• A-t-on surestimé la menace qui pèse sur les insectes?

  • Oct 29 2024
  • Length: 4 mins
  • Podcast

A-t-on surestimé la menace qui pèse sur les insectes?

  • Summary

  • Depuis plusieurs années des études scientifiques alertent sur le déclin inquiétant des populations d'insectes. Pourtant, de récents travaux issus de la plus grande base de données sur les populations d’insectes dans le monde relativisent ce déclin. Comment l’expliquer ? Éléments de réponses.

    Tout remonte à 2020 quand la prestigieuse revue scientifique Science publie les résultats d’une méta-analyse, c’est-à-dire une grande étude qui rassemble l’ensemble des données sur une question précise, ici les populations d’insectes. Selon cette analyse, on ne perdrait « que » 9 % des populations d’insectes terrestres par décennie sur le plan mondial. Quant aux insectes d’eau douce, leurs effectifs augmenteraient de 11 % par décennie. Des résultats qui ont surpris de nombreux scientifiques. Deux chercheuses françaises épluchent alors pendant quatre ans les études de cette base de données et compilent les nombreuses erreurs. Laurence Gaume écologue au CNRS est l'une des chercheuses : « Dans les erreurs qu'ils ont faites, au niveau des insectes aquatiques, ils prenaient en compte toute une communauté d'invertébrés qui ne sont pas des insectes, comme par exemple, des coquillages, des moules, des vers, et donc ça expliquait, en grande partie, la tendance à la hausse qui était observée. Ce sont donc des erreurs grossières et ils en déduisent que si les insectes d'eau douce augmentent, c'est parce qu'on a probablement fait des progrès dans l'assainissement des eaux, ce qui n'est pas ce que l'on a observé dans ces bases de données ».

    553 problèmes identifiés

    Sur les 165 jeux de données qu’elles ont étudiés, les deux chercheuses ont identifié 553 problèmes. Une accumulation d’erreurs assez impressionnante que les chercheuses ont classées en quatre catégories. Les problèmes méthodologiques, les incohérences, les déficits d’information et les erreurs. On retrouve par exemple l’étude d’un chercheur anglais, passionné par les libellules, qui avait créé des mares artificielles pour étudier leur colonisation. Avec l'arrivée des libellules, il en a déduit, que leur nombre augmentait, mais de façon totalement artificielle. D’après la littérature scientifique 16% des libellules sont menacées d’extinction dans le monde.

    Autre anomalie, d'après ces données, les terres agricoles ne sont pas en cause dans le déclin des insectes. Mais les chercheuses ont montré que les données satellites utilisées ne permettaient pas de différencier une prairie d’une zone de culture, ce qui est problématique. Pour Laurence Gaume, le déclin rapide des insectes est la triste réalité et il est temps d'agir : « Ce qui est très important de savoir, c'est que les insectes ont des fonctions primordiales dans l'écosystème. Ce sont les pollinisateurs de la plupart des plantes, ils recyclent la matière organique, ils interviennent dans la plupart des chaines alimentaires, donc leur menace fait que c'est toute une biodiversité qui est menacée en réalité. Maintenant, il faut mettre en place des mesures de protection, et vite ».

    Alors que les États, réunis à Cali pour la COP16 sur la biodiversité, cherchent à mobiliser 20 milliards de dollars par an d'ici 2025, pour sauver le vivant, il ne faudrait pas que des erreurs scientifiques, publiées dans de grandes revues, remettent en cause la nécessité d'agir et d'investir.

    À écouter aussiPourquoi les insectes disparaissent?

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