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  • «Je rêve en grand»: des femmes irakiennes derrière les platines à Erbil
    Jun 28 2025

    Depuis quelques années, la scène musicale électronique irakienne se développe. C'est à Erbil, au Kurdistan irakien, que ce genre musical se fait le plus entendre, à l'occasion de grandes célébrations qui réunissent plusieurs milliers de mélomanes pour danser aux rythmes de DJs parfois venus de l’étranger. Ces fêtes s’ouvrent de plus en plus aux femmes irakiennes, qui, elles aussi, souhaitent s’imposer comme DJ et passer derrière les platines.

    De notre correspondant à Erbil,

    Elles sont cinq femmes, la vingtaine, toutes réunies par leur passion de la musique électronique dans le studio de l’ONG Action Humanitaire et Journalisme à Erbil. Pour une semaine, la DJ française Olympe 4000 leur enseigne les ficelles du métier. Nour, concentrée sur ses platines numériques, raconte sa rencontre avec la techno : « J’ai commencé à aller à des fêtes, à vraiment aimer la musique, se remémore-t-elle. J'avais envie d'essayer, je me suis mise à le faire pour rigoler chez mes amis. Ma copine jouait et je m’amusais à appuyer sur les boutons avec elle... Puis je me suis dit que je devais apprendre, que je devais devenir une DJ moi aussi, parce que je m’en sortais super bien. »

    Cette passion n’a pourtant rien d’évident lorsqu’on est une jeune femme ayant grandi à Bagdad, comme en témoigne une de ses camarades, DJ 5AM. « La perception est négative... Particulièrement pour les filles, partage-t-elle. Les hommes, personne ne les jugera. Mais nous sommes des filles en Irak et toutes les femmes DJ seront confrontées à leur jugement ».

    Ayant déjà fait les frais de cette défiance, la musicienne préfère rester discrète. « Je l’ai personnellement expérimentée avec mon chef, raconte la jeune femme. Il a souligné que j’avais une position élevée dans l’entreprise, pourquoi est-ce que je choisirais alors de devenir DJ ? Je lui ai dit que c’était juste un loisir. Ça ne l’a pas tout à fait convaincu, mais je me moque de son opinion. J’ai fait ce que je voulais. »

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    Cette persévérance suscite l’admiration d’Olympe 4000. La DJ est une habituée des clubs européens, mais c’est sa première expérience en Irak, où elle s’est fixé plusieurs objectifs au cours de la formation qu’elle dispense auprès de Nour, 5AM et leurs camarades. « J'essaie de les accompagner dans le développement de leur carrière, de faire en sorte qu'elles s'autonomisent et surtout leur donner confiance, explique-t-elle. Il y en a quelques-unes qui savent déjà mixer, mais qui ne se sentent juste pas légitimes de jouer devant un public. Le peu d'amis DJ qu'elles ont autour d'elles, ce sont principalement des hommes. »

    Encore balbutiante, la scène électronique émergente d’Erbil se veut inclusive et protectrice, des valeurs au cœur des soirées que Nour organise avec ses amis. « Lors de nos évènements, de nombreuses femmes dansent librement, c’est un environnement sécurisant : nous nous efforçons de créer un espace où elles se sentent à l’aise de faire ce qu’elles veulent, tous leurs droits sont garantis », témoigne la DJ.

    L’un des principaux obstacles à l’expansion de cette industrie musicale, c'est la difficulté pour ses artistes de voyager afin de se produire en Europe où les visas sont délivrés au compte-goutte pour les Irakiens. Pas de quoi effrayer Nour : « Je rêve en grand : je me vois un jour jouer dans les grands festivals. Je sais que j’en suis capable, et j’y arriverai un jour. »

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  • Une mère désespérée face à la pénurie de lait à Gaza: «Je ne sais plus quoi faire pour l’aider à se nourrir»
    Jun 27 2025

    Dans la bande de Gaza, accéder à la nourriture et à l’aide humanitaire reste une mission quasi impossible. Les distributions d’aide alimentaire, gérées par la Gaza Humanitarian Foundation, une ONG pilotée par Israël et les États-Unis, virent à la tuerie presque quotidienne. Quelques camions d’aide humanitaire sont entrés cette semaine dans l’enclave, mais incapable d’enrayer la menace de famine généralisée qui pèse sur les deux millions de Gazaouis. Depuis le début de l'année, chaque jour, 112 enfants sont admis à l’hôpital pour malnutrition. Une situation dramatique renforcée par une pénurie criante de lait infantile.

