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  • Aéronautique: pourquoi les avions laissent des traces blanches dans le ciel?
    Apr 25 2025

    Faites d'eau et de suie, ces traînées blanches étaient soupçonnées de polluer l'atmosphère. Cette fois, les preuves sont arrivées. Dans leurs nouvelles études, l'industrie aérienne et les associations écologistes tombent sur les mêmes résultats : les traînées blanches que l'on voit dans le ciel derrière les avions polluent bel et bien. Mais des solutions, parfois controversées, sont envisagées.

    (Rediffusion du 22/03/2025)

    Pour comprendre l'effet des trainées d'avions, imaginez un dormeur sous une couette. La couverture le réchauffe en capturant la chaleur de son corps. Pour les avions, c'est pareil. À haute altitude, dans un ciel suffisamment glacial (-40°C), ces traînées de suie et d'eau glacée vont s'accumuler et former des nuages. Ces nuages glacés capturent la chaleur du soleil et de la terre et la renvoient vers la terre, d'où l'effet réchauffant.

    « C'est exactement comme lorsque l'on respire en hiver. Un nuage sort de votre bouche. L'effet de la haute altitude provoque un choc thermique entre les réacteurs et l'humidité de l'atmosphère. De ce fait, une traîne de gouttelettes glacées va se former. Lorsqu'elle ne disparait pas en quelques minutes, c'est qu'il fait trop froid. Cette traînée va donc geler et s'étaler. Un nuage va se former. Le jour, ce nuage va refroidir la terre, mais la nuit, il va emprisonner la chaleur de la terre et réchauffer la planète. L'effet sur le climat a été démontré », explique Diane Vitry, qui dirige le secteur aéronautique de l'Organisation transport et environnement.

    Contrairement aux apparences, ces traînées vues de la Terre sont blanches. En réalité, elles se composent de suie et de glace. C'est en effet la suie issue des réacteurs qui accroche les gouttelettes d'eau de condensation. Les bandes blanches du ciel sont donc un mélange d'eau et de poussières carbonées. Les chiffres montrent que, compte-tenu des prévisions du trafic jusqu'en 2030, cette pollution de condensation sera au moins aussi nuisible que les émissions de CO2 dues au kérosène aérien.

    La solution, tant que l'aviation fonctionnera au kérosène, consiste à faire éviter aux pilotes les zones les plus froides et les plus humides, selon les conditions météo de leur vol. Aux États-Unis, l'entreprise Google travaille sur la question avec la Fondation Gates. En France, l'entreprise Thalès s'est emparé du problème. « Notre programme, auprès des pilotes de la compagnie aérienne Amelia, a prouvé son efficacité. Il ne s'agit pas de désorganiser le trafic aérien planétaire., mais seulement de jouer sur les trajectoires des appareils pour leur faire éviter les zones froides et humides. Aujourd'hui, les progrès des calculs météo améliorent considérablement les prévisions de vol. Il suffit de peu de distances, de 600 à 1 200 mètres d'altitude plus bas. Cela suffit, en temps réel, à éviter les nuages condensations », détaille Julien Lopez, qui dirige le programme condensation chez Thalès.

    Mais, revers de la médaille, cette solution sur les trajectoires contient ses propres paradoxes. Compte tenu de la croissance continue du trafic aérien jusqu'en 2050, chercheurs et écologistes craignent que faire voler des avions plus bas rapproche la pollution de la Terre. Les particules fines de CO2, cancérigènes, entreraient d'autant plus dans nos bronches.

    Parce qu'il est sous-estimé, les chercheurs du GIEC, le groupement international sur le climat, demande à ce que le réchauffement lié aux traînées de condensation soit pris en compte dans les calculs de pollution des transports. Le but reste de répondre aux objectifs des accords de Paris sur les réductions du réchauffement climatique.

    À lire aussiÉnergies: l'Union européenne favorable à la production d'hydrogène par énergie nucléaire

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  • En Asie du Sud-Est, les transports sont à la pointe de la modernité
    Apr 18 2025

    Saviez-vous que c'est en Asie qu'il y a le plus de compagnies low cost, ces compagnies d'avions à bas prix ? Ou encore que Singapour est un port de marchandises presque entièrement robotisé ? Voici ce que l'on apprend dans le nouveau livre de Sophie Boisseau du Rocher. Spécialiste de l'Asie, elle publie : L'Asie-Pacifique, nouveau centre du monde, aux éditions Odile Jacob.

