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  • Les centres de rétention privés bénéficient de la politique migratoire de Donald Trump
    Mar 31 2025
    Plus de 32 000 migrants ont été arrêtés lors des 50 premiers jours du mandat de Donald Trump. En revanche, malgré les annonces du président américain, les expulsions sont pour l'instant stables par rapport au mandat de Joe Biden. En effet, il faut du temps pour organiser les vols retour et certains pays refusent de recevoir des migrants expulsés. Nombre d'entre eux attendent donc dans des centres de rétention aux États-Unis. Ce qui fait les affaires de grands groupes privés gérant ces centres. C'est une particularité des États-Unis : la majorité des lits des centres de rétention ne sont pas gérés par l'État mais par des entreprises à but lucratif, qui gèrent aussi certaines prisons. Les deux géants du secteur s'appellent GEOgroup et CoreCivic. L'essentiel de leur activité se fait aux États-Unis (mais GEOgroup a aussi des contrats en Australie ou encore en Afrique du Sud). Leur chiffre d'affaire annuel se compte en milliards de dollars. Ils sont côtés en bourse et le prix de leurs actions a grimpé en flèche au lendemain de l'élection de Donald Trump. Leur cours est resté très élevé depuis, car ils s'attendent à recevoir encore plus de migrants arrêtés.Doubler le nombre de litsLes centres sont actuellement plein à près de 90%. Et le « Monsieur frontières » de Donald Trump, Tom Homan, a annoncé qu'il veut plus que doubler le nombre de lits pour répondre aux besoins du plan d'expulsion à grande échelle de la Maison Blanche. Une série de contrat a été conclue récemment. GEOgroup est en train de rouvrir un centre de rétention dans le New Jersey, qui devrait lui rapporter 60 millions de dollars par an, sur 15 ans. CoreCivic, de son côté, a annoncé il y a deux semaines en rouvrir un au Texas, avec 2400 places. Cette période est « parmi les plus palpitantes de ma carrière », estimait en février son PDG, cité par le New York Times. Il s'attend pour les prochaines années à une forte croissance pour l'entreprise.Soutien à la campagne de Donald TrumpCes groupes ont contribué à la campagne de Donald Trump à hauteur d'au moins un million de dollars, d'après ABC News. Un montant loin de pouvoir changer le cours des élections aux États-Unis. Néanmoins, il est à noter que les compagnies du secteur ont récemment changé de stratégie. Habituellement, elles donnaient presque autant aux candidats démocrates. Cette fois-ci quasiment tous leurs dons sont allés au camp du futur président.Retournement de situationLes perspectives n'ont pas toujours été aussi bonnes pour les compagnies du secteur. Il y a quatre ans encore, de grandes banques s'étaient engagées à cesser de les financer, après une forte mobilisation contre ces entreprises, accusées de profiter du malheur des migrants. Des inspections ont également révélé l'insalubrité de plusieurs centres et prisons, ou encore un manque d'accès aux soins. Des plaintes ont par ailleurs été déposées pour travail forcé car des détenus doivent parfois travailler pour seulement un dollar de l'heure. Le vent aura donc fini par tourner. Il y a deux ans, Bank of America et la banque Wells Fargo ont assoupli leur conditions d'emprunt. Enfin, Joe Biden, malgré ses promesses de campagne, a finalement maintenu lors de son mandat la plupart des contrats entre l'État et ces groupes privés.
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  • Le changement d'heure, une initiative toujours pertinente?
    Mar 28 2025

    On s'intéresse ce matin à un vieux serpent de mer, le changement d'heure. Car ça ne vous a pas échappé, dans la nuit de samedi à dimanche, les Européens passent à l'heure d'été pour passer d'une à deux heures de plus par rapport au temps universel que l'on connait bien ici à RFI. Deux fois par an, on avance ou on recule les aiguilles de sa montre. Mais au-delà de cette manœuvre d'horlogerie, cette mesure a des conséquences économiques. Décryptage.