    De nos correspondants à Gaza et à Jérusalem,

    Derrière la voix du docteur Ahmad Al Farra qui dirige le service pédiatrie et maternité de l’hôpital Nasser de Khan Younès, les images de bébés prématurés en souffrance dans leur incubateur se succèdent. Dans une vidéo sur les réseaux sociaux, le pédiatre a tiré la sonnette d’alarme la semaine dernière sur une situation devenue critique pour ces nouveaux nés, particulièrement à risque.« Comme vous pouvez le voir là, nous avons un bébé prématuré qui dépend complètement intégralement sur une formule de lait artificielle pour les prématurés dont la quantité disponible dans l’hôpital Nasser est proche de zéro. »

    Et sans entrée rapide et massive de l’aide humanitaire, les conséquences pour ces enfants prématurés sont dramatiques.« Il subira un arrêt de son métabolisme, un déséquilibre électrolytique, il sera dans un état grave, cela peut potentiellement menacer sa vie. » Particulièrement tragique pour les bébés prématurés hospitalisés, cette pénurie frappe toute l’enclave où survit un million d’enfants Sous une tente à Gaza City, Thareefa Bassal 32 ans, essaie de calmer sa fille Qasar, un an. « Il y a une semaine, j'ai réussi à lui trouver du lait en poudre pour 23 euros. Mais maintenant, c'est terminé, je ne peux plus me le permettre. »

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    Rien ne compense le manque de lait

    Incapable de s’offrir du lait comme tant d’autres, Thareefa cherche tant bien que mal des solutions. « J’essaie de remplacer cela avec des suppléments alimentaires, mais ce n’est pas suffisant. Je pense aussi à acheter plus de conserves de fruits ou de légumes fondus. Mais rien de tout cela ne compense le manque de lait. Ses os sont en train de se former, ils ont besoin de lait en poudre, elle a besoin du calcium et de tout ça. »

    Et l’absence de nutriment adapté se fait sentir sur la santé de Qasar : « Elle a maintenant un an et il est temps pour elle de commencer à marcher et à faire ses dents. Mais je ne sais absolument plus quoi faire pour l’aider à se nourrir correctement. Pendant 14 ans, je n’ai pas réussi à tomber enceinte et maintenant qu’elle est née, je ne peux pas lui assurer certaines choses essentielles. Certains documents à l’hôpital indiquaient qu’elle souffrait de malnutrition sévère, sa température est élevée et elle tousse énormément. Elle est très malade. »

    En mai, selon l'Unicef, plus de 5 000 enfants entre six mois et cinq ans ont été admis à l’hôpital pour malnutrition aiguë.

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    3 m
  • Soccer Town: Kearny, berceau du football Made in USA
    Jun 26 2025

    Les États-Unis à l’heure du football ou du soccer, comme on dit là-bas. Le pays accueille en ce moment le Mondial des clubs, avant la Coupe du monde, dans un an. Les finales des deux compétitions sont prévues tout près de New York, près aussi de Kearny. Avec 42 000 habitants, c'est une petite ville résidentielle, terre d’accueil de travailleurs venus du monde entier, où se serait joué en 1883 le premier vrai match de football d’une équipe américaine et où depuis longtemps le ballon rond est une religion.

    C’est un petit coin du reste du monde, à l’ombre des gratte-ciels. Au Scots American Club, on descend des bières brunes en kilt écossais et on regarde du football, version originale. Anderson, 60 ans environ : « C’est une tradition ici. On est la ville du soccer aux États-Unis. La ville du vrai football, pas le foot américain avec les mains. Le FOOT-BALL ».

