• Mexique: de AMLO à Sheinbaum, ou l'incroyable mobilisation de la gauche

  • Sep 28 2024
  • Length: 12 mins
  • Podcast

Mexique: de AMLO à Sheinbaum, ou l'incroyable mobilisation de la gauche

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  • Le 1ᵉʳ octobre, la première présidente élue dans l’histoire du Mexique, Claudia Sheinbaum, accédera au pouvoir. Elle prend la succession du très populaire Andrés Manuel López Obrador (AMLO). Claudia Sheinbaum est le personnage clé du nouveau livre d’Hélène Combes, directrice de recherche au CNRS. Dans son ouvrage De la rue à la présidence. Foyers contestataires à Mexico, publié aux éditions du CNRS, la spécialiste du Mexique étudie la naissance du mouvement de gauche Morena, de la première grande mobilisation jusqu’à la victoire du président AMLO en 2018. RFI : Dans votre livre, vous vous penchez sur la mobilisation des militants de gauche à Mexico. Une mobilisation qui débouche en 2018 sur l’élection de Andrés Manuel López Obrador (AMLO) à la présidence mexicaine. Vous étiez en immersion au sein du mouvement qui a porté AMLO au pouvoir. Quelle est la clé de son succès ?Hélène Combes : Ce que je montre dans mon livre, c’est l’histoire d’une victoire. Mais une victoire qui a pris du temps, en fait, douze ans.Dans mon ouvrage, je suis huit personnages, quatre cadres politiques, dont une écrivaine et quatre militants de quartiers populaires sur toute cette période. Et je montre comment c’est un long travail d’organisation qui a été fait à l’échelle de quartiers populaires, la création d’un journal qui va devenir un organe d’éducation populaire et qui va permettre de réactiver des réseaux militants qui étaient parfois anciens, qui étaient liés notamment aux mobilisations urbaines en particulier, qui ont été très intenses après le tremblement de terre de 1985 et entre 2006 et 2018. López Obrador, mais aussi les gens qui l’entourent, notamment ces cadres politiques que je suis, vont faire tout un travail territorial dans les quartiers de Mexico.Ce que je montre aussi, c’est que ce travail est variable en fonction des quartiers de cette ville, Mexico, qui est une ville immense, une des plus grandes villes du monde, où il y a des histoires urbaines très contrastées. Et donc on ne peut comprendre finalement le succès de ces mobilisations, puis de la transformation en parti, puis de la victoire à l’élection présidentielle — qui s’appuie en grande partie sur Mexico, qui concentre une partie de l’électorat — sans revenir à une histoire très spécifique et différente des quartiers. Il y a des quartiers du centre historique de Mexico, plutôt coloniaux, ou des quartiers d’autoconstruction à flanc de volcan, des terrains qui ont été occupés par des migrants ruraux dans les années 1970 autour de réseaux amicaux, familiaux, villageois et qui ont impliqué des formes de sociabilités populaires très spécifiques, qui sont reprises dans les mobilisations.À écouter aussiLe Chiapas, un État mexicain qui s’enfonce dans la violenceEst-ce que cette mobilisation est un phénomène urbain ou est-ce qu’on observe cette même ferveur un peu partout dans le pays ?Ce qui est très intéressant dans le contexte du Mexique, c’est qu’il y a des poches de très fortes politisations, aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. J’avais travaillé sur ces questions-là précédemment dans un autre ouvrage intitulé Trajectoires de gauche au Mexique et où je montrais que des dirigeants de mouvements sociaux, dans des zones rurales notamment, par exemple dans l’État du Guerrero, avaient aussi très fortement contribué à la création d’un parti de gauche, sous une forme qui est assez classique en Amérique latine. Cette forme de parti, j’ai commencé à l’étudier à la fin des années 1990, elle est maintenant considérée comme classique, c’est celle du « parti-mouvement », donc avec une très forte articulation entre le tissu associatif, des mobilisations, des mouvements sociaux et des appareils partisans. Et donc là, dans cet ouvrage De la rue à la présidence. Foyers contestataires à Mexico, je me centre plus particulièrement sur le contexte urbain.Vous avez commencé votre enquête en 2006. Dix-huit ans plus tard, est-ce que vous diriez que la ferveur de la mobilisation pro-Morena (le parti d’AMLO et de Claudia Sheinbaum) reste intacte ou il y a quelque chose qui a changé ?Déjà, [le parti] Morena a remporté l’élection présidentielle du 2 juin avec presque 60 % des voix et a vu accéder au poste suprême au Mexique une femme, Claudia Sheinbaum, qui est l’un de mes personnages. J’ai commencé à suivre Claudia Sheinbaum dès 2006. Je l’ai rencontrée à plusieurs reprises. J’ai suivi des mobilisations dont elle a été la principale artisane, notamment ce qu’on appelait la « mobilisation des adelitas », qui est une mobilisation qui a été organisée contre la privatisation de la compagnie Pemex et dont elle était à la tête. C’étaient des brigades de femmes qui ont d’abord empêché le vote de la loi vue comme une privatisation. Ensuite, elles ...
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