    Pour comprendre cette idée du changement d'heure, il faut remonter dans les années 70. L'Europe, et a fortiori la France, traversent une grande crise pétrolière. En 1975, devant la hausse du prix du fioul qui était très utilisé pour produire de l'énergie, chauffage et lumière, il a été décidé de changer d'heure afin de réduire le temps d'éclairage artificiel. Réduire ces besoins a été bénéfique sur la consommation d'électricité nationale. À ses débuts, la mesure a permis d'économiser jusqu'à 1200 gigawatts/heure par an. Pour vous faire une idée, c'est l'équivalent de la consommation annuelle en éclairage de plusieurs millions de foyers.

    D'autres pays ont fait aussi ce choix du changement d'heure

    À l'échelle européenne, il y a eu une harmonisation de cette mesure en 1988, l'objectif étant le même : réduire la consommation d'électricité et donc payer moins. Le monde a d'ailleurs pris cette idée au sérieux. Aujourd'hui par exemple, une grande partie des États-Unis change encore d'heure au printemps et en hiver. Mais la mesure est contestée et globalement abandonnée. Le Mexique y a mis fin il y a deux ans... L’Argentine, la Russie, la Tunisie, la Turquie, l’Égypte et l’Arménie, pour ne citer qu'eux, ont aussi décidé d’abandonner les changements d’heure saisonniers.

    Pourquoi ce changement d'heure est de plus en plus boudé ?

    Tout simplement parce que les gains sont marginaux, voire dérisoires. En France, ces dernières années, d'après les travaux de l'agence de la transition écologique, ce changement d'heure a fait économiser autour de 350 gigawatts/heure, quatre fois moins qu'en 1980. Cela s'explique par l’amélioration continue de la performance des systèmes d’éclairage et de meilleures politiques énergétiques. Au sein de l'Union européenne d'ailleurs, une proposition pour supprimer ce système a été votée en 2019, mais elle n'a jamais été appliquée puisque les États membres doivent d'abord se coordonner, et ils ont d'autres priorités !

    À lire aussiHeure d'été: la fin du changement d'heure tarde à s'appliquer au sein de l'UE

    Changer d'heure perturbe l'économie et la finance mondiale

    Au-delà de la consommation d'énergie, cela représente des coûts. Et oui, les systèmes informatiques tout comme les horaires de transport doivent être réajustés. Cette manœuvre peut engendrer des surcouts et des perturbations dans l'activité des organisations. Et puis au sein de l'UE, si chaque pays décide de son heure, cela peut avoir des conséquences sur le marché intérieur, notamment pour faire des affaires.

    Et géographiquement, si la Belgique et la France ont une heure de décalage, cela peut paraitre, vous en conviendrez absurde. Quoi qu'il en soit, si pendant longtemps cette mesure a été perçue comme efficace pour les économies d'énergie, elle semble aujourd'hui à bout de souffle. La production d'énergie évolue, les modes de consommation aussi. Le changement d'heure est aujourd'hui plus un choix politique et de société qu'un levier économique majeur !