    Ancien entraîneur, Bob Anderson est un enfant de la balle, comme beaucoup à Kearny, comme ces gamins du coin rentrés dans l’histoire du soccer américain : « Tu vois la photo là. C’est John Harkes, capitaine de l’équipe nationale. Une légende ».

    Sur la photo de l’équipe américaine au Mondial 94, John Harkes le fils d’Écossais, côtoie deux amis d’enfance : Tony Meola, italien d’origine, et Tab Ramos, né en Uruguay. Kearny et le soccer, c’est d’abord une histoire d’immigration. Michael Mara, directeur sportif du club local et mémoire de la ville : « Kearny est une terre industrielle de travailleurs Le foot est venu ici au 19ᵉ siècle avec les immigrants écossais, les Irlandais. Maintenant, on a les Portugais, les Brésiliens, les Équatoriens, les Péruviens… Et c’est toujours aussi important pour ces communautés que pour celles qui sont arrivées, il y a cent ans ».

    Le soccer, « une religion »

    Pour comprendre un peu mieux, il faut suivre Michael, passer la vieille usine, les rues pavillonnaires typiques et s’arrêter dans la ville jumelle d’Harrison. Devant nous, un petit terrain de quartier. « Ça s’appelle "le court", parce que c’était un terrain de tennis à l’origine, avant le sol était dur, il y avait un arbre au coin, des bancs. John, Tony, Tab, tout le monde est passé par là. Ici, tu apprends à être créatif. On a cette culture du foot de rue, comme en Europe ou en Argentine, ça n’est pas courant aux États-Unis. C’est ce qui fait que cette ville est différente ».

    Ici, le soccer est une religion. On envoie ses enfants au foot, comme au catéchisme, et avec Coach Glendon, c’est du sérieux : « C’est un honneur, un privilège d’entraîner ici. Beaucoup de nos joueurs ont un vrai, vrai potentiel, c’est à nous les coachs de les pousser, de les accompagner pour leur permettre, de donner le meilleur ».

    Jusqu’au très haut niveau, c’est l’ambition déclarée de certains, comme Paul, capitaine chez les moins de quatorze ans du club : « Je sais que beaucoup d’anciens de Kearny sont passés professionnels, donc je sens que j’ai quelque chose de spécial. Avec ça, il y a plus de pression, c’est sûr, mais surtout ce sentiment qu’on peut répondre aux attentes. Moi, je veux jouer dans l’équipe nationale d’Équateur. Je veux réussir et inspirer les enfants de mon âge dans le futur ».

    Et c’est ainsi que s’écrit depuis 150 ans la grande histoire, de ce petit bout d’Amérique, où le ballon a toujours été rond.

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    3 m
  • Albanie, plaque tournante du trafic de drogue
    Jun 25 2025

    La consommation de drogue dure est en augmentation constante un peu partout en Europe, et elle entraîne une montée des problèmes sociaux liés aux narcotrafics. Pour atteindre l’Europe, la cocaïne est souvent cachée dans les containers d’engrais agricoles, de cafés, ou de bananes. Ces containers arrivent dans les ports du continent : Anvers, Rotterdam, Bilbao… C’est par exemple le cas de celui de Durrës, en Albanie. On retrouve notre correspondant dans la région, Louis Seiller, juste devant l’entrée du principal port de ce petit pays méditerranéen de deux millions et demi d’habitants.

    Un reportage à retrouver dans son intégralité dans Accents d'Europe.

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    3 m
  • En Pologne, l'inquiétude des réfugiés ukrainiens après l'élection du président ultra-nationaliste
    Jun 24 2025

    En Pologne, l'élection du nationaliste et conservateur Karol Nawrocki à la présidentielle est un coup dur pour la communauté ukrainienne vivant dans le pays. Tout au long de la campagne électorale, il n'a cessé de les pointer du doigt, les désignant comme des ingrats représentant un poids pour la Pologne, au cours de débats saturés par les questions migratoires et sécuritaires. Malgré le faible pouvoir de l'exécutif polonais, les 900 000 Ukrainiens réfugiés dans le pays s'inquiètent du message envoyé par le futur chef de l'État.

