• Japon: le réseau social X, grand pourvoyeur de désinformation chez les jeunes

  • Aug 1 2024
  • Length: 3 mins
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Japon: le réseau social X, grand pourvoyeur de désinformation chez les jeunes

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  • Tous les matins, cette semaine, RFI se penche sur la désinformation : ce fléau des infox qui, de par le monde, déferlent quotidiennement sur internet et les réseaux sociaux. Direction le Japon, aujourd'hui. Qui est très connecté, comme on le sait – aucun pays ne compte autant d'utilisateurs de X (anciennement Twitter) par tête d'habitant : ils sont plus de 50 millions dans l'archipel. Mais les études montrent que seuls 40% des Japonais prennent la peine de vérifier la source des informations qu'ils découvrent sur ces réseaux. Or, année après année, ils véhiculent de plus en plus de contrevérités.

    De notre correspondant à Tokyo,

    L'an dernier au Japon, 80 000 contenus problématiques diffusés sur les réseaux sociaux ont été signalés aux autorités. Plus de 200 par jour, donc.

    Il s'agissait soit de messages haineux, calomnieux ou diffamatoires, soit d' « infox » : des vidéos réalisées à l'aide de l'intelligence artificielle générative, par exemple, montrant des personnalités en train de dire n'importe quoi : leur prêtant des propos qu'elles n'ont jamais tenus.

    Cette désinformation propagée à longueur de journées par les réseaux sociaux inquiète 80% des sondés, à l'image de ces Tokyoïtes : « On lit vraiment n'importe quoi sur internet et les réseaux. Et puis, tous les jours, des gens y sont traînés dans la boue. C'est donc un déferlement à la fois de mensonges et de haine » se désole un homme.

    Un séisme interprété comme un essai nucléaire

    Un autre se désespère pour les générations futures : « Certaines fake news se veulent juste des blagues de potaches, mais on ne peut pas rire avec cela : c'est trop dangereux. Je m'inquiète particulièrement pour mes petits-enfants, car ils passent leur vie devant les écrans... »

    Lors de crises majeures, les propagateurs de fausses informations s'en donnent à cœur joie. On le vit encore en janvier dernier, quand un séisme de magnitude 7,6 dévasta la péninsule de Noto Hantô, sur la côte ouest, tuant plus de 300 personnes.

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    Une dizaine de milliers de messages ont alors attribué cette secousse à un essai nucléaire souterrain, qui aurait été pratiqué dans le plus grand secret.

    Pour le professeur Nishimura, qui enseigne à l'université de Kyoto, une telle théorie complotiste est absolument insensée : « Ce séisme s'est produit dans une zone située à une quinzaine de kilomètres sous la croute terrestre. Aucun être humain ne peut évidemment descendre à une telle profondeur pour y procéder à un essai nucléaire. En plus, l'énergie dégagée par cette secousse a été incomparablement plus forte que celle d'une détonation atomique : on ne peut pas du tout mettre cela sur le même pied. C'est donc de la désinformation pure et simple... »

    Des formations pour sensibiliser les écoliers

    Les messages véhiculant une telle élucubration n'en ont pas moins été lus plus de 8 millions de fois.

    Depuis, le gouvernement a annoncé qu'il allait serrer la vis. Il va exiger des opérateurs de réseaux sociaux qu'ils suppriment rapidement les contenus litigieux, voire suspendent les comptes des multirécidivistes de la désinformation ou de la diffamation.

    Le ministère de l'Éducation, lui aussi, se mobilise.

    À l'approche des grandes vacances – pendant lesquelles les jeunes Japonais passent encore plus de temps que d'habitude devant les écrans –, des formateurs spécialisés ont été envoyés dans les écoles pour sensibiliser les enfants aux contrevérités qui circulent sur les réseaux et leur donner des clés pour les débusquer.

    Cette écolière se félicite d'avoir bénéficié d'une telle formation : « Apprendre qu'il fallait autant se méfier de ce qu'on lit sur les réseaux m'a stressée, mais, en même temps, c'était bien utile : désormais, je suis beaucoup plus prudente ».

    Responsabiliser les jeunes est d'autant plus indispensable que 75% des Japonais âgés de moins de 25 ans disent de s'informer que via les réseaux sociaux.

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