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  • L'Europe en ordre de marche pour accueillir les chercheurs américains qui fuient Donald Trump
    Mar 27 2025
    Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump multiplie les annonces chocs visant la communauté scientifique. Coupes budgétaires brutales, licenciement de centaines d'employés des agences fédérales chargées du climat ou de la santé, censure de certains sujets dans les recherches subventionnées, ces annonces font peur aux chercheurs qui peuvent trouver en l’Europe une terre d’accueil. Décryptage. L’heure n’est pas à la fête dans les centres américains de recherche. Les annonces de Donald Trump font peur à ces scientifiques. Beaucoup doutent de leur capacité à travailler sous le second mandat du magnat de l’immobilier. Et cette situation a des conséquences économiques. Les nombreuses décisions de l'administration de Donald Trump, comme le récent gel des recrutements, vont, sur le long terme, affaiblir le niveau de recherche et d'innovation. Concrètement, si vous baissez le budget pour ces secteurs, les résultats vont être beaucoup plus limités et donc la compétitivité américaine pourrait en pâtir. Par ailleurs, une équipe gouvernementale perçue comme hostile à la science peut tempérer les ambitions des entreprises de haute technologie ou de santé, qu'elles soient américaines ou pas d'ailleurs, avec pour conséquence moins de capitaux investis dans le secteur. Bref, tout l'inverse de la politique et de l'ambition qu'affiche le président américain ! À lire aussiÉtats-Unis: quelles sont les recherches scientifiques que Donald Trump accuse de «wokisme»?Une chance pour l’Europe Ces chercheurs pourraient trouver refuge sur le continent européen pour continuer leurs travaux. L'Union européenne dispose d'ailleurs de différents programmes de recherches comme Horizon Europe dont le portefeuille est de 95,5 milliards d'euros pour 2021-2027, ou encore le conseil européen de la recherche. Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, près de 400 chercheurs militent pour la création d'un fonds européen de 750 millions d'euros par an. Certains pays comme l'Allemagne, les Pays-Bas ou la France ouvrent déjà leurs portes à ces chercheurs américains. Plusieurs grandes écoles renommées françaises l’ont fait, comme l'école Centrale Supélec, l'université PSL ou encore l'université d'Aix-Marseille qui met 15 millions d'euros sur la table pour les accueillir via son programme « Safe Place for Science ». À lire aussiLa France se déclare prête à accueillir les chercheurs mécontents des politiques menées par TrumpDes retombées économiques importantes La France travaille sur des mesures concrètes pour faire venir des chercheurs américains. D'après le journal Les Echos, le gouvernement pourrait créer un fonds de 100 millions d'euros. L'intérêt économique est fort, car d'après l'OCDE, l'Organisation de coopération et de développement économiques, il y a un effet multiplicateur dans la recherche. Chaque euro qui y est investi attire en moyenne deux à trois euros de retombées économiques. L'enjeu réside dans l’attractivité de l’Europe, car elle n’a pas forcément tous les arguments et les atouts pour faire venir ces cerveaux. Le niveau de financement européen est plus faible qu'aux États-Unis, et le niveau de rémunération en Europe est bien moindre qu’outre-Atlantique. Pensons aussi à la bureaucratie lourde du continent. L'argument n'est donc pas là et peut naturellement dissuader les chercheurs américains. Mais l'Europe a d'autres atouts en revanche, avec un écosystème capable de les accompagner. Car sur le long terme, il faut voir cette arrivée de cerveaux comme un investissement rentable. Des dizaines d'emplois sont créés autour de travaux de recherche qui peuvent générer des innovations, des brevets et donc de la valeur ajoutée sur le long terme. Il peut aussi y avoir un effet boule de neige : les talents attirent les talents, et l’Europe peut ainsi se démarquer sur des domaines essentiels comme l'intelligence artificielle, la cybersécurité, le climat ou la santé. Et ça, les pays européens semblent l'avoir compris à l'heure où l'UE entend réduire sa dépendance aux États-Unis ou à la Chine !
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  • Pourquoi l'Arctique est un territoire si convoité
    Mar 26 2025

    La Russie organise à partir de mercredi 26 mars le Forum international de l'Arctique. Un évènement pour parler du futur de cette région de 27 millions de kilomètres carrés, à la fois de sa gouvernance et de tout l'enjeu économique qu'il revêt.

    La carte postale est belle, une étendue de glace à perte de vue. Mais en dessous de cet or blanc, l'Arctique recèle d'immenses gisements de pétrole, de gaz naturel ou encore de minerais rares. D'après l'Institut d'études géologiques des États-Unis (USGS), c'est en moyenne un quart des réserves mondiales d'hydrocarbures restant à découvrir qui s'y trouvent. C'est beaucoup, et les pays voisins de ce continent l'ont bien intégré. D'abord la Russie, en y organisant notamment ce forum de l'Arctique à Mourmansk et en y investissant massivement dans l'extraction offshore. Mais les États-Unis l'ont également compris, d'où le projet du président américain Donald Trump d'acheter le Groenland pour que cette île et ses ressources deviennent américaines.

    À présent, équipons-nous d’un globe terrestre afin de comprendre ce qu’il se joue au pôle Nord. Si on le fait tourner, on voit que ce sont six nations qui bordent les eaux arctiques : le Canada, les États-Unis, la Russie, l'Islande, la Norvège et le Danemark par le Groenland. Ce sont ainsi ces six États, ainsi que la Suède et la Finlande qui font partie du conseil de l'Arctique. Cette organisation constitue l’enceinte politique de coopération régionale au sujet de ces 27 millions de kilomètres carrés. Ce sont autant d'États qui sont concernés par ce qu'il s'y joue.

    À lire aussiCanal de Panama, Canada, Groenland: le rêve expansionniste de Donald Trump

    Nouvelle route maritime

    Du côté de Moscou, on ne s'en cache pas : la région est l'une de ses priorités. L'Arctique russe représente près de 7 000 kilomètres de côtes, soit toute sa frontière Nord.

    L'enjeu est primordial, notamment pour le passage de bateaux. Selon l’observatoire Copernicus, l’Arctique européen est la région qui se réchauffe le plus au monde. La fonte des glaces ouvre une autoroute maritime : la route maritime du Nord.

    Parce que la terre est ronde, reprenons notre globe pour nous faire une idée. À l'Est, en longeant les côtes russes, on arrive au détroit de Bering et aux ports chinois, japonais ou encore sud-coréens : 38 millions de tonnes de marchandises y ont transité l'an dernier. C'est un record, mais c'est dérisoire par rapport au 1,5 milliard de tonnes qui passent par le canal de Suez. Et par l'Ouest, en longeant cette fois les côtes canadiennes, l'Europe a accès à l'Asie sans passer par le canal de Suez.

    Ces routes sont plus courtes car comme la Terre est ronde, les distances sont réduites aux pôles. C'est donc plus rapide, d'une à deux semaines, et par conséquent moins cher.

    Par ailleurs, un nouvel acteur y investit beaucoup : la Chine. Le pays pourrait y voir une nouvelle route de la soie, mais polaire. D'autant qu'avec les sanctions occidentales conséquentes à la guerre en Ukraine, Moscou échange beaucoup avec Pékin. La Chine est d'ailleurs le premier acheteur sur le long terme de ressources de l'Arctique russe. Car finalement, au-delà de la question économique, l'Arctique représente un enjeu géopolitique majeur. Et paradoxalement, cette large étendue de glace est en effet l'un des points chauds de tensions internationales.

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  • Brevets: l’Union européenne toujours dans la course à l’innovation
    Mar 25 2025

    L’Office européen des brevets publie mardi 25 mars son baromètre annuel. Les brevets prouvent l'investissement dans l'innovation, qui en Union européenne semble être dynamique.

    Les brevets sont des droits de propriété industrielle qui permettent de protéger une invention dans un temps et un territoire donné. Dans notre cas, il s'agit du continent européen. Si une entreprise ou personne met au point une technologie et qu'elle pense être la seule à l'avoir trouvée, elle dépose cette innovation moyennant finance évidemment. Après étude de son dossier, on lui délivre ce brevet, empêchant que toute autre entreprise se déclare détentrice de cette innovation.

    Après plusieurs années en hausse, la tendance est plutôt stable, puisqu'en 2024, ce sont pratiquement 200 000 demandes de brevets qui ont été déposées à l'OEB, office européen des brevets. Pour la première fois, ce sont les technologies informatiques qui prennent la tête de ce baromètre. Le secteur est porté par l'intelligence artificielle, car ces brevets concernent notamment l'apprentissage automatique et la reconnaissance des formes. Un autre domaine est par ailleurs en forte croissance, celui des batteries électriques, poussées par la transition énergétique. C'est d'ailleurs ce pôle qui enregistre la deuxième plus grande demande de dépôt de brevets.