    De notre correspondant à Varsovie,

    Tout au long de sa campagne, Karol Nawrocki n'a eu de cesse de répéter son mantra : « Aidons les autres, mais occupons-nous d'abord de nos propres concitoyens. Si je deviens président, je défendrai un principe simple, mais fondamental : La Pologne d'abord. Les Polonais d'abord. » Un slogan emprunté à Donald Trump, à qui il voue une admiration assumée.

    Le nouveau président polonais a déjà une idée très précise de la façon dont il compte s'y prendre pour le rendre concret. « Je vais introduire le changement de loi le plus important de ces dernières années. Les citoyens polonais devront avoir la priorité dans la queue chez le médecin et dans les centres de santé. Dans nos écoles, dans les crèches, on veut des enfants polonais. Il faut faire en sorte de stopper les dépenses et de payer les retraites pour les Ukrainiens. Et les allocations sociales devront être avant tout destinées aux Polonais », détaille-t-il dans une vidéo. Publiée sur les réseaux sociaux du président élu, celle-ci a eu un fort écho chez les 900 000 réfugiés ukrainiens dans le pays.

    Le responsable de la fondation Maison ukrainienne, Oleksandr Pestrykov, craint que ce genre de discours ne renforce le sentiment anti-ukrainiens qui monte dans la société depuis deux ans. « En entendant Nawrocki parler de cette manière, une personne qui n'aime pas les Ukrainiens, mais qui aurait eu honte de le dire, peut maintenant le clamer ouvertement. D'une certaine manière, il vient légitimer les discours anti-ukrainien chez les citoyens polonais », estime-t-il.

    Déjà en début d'année, 86 % des Polonais jugeaient que les allocations sociales devraient être suspendues pour les Ukrainiens sans emploi. Certes, ici, la plupart ont bien réussi à s'intégrer, notamment en trouvant du travail, un logement et en apprenant le polonais, très similaire à leur langue maternelle. Mais Oleksandr Pestrykov attire l'attention sur la diversité des situations au sein de la communauté.

    « Pour la plupart des acteurs politiques, les problèmes des Ukrainiens concernant le logement, l'apprentissage de la langue polonaise sont déjà derrière nous. Mais il y a encore 29 000 réfugiés qui dorment dans des auberges de jeunesse. Cette catégorie d'Ukrainiens était très visible au départ, l'État polonais et les ONG voulaient les aider, mais aujourd'hui, ils sont invisibilisés », regrette-t-il.

    Quelle que soit leur situation, tous les Ukrainiens que nous avons contactés ont refusé de commenter les promesses du président devant notre micro. Un silence parfaitement compréhensible selon le responsable de la fondation. Si son pouvoir ne lui permet pas de faire voter les lois, le chef de l'État conserve un droit de veto face au Parlement à majorité libérale. Et Oleksandr Pestrykov craint qu'il ne s'en serve pour bloquer le renouvellement du statut spécial des réfugiés ukrainiens.

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  • L'opinion publique allemande redécouvre son armée fédérale à la faveur du réarmement engagé
    Jun 23 2025

    Les Allemands redécouvrent leur Bundeswehr, leur armée nationale. Depuis la guerre en Ukraine, on parle en Allemagne de « changement d'époque ». Les autorités consacrent désormais des sommes faramineuses à la défense. Un fonds de 100 milliards d'euros a été créé. Une augmentation du budget qui devrait être confirmée au sommet de l'Otan. Du jamais vu depuis des décennies dans ce pays où les opinions sur le sujet évoluent.

    De notre correspondante à Berlin,

    Il fait une chaleur de plomb en ce dimanche de juin dans la capitale allemande. Au pied du Reichstag, de nombreux stands ont été dressés : armée de l'air, armée de terre, jeunes officiers devant un stand... Le lieutenant Hülya Süzen, cheveux courts et blonds, se réjouit du nouvel intérêt de la population envers la Bundeswehr. Cette femme officier a participé à plusieurs opérations de l'armée allemande en Irak et au Kosovo.

    « Avant la guerre en Ukraine, la population nous montrait un désintérêt bienveillant. Maintenant, les choses sont différentes et, pour la première fois, comme avec les Américains, les gens viennent nous voir et nous remercient pour notre travail. Cela signifie beaucoup pour moi en tant que soldate », explique-t-elle.

