Sur la côte est de la Chine se trouve Qingdao, 7e port mondial en eau profonde, dont l’un des terminaux à conteneurs est entièrement automatisé. Les robots y remplacent les dockers. Reportage.
De notre envoyé spécial à Qingdao, avec Louise May
De longues banderoles rouges et des slogans en caractères blancs rappellent les consignes de sécurité et les engagements pour l’environnement sur les grilles à l’entrée. Puis d’immenses grues bleues aux roues jaunes apparaissent aux yeux des visiteurs, alignées sur plus de deux kilomètres de ligne portuaire. Le terminal automatisé du port du « Shandong Qingdao » peut accueillir plus de six millions de conteneurs.
Combien de personnes travaillent ici ? Réponse de Zhang Liangang, ancien cadre de la direction devenu expert portuaire.
Deux cents trente agents sont nécessaires au fonctionnement de ce terminal. Ce sont essentiellement des personnes chargées de la surveillance. Pour des questions de sécurité, au moment de remettre un contenu à un navire, un humain doit être présent lors du chargement. Mais pour le reste, tout est automatisé, ici. Vous voyez les grues là-bas ? Il n’y a pas de poste de conduite ! Et on peut déplacer 36 conteneurs par heure. Pareil pour les véhicules qui déplacent les conteneurs. Il s’agit d’un terminal entièrement sans pilote.Li Yongcui, la patronne des robots de QingdaoMis en service au printemps 2017, le nouveau terminal qui vient d’achever sa deuxième phase de développement est le premier port automatisé d’Asie. Ce serait aussi l’un des plus rapides en matière de chargement et déchargement.
La patronne des robots à Qingdao, c’est Li Yongcui. Petites lunettes rondes, chemisier blanc, cette ingénieure en informatique a commencé à travailler dans le port à conteneurs en 2001. Elle est aujourd’hui directrice générale du terminal automatisé.
C’est vrai que c’est un métier où j’ai rencontré plus de collègues masculins. Mais dans notre département de programmation informatique, ce sont les filles qui sont majoritaires et elles font un excellent travail dans ce domaine aussi », assure Li Yongcui, qui poursuit : « C’est un environnement très complexe, très intelligent, où le moindre paramètre compte pour que le système fonctionne parfaitement. C’est donc très stimulant intellectuellement. J’aime ce travail, et pour ce qui est de la conception des programmes informatiques portuaires, on a aujourd’hui plus de femmes que d’hommes.Fourmilière robotiqueLes femmes à la manœuvre et, au sol, de longs véhicules bleus sortent de plateaux porte-conteneurs à quatre roues, semblant livrés à eux-mêmes et pourtant programmées, organisés tels les soldats d’une fourmilière, avec un fonctionnement 24 heures sur 24. Li Yongcui explique :
Ce terminal n’est pas éclairé la nuit. Les équipements n’ont pas besoin d’yeux pour voir. Ils ne sont pas non plus gênés par les intempéries. L’un des avantages de l’automatisation, en plus des économies d’énergies, c’est de rendre les déplacements plus précis. Et nos coûts d’exploitation sont moins élevés avec la réduction des personnels, ce qui compense l’investissement de départ. Vous voyez, aujourd’hui, nous avons quatre navires à quai. Demain, nous accueillons un nouveau bateau dont le chargement sera fait de manière automatisée, avant de partir vers l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Togo et d’autres pays d’Afrique.Des navires chargés et déchargés par les machines. Mais le terminal automatisé n’est qu’une partie du grand port de Qingdao, qui reste dans sa majorité manuel. Huit ans après rejoint l’équipe d’automatisation, Wang Jinsheng a gardé le bleu de travail. Pas trop triste sans les copains ?
Moi, vous savez, j’ai longtemps travaillé dans la planification navale. On devait se rendre sur les navires pour comprendre leur état et leurs exigences particulières. Maintenant, je peux transcrire cette expérience dans les paramètres des ordinateurs et je trouve passionnant le fait d’améliorer le système. C’est une relation hommes-équipements les ports. En les automatisant, on réduit les accidents. Et puis, en rendant les ports plus intelligents, les hommes chargés de contrôler, les machines ont des postes plus intéressants.Des bateaux, des hommes et des robots… Le terminal automatisé de Qingdao a continué à fonctionner pendant le confinement de Shanghai. Il dessert aujourd’hui une trentaine de routes maritimes. Quinze à 20% du trafic seraient à destination de l’Afrique, selon l’un des employés du site.