    Chacun y trouve son compte

    Sans surprise, les champions de l’innovation en Union européenne sont des grandes entreprises... mais qui ne sont elles-mêmes pas européennes, paradoxalement. On notera, par exemple, les coréennes Samsung et LG ou la chinoise Huawei. Car pour se protéger sur le sol européen, ces grands groupes qui opèrent dans le monde entier y déposent leurs brevets comme ils le feraient ailleurs, afin de ne pas être doublés.

    Autre particularité également : les petites et moyennes entreprises recourent à ce système de brevet pour stimuler cette innovation et se protéger.

    Le succès du brevet unitaire

    Mais on le précisait, déposer un brevet a un coût non négligeable pour ces structures. Pour faciliter l'opération, un brevet unitaire a été mis en place et il rencontre un grand succès. Plébiscite total pour ce brevet unitaire entré en vigueur en 2023. Si vous le sollicitez, vous ne faites qu'un dossier qui sera valable dans 18 États membres. Plus rapide, moins contraignant et surtout moins cher pour les entreprises : +54 % de déposants entre 2023 et 2024. Cette initiative a d'ailleurs vocation à attirer encore plus en Europe.

    C'est d'ailleurs l'essentiel : l'Europe continue d'attirer. Grâce au nombre de brevets déposés, on peut comprendre que la tendance semble montrer un vrai dynamisme dans l'innovation européenne. Cela faisait d'ailleurs partie de recommandations des rapports Draghi et Letta, publiés ces derniers mois. À l'heure où l'Europe veut renforcer sa souveraineté, notamment technologique, chaque brevet compte. Car la question est maintenant de savoir si l'innovation va s'amplifier sur le continent et si les politiques publiques européennes vont payer.

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  • Sénégal: un an après son arrivée au pouvoir, quel bilan économique pour Bassirou Diomaye Faye?
    Mar 24 2025

    Bassirou Diomaye Faye est arrivé à la présidence du Sénégal il y a un an. L’occasion de faire un premier bilan de son action sur l'économie du pays, car quand il est entré en fonction, il avait beaucoup d'ambitions pour réformer le Sénégal. Décryptage.

    Bassirou Diomaye Faye souhaitait mener une transformation systémique du Sénégal. Ce sont les mots de ses ambitions en menant tout un tas de réformes, dont celle du service public. Car quand il est arrivé à la tête du Sénégal, la croissance était soutenue : aux alentours de 5-6 % par an. Le pays attendait les revenus des investissements réalisés sous son prédécesseur, Macky Sall, et notamment dans le secteur pétrolier et gazier. Mais il a dû aussi compter avec une dégradation des comptes publics et un fort taux de chômage, surtout chez les jeunes, situation couplée à un coût de la vie très élevé.

    Et justement, très vite, Bassirou Diomaye Faye a joué la carte de la transparence sur le sujet en commandant à la cour des Comptes un audit sur les finances du Sénégal. Dix mois de travail ont été nécessaires avant que les conclusions soient rendues publiques. Et elles sont claires : la dette est plus importante qu'annoncé, autour de 100 % du PIB. Le déficit budgétaire est quant à lui aux alentours de 12 % du PIB.

    Une transparence non sans conséquences

    L'agence de notation Moody's a immédiatement dégradé la note du pays à B3, deuxième dégradation pour cette agence en seulement quelques mois. De même pour Standard & Poors. Cela veut dire que si l'État veut emprunter, cela lui coutera plus cher en raison de taux d’intérêt plus élevés sur les marchés. Et puis les investisseurs étrangers, voyant les notes baisser, peuvent être dissuadés de faire des affaires au Sénégal. Mais l’exécutif assure garder le contrôle de la situation et espère renouer très vite avec le FMI qui a suspendu son programme à la suite des résultats de l’audit.

    Bassirou Diomaye Faye a aussi besoin d’une reprise rapide des décaissements pour appliquer son plan. Le président souhaite que le Sénégal renforce sa souveraineté économique et son indépendance financière. Il entend par là renégocier autant que possible les contrats pétroliers, gaziers et miniers pour que l'État obtienne une plus grande part des revenus. Il envisage une réforme fiscale et a aussi rappelé sa volonté d’abandonner le franc CFA, même si à ce jour aucune mesure n’a été dévoilée.

