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Lignes de défense

By: RFI
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  • Dans un système globalisé, où les menaces prennent des formes de plus en plus variées, la chronique de Franck Alexandre vous plonge chaque semaine, au cœur des enjeux et des problématiques de défense et de sécurité du XXIème siècle. Les acteurs d’un monde militaire en mutation et les meilleurs observateurs des questions de Défense répondent à Franck Alexandre tous les dimanches matins dans sa chronique.

    France Médias Monde
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Episodes
  • Ukraine: la fin du renseignement américain laisse un vide difficile à combler
    Mar 9 2025

    Mercredi 5 mars, après l’annonce du gel de l’aide militaire américaine, le chef de la CIA John Ratcliffe a « mis en pause » le partage de renseignement avec Kiev. Le renseignement américain était pourtant essentiel à la conduite des opérations sur un champ de bataille particulièrement transparent. La fin de l’aide américaine dans ce domaine crucial, laissera un vide difficile à combler.

    Pour Kiev le coup est rude : les forces ukrainiennes ont à la fois perdu l’apport en matériels stratégiques, à l’instar de la défense sol-air avec l’emblématique système Patriot, l’artillerie longue portée avec les Himars mais surtout l’armée ukrainienne a perdu l’accès au renseignement, véritable clé de leur efficacité souligne Philippe Gros de la Fondation pour la recherche stratégique : « Le moins visible, c'est le renseignement et pourtant il est énorme, c'est-à-dire l'appui renseignement aux forces ukrainiennes et notamment l'appui renseignement qui permet aux forces ukrainiennes de planifier leurs feux dans la profondeur. Le renseignement américain a servi directement à appuyer la planification du ciblage effectuée par les Ukrainiens dans la profondeur du dispositif russe, ça c'est sûr. Alors attention, les Américains n’ont pas été les seuls à fournir du renseignement. Mais la machine du renseignement américaine était telle que dans ce domaine, vous avez un écart énorme avec les productions des autres alliés ».

    Des conséquences immédiates sur le champ de bataille

    Les frappes ukrainiennes sur les concentrations d’hommes et de matériels russes ont permis d’entraver les offensives russes. Sans renseignement, les conséquences se feront sentir très rapidement note Vincent Tourret chercheur à l’université de Montréal, « L'absence d'une aide américaine de renseignement va surtout avoir un impact en termes de délai du ciblage. C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir une frappe réactive en cinq minutes, on dit dynamique une frappe dynamique, là les frappes ukrainiennes risquent d'avoir un temps de latence un peu plus élevé, mais ce n’est pas insurmontable. Parce que les Ukrainiens sont toujours très inventifs, donc ils ont plein de capteurs assez alternatifs pour compenser le manque d'aide américaine ».

    La perte problématique de la constellation Starlink

    Et l’alternative pourra venir de Paris, qui a indiqué cette semaine fournir du renseignement aux ukrainiens. Du renseignement spatial pour avoir une image précise et en temps réel du champ de bataille et du renseignement électromagnétique pour obtenir des indications sur les activités aériennes. En revanche, il sera plus difficile de compenser le retrait du système de communication américain pointe Vincent Tourret, « Les Ukrainiens dépendent quand même très fortement de Starlink (Réseau satellitaire de communication appartenant à Elon Musk. Ndlr). Là encore, ça n’est pas rédhibitoire, mais encore une fois c'est des latences supplémentaires. L'avantage de Starlink, c'est que ça vous donne un internet du champ de bataille aisément déployable. Avec un temps de déploiement qui n’excède pas cinq minutes. L'objet est très ergonomique, donc en plus la prise en main est facile. Il existe d'ailleurs d'autres constellations qui sont moins sophistiquées. Le champ de bataille est quand même assez positionnel, donc même s'il y a une perte de l'internet maintenant, il faut bien imaginer que les Ukrainiens, comme les Russes d’ailleurs, ils ont de la fibre optique, ils ont des fils téléphoniques, ils ont plein d'autres moyens de communication. Mais Starlink, c'était un peu la crème de la crème des COM et ça leur permettait de pallier à beaucoup de problèmes. Ça rend les choses plus complexes pour les Ukrainiens, mais ça ne sera pas synonyme d'un effondrement de la ligne de front ».

