
«Je rêve en grand»: des femmes irakiennes derrière les platines à Erbil
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Depuis quelques années, la scène musicale électronique irakienne se développe. C'est à Erbil, au Kurdistan irakien, que ce genre musical se fait le plus entendre, à l'occasion de grandes célébrations qui réunissent plusieurs milliers de mélomanes pour danser aux rythmes de DJs parfois venus de l’étranger. Ces fêtes s’ouvrent de plus en plus aux femmes irakiennes, qui, elles aussi, souhaitent s’imposer comme DJ et passer derrière les platines.
De notre correspondant à Erbil,
Elles sont cinq femmes, la vingtaine, toutes réunies par leur passion de la musique électronique dans le studio de l’ONG Action Humanitaire et Journalisme à Erbil. Pour une semaine, la DJ française Olympe 4000 leur enseigne les ficelles du métier. Nour, concentrée sur ses platines numériques, raconte sa rencontre avec la techno : « J’ai commencé à aller à des fêtes, à vraiment aimer la musique, se remémore-t-elle. J'avais envie d'essayer, je me suis mise à le faire pour rigoler chez mes amis. Ma copine jouait et je m’amusais à appuyer sur les boutons avec elle... Puis je me suis dit que je devais apprendre, que je devais devenir une DJ moi aussi, parce que je m’en sortais super bien. »
Cette passion n’a pourtant rien d’évident lorsqu’on est une jeune femme ayant grandi à Bagdad, comme en témoigne une de ses camarades, DJ 5AM. « La perception est négative... Particulièrement pour les filles, partage-t-elle. Les hommes, personne ne les jugera. Mais nous sommes des filles en Irak et toutes les femmes DJ seront confrontées à leur jugement ».
Ayant déjà fait les frais de cette défiance, la musicienne préfère rester discrète. « Je l’ai personnellement expérimentée avec mon chef, raconte la jeune femme. Il a souligné que j’avais une position élevée dans l’entreprise, pourquoi est-ce que je choisirais alors de devenir DJ ? Je lui ai dit que c’était juste un loisir. Ça ne l’a pas tout à fait convaincu, mais je me moque de son opinion. J’ai fait ce que je voulais. »
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Cette persévérance suscite l’admiration d’Olympe 4000. La DJ est une habituée des clubs européens, mais c’est sa première expérience en Irak, où elle s’est fixé plusieurs objectifs au cours de la formation qu’elle dispense auprès de Nour, 5AM et leurs camarades. « J'essaie de les accompagner dans le développement de leur carrière, de faire en sorte qu'elles s'autonomisent et surtout leur donner confiance, explique-t-elle. Il y en a quelques-unes qui savent déjà mixer, mais qui ne se sentent juste pas légitimes de jouer devant un public. Le peu d'amis DJ qu'elles ont autour d'elles, ce sont principalement des hommes. »
Encore balbutiante, la scène électronique émergente d’Erbil se veut inclusive et protectrice, des valeurs au cœur des soirées que Nour organise avec ses amis. « Lors de nos évènements, de nombreuses femmes dansent librement, c’est un environnement sécurisant : nous nous efforçons de créer un espace où elles se sentent à l’aise de faire ce qu’elles veulent, tous leurs droits sont garantis », témoigne la DJ.
L’un des principaux obstacles à l’expansion de cette industrie musicale, c'est la difficulté pour ses artistes de voyager afin de se produire en Europe où les visas sont délivrés au compte-goutte pour les Irakiens. Pas de quoi effrayer Nour : « Je rêve en grand : je me vois un jour jouer dans les grands festivals. Je sais que j’en suis capable, et j’y arriverai un jour. »
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