    Bassirou Diomaye Faye entend également redonner la priorité à l'agriculture et répondre aux besoins immédiats de sa population. Par exemple, en juin dernier, le gouvernement a annoncé une baisse des prix des denrées alimentaires comme le riz, l’huile, le sucre et le pain.

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    Une feuille de route pour les trente prochaines années

    Toutes ces mesures sont inscrites dans le plan Sénégal 2050. Une stratégie notamment tournée vers l'exploitation des ressources fossiles. Le Sénégal espère atteindre une production de 100 000 barils de pétrole par jour et va aussi profiter d’une partie des revenus du champ gazier GTA partagé avec la Mauritanie. Concrètement, grâce à l’argent du pétrole, il veut diversifier l'économie du pays. Bassirou Diomaye Faye qui souhaite en effet impulser une rupture avec la présidence passée en s'appuyant sur la meilleure valorisation des ressources locales.

    Transparence et rigueur semblent être ses boussoles. Les promesses sont fortes et ambitieuses, mais les défis restent nombreux et le chef de l'État doit trouver un équilibre entre rassurer les investisseurs étrangers, assainir les comptes publics et mettre fin à la cherté de la vie.

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  • L'industrie musicale à la fête grâce aux plateformes de streaming
    Mar 21 2025

    L’IFPI, la fédération internationale de l'industrie phonographique a publié les chiffres de l’industrie pour 2024 et ils sont bons. Le secteur poursuit sa croissance pour la dixième année consécutive, porté par les plateformes d'écoute en ligne. Décryptage.

    Le marché de la musique se porte bien. Il pèse aujourd'hui à peu près 30 milliards de dollars à travers le monde. La tendance est à la hausse. Une progression qui repose essentiellement sur le streaming, puisque ces plateformes d'écoute comme Spotify, Apple Music, YouTube Music ou Deezer représentent plus de deux tiers des revenus du secteur. Le nombre d'abonnés payants à une plateforme de ce type est justement aussi en augmentation. Dans ce rapport de la musique mondiale publié par l'IFPI, on voit cette tendance prendre de l'ampleur. Oui le consommateur paie pour écouter de la musique. Illustration aux États-Unis où les 100 millions d'abonnements au streaming musical payant ont été atteints. Et puis la plateforme Deezer a vu son chiffre d'affaires augmenter en 2024, lui permettant pour la première fois de son histoire d'atteindre son seuil de rentabilité, c'est-à-dire le montant de chiffre d'affaires nécessaire pour que les recettes de l'entreprise soient au moins égales à ses dépenses.

    Une stratégie payante

    Plusieurs pistes d’explications à cette dynamique. Déjà, certaines régions du monde, jusqu'ici peu intéressées par ces plateformes, le sont aujourd'hui. Le nombre d'abonnements y a explosé en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud. Sur ces trois zones, cette croissance est d'environ 22-23%. En comparaison, aux États-Unis, elle n'est que de 2%. Certains des plus grands marchés atteignent donc un point d’adoption relativement élevé, ce qui signifie que la croissance des nouveaux abonnés a été plus lente.

    Par ailleurs, les stratégies des plateformes portent leurs fruits. Elles se repositionnent petit à petit afin que l'on s'abonne pour écouter de la musique. Avec un simple abonnement, Deezer notamment, propose une expérience client premium, en organisant, par exemple, des jeux concours pour assister aux concerts de vos artistes préférés, voire les rencontrer dans le cadre d'événements chapeautés par la marque, à destination de ses clients évidemment.