    (1ʳᵉ diffusion le 15/02/25)

    RFI : Vous sillonnez l’Asie depuis plus de trente ans. Les transports, dites-vous, en Asie du Sud-Est sont à la pointe de la modernité ?

    Sophie Boisseau du Rocher : Oui, ce qui frappe lorsque vous débarquez dans un aéroport de Taïwan, de Thaïlande, de Singapour, de Malaisie, c’est leur rapidité et l’efficacité. Par exemple, à l’arrivée, pour rejoindre la capitale ou les villes importantes de province, il y a des navettes rapides ou des trains.

    Facilitée grâce à une avance technologique, expliquez-vous, au sein même de l’aéroport.

    Parfaitement ! Pour les flux de passagers, tout va très vite. Les passeports sont biométriques, il y a des bornes pour accélérer les passages des bagages et les vérifications d’identité.

    Vous nous apprenez des mots nouveaux. Par exemple, au sujet des Routes de la soie chinoises, ces réseaux mondiaux (trains, avions, ports…), vous parlez des Routes asiatiques de la tech.

    Et il n’y a pas que la Chine, loin de là. Il faut sortir de ce préjugé de ne voir le secteur du transport que par le prisme de la Chine. En Asie du Sud-Est, la concurrence entre les pays est un élément important de compréhension de cette région du monde.

    Dans quel domaine ?

    Les conteneurs par exemple. Les trois premiers fabricants de conteneurs du monde sont asiatiques — chinois, japonais et sud-coréens.

    Vous êtes témoin de l’énorme développement du secteur maritime et du transport de marchandises par la mer ?

    L’Asie Pacifique est au cœur de la nouvelle géopolitique mondiale. 60% des bateaux transporteurs de marchandises du monde passent par l’Asie du Sud-Est.

    Avec un rôle important du port de Singapour ?

    Oui, aller à Singapour et voir le niveau de technologie du port est, pour des Européens, incroyable ! Pratiquement toutes les étapes sont robotisées — les grues, les transits pour relier les voies ferrées ou les routes pour continuer l’acheminement intérieur par camions ou trains.

    L’une des autres spécificités est l’aérien, avec la multiplication des compagnies low cost, les compagnies à bas prix.

    Là encore, une incroyable réussite, que ce soit en Indonésie, en Thaïlande, en Chine, aux Philippines, en Malaisie. En Malaisie, Air Asia propose des vols locaux, provinciaux qui permettent de relier les villes secondaires entre elles.

    Et ça fonctionne bien ?

    Parfaitement bien. Ce qui est intéressant, c'est de voir que ces compagnies sont très utilisées par les populations régionales qui n’ont pas les moyens de s’acheter des billets sur les compagnies nationales aériennes de leur pays ou sur les compagnies étrangères.

    En définitive, votre livre est un grand souffle d’espoir pour l’avenir de l’Asie du Sud-Est et de ses transports.

    Oui, ils ne sont pas du tout inquiets pour leur avenir ! Il faut veiller à ce que ce développement technologique et ces différentes solutions des transports fassent progresser le niveau de vie des habitants.

    Un mot de conclusion ?

    Juste un chiffre pour finir. Sur les 2,3 milliards d’habitants, qui n’intègrent ni l’Inde, ni l’Australie, 800 millions de jeunes se trouvent en Asie Pacifique !

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  • L’Ukraine espère des investissements européens dans ses infrastructures civiles pour aider le front
    Apr 11 2025

    À quand des trains efficaces en Ukraine ? Durant ces trois années de guerre, la qualité du transport ukrainien n’a pas préoccupé les européens. Aujourd’hui, civils et militaires regrettent le manque de routes et de personnels adaptés aux matériels militaires.

    Cette année 2025, on a aperçu des militaires dans les allées des principaux Salons du transport de marchandises. Cette présence civile-militaire dans des rendez-vous grand public et mondiaux est suffisamment rare pour ne pas voir l’urgence du débat.

