• Le harcèlement des développeurs de jeux vidéo: une crise invisible

  • Oct 12 2024
  • Length: 4 mins
  • Podcast

Le harcèlement des développeurs de jeux vidéo: une crise invisible

  • Summary

  • Aujourd'hui, nous abordons un sujet qui me touche particulièrement : le harcèlement des développeurs par les joueurs. Un phénomène de plus en plus fréquent, qui touche tous les métiers de l’industrie et qui s’est encore plus banalisé depuis le Gamergate.

    Le Gamergate est une série de polémiques née durant le mois d'août 2014 qui a évolué en une campagne de harcèlement sexiste contre des femmes journalistes et développeuses. C’est une époque qui a cristallisé et mis en lumière la violence en ligne contre les travailleurs du secteur du jeu vidéo et force est de constater que depuis, les choses n’ont pas tant évolué. Si les jeux créent des discussions, ce que l’on réalise moins, c’est que ces critiques débordent bien souvent du cadre du débat pour devenir des campagnes de haine et de harcèlement.

    Prenons un exemple marquant dans l’industrie : Ubisoft. Lorsque certains jeux comme Assassin’s Creed Valhalla ou Far Cry 6 n’ont pas répondu aux attentes des joueurs, les développeurs ont reçu des menaces de mort et des insultes sur leurs réseaux sociaux.

    Sur les plateformes, de nombreux joueurs appellent à boycotter les jeux d’Ubisoft, soit parce qu’ils sont nostalgiques des anciennes licences comme Rayman ou les premiers Assassins Creed, soit parce que la volonté revendiquée d’Ubisoft pour représenter divers personnages fâche.

    Mais ce sont aussi les échelons moins visibles qui souffrent : les community managers, par exemple, ces ponts entre le public et l’équipe de développement, sont en première ligne. Leur rôle, qui consiste à recevoir les retours des joueurs, se transforme souvent en cauchemar quand ils sont submergés par des messages de haine.

    Le cas «The Las of us Part II»

    Un autre cas particulièrement révélateur est celui de The Last of Us Part II, un jeu acclamé pour sa narration audacieuse, mais qui a divisé une partie du public. L’actrice Laura Bailey, qui prête sa voix et son visage au personnage d’Abby, a, elle aussi, été victime de harcèlement. Sur Twitter, elle a partagé des captures d’écran de messages horribles qui lui souhaitaient la mort, à elle et à sa famille. Tout cela parce que certains joueurs n’ont pas apprécié le rôle d’Abby dans le jeu.

    Une attaque collective contre la créativité

    N’oublions pas que le harcèlement a un impact dévastateur sur la santé mentale des équipes de développement. Les burn-out se multiplient dans l’industrie, poussés par une pression à la fois interne, liée à des délais serrés et externe, alimentée par la haine en ligne.

    Alors, que faire face à ce fléau ? De nombreux studios commencent à prendre des mesures. Chez Ubisoft, un effort est fait pour protéger les employés en limitant leur exposition publique et en renforçant la modération des réseaux sociaux. Mais cela ne suffit pas. Il est crucial que les plateformes elles-mêmes, comme Twitter, Instagram ou encore Discord, prennent leurs responsabilités et interviennent plus efficacement pour empêcher ces campagnes de harcèlement.

    De notre côté, en tant que joueurs, nous devons aussi prendre conscience de l’humain derrière chaque jeu vidéo. Si un jeu ne nous plaît pas, inutile d’insulter les parents des développeurs. De plus, les employés des studios ne sont pas décisionnaires sur la direction que prennent les jeux. La plupart du temps, ce sont les dirigeants et les actionnaires qui tirent les ficelles.

    Rappelons que chaque titre représente des milliers d’heures de travail, de la passion, et parfois, des sacrifices personnels énormes. Les travailleurs du jeu vidéo, comme tous les autres, méritent le respect.

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