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Lignes de défense

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Dans un système globalisé, où les menaces prennent des formes de plus en plus variées, la chronique de Franck Alexandre vous plonge chaque semaine, au cœur des enjeux et des problématiques de défense et de sécurité du XXIème siècle. Les acteurs d’un monde militaire en mutation et les meilleurs observateurs des questions de Défense répondent à Franck Alexandre tous les dimanches matins dans sa chronique.

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  • La France dans le collimateur de la Russie
    Jul 13 2025

    La Russie a identifié la France comme étant son principal adversaire en Europe, a indiqué ce vendredi le général Thierry Burkhard, chef d'état-major des Armées à l'occasion d'une très rare conférence de presse. Le plus haut gradé de l'armée française brosse un sombre tableau de l'état de la menace et souligné que la Russie constitue désormais un risque durable pour le continent européen.

    Guerre en Ukraine, terrorisme, attaques hybrides, délitement de l'ordre international ou encore conséquences du réchauffement climatique, les crises se multiplient et se superposent... sans amélioration visible estime le général Burkhard: « On est bien face à un changement de référentiel stratégique. Je peine à discerner quelles pourraient être les portes de sortie ou de stabilisation à court terme. J'estime qu'on est plutôt face à quelque chose que j'appelle les effets cliquets. Il ne faut pas s'attendre à horizon visible, à un retour en arrière et donc ce n'est pas la peine de se dire : je vais faire le dos rond. Il faut plutôt se préparer à gérer le monde tel qu'il est aujourd'hui face à nous, c'est la réalité. »

    Et dans le monde tel qu'il est, la Russie est partie prenante de presque toutes les menaces, dit le chef d'état-major des armées. C'est une puissance de nuisance y compris en mer et sous les mers, « Donc c'est d'abord les sous-marins nucléaires d'attaque russes qui régulièrement pénètrent en Atlantique Nord et ensuite descendent quelquefois en Méditerranée, et qui cherchent évidemment à surveiller les zones qui sont importantes pour nous, mais également chez les Britanniques, éventuellement aussi sur les côtes américaines. C'est une présence gênante. Il y a aussi des moyens spécialisés d'action sous la mer pour conduire des actions plus précises le long des câbles sous-marins. »

    Frictions dans les airs et dans l'espace aussi, la Russie malgré des pertes considérables en Ukraine, dispose toujours, estime le général Burkhard, d'une armée de premier plan: « La Russie est un modèle d'armée complet, mais jusqu'au bout des ongles ! Je ne vois pas de capacité qui manquent depuis les capacités de brouillage, de guerre électronique aux systèmes de défense sol air, aux systèmes d'artillerie/feu dans la profondeur, avec un étagement. L'armée russe dispose de tout. La puissance nucléaire aussi. Avec des vecteurs terrestres, des vecteurs sous-marins, des vecteurs aviation à long rayon d'action, des armes stratégiques, des armes tactiques, avec une doctrine et une chaîne de commandement qui est extrêmement robuste, testée, sondée. »

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    La Russie, une menace durable

    L'objectif de Moscou est de déstabiliser la France, mais aussi la Grande-Bretagne, les deux puissances européennes dotées de l'arme nucléaire, estime le général Burkhard, avec l'ambition, par effet domino, de contraindre le reste du continent, « La guerre en Ukraine pour la Russie est existentielle et elle veut absolument obtenir ce qu'elle a fixé comme objectif ou du moins ce que Poutine a fixé comme objectif, avec probablement comme état final recherché, affaiblir l'Europe et démanteler l'Otan. C'est l'objectif de la Russie, c'est l'objectif de Poutine. Pour y arriver, elle a mis en place une économie de guerre qui tourne à plein régime aujourd'hui, ça veut dire que la Russie va continuer à se réarmer à ce rythme-là. Et donc on estime qu'avant 2030, elle constituera à nouveau une vraie menace à nos frontières, sur le flanc est de l'Europe. »

    La sécurité de l'Europe se joue donc en Ukraine et la défaite de Kiev, martèle le général Burkhard, serait une défaite européenne. Il y a urgence, le temps est désormais compté.