    Des rails différents selon les pays

    Parce qu’à force d’avoir ignoré des choses aussi simples que l’écartement des rails – l’Ukraine n’a pas les mêmes chemins de fer que ceux de son voisin roumain par exemple –, les troupes et le matériel en Ukraine ont été ralentis. « Ce qui est étonnant, c’est que l’Europe a oublié l’Ukraine dans ses infrastructures. Car la guerre, c'est d’abord la logistique, le transport, les routes et le matériel. Aujourd’hui, les routes, les chemins de fer ne sont pas à niveau, ils datent de l’après-guerre mondiale, il y a 50 ans. Les rails ont des normes soviétiques, c’est-à-dire différentes des pays voisins par où passent les armements. Aujourd’hui, les tanks ont gagné 20 tonnes, ils pèsent bien plus lourd. Il est urgent de construire des rails qui n’obligent pas les trains à décharger aux frontières pour recharger ensuite sur les rails ukrainiens », détaille l’eurodéputé François Kalfon, l'un des politiques qui plaide pour harmoniser transport civil et militaire.

    Des ponts trop fragiles pour les chars

    La Russie ayant bloqué les ports du pays, mais également restreint l’espace aérien, l’Ukraine n’a plus que ses trains, ses camions et ses voitures pour transporter matériel et marchandises. C’est par ailleurs trop peu connu, mais faute de camions, une partie des transports ukrainiens se font de façon artisanale. Avec des petites fourgonnettes sur des routes pas assez goudronnées et pas assez nombreuses.

    « L'Europe n'a pas pris le problème des routes en Ukraine suffisamment au sérieux. Paradoxalement, le manque de routes en bon état a eu un effet positif puisque les russes n'ont pas eu le moyen d'avancer dans certaines régions. À mon sens, la priorité est de goudronner et de construire de nouvelles routes pour les camions dans le Centre et l'Est, au plus près du front. Mais il ne faut pas pour autant oublier le reste du pays. Ni les voisins d'ailleurs, puisque la Hongrie et la Slovénie, par exemple, ont du retard dans les projets de construction de routes permettant de circuler jusqu'en Ukraine », explique Adrien Nonjon, chercheur indépendant et expert de l’Ukraine.

    Le transport ferroviaire est onéreux

    Le rail coûte cher. C'est pour cela que les russes, espérant la victoire, n’ont pas détruit les chemins de fer. Quant aux alliés, ils réfléchissent à la construction de routes et de dépôts pour stocker les armes. La Commission de Bruxelles a rallongé son enveloppe de 800 millions d’euros, car le budget initialement prévu jusqu’en 2027 a déjà été dépensé.

    Les experts des questions militaires rencontrées dans les allées des Salons de logistique estiment tous qu'il faut encourager les partenariats public-privé.

    Pour doter l'Ukraine de routes, de rails harmonisés et maintenir ses axes existants en bon état, Bruxelles compte 6 milliards d'euros. Aujourd'hui, l'argent n'est pas disponible. Les solutions sont à trouver pour disposer d'un espace de transports de personnes et de matériels où le secteur civil et militaire trouvent les mêmes intérêts. Le commissaire grec au transport Apostolos Tzitzikostas propose d'augmenter l'enveloppe à hauteur de 70 milliards d'euros pour les années à venir. Reste à savoir comment les 27 trouveront les fonds.

