À quatre jours de l’ouverture de la COP29 à Bakou, Donald Trump, climatosceptique notoire, vient d'être réélu président des États-Unis, deuxième émetteur mondial et premier émetteur historique de gaz à effet de serre. Il n'a pas caché sa volonté de démanteler la politique climatique américaine. Et il l’a promis, il sortira de nouveau de l’Accord de Paris, comme il l’avait fait en 2017. Des pays pourraient saisir l’opportunité de prendre la place que les États-Unis vont laisser dans les négociations sur le climat. L’Union Européenne (UE) et la Chine vont être particulièrement attendues lors de la COP29 à Bakou pour montrer que l’Accord de Paris est résilient. « Elles vont toutes les deux avoir un rôle majeur pour rassurer l’ensemble de la communauté mondiale, sur le fait que l’Accord de Paris reste une matrice importante des relations internationales, et de l’action collective sur le climat », explique Lola Vallejo, conseillère spéciale Climat à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).Dans ce duo, l’UE va surtout être attendue pour mettre la pression sur la Chine, le pays qui émet le plus de gaz à effet de serre au monde. C'est ce que faisaient jusqu'alors les États-Unis, car Washington et Pékin étaient en compétition pour apparaître comme le meilleur élève, selon Marta Torre Schaub, directrice de recherche au CNRS à l'Institut des sciences juridiques et philosophiques de la Sorbonne : « Le fait que les États-Unis soient à nouveau moins présents, ou absents, ça va enlever la pression sur la Chine. Ça a un effet négatif, mais aussi un effet positif : l’Union européenne se retrouve en position de leadership, si elle l’accepte, pour mettre la pression sur la Chine à son tour ».Ce serait donc au tour de l’UE de pousser la Chine à réduire ses émissions.Une Chine ambivalenteMais il n’est pas sûr que les européens acceptent de jouer ce rôle. L’UE semble en tout cas bien plus affaiblie que lors du précédent mandat de Donald Trump. À sa tête, elle a un nouveau parlement et une nouvelle Commission européenne qui apparaissent moins engagés sur les questions climatiques. D'ailleurs la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, ne fera pas le voyage à Bakou.Par ailleurs, la situation économique est plus difficile. Et la guerre en Ukraine inquiète les européens. Les appels à renforcer la souveraineté européenne en matière de défense se multiplient, une souveraineté gourmande en financements.La Chine, de son côté, est ambivalente. « Elle joue sur deux terrains, explique Marta Torre Schaub. D’abord le terrain de la croissance économique, sans avoir beaucoup d’égards envers l’environnement. Et d’un autre côté, elle veut montrer que les choses changent, et qu’elle va devenir un meilleur élève pour la réduction des émissions et la préservation de l’environnement ». Elle voit aussi l'intérêt économique de dominer le secteur de la transition énergétique. « La Chine pourrait peut-être vouloir prendre le leadership dans l’aide aux pays en développement, ajoute la juriste. Je pense que l’Union européenne aimerait aussi le faire, mais il y a une telle crise économique dans certains pays européens, que ça va être un peu compliqué ».Le Brésil pourrait aussi profiter de l’espace laissé par les États-Unis. Les Brésiliens, qui vont accueillir la COP30 l'année prochaine à Belém, pourraient pousser pour la réussite des négociations à Bakou, pour ne pas alourdir leur COP. « Mais je ne pense pas que le Brésil puisse se positionner de manière plus importante que ce qu’il a fait jusqu’à présent, et prendre le leadership, en tout cas pas cette année, nuance Marta Torre Schaub. Peut-être en 2025... Le pays d’accueil a toujours une visibilité plus grande, mais ça ne veut pas dire qu’il aura plus de poids dans les négociations ».La montée en puissance du secteur privé et des gouverneurs américainsEnfin, les États-Unis ne devraient pas être complètement absents de la COP. Certes, leur délégation officielle à Bakou devrait être une sorte de délégation fantôme. « Elle va ressembler à celle qu’on connaît des États-Unis, mais elle n’aura que très peu de capacités à avoir des échanges bilatéraux d’envergure avec l’Union européenne, la Chine ou l’Inde », explique Lola Vallejo. La voix officielle des États-Unis devrait être relativement inaudible.Mais ils ne devraient pas pour autant complétement disparaître des négociations, selon la conseillère spéciale Climat de l’Iddri : « Ce qu’on risque de voir, c’est une présence à nouveau importante, comme sous la première administration Trump, du secteur privé et des gouverneurs américains, pour montrer que les États-Unis sont encore dans l’Accord de Paris, si ce n’est au niveau fédéral, alors au ...