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  • «One Way Effector»: MBDA lance son drone «Shahed» à bas coût
    Jul 6 2025
    Les drones Shahed se sont imposés en Ukraine tout comme lors de la guerre des douze jours qui vient d'opposer L'Iran à Israël. Ces drones qui ont la capacité de saturer les défenses sol-air sont devenus incontournables. Les Shahed produits par l'Iran inspirent désormais les industriels occidentaux à commencer par le missilier français MBDA. Plus proche d'un missile à bas coût que d'une munition téléopérée, le One Way Effector de MBDA n'est pas un drone classique. Il a l'apparence du Shahed 136 iranien mais il ne peut pas être classé dans la même catégorie, précise Hugo Coqueret ingénieur de ce programme chez MBDA, « C'est une munition qui se veut une munition d'artillerie, qui a la forme d'une aile volante qui fait environ 3 mètres d'envergure sur 3 mètres de longueur, qui permettra d'emmener une charge militaire d'une quarantaine de kilos à des portées d'environ 500 km. Elle sera utilisée depuis le sol pour aller frapper des cibles au sol. Elle sera tirée depuis une rampe ou depuis un Shelter, un véhicule intégré. C'est une munition qui a été pensée dès le début pour être peu onéreuse et de ce fait adapté à la haute intensité, au nécessaire retour à la masse dans les forces armées. On a vu à la lumière des différents conflits en Ukraine, au Moyen-Orient, qu'il y avait une pénurie dans les munitions longues portées et c'est ce que le One Way Effector cherche à résoudre pour envisager des capacités de production jusqu'à 1000 munitions par mois ». À lire aussiUkraine: les drones prennent l'ascendant sur les autres armements Le drone doit permettre aux missiles de croisières de passer au travers des défenses antiaériennes Au début de la guerre de 12 jours, le 13 juin dernier, les raids de missiles balistiques iraniens sur Israël étaient accompagnés d'une nuée de drones Shahed. Malgré un système de défense très efficace, la seule présence des Shahed permettait à une dizaine de missiles balistiques iraniens de passer à travers les mailles du filet. Le drone de MBDA vole très vite, 400 km/h, bien plus vite qu'un Shahed, il sera donc confondu avec un missile par les défenses antiaériennes, souligne l'ingénieur de MBDA: « Le fait que cette munition soit engagée par la DCA ennemie révélera la position de ces batteries sol-air adverses pour permettre leur destruction. Il y a aussi un autre effet: puisque le One Way Effector est une arme d'usure, d'attrition qui va épuiser la défense ennemie, il aura vraiment une mission complémentaire, de véritables synergies avec ce qu'on appelle les armes de décision à haute valeur ajoutée, avec beaucoup de technologies qui seront capables de passer par tout temps en toutes conditions pour aller frapper leur cible. Le One Way Effector est là pour créer l'usure dans la défense ennemie et faciliter le passage d'un missile de croisière ». MBDA s'associe avec l'industrie automobile Le combo: missiles de précisions et drones à bas coûts s'est imposé dans les doctrines militaires. L'ambition du missilier français est donc d'être capable de produire ce système d'armes, en masse, rapidement et en France. « On est parti d'une feuille blanche en décembre 2024 » affirme Hugo Coqueret, « Aujourd'hui on a un démonstrateur qui est en cours de préparation. En l'espace de 10 mois, on sera passé de la feuille blanche, à l'ingénierie puis aux travaux de démonstration. Un calendrier extrêmement compressé et qui nous permettra même d'envisager les premières séries de production de cette munition à l'horizon 2027. C'est un système qui est pensé pour un besoin français, mais avec une capacité d'évolution future très élevée et qui pourra tout à fait être adapté pour des pays exports plus tard ». Le coût unitaire de ce drone n'est pas encore connu, mais il sera plus proche du prix d'un drone Shahed soit 50 000 dollars que de celui d'un missile de croisière qui peut dépasser un million de dollars. Il devrait être produit par un industriel de l'automobile habitué aux grandes séries et dont le nom, à ce jour, n'a pas été révélé. À lire aussiPeer de Jong: «Le drone aujourd'hui trouve toute sa place pour les pays qui sont en tension»
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  • B-2 «Spirit», le bombardier furtif américain nimbé de mystère
    Jun 29 2025