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  • Le corridor du Lobito, fragilisé, mais pas menacé par l'arrêt de l'aide américaine
    Apr 4 2025
    Donald Trump va-t-il faire échouer le projet africain du Lobito ? C'est en tout cas une question puisque l'USAID, l'aide américaine au développement, est désormais annulée. Le prédécesseur de Donald Trump, Joe Biden, s'était rendu lui-même en Angola l'an dernier pour encourager la construction de ces 1 300 km de voies ferrées. Le Lobito est un long corridor qui traverse trois pays d'Afrique centrale. Spécialiste du Lobito, le chercheur Alex Stonor revient tout juste de la région. RFI : Le Lobito est-il menacé par la nouvelle administration au pouvoir ? Alex Stonor : Une partie de l’USAID (l'aide américaine au développement) servait au projet Lobito pour des études environnementales. L’annulation de ces enveloppes porte un coup dur, c'est vrai. Mais je dirais que l’Amérique a tellement besoin des ressources africaines que le Lobito va exister, d’une façon ou d’une autre. Que disent les dirigeants des pays concernés ? Le président angolais a parlé. Il a dit qu’avec ou sans l’aide de l’USAID, le Lobito ira de l'avant.Quelles sont les autres sources de financement ? La Banque africaine de développement, les pays du G7 et l’aide de l’Europe est importante. Je pense aussi que les Américains reviendront peut-être sur leurs positions avec d’autres moyens pour appuyer ce corridor dont ils ont tant besoin.Vous dites également que le Lobito permet aux Américains de rivaliser avec la Chine en Afrique, donc qu’ils ne vont pas se désengager facilement.Parfaitement. La Chine a déjà une longueur d’avance sur les États-Unis. En Afrique centrale, notamment en République Démocratique du Congo, la majorité des minerais sont aujourd’hui exportés vers l’est de l’Afrique. Les ports de la côte permettent de rejoindre l’océan Indien vers la Chine. Un réseau ferré de 1 300 km entre trois pays – Zambie, République Démocratique du Congo et Angola – qui les relie en direction opposée de leurs rivaux. Vers l’Amérique et le Canada, donc la côte ouest de l’Afrique ? Vous revenez de la région, vous avez vu les travaux ?Ils avancent, oui. Au final, ce seront des tronçons qui se rejoindront. Il y aura plusieurs embranchements, ce ne seront pas des rails en continu. Mais en Angola par exemple, il n’y a pas besoin de tout construire. Une bonne partie existe déjà, détruite pendant la guerre des années 1970 qui sera réaménagée. À quoi se destine le Lobito ? On parle de 50 trains par jour à terme sur ce réseau. Les trains serviront à l’exportation du cuivre, du cobalt ? Oui, les ressources des trois pays concernés, Angola, RDC et Zambie. Parmi les chargements, on trouve le cobalt, le cuivre, le lithium. Quelques tronçons servent déjà. Ce sont des projets pilotes qui désenclavent la RDC et la Zambie en leur donnant accès à la mer. Je crois que le Lobito est le premier pas d’une politique plus agressive des pays occidentaux face à la Chine sur le continent africain. D’autant plus que l’Europe et l’Amérique vont avoir besoin de toujours plus de minerai pour leurs véhicules électriques, les puces des grands calculateurs, d’appareils ordinateurs et téléphoniques. Oui, c’est pour cela que certains habitants et associations crient à une nouvelle version du pillage des ressources de l’Afrique. Puisque le Lobito fera exactement ce que les Chinois font, exporter les minerais africains chez eux.Pour raffiner ces minerais ? C’est-à-dire les transformer dans des usines chinoises en Asie ? Oui, en Afrique, malheureusement, il y a la matière première qui n’est pas chère, mais pas d’usine de raffinage. En tout cas, il y en a quelques-unes, mais trop peu. Le produit une fois raffiné, celui-là gagne en valeur. Il faudrait qu’il y en ait beaucoup plus…Ce serait la seule façon d’apporter la richesse avec des emplois locaux ? Oui, à condition de demander une direction locale africaine. La semaine dernière, j'étais sur place et j’ai visité plusieurs usines chinoises d’extraction de minerai. De la bouteille d’eau aux mouchoirs en papier et au personnel ouvrier, tout est chinois.Mais je crois que les pays impliqués dans le Lobito en sont conscients. Les présidents des trois pays ont commencé à dire qu’il faut un réseau gagnant-gagnant. Des minerais exportés vers les États-Unis et des produits agricoles ou marchandises importés en Afrique.En réalité, il faudrait que les pays africains arrivent à mieux négocier avec les puissances finançant le Lobito pour arriver à une industrie de raffinage. Ce serait producteur de plus de richesses locales, avec des emplois pour les jeunes. À lire aussiWashington avait proposé d’étendre le couloir de Lobito à l’est de la RDC, comme «incitation» à un accord de paixÀ lire aussiVisite de Joe Biden en Angola: le corridor de Lobito au centre des enjeux