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    Le poids de l’intelligence artificielle

    Il faut aussi souligner le travail des maisons de disques qui jouent un rôle-clé dans le succès des artistes et par extension des plateformes, tendance amplifiée par les réseaux sociaux. Avec un enjeu colossal, ne pas se laisser dépasser par l'intelligence artificielle. Le sujet préoccupe d’ailleurs les plateformes. Sur Deezer, une chanson sur dix mise en ligne par semaine est générée, en partie ou en intégralité par l'IA. Et dans un marché où plus d'un million de titres sont publiés chaque semaine, difficile de surveiller si chaque morceau est issu de la créativité humaine ou pas. Certaines plateformes mettent d'ailleurs en place des barrières pour d'une part limiter ces initiatives et d'autre part, éviter à des robots d'amplifier le nombre d'écoutes de chansons, ce qui implique une rémunération. Les géants du secteur vont donc devoir trouver un équilibre entre prix compétitifs, séduire de nouveaux clients et protéger les artistes !

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  • France: comment financer les dépenses militaires?
    Mar 20 2025

    Les ministres français de l'Économie et des Armées reçoivent, ce jeudi 20 mars, les investisseurs privés et les industriels de la défense. Objectif de ce rendez-vous : mobiliser des financements pour le secteur, cela alors que l'Union européenne entend se réarmer face à la menace russe. À l’ordre du jour, trouver les financements pour mener à bien ce projet. Décryptage.

    L'objectif est ambitieux pour la France. Aujourd'hui, les dépenses de la défense tricolore s'élèvent à un peu plus de 2% du PIB, ce qui correspond à environ 50 milliards d'euros. Le président français veut augmenter ce budget pour atteindre d'ici cinq ans les 100 milliards. La grande interrogation réside dans le financement de ce projet. Ces dernières semaines, une multitude de pistes ont été évoquées, plus ou moins prises au sérieux d'ailleurs, et c'est de cela dont il sera question tout à l'heure à Bercy.

    Les banques sollicitées

    Il suffit de voir qui est convié à cette réunion pour envisager quelques options qui s’offrent à l’exécutif, puisque ce sont les banques, les assurances ou encore des fonds d'investissements qui prendront part à l'événement. Les banques d'abord, via les livrets d'épargne. Le ministre de l'Économie et des Finances n'exclut pas la possibilité de mobiliser cette épargne privée mais attention, cela ne veut pas dire que l'État pourra obliger à investir dans des livrets qui vont être dirigés vers la défense et vers l'armement. Cela veut juste dire qu'il pourra simplement utiliser l'épargne existante, comme le Livret A. Évidemment le tout avec l'accord des banques.

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    Il a aussi été question de la création d'un nouveau livret d'épargne spécifique aux dépenses militaires. Il s’agit là d’un produit bancaire permettant aux citoyens de contribuer directement au financement de l'effort de défense tout en bénéficiant d'avantages fiscaux. À ce stade, ça reste une piste parmi d'autres, mais quoi qu'il en soit, les banques restent en première ligne car ce sont elles qui prêteront de l'argent aux entreprises. La Fédération bancaire française estime que les six plus grandes banques du pays soutiennent déjà le secteur à hauteur de 37 milliards d'euros.

    Un choix politique

    Il y a aussi les assurances vie qui peuvent permettre de trouver des fonds. Et ce n'est pas négligeable. Les assureurs en France disposent via les contrats d'assurance vie, de plus de 2 000 milliards d'euros placés principalement dans des obligations d'État et d'entreprises. Si le secteur de la défense n'a pas forcément les faveurs des assureurs, plus attentifs ces dernières années aux critères environnementaux notamment, leur regard sur le militaire est en train de changer, voyant que le sujet devient de plus en plus stratégique.

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    Et puis on peut aussi penser à des financements 100% publics. L'Allemagne a fait ce choix et a trouvé une solution pour financer ses dépenses militaires en s'endettant. Mais s'endetter coûte cher et la France n'a plus les moyens, elle-même déjà très endettée. D'autant qu'Emmanuel Macron le promet, l'augmentation du budget militaire n'impliquera pas de hausse d'impôts. L'équilibre est donc très précaire. Faudra-t-il créer un nouvel impôt ? Faire des économies ? S'endetter ? Des enjeux financiers et économiques avec des conséquences sociales. Le financement de la défense française est plus que jamais une affaire de choix politique !

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