L'Arabie saoudite prudente sur son budget 2025. Les revenus pétroliers sont plus faibles que prévus, la prévision de croissance pour 2024 a été revu à la baisse. Le premier exportateur mondial de pétrole brut a donc redimensionné certains projets.
On est encore loin de l'austérité sévère et inflexible. Les investissements sont toujours énormes en Arabie saoudite. Le budget est même en augmentation avec des déficits assumés jusqu'à 2027, mais on observe un recalibrage avec des dépenses publiques en diminution et certains projets revus à la baisse. Exemple : la ville futuriste « The Line » qui devait pouvoir accueillir 1,5 million de personnes. Le projet a été révisé : cette ville linéaire en plein désert ne pourra loger que 300 000 habitants.
Comment expliquer cette prudence ?Le message porté par ce pré-budget, c'est que l'argent illimité n'existe pas, même dans une pétromonarchie du Golfe. C'est un effet mécanique : quand les revenus pétroliers ne sont pas à la hauteur, l'Arabie Saoudite fait le dos rond. « Vous avez une économie qui dépend encore à peu près 40 % du secteur pétrolier, explique Laure De Nervo, économiste au crédit agricole spécialisée sur le Moyen-Orient, là, il y a eu plusieurs annonces de coupe de production. D'abord en avril 2023, puis les annonces de coupe de novembre 2023 devaient être levées ce mois-ci, mais cela a été reporté et devrait avoir lieu qu'à partir de décembre si ce n’est pas encore reporté. Mécaniquement, vous avez un quatrième semestre qui va être impacté par cela ».
Les investissements directs étrangers pas encore au niveauL'Arabie Saoudite, notamment le prince héritier Mohammed Ben Salmane, ont cette volonté de diversifier l'économie avec le programme Vision 2030 lancé il y a huit ans. Faire moins de pétrole, et développer le tourisme, l'industrie, les nouvelles technologies.
À mi-parcours, il semble y avoir une nécessité de revoir les priorités. D'autant que du côté des investissements directs étrangers, on est loin de l'ambition affichée. De l'objectif de 100 milliards de dollars en 2030, ils atteignaient difficilement les 12,5 milliards l'année dernière.
« Ils ont un déficit d'image qui est assez important, je pense qu'il y a des défis financiers il y a des fluctuations économiques assez importantes au niveau du prix du pétrole il y a aussi un contexte géopolitique qui n'échappe à personne qui crée beaucoup d'incertitudes : les élections aux États-Unis dans quelques semaines aussi qui vont être importantes, assure Foued Kefif est fondateur du cabinet de conseil Middle X à Riyad. Tout cela fait en sorte qu'il y a il y a de l'incertitude et peut-être moins d'investissements que prévu néanmoins le marché est ultra-dynamique. »
Diversification en bonne voiePas de ralentissement, juste une mise au point financière avant les Jeux asiatiques d'hiver dans cinq ans et surtout l'exposition universelle 2030. Par ailleurs, la croissance hors pétrole est dynamique, le taux de chômage baisse ; la dette est encore faible, de quoi stimuler l'investissement.
La seule épine dans le pied, c'est que le pays est toujours dépendant de ses hydrocarbures. La transition vers une économie plus diversifiée sera longue, coûteuse et c'est un comble, la réussite de cette transition dépend aujourd'hui des revenus pétroliers.