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  • Cyberattaques: une menace en forte hausse pour le transport maritime
    Mar 28 2025
    Les cyberattaques contre le monde du secteur privé et public ont augmenté de 15% selon l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSII). Parallèlement, en France, la loi sur la sécurité des transports est en discussion au Sénat. Un secteur est particulièrement visé : celui du trafic maritime. Le problème de la sécurité informatique, c'est qu'on en parle beaucoup sans trop savoir de quoi il s'agit. Dans son dernier rapport, le cabinet britannique CyberOwl estime qu'un armateur sur six comprend ce qu'est un navire cybersécurisé à la livraison. Les navires sont chargés soit de passagers, soit de matières stratégiques (produits dangereux, marchandises précieuses, combustibles…), donc avec un haut niveau de responsabilité. Sans bouclier efficace, ce sont des proies fragiles.Stéphane Fronczak, ancien chef de la cellule nationale de sécurité maritime, explique tous les dommages causés par les cyberattaques. Cela va du naufrage à distance au vol de données ou au brouillage des circulations maritimes : « L'un des dommages les plus courants est de rendre un navire invisible. Les autres paquebots ne l'ont pas sur leurs écrans de navigation. Vous imaginez les risques de collision. D'autres peuvent prendre le contrôle à distance en vue d'un échouage ou d'une fausse route. À bord d'un navire, il est primordial que le capitaine et son officier cyber – quand il y en a un – ne soient pas les seuls concernés. »« Ne jamais payer la rançon »« Aujourd'hui, s'équiper de logiciels et d'outils boucliers coûte très cher, poursuit Stéphane Fronczak. Toutes les entreprises navales ne peuvent pas se permettre de tels coûts. Il faut donc que la sécurité cyber implique tout l'équipage. Chaque personne embarquée doit surveiller ses propres ordinateurs et téléphones, mais aussi ses connexions aux outils partagés. Et malheureusement, quand une attaque arrive, la première règle : ne jamais payer la rançon. Vous n'êtes jamais sûr de retrouver toutes vos données. Contactez les autorités. Si vous êtes français, consultez le site de l'ANSII. »À bord, tous les appareils sont connectés. Il faut donc maintenir de bonnes habitudes, des gestes et des règles simples. C'est ce que l'on appelle l'« hygiène informatique » : apprendre à bien gérer les outils et leurs connexions à bord. Pour Yrieix Denis, spécialiste du piratage informatique, un autre pare-feu a prouvé son efficacité : cela consiste à améliorer la vigilance de tous les sous-traitants. Équipementiers, entrepôts, chantiers navals... en gros, tous les maillons de la chaîne :« Il est grand temps de changer les habitudes. Il faut désormais, dès l'élaboration et la construction du navire, installer le risque cyber. Tous les sous-traitants, petites et moyennes entreprises, les fournisseurs d'équipements, les vendeurs de logiciels d'ordinateurs embarqués, voire les équipes de la maintenance et de l'entretien... Pourquoi ? Parce que les attaquants tentent de rentrer par toutes les portes possibles. L'industrie du crime est organisée autour de ce principe. En 2023, la seule attaque d'un fournisseur d'outils maritimes s'est répercutée sur 70 de ses clients. Au final, 1 000 navires ont été touchés. »Un risque à ne surtout pas négligerL'Union européenne prend le risque au sérieux. Des règles existent en matière de normes de logiciels embarqués sécurisés. Mais les experts s'accordent pour dire que le risque cyber en mer n'est pas assez pris au sérieux. La directive européenne NIS2 (Network and Information Security) du Journal officiel de l'Union européenne date de 2022. C'est maintenant à chaque État de promulguer les nouvelles versions de cette directive. La France, à la suite de la dissolution de l'Assemblée, reste en attente.Dans son étude, le cabinet CyberOwl estime qu'en 2024, une flotte typique de 30 navires subit environ sept cyberattaques par mois. Si la majorité n'aboutit pas à une paralysie ou à une demande de rançon, cela demande deux mois pour traiter l'accident. Ces agressions coûteraient près de 182 000 dollars par an.Preuve que le gouvernement français, pour sa part, prend le risque au sérieux : le 18 septembre prochain, des pirates vont paralyser les ports, les entrepôts et toutes les infrastructures du pays. Rassurez-vous, ce sera pour de faux. En revanche, les réflexes et les précautions à prendre, eux, seront bien réels. Cet exercice de simulation est ouvert à toutes les organisations. Il porte le nom de REMPAR25.À lire ou à écouter aussiInsécurité maritime dans le golfe de Guinée : quels défis ?
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  • Aéronautique: pourquoi les avions laissent des traces blanches dans le ciel?
    Mar 21 2025