    Le raid aérien américain « Midnight hammer », les 21 et 22 juin dernier a frappé trois sites nucléaires en Iran, Natanz, Ispahan et Fordo. Si l’étendue des dégâts n’a pas été encore complétement établie, la manœuvre a mis en exergue la puissance aérienne des États-Unis, dont le bras armé fut les bombardiers B-2 Spirit. Des bombardiers furtifs encore nimbés de mystère. 21 juin, 6h01 du matin, sept bombardiers B-2 Spirit quittent la base de Whiteman dans le Missouri, pour un vol transatlantique. Signe qu’ils décollent à pleine charge, ils ravitaillent aussitôt. L’escadrille de Northrop Spirit se dilue dans les hautes altitudes à environ 15 000 mètres, et survole le Maghreb, sans qu’aucun pays ne décèle leur présence. 23 heures, après 17 heures de vol ils font la jonction avec le Centcom de la base américaine d’Al-Udeid au Qatar. Minuit les bombardiers entrent dans l’espace aérien iranien, prêts à lâcher les GBU-57, des bombes de plus de 13 tonnes. « C'est pour ces différentes raisons que c'est cet appareil qui a été utilisé pour pouvoir frapper dans la profondeur iranienne sans se faire détecter et larguer ces bombes qui sont uniques au monde, qui sont absolument gigantesques parce que tout simplement aucun autre appareil n'aurait été capable de les délivrer et d'arriver si loin dans la profondeur iranienne sans être détectée. Même si aujourd'hui il faut être clair, Israël avait quand même préparé le terrain en détruisant notamment tous les radars utilisés par l'Iran », explique Xavier Tytelman expert aéronautique Vingt minutes de frappes avant un repli à 1h du matin dimanche 22 juin, vers les États-Unis. 37 heures de vol sans jamais avoir été détecté. Un appareil furtif pour les missions incroyablement longues Aucun autre appareil au monde n’est capable d’une telle endurance, souligne Xavier Tytelman : « L'avion est entouré d’énormément de secrets, on sait qu'il y a deux personnes à bord avec beaucoup d'automatismes, des appareils qui sont capables d'être pilotés finalement avec une seule personne à la fois et donc quand ils font des vols qui vont dépasser les quarante heures, ils ont des médicaments qui leur permettent de rester éveillés. Ils ont a priori des lunettes qui éclairent la rétine avec un certain angle, avec une certaine fréquence ce qui évite la sécrétion des hormones de la fatigue. Et donc à l'intérieur de l'avion, il y a quand même une petite cuisine, il y a de quoi dormir, donc c'est organisé pour faire des missions qui sont incroyablement longues. Etant donné la sensibilité de l’appareil, il n’y a qu'une poignée de bases dans le monde qui peuvent l’accueillir. Et donc il va décoller soit des États-Unis, soit de Diego Garcia, base américaine de l’océan Indien. Et à partir de ces bases, les B-2 vont être capables de toucher quasiment l'intégralité de la terre avec les ravitaillements en vol ». Les B-2 ont révélés leurs capacités en Afghanistan pour frapper les grottes, les tunnels, les repaires enterrés du réseau al-Qaïda. Mais à l’origine ils ont été conçus pour porter le fer et le feu contre l’Union soviétique. Avec 54 mètres d’envergure et dépourvus de dérive, les toujours très modernes B-2 sont le fruit de la Guerre froide, dit Xavier Tytelman « À la fin des années 80, les États-Unis avaient pour objectif d'avoir un avion furtif parce qu’ils avaient des moyens technologiques très supérieurs aux Soviétiques. Les américains avaient des composants que les soviétiques n'étaient pas capables de détecter. Ils ont donc développé le B-2 qui devait sortir juste au moment de la fin de l'URSS. Or justement, avec l'effondrement du bloc soviétique, l’US Air Force a renoncé à avoir une flotte pléthorique. Plus d'une centaine d'avions étaient commandés et ils ont réduit la commande à seulement une vingtaine d'appareils. C'est pour ça que le coût unitaire des avions est autour de trois milliards de dollars aujourd'hui avec l'inflation. Mais, cet appareil, est en train d'évoluer, il aura un successeur qui va s'appeler le B-21 Raider » Midnight Hammer, raid aérien contre les installations nucléaires iraniennes, est aussi un signalement stratégique. Un message envoyé à la Chine. « Anytime, Anywhere », avec les B-2, les États-Unis peuvent frapper partout, en passant sous les radars. À lire aussiIran: les bombardiers américains B-2 ciblés par la désinformation
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