Pour comprendre l’embrasement du Mali depuis 2012, la journaliste Nathalie Prévost donne la parole à ses protagonistes. En 2022, dans un contexte sécuritaire dégradé par la détérioration de la relation entre Paris et Bamako, elle a parcouru le pays à la rencontre des acteurs maliens de la crise. Ils expliquent à son micro les dynamiques profondes du conflit, les rancœurs sociales, communautaires et politiques accumulées au fil de la construction de l’État malien moderne. De Bamako à Kidal, en passant par Tombouctou, Mopti ou Anéfis, RFI vous propose les témoignages rares des leaders politiques, militaires et religieux maliens qui portent des espoirs et des visions contrastées de l’avenir de leur pays.
J’ai vécu pendant quinze ans au Niger, dans ce qu’on appelle aujourd’hui le Sahel central. La vie y était douce, même si la pauvreté était grande. On ne fermait ni nos maisons, ni nos voitures.
À la fin des années 2000, le jihadisme a fait son apparition. On a commencé à monter des barbelés sur nos murs. La guerre se rapprochait. Elle venait du Mali.
On connaît la suite : dix ans d’escalade militaire, un embrasement général de la région.
Je m’appelle Nathalie Prévost. Je suis journaliste.
En 2022, alors que je suis de retour en France, la société de production Point du Jour m’offre une chance inespérée, dans le cadre du tournage d’un film documentaire sur le Mali pour France 5 : aller voir par moi-même, écouter les Maliens pour tenter de comprendre le désastre.
Ce fut un long voyage, à travers des paysages à couper le souffle et des villes connues dans le Sahara depuis le Moyen-Âge. Avec mon collègue Olivier Jobard, nous avons pris une trentaine d’avions et d’hélicoptères, affronté beaucoup d’embûches, de faux rendez-vous et de tracasseries administratives. Le contexte était hostile ; la crise franco-malienne battait son plein. Mais nous avons atteint notre objectif et réalisé une centaine d’interviews à Bamako, Mopti, Tombouctou, Kidal, Gao, Anéfis, Menaka, Gossi et Talataye.
Le but de ce podcast, c’est de partager le récit des Maliens. Ceux du nord, ceux du centre, ceux du sud ; ceux qui croient en la guerre et ceux qui croient en la politique ; ceux qui parlent français, ceux qui parlent bambara bambara, tamachek, sonraï, fulfulde, arabe. Ce sont eux, les personnages de notre série. Avec eux, nous irons chercher les racines profondes du conflit ; nous exhumerons les drames, les rivalités, la grande et la petite histoire.
Moi, je ne suis qu’un témoin dans cette affaire, celle qui passe la parole. Je n’ai pas choisi un camp. Ceux qui ont accepté d’être interviewés l’ont fait avec liberté et franchise, heureux de pouvoir se raconter et raconter leur pays. Car il faut connaître le passé pour comprendre les combats d’aujourd’hui.