    Faites d'eau et de suie, ces traînées blanches étaient soupçonnées de polluer l'atmosphère. Cette fois, les preuves sont arrivées. Dans leurs nouvelles études, l'industrie aérienne et les associations écologistes tombent sur les mêmes résultats : les traînées blanches que l'on voit dans le ciel derrière les avions polluent bel et bien. Mais des solutions, parfois controversées, sont envisagées.

    Pour comprendre l'effet des trainées d'avions, imaginez un dormeur sous une couette. La couverture le réchauffe en capturant la chaleur de son corps. Pour les avions, c'est pareil. À haute altitude, dans un ciel suffisamment glacial (-40°C), ces traînées de suie et d'eau glacée vont s'accumuler et former des nuages. Ces nuages glacés capturent la chaleur du soleil et de la terre et la renvoient vers la terre, d'où l'effet réchauffant.

    « C'est exactement comme lorsque l'on respire en hiver. Un nuage sort de votre bouche. L'effet de la haute altitude provoque un choc thermique entre les réacteurs et l'humidité de l'atmosphère. De ce fait, une traîne de gouttelettes glacées va se former. Lorsqu'elle ne disparait pas en quelques minutes, c'est qu'il fait trop froid. Cette traînée va donc geler et s'étaler. Un nuage va se former. Le jour, ce nuage va refroidir la terre, mais la nuit, il va emprisonner la chaleur de la terre et réchauffer la planète. L'effet sur le climat a été démontré », explique Diane Vitry, qui dirige le secteur aéronautique de l'Organisation transport et environnement.

    Contrairement aux apparences, ces traînées vues de la Terre sont blanches. En réalité, elles se composent de suie et de glace. C'est en effet la suie issue des réacteurs qui accroche les gouttelettes d'eau de condensation. Les bandes blanches du ciel sont donc un mélange d'eau et de poussières carbonées. Les chiffres montrent que, compte-tenu des prévisions du trafic jusqu'en 2030, cette pollution de condensation sera au moins aussi nuisible que les émissions de CO2 dues au kérosène aérien.

    La solution, tant que l'aviation fonctionnera au kérosène, consiste à faire éviter aux pilotes les zones les plus froides et les plus humides, selon les conditions météo de leur vol. Aux États-Unis, l'entreprise Google travaille sur la question avec la Fondation Gates. En France, l'entreprise Thalès s'est emparé du problème. « Notre programme, auprès des pilotes de la compagnie aérienne Amelia, a prouvé son efficacité. Il ne s'agit pas de désorganiser le trafic aérien planétaire., mais seulement de jouer sur les trajectoires des appareils pour leur faire éviter les zones froides et humides. Aujourd'hui, les progrès des calculs météo améliorent considérablement les prévisions de vol. Il suffit de peu de distances, de 600 à 1200m d'altitude plus bas. Cela suffit, en temps réel, à éviter les nuages condensations », détaille Julien Lopez, qui dirige le programme condensation chez Thalès.

    Mais, revers de la médaille, cette solution sur les trajectoires contient ses propres paradoxes. Compte-tenu de la croissance continue du trafic aérien jusqu'en 2050, chercheurs et écologistes craignent que faire voler des avions plus bas rapproche la pollution de la Terre. Les particules fines de CO2, cancérigènes, entreraient d'autant plus dans nos bronches.

    Parce qu'il est sous-estimé, les chercheurs du GIEC, le groupement international sur le climat, demande à ce que le réchauffement lié aux traînées de condensation soit pris en compte dans les calculs de pollution des transports. Le but reste de répondre aux objectifs des accords de Paris sur les réductions du réchauffement climatique.

