Jean-Jacques Homberger est travailleur social hors-mur depuis 23 ans.
Pourtant, rien ne le prédestinait à cette carrière.
Passionné de cyclisme dès son plus jeune âge, il a plutôt pour ambition de devenir cycliste professionnel, projet qu’il abandonnera plus tard après des années de persévérance, faisant le constat qu’il n’était pas suffisamment talentueux pour reprendre ses mots.
Sa carrière professionnelle démarre avec un CFC d’employé de commerce, grâce aux encouragements de son père de se mettre en action, peu importe la voie choisie.
Peu de chose sont irréversibles et le parcours de Jean-Jacques en est bien la preuve !
Employé dans une banque après son apprentissage, il découvre qu’il est naturellement doué dans la gestion des situations difficiles, avec des gens qui traversent des situations financières compliquées.
Il décide donc vers l’âge de 26 ans de faire un stage dans le social puis de reprendre des études à temps plein sur 3 ans qui lui permettent d’obtenir le titre d’éducateur social.
Son titre en poche, c’est dans l’espace public que Jean-Jacques décide d’aller à la rencontre des jeunes.
Son but ? Faire en sorte que ces jeunes soient bien avec eux-mêmes en respectant les règles de la société.
Dans cet interview il raconte de quelles manières il a réussi à créer des liens solides avec les jeunes de 12 à 25 ans qui s’exposent à des dérives de type délinquances, dépendances et peuvent tomber dans la dépression pour ne citer que quelques problématiques courantes.
Il nous explique l’importance d’être authentique, une authenticité qui nécessite de se livrer, lui aussi, sur des aspects de sa vie privée.
Comment dire aux jeunes de se livrer sur des aspects personnels de leur vie si nous ne le faisons pas nous-même, en choisissant où placer le curseur ? Pour Jean-Jacques, c’est du non-sens.
Tout comme le fait d’inciter les jeunes à parler de leur vulnérabilité, si nous passons sous silence nos propres défis et difficultés dans la vie.
Enfin, comment être crédible en encourageant les jeunes à se faire aider si nous ne nous faisons pas aider nous-même ?
A ce sujet, Jean-Jacques constate que plus le professionnel est formé et diplômé, plus il arrive à demander de l’aide, ce qui pourrait pourtant sembler paradoxal.
D’ailleurs, il a lui-même une supervision hebdomadaire avec un médecin psychiatre, ce qui contribue au perfectionnement de sa pratique ainsi qu’à l’équilibre émotionnel nécessaire à son bien-être.
Les jeunes ne sont pas dupes « ils croient ce qu’ils voient » et lorsqu’ils voient Jean-Jacques à minuit- 1h du matin ou le soir de Noël dans la rue, ils sentent cet engagement sincère et un lien profond et solide peut se créer.
Sur le sujet de la confidentialité, il nous explique que les jeunes sont souvent ouverts et proposent généralement d’eux même que leurs parents soient impliqués dans la prise en charge des travailleurs sociaux.
D’ailleurs, Jean-Jacques qui a suivi une formation systémique en lien avec l’inclusion de la famille explique que la personne qui dysfonctionne est une sorte de « donneuse d’alerte » qui alerte sur le fait que quelque chose ne fonctionne pas à l’échelle de la famille.
Le risque et l’erreur serait de considérer uniquement le « donneur d’alerte » sans considérer la systémie (famille ici) dans laquelle il évolue et qui a probablement un lien avec sa situation.
Enfin, nous avons parlé des « routines bien-être » qu’il a mis en place pour prendre soin de lui car, comme il le rappelle, dans notre vie, dans notre travail, on est notre propre moteur donc il est important de s’occuper de soi avant de s’occuper des autres.
C’est donc avec le vélo (qu’il n’a pas abandonné pour autant) et la course à pied que Jean-Jacques fait le vide et recharge les batteries.
« Le seul but de la vie, c’est de vivre », c’est ce qu’il fait et transmet avec beaucoup de passion aux jeunes qu’il côtoie depuis plus de 20 ans.