    Pas d’effondrement du front, plutôt un rééquilibrage en faveur de Moscou. Car avec le retrait américain du renseignement et des communications disparaît une partie de l’excellence tactique des forces ukrainiennes. Washington impose un frein à l’efficacité opérationnelle. C’est le cadeau de la Maison blanche au Kremlin.

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  • Bariolage multi-environnement (BME), le nouveau treillis des armées françaises
    Mar 2 2025

    Il signe l’appartenance à une armée, vêtement du quotidien, le treillis de l’armée française fait sa mue et sa révolution. Fini les treillis « désert » bien jaune, ou les treillis « centre Europe » bien verts, place désormais au BME pour « bariolage multi-environnement » : un seul vêtement pour tous les environnements, aux couleurs soigneusement choisies.

    Rediffusion du 26 janvier 2025.

    C’est une alternance de grandes et petites taches brisées, avec un panachage de vert, un soupçon de kaki, et un fond brun dit « Terre de France ». Très utile ce « terre de France » insiste le commandant Stéphane, le doigt sur le nouveau treillis qu’il porte, il est responsable du programme BME au sein de la section technique de l’armée de terre : « Il y a un peu de marron, un peu de brun, on appelle ça le 'brun terre de France', qui est la couleur majoritaire et qui est celle qui fusionne à la distance de portée des tirs. »

    Il y a aussi du blanc, une première. « Absolument, d'ailleurs le blanc, vous le voyez sur très peu de treillis dans le monde. C'est un petit peu une caractéristique du BME. Le blanc, il apporte en fait un contraste très fort, le blanc c'est un petit peu le reflet du soleil sur une feuille dans la lisière. Les contrastes que nous donnent les couleurs donnent du relief et permettent cette adaptation à un plus grand nombre d'environnements. »

    Du blanc mais pas de noir

    Du blanc donc, mais cette fois pas de noir, « Le précédent treillis fusionnait en noir et le noir dans la nature, il n'existe pas. À l'état naturel en tout cas. Et c'est la couleur qui a le plus fort signalement aux infrarouges et même à l'œil nu, donc il a été retiré. C'était en fait une faiblesse technique pour le Centre Europe. »

    Simplifier la logistique

    Un treillis à la place de deux, l’objectif est donc de simplifier la logistique. Et pour y parvenir six ans d’études et de tests auront été nécessaires, souligne le commissaire en chef Nicolas, chef de la division Habillement au sein des armées, « Oui, ça prend du temps parce que par exemple, le blanc pour avoir cet effet de dissimulation, il est difficile à mettre au point puisque le tissu est assez technique. Il incorpore des fibres d'aramide, qui donne une protection au feu, on dit que le treillis est thermostable. Ensuite, on a la phase d'approvisionnement du tissu. On a dû en commander 3,5 millions de mètres linéaires. Et une fois qu'on a approvisionné le tissu et qu'on l'a contrôlé pour vérifier qu’il présentait toutes les caractéristiques demandées par les armées, on le donne à d'autres types d'industriels qui vont nous confectionner les tenues. Ce qui a été important pour nous, c'est d'avoir le temps de constituer un stock suffisant pour qu'ensuite la manœuvre de distribution se passe de façon fluide et pilotée. Une fois que le bouton 'ON' a été enclenché, ça ne s'arrête jamais ! »

    Le chef d’état-major des armées sera le dernier à percevoir le sien

    Quelque 750 000 treillis ont été commandés. Deux industriels français et une société belge produisent le tissu qui est ensuite coupé en Bulgarie, avec quelques modifications, indique le commandant Stéphane : « On a rajouté de l'ergonomie au treillis F 3 tel qu'il avait été conçu initialement. Tout d'abord, dans la poche de poitrine, plutôt que d'avoir du tissu en fond de poche, nous avons mis un tissu Mesh, c'est un tissu qui est aéré. Ensuite, nous avons rajouté une poche qui se superpose à la poche cargo que nous avons sur la cuisse. Cette nouvelle poche s’ouvre verticalement, lorsque nous avons un genou à terre, nous pouvons accéder à cette poche et récupérer une checklist ou un message à envoyer, sans avoir besoin de se relever pour aller le récupérer ».