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  • Au Salon mondial du Tourisme à Paris, les nouvelles tendances du voyage
    Mar 14 2025
    Le Salon mondial du Tourisme à Paris, qui fermera ses portes ce dimanche 16 mars, est l'occasion de découvrir les tendances 2025. Parmi les demandes, des transports plus lents et moins polluants. Si l'avion reste le moyen le moins cher pour découvrir les pays lointains, l'Afrique et l'Europe travaillent à développer le voyage en train. Un signe ne trompe pas : parmi les nouvelles destinations des célèbres guides français du Petit Futé, les pays d'Afrique sont mis à l'honneur. Destination Gabon, Algérie, Tchad ou encore Zimbabwe. Téléphonie et tourisme Louis Auzias, directeur des guides du Petit Futé, constate que les pays qui réussissent à développer le tourisme facilitent l'essor des paiements et de réservations sur les téléphones mobiles : « C’est vraiment un grand changement dans la façon de voyager et d’utiliser les transports. Le voyageur, grâce aux plateformes de réservations et de paiements, a tout dans son téléphone. Il sort de la gare ou de l’aéroport, il peut commander un taxi. En Afrique, comme partout ailleurs, c’est une grande simplification du voyage. »Ainsi, le tourisme est un formidable moteur de retombées économiques. Mais il dépend de la volonté politique pour mettre en valeur chaque pays, sa culture, son développement. L'avion et la croisière en hausseCette année encore, le Salon mondial du Tourisme montre le paradoxe du transport touristique. Moins polluer ou continuer à découvrir le monde ? L'usager est pris en tenaille. L’un des grands changements ces deux dernières années est le temps de séjour. Les voyageurs partent plus loin et restent plus longtemps sur place. La réalité contredit les sondagesLa découverte fait partie du désir de l’humanité. Cette année, la tendance se retrouve sur tous les continents. Pour les destinations lointaines, l'avion reste encore en tête des transports sollicités en 2025. À l'échelle mondiale, les croisières en paquebot géant (de 3 à 7 000 passagers) font partie des demandes privilégiées par une clientèle attirée par des prix baissés chez les croisiéristes. À écouter dans Si loin, si procheDévorer le mondeCohabitation des transports Pour autant, les croisières en capacité limitée font aussi partie des tendances et sont très demandées pour les destinations de niche (fjords nordiques, banquise...) S'il fallait résumer le marché touristique, on pourrait dire qu'aujourd'hui cohabitent tous les goûts et tous les porte-monnaies, avec l'avion, le train et même la fourgonnette low cost de la fameuse vanlife, l’itinérance en fourgonnette équipée. « Il est vrai que dit comme cela, la vanlife peut paraître un phénomène marginal. Cependant, on constate encore cette année qu’il y a de la demande sur ce mode de transport, explique Christel Marzullo, à la tête de cette édition 2025 du Salon mondial du Tourisme. Cela répond à un désir des voyageurs de se déplacer plus lentement et de polluer moins qu’en avion. »L’autre tendance de fond est le succès des trains, surtout en Europe. Les lignes de nuit sont très pratiques et confortables, particulièrement dans le nord de l’Europe, mais des projets sont en discussion pour redynamiser les lignes sur l’ensemble du territoire. Le train écologique mais cher Si les vacances en train se développent, elles sont parfois coûteuses, surtout en voyage en famille. En France, le train reste en moyenne plus cher que l'avion. Le choix d'avoir privilégié les TGV (Trains à grande vitesse) avec des billets plus coûteux que ceux de lignes moins rentables a empêché le développement de certains trains régionaux et des trains de nuit. Retard du ferroviaire européen Dans les allées du Salon, on entend beaucoup parler de ce besoin de trains de nuit. À quand ce fameux réseau de lignes directes entre toutes les capitales d'Europe ? En 2023, la Commission européenne a demandé un rapport et encourage les travaux pour adapter et harmoniser tous les types de rails des pays. La différence des tailles de chemins de fer oblige aujourd'hui à des arrêts et changements de trains. Mais depuis deux ans, les projets pilotes sélectionnés avec l’industrie ferroviaire manquent d’argent, ils n'ont pas pu se concrétiser.À lire aussiQuels sont les effets du tourisme de masse sur l’environnement?
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  • Romain Lucken, le surveillant de l'espace
    Feb 28 2025