    L'invasion de l'Ukraine par la Russie a en effet été un tournant dans les mentalités en Allemagne, marquées par un profond pacifisme. Après la chute du rideau de fer, le pays se sentait en sécurité, protégé par l'Otan et par le grand frère américain. Mais cela change, estime le colonel Andre Wüstner qui préside la Fédération de la Bundeswehr, une organisation qui représente les intérêts des soldats et des soldates.

    « Les gens qui croyaient, depuis 1990 avec la chute du pacte de Varsovie, que la paix était un état permanent, ont désormais malheureusement conscience de la nouvelle réalité. Malheureusement, il ne s'agit pas d'imposer un militarisme ou de dire que nous voulons faire la guerre. Non, il s'agit de défendre notre mode de vie en paix et en liberté », déclare-t-il.

    Si les esprits ont évolué, c'est aussi parce que la politique allemande a réalisé un virage à 180 degrés en février 2023 après l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe. Avec son fameux « Zeitenwende » (« changement d'époque »), l'ex-chancelier Olaf Scholz a promis de remettre à niveau la Bundeswehr, longtemps négligée. Un fonds spécial de 100 milliards d'euros a été débloqué et son successeur, le chancelier Friedrich Merz, a, lui aussi, desserré les cordons de la bourse. La situation dans les casernes s'est améliorée, mais les défis restent énormes, comme le constate le colonel Wüstner :

    « Le défi, c'est que nous devons croître énormément pour répondre aux engagements de l'Otan. L'Allemagne devra compter entre 250 000 à 260 000 soldats actifs. En soi, ce n'est pas si difficile si l'on dispose de 20 ans. Or, nous n'avons pas ce temps. Nous devons grandir de cette manière. En quatre ou cinq ans, cela va être un énorme défi. »

    On parle donc de plus en plus d'un retour du service militaire volontaire sur le modèle suédois. Concrètement, les jeunes hommes de 18 ans pourraient bientôt recevoir un document à remplir et les profils jugés les plus adaptés seraient invités à un service militaire de six mois.

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    3 m
  • États-Unis: dans la Californie agricole, les travailleurs sans papiers terrorisés par les descentes de police
    Jun 22 2025

    Les campagnes d'arrestation visant les migrants en Californie ont entraîné des manifestations monstres à Los Angeles et dans d'autres villes. Dans cet État démocrate, un grand nombre de travailleurs du secteur agricole sont sans papiers, et les descentes de la police de l'immigration qui ont touché la petite ville agricole d'Oxnard, au nord de Los Angeles, ont frappé les esprits. Nombreux sont les travailleurs qui restent terrés chez eux, par peur d'aller travailler.

    De nos envoyés spéciaux de retour d'Oxnard,

    Sous un soleil de plomb, des paysans cueillent paisiblement des fraises. Il y a dix jours pourtant, non loin de là, une opération de police visait plusieurs migrants sans papiers comme eux. Pas de quoi s'inquiéter pour ce responsable d'une ferme, qui refuse de céder à ce qu'il nomme de la « paranaoïa ». « Si nous étions inquiets, nous aurions mis des gardiens à la porte. Il n'y a pas de quoi s'en faire. Il faut vivre normalement. Je déteste vivre dans la peur », témoigne-t-il.

    Le climat a bel et bien changé pourtant à Oxnard, bourgade agricole au nord de Los Angeles. Dans le restaurant familial mexicain des Pérez, Raquel, la fille, accueille beaucoup moins de clients depuis l'intervention de policiers d'ICE, la controversée agence fédérale chargée de l'immigration aux États-Unis.

    « En 18 ans de présence ici, c'était la première fois que je voyais "ICE" dans ce secteur, dans la zone industrielle de la ville. Il y avait deux camionnettes : l'une blanche avec une ligne verte et une inscription "patrouille de protection de la frontière", et un autre véhicule avec aucune indication, mais une plaque d'un autre État. J'ai raconté à ma mère. Quand j'étais devant, là, et que je les ai vus... La façon dont ils m'ont regardé, c'était très intimidant. On voyait la haine dans leurs yeux. J'en ai eu la chair de poule. Et moi, je n'ai rien à craindre. Je suis née et j'ai vécu toute ma vie ici », explique-t-elle.