    Ce treillis BME sera en dotation pour au moins trente ans. Les troupes en opération seront les premières équipées et comme le veut la tradition : le chef d’état-major des armées sera le dernier à percevoir le sien.

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  • Ukraine, les doctrines militaires bouleversées par la guerre des drones
    Feb 23 2025
    Après trois ans de guerre, les combats d’artillerie et les tentatives de percées ont laissé place à un affrontement par drones. L’usage massif des drones aériens bouleverse désormais les doctrines militaires classiques et rend difficile une guerre de mouvement. L’Ukraine produit 10.000 drones aériens par jour, et elle en consomme presque autant… Le volume est vertigineux. Sur la ligne de front, les drones pullulent, avec pour conséquence de rendre transparent le champ de bataille et illusoire la concentration d’hommes et de matériels. Les Russes qui, ces derniers mois, ont repris l’initiative, ont dû s’adapter, analyse Jean-Christophe Noël, chercheur associé à l’Ifri, Institut français des relations internationales : « Ce qu’ils vont privilégier, ce sont des assauts avec un nombre très réduit de soldats. Avec peut-être trois à quatre soldats, de préférence motorisés pour aller un petit peu plus vite et essayer d'échapper justement à tous ces drones. Ils vont ainsi s'infiltrer, prendre position et essayer de tenir en attendant des renforts. Et donc ils vont ainsi réussir à modifier, par des petits sauts, les lignes de front et progressivement à grignoter, grignoter, grignoter. » Les drones «First Personal Viewer»Au début du conflit, l’armée russe a été surprise par l’afflux massif des drones, elle a depuis comblé son retard, mais deux approches différentes ont initialement vu le jour. « Les Russes ont développé des drones qui valaient beaucoup plus cher, poursuit Jean-Christophe Noël, les drones russes étaient des drones sophistiqués qui valent 30.000 dollars, alors que les Ukrainiens maintenant utilisent des FPV — les First personal viewer – ce sont des drones qui coûtent moins de 1000 dollars, mais qui sont très consommables. S’ils en perdent un, c'est pas très grave, il y en a toujours un qui fera le travail.On s'aperçoit que progressivement les Russes arrivent un petit peu aussi à décentraliser ces productions pour essayer de copier ce qui se fait de mieux chez les Ukrainiens. Et les Ukrainiens à l'inverse ont remarqué toutes les attaques de drones russes avec les Shahed iraniens. Eux aussi commencent à développer des drones qui leur permettent d'attaquer à l'intérieur de la Russie. Chacun essaie donc de réagir, mais encore une fois avec deux modèles différents, un modèle chez les Russes qui au départ est très centralisé, voir trop centralisé, et chez les Ukrainiens, quelque chose qui est très décentralisé, voire trop décentralisé. »À lire aussiUkraine, les drones de combat, nouveaux rois du champ de batailleUn effet miroirDans un système où l’innovation est reine, l’écueil principal c’est la production des drones. Comment passer à l’échelle dans la fabrication de drones aériens toujours plus complexes ?« Les jeunes Ukrainiens arrivent à trouver des solutions pour compenser certaines faiblesses. Et c'est pour ça qu'on a vu une multitude de drones apparaître, qui remplissent des fonctions très diverses. Évidemment, c'est pour voir, évidemment c'est pour détruire ; mais parfois c'est pour aussi servir de relais. C'est aussi pour essayer de détecter différents capteurs ou même des tentatives pour essayer d'abattre d'autres drones, etc. Donc, on est vraiment dans un processus très décentralisé, où on a du mal à passer à l'échelle. C'est-à-dire que finalement des initiatives locales ont du mal à être généralisées. Chez les Russes, c'est l'inverse, la porosité avec l'armée est plus compliquée, et donc souvent ils réagissent au bout d'un ou deux mois à certaines innovations. Ça oblige les Ukrainiens à penser en permanence cette innovation. Et on voit des deux côtés, un effet miroir, quand il y a une solution qui marche bien, le camp adverse va tout de suite l'adopter. » Produire en masse, le sujet est devenu brûlant dans les états-majors européens, les militaires plaident pour l’émergence de champions, des entreprises de défense capables de produire des drones ultra-novateurs, en quantité industrielle.À lire aussiAttaque de drones ukrainiens sur une importante usine russe d'explosifs
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