    Imaginez une ville où tous les véhicules circuleraient sans feux verts ni feux rouges. Imaginez qu'en plus, des milliers de projectiles volants seraient lancés entre tous ces véhicules. C'est pourtant ce qui arrive au-dessus de nos têtes. L'espace est aujourd'hui habité de satellites militaires, commerciaux et civils. Le problème, c'est qu'en vol, ces satellites ne peuvent pas s'arrêter ni toujours se désintégrer. Romain Lucken, ingénieur français, a créé Aldoria pour prévenir les accidents. RFI : Pour commencer, quand on parle du spatial ou de territoire spatial, c'est à quelle hauteur au-dessus de nos têtes terriennes ? Romain Lucken : Assez vite ! Au-delà de 80 kilomètres, on passe la ligne de Van Karman (reconnue à 100 kilomètres par la Fédération aéronautique internationale comme la frontière officielle entre la Terre et l'espace). On commence donc à être dans l'espace au-delà de 100 kilomètres.Les satellites que votre entreprise Aldoria observent depuis la Terre grâce à vos télescopes géants, circulent à quelle hauteur ? Jusqu'à 2 000 kilomètres, on considère les orbites de la Terre – trajectoires autour d'une planète – comme des orbites basses. Ensuite, les orbites Léo, comprises entre 2 000 kilomètres et 36 000 kilomètres, sont les orbites des récepteurs GNSS pouvant recevoir les satellites de navigation de tous les réseaux (de 24 à 30 satellites par réseau).Quelle est la différence entre GPS et GNSS ?Les récepteurs GPS que nous connaissons sont situés entre 20 000 à 25 000 kilomètres. Ensuite, l'orbite géostationnaire se situe à 36 000 kilomètres de la Terre. C'est la route droite et la plus haute. La trajectoire est directe, à l'exacte verticale de l'équateur. De là, les instruments peuvent observer près d'un tiers de la Terre. Pour finir, au-delà des 36 000 kilomètres, on considère que ce ne sont plus les orbites terrestres, c'est l'espace. Aldoria, votre entreprise, est spécialisée dans les débris, ces déchets de l'espace laissés par les satellites. Pourquoi avoir développé ce secteur ? Parce qu'il y a urgence ! Aujourd'hui, avec l'envoi de toujours plus de satellites, l'espace est devenu un territoire encombré de déchets, de résidus de l'activité humaine. Des milliers de satellites ont été envoyés depuis les années 1950. Le problème, c'est que les envois de satellites continuent, avec des satellites qui laissent des morceaux en l'air capables de rester pour l'éternité.Alors ça, c'est incroyable ! Je croyais que les satellites se désintégraient, qu'ils retombaient sur Terre ou dans la mer. Vous dites qu'ils ne se désagrègent pas automatiquement ? Normalement, oui ! En orbite basse, jusqu'à 2 000 kilomètres, les satellites doivent se désorbiter. Les entreprises qui les envoient doivent laisser assez de carburant pour qu'à la fin de leur mission, ils quittent l'orbite pour rentrer dans l'atmosphère terrestre. Deux solutions sont possibles : soit ils se désintègrent dans l'atmosphère, soit ils retombent dans l'océan. Mais ces satellites sont arrivés en fusée et il y a des accidents, des collisions, des explosions en vol qui ont laissé des débris. Donc il reste encore des milliers de petits bouts, parfois de moins de 10 centimètres, dans l'espace.Pourquoi ces débris sont-ils dangereux ? Parce qu'ils sont lancés à une vitesse ultra-rapide, dix fois la vitesse d'une balle de fusil ! Ce sont de véritables petits canons capables d'endommager les outils, de détruire les instruments et de les faire varier de trajectoire. Imaginez une route avec des milliers d'objets entre lesquels les voitures devraient circuler ! Parmi ces objets volants, on trouve aussi bien des morceaux de satellites que de leur support de base, les fusées. Vous êtes en train de nous dire qu'avec le nombre grandissant de satellites envoyés dans l'espace, ces routes n'ont ni feux rouges, ni feux verts, aucune loi de circulation !Mais c'est impossible de freiner ces engins ! Puisqu'en orbite, lorsqu'ils suivent leur trajectoire, les satellites comme les débris d'appareils ne s'arrêtent pas. C'est la même chose pour tous, de l'objet le plus volumineux au plus petit.À quelle vitesse circulent les satellites en orbite basse ? Environ 8 kilomètres par seconde. L'accident le plus spectaculaire a été celui de 2009 entre deux grands satellites, Iridium-33 et Kosmos-2251. Le premier satellite commercial était américain, l'autre russe. Cet accident a provoqué une pollution spatiale à 800 kilomètres de hauteur, des nuages de 300 000 débris. Ces satellites – environ 10 000 – sont de toutes les tailles ? Oui. Les plus petits ne mesurent pas plus que deux smartphones collés. Le premier satellite russe en orbite, Spoutnik, en aluminium, n'était pas plus gros qu'un ballon de basket. Et ça va jusqu'aux satellites de la taille de bus. Ce sont ces satellites de communication que l'on...
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