    Les incidents d'Oxnard ont instillé la peur. Désormais, beaucoup de travailleurs sans papiers n'osent plus revenir au champ, ni même sortir de chez eux. Angélica, elle, explique qu'elle n'a pas le choix. RFI l'a jointe à distance après sa journée de travail. « On va travailler parce que la peur est toujours moins forte que la nécessité. On travaille dans la chaleur, le froid, sous la pluie, agenouillés souvent. On y va dans la peur et dans l'anxiété. Tout ça pour que la nation puisse avoir de quoi manger sur sa table. Sans nous, les paysans, il n'y aurait rien de tout ça », rappelle-t-elle.

    Le secteur agricole du comté de Ventura, qui abrite Oxnard, a tiré la sonnette d'alarme. Entre 25 et 45% des travailleurs agricoles auraient cessé de se présenter au travail.

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    2 m
  • Aux États-Unis, le timide essor du «soccer» avant le Mondial de foot 2026
    Jun 21 2025

    Les États-Unis accueillent en ce moment le Mondial des clubs avant la Coupe du monde dans un an. Ici, le « soccer » est en plein développement, encore plus depuis que Lionel Messi a rejoint il y a deux ans Miami et la MLS, le championnat local. Mais la culture football s’installe-t-elle vraiment dans les habitudes des Américains ?

    « Tu joues le week-end dans un stade où tout le monde t'acclame, et le lendemain, tu redeviens une personne normale, incognito. » En cinq secondes, l’attaquant gabonais Denis Bouanga a tout résumé. On peut être une star de la MLS – le championnat local de football aux États-Unis –, le meilleur buteur de Los Angeles et passer complètement inaperçu dans un pays où l’offre sportive est aussi vaste que le territoire. Un pays où le soccer est encore loin d’être roi.

    « Le championnat n’a qu’une trentaine d’années d’existence. Le football américain est encore numéro un, suivi du basket et après, il y a la ligue de baseball, celle de hockey. Les sports universitaires sont très importants chez nous. La MLS d’aujourd’hui, avec Messi, est dans ces eaux-là. Mais la NFL et la NBA sont encore devant », détaille Michelle Kauffmann journaliste spécialisée au Miami Herald.

    « Cela progresse. Le problème, c'est que les gens comme moi s’intéressent plus aux championnats européens », estime Teddy, maillot de Chelsea sur le dos. Ce supporter est à Atlanta pour assister au match entre Chelsea et le Los Angeles FC. « Je regarde jouer Chelsea depuis que je suis petit. Ici, on a une nouvelle équipe, Atlanta United. Mais bon, c'est dur de passer de l’un à l’autre. La qualité de jeu n’a rien à voir », regrette-t-il.

    Et pourtant, dans les stades de MLS, l’affluence moyenne est en pleine croissance. Plus de 23 000 spectateurs par match en moyenne la saison passée et les groupes de supporters se structurent. Depuis quatre ans, Jo voyage avec l’un d’eux pour suivre les matchs du Los Angeles FC. « Avant, avec mes amis, on suivait le football américain, le baseball, le basket. Classique, quoi. Et puis on est allés voir un match de soccer et on a tout de suite accroché. L’énergie est incroyable. Maintenant, on voyage partout pour suivre l’équipe. Quand vous voyez la passion des supporters de soccer, c'est dur de ne pas être tenté. C’est vraiment génial », s'enthousiasme-t-il.

    Alors combien sont-ils, comme lui, les convertis devenus fanatiques ? Difficile à dire, mais la passion est contagieuse, transmissible, dans une Amérique qui se rêve demain en nouveau monde du ballon rond. « Vous connaissez Hugo Lloris ? Mon fils est un grand fan. Il est gardien de but comme lui et il a son maillot signé… Il va lui succéder, j’espère. C’est le plan », plaisante même Jo.

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