui, selon le gouvernement, permettrait au pays de reprendre pleinement la main sur la valeur de son minerai. Mais les obstacles avant d'atteindre cet objectif restent nombreux.

    Avec notre correspondant à Accra,

    Une raffinerie dernier cri, capable de traiter 400 kilos d'or par jour, pour un taux de pureté de 24 carats : la Royal Ghana Gold Refinery a été inaugurée en août à Accra par le vice-président Mahamudu Bawumia. « Aujourd'hui, nous ne célébrons pas seulement une nouvelle installation, mais un témoignage de l'engagement de notre gouvernement pour la valorisation de nos ressources naturelles », a-t-il déclaré à cette occasion.

    En 2023, l'or représentait déjà à lui seul près de la moitié des exportations du pays. Raffiner cette matière chez soi, c'est donc l'assurance d'une stabilité économique renforcée, selon le gouverneur de la banque centrale du Ghana. « Ajouter de la valeur aux ressources aurifères du Ghana nous permettra d'augmenter nos stocks de devises étrangères, d'améliorer notre balance de paiements, ce qui, à terme, nous protégera des chocs et des vulnérabilités extérieures », avance Ernest Addison.

    Pour vendre son or sur les principales places financières mondiales, encore faut-il que la raffinerie soit certifiée par la London Bullion Market Association (LBMA). Une tâche loin d'être aisée. L'institution attend qu'une raffinerie puisse opérer à un certain volume pendant trois années consécutives. « La raison de cette règle, c'est que maintenir la qualité de raffinage à petite échelle ne signifie pas forcément qu'on est capable de le faire à grande échelle », détaille Bright Simons, économiste et vice-président du think tank ghanéen Imani.

    Comment intégrer la production artisanale ?

    La Royal Ghana Gold Refinery est loin d'être la première à tenter l'aventure au Ghana. Toutes sont confrontées au même problème selon l'économiste : le manque de capitaux. « Il y a une douzaine de raffineries d'or au Ghana, certaines plus grosses encore que celle qui vient d'être inaugurée, met encore en avant Bright Simons. Et aucune n'a réussi à atteindre la certification. C'est notamment parce que le raffinage d'or a une faible rentabilité. »

    Y a-t-il seulement assez d'or au Ghana pour satisfaire la demande ? Le pays a beau être le plus gros producteur du continent, ses principales mines exportent déjà vers des raffineries étrangères, détentrices de certification LBMA. Reste alors les dizaines de milliers de mines de petites tailles. Or, il n'y a aucune garantie. « Si la raffinerie attend des petits mineurs qu'ils lui apportent eux-mêmes leur or, elle n'aura pas les quantités souhaitées. Il faut donner aux mineurs des avantages fiscaux, installer des bureaux près des mines. C'est à ces conditions qu'ils ne vendront leur or à personne d'autre », selon Godwin Armah, l'un des principaux représentants du secteur. Les autorités devront également résoudre le problème de la traçabilité. Un enjeu de taille dans un pays ravagé par l'orpaillage illégal.

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  • Le Sénégal, face au défi de l'industrialisation, ouvre une première usine d’outils agricoles
    Oct 28 2024

    Industrialiser le Sénégal est au cœur de la stratégie de développement dévoilée le 14 octobre dernier par le président Bassirou Diomaye Faye. Dans ce but, les nouvelles autorités sénégalaises multiplient les zones économiques spéciales pour attirer les investisseurs. Deux de ces investisseurs installent ainsi la première usine sénégalaise d’outils agricoles dans la région de Thiès.

    Le projet des autorités de Dakar est de porter le nombre de zones économiques spéciales de 5 à 45. De quoi faciliter l’accès des entreprises au foncier, obstacle majeur à l’industrialisation du Sénégal. Et permettre à l’investissement de se réorienter vers d’autres secteurs que les services, espère Bakary Séga Bathily, le directeur général de l’Agence nationale chargée de la promotion de l’investissement et des grands travaux au Sénégal. « On a une structuration de notre économie basée sur les services à plus de 50 %, l’industrie qui arrive deuxième à 25 % et le secteur primaire à 17 %, alors que le secteur primaire aujourd’hui mobilise plus de 60 % de la population… », explique-t-il.

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    500 000 outils made in Sénégal

    Répondre aux besoins du secteur primaire, c’est la stratégie de l’entreprise Senoutil, qui vient de s’installer à Sandiara, à une centaine de kilomètres au sud-est de Dakar. L’usine sera la première à fabriquer râteaux, serpettes, houes et binettes sur le sol sénégalais. 500 000 outils d'ici à cinq ans, espère son directeur général, Ibrahima Gallo Ndao, dans une région porteuse, juge-t-il, celle de Thiès. « C’est une zone bien connue dans le domaine du maraîchage, qui exporte un peu partout. Donc, faire des outils qui permettent d’alimenter cette chaîne de valeur est important. Mais c’est aussi une zone très dynamique en termes de carrières. Et c’est pourquoi, dans cette gamme, on a tout l’outillage pour la construction. »

    Il faut exporter au moins 50 % de sa production quand on s’installe dans une zone économique spéciale sénégalaise. La contrainte ne fait pas peur à Ibrahima Gallo Ndao, mais il espère que de nouvelles lignes ferroviaires l’aideront à réaliser cet objectif. « L’idéal aujourd’hui, c’est d’avoir la ligne jusqu’à la frontière avec le Mali et une autre ligne jusqu’à la frontière avec la Mauritanie. Non seulement ça ouvre des brèches, parce que qui dit industriel dit exportation, mais ça permet aussi de faciliter la connexion entre les terroirs. »

    Doper la formation professionnelle

    Dans un premier temps, les pièces métalliques des outils seront fabriquées en France par son partenaire, Saintex, dirigé par le Franco-Sénégalais Cheikh Sow. Ce dernier attend d’autres réformes, indispensables selon lui à la réussite de projets industriels comme le sien. « Ce n’est pas tant la réforme du contrat de travail, c’est surtout la réforme de la formation professionnelle, c’est là où on attend des réformes importantes, confie-t-il. L’accessibilité, la rapidité du traitement des dossiers, une politique plus orientée vers la formation professionnelle que vers les formations universitaires. »

    L’objectif des zones économiques spéciales est de créer 3 millions d’emplois pour la jeunesse sénégalaise.

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  • L'art contemporain africain convoité par les collectionneurs du continent
    Oct 27 2024

    Le marché de l’art contemporain a traversé une année difficile, mais celui de l’art africain a bien résisté, selon les études. Considéré comme émergent il y a encore quelques années, il a su dépasser les craintes de l’intérêt ponctuel et de l’effet de mode. Et parmi les tendances, la présence de plus en plus marquée de collectionneurs africains. Un phénomène constaté à la foire d’art contemporain AKAA qui s’est imposée comme le grand rendez-vous dans le domaine en France et qui se tenait fin octobre à Paris.

    Parmi les œuvres de Reggie Khumalo, des toiles représentant des femmes aux cheveux colorés, vêtues de pagnes. Du tissu sort de la toile et s’étale au sol à la manière d’une traîne. Pour l’artiste sud-africain, l’intérêt des collectionneurs du continent pour les œuvres de chez eux s’explique pour plusieurs raisons. « Je pense qu’ils peuvent tout simplement sentir l’authenticité de l’artiste. Ils peuvent sentir la vérité et le travail spirituel qui est à l’action à l’intérieur de l’artiste et de son œuvre », soutient-il.

    Un intérêt des collectionneurs indispensable pour Victoria Mann, directrice du salon AKAA. « Le marché ne pouvait pas se développer sans ça. Il fallait qu’il y ait une prise de conscience locale », assure-t-elle. Désormais, le continent multiplie les galeries, les centres, et les « art advisors » « qui ont vraiment dédié leur carrière à développer et à ouvrir ce marché-là », témoigne la directrice du salon. Un effet d’entraînement également souligné par Linda Pyke à la tête de la galerie THK au Cap.

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    « S’y intéresser semble plus légitime »

    « Le continent vient de se doter de ses premiers musées d’art contemporain. Le Zeitz MOCAA a ouvert en 2017. Ensuite, le MACAAL a ouvert ainsi que de nombreuses institutions et fondations », égraine la galeriste. La multiplication de ces structures « a pour conséquence d’établir un marché. Si vous avez des institutions qui encouragent également les gens à collectionner, s’y intéresser semble plus légitime », met-elle en avant. Au plus près du marché, « il y a vraiment eu un intérêt croissant et un énorme développement de la base de collectionneurs en Afrique », témoigne Linda Pyke.

    44 exposants et 36 galeries étaient présents à l’occasion de cette manifestation de trois jours à Paris. Et question gros sous, pour Victoria Mann, directrice du salon, les artistes africains sont aussi bien cotés que leurs homologues d’autres continents. « Aujourd’hui, une œuvre d’El Anatsui, une œuvre de Gideon Appah, de Amoako Boafo peut monter haut. Dans des sphères qui sont très importantes et qui sont inatteignables pour des jeunes collectionneurs ou des acheteurs coup de cœur », met-elle en avant.

    Des fourchettes de prix plus élevées

    Si une nouvelle génération d’artistes est plus abordable, cependant, sur la foire AKAA, la spécialiste a constaté « une vraie évolution de la fourchette du prix moyen ». Aux débuts d’AKAA, elle se situait entre 2 000 et 8 000 €, mais aujourd’hui s’est rehaussée entre 10 000 et 30 000 euros. « Ça ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’œuvres qui sont peu chères, il y en a toujours, mais aujourd’hui, un artiste sur la foire vendu à 25 000-30 000 € se vend sans aucun problème », assure Victoria Mann.

    Marie-Cécile Zinsou, Kamel Lazaar à Tunis, Janine Kacou Diagou ou encore Hassanein Hiridjee sont parmi les grands collectionneurs du continent. Ils soutiennent les artistes africains, notamment à travers leurs fondations et leurs expositions.

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