La Russie organise à partir de mercredi 26 mars le Forum international de l'Arctique. Un évènement pour parler du futur de cette région de 27 millions de kilomètres carrés, à la fois de sa gouvernance et de tout l'enjeu économique qu'il revêt.
La carte postale est belle, une étendue de glace à perte de vue. Mais en dessous de cet or blanc, l'Arctique recèle d'immenses gisements de pétrole, de gaz naturel ou encore de minerais rares. D'après l'Institut d'études géologiques des États-Unis (USGS), c'est en moyenne un quart des réserves mondiales d'hydrocarbures restant à découvrir qui s'y trouvent. C'est beaucoup, et les pays voisins de ce continent l'ont bien intégré. D'abord la Russie, en y organisant notamment ce forum de l'Arctique à Mourmansk et en y investissant massivement dans l'extraction offshore. Mais les États-Unis l'ont également compris, d'où le projet du président américain Donald Trump d'acheter le Groenland pour que cette île et ses ressources deviennent américaines.
À présent, équipons-nous d’un globe terrestre afin de comprendre ce qu’il se joue au pôle Nord. Si on le fait tourner, on voit que ce sont six nations qui bordent les eaux arctiques : le Canada, les États-Unis, la Russie, l'Islande, la Norvège et le Danemark par le Groenland. Ce sont ainsi ces six États, ainsi que la Suède et la Finlande qui font partie du conseil de l'Arctique. Cette organisation constitue l’enceinte politique de coopération régionale au sujet de ces 27 millions de kilomètres carrés. Ce sont autant d'États qui sont concernés par ce qu'il s'y joue.
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Nouvelle route maritimeDu côté de Moscou, on ne s'en cache pas : la région est l'une de ses priorités. L'Arctique russe représente près de 7 000 kilomètres de côtes, soit toute sa frontière Nord.
L'enjeu est primordial, notamment pour le passage de bateaux. Selon l’observatoire Copernicus, l’Arctique européen est la région qui se réchauffe le plus au monde. La fonte des glaces ouvre une autoroute maritime : la route maritime du Nord.
Parce que la terre est ronde, reprenons notre globe pour nous faire une idée. À l'Est, en longeant les côtes russes, on arrive au détroit de Bering et aux ports chinois, japonais ou encore sud-coréens : 38 millions de tonnes de marchandises y ont transité l'an dernier. C'est un record, mais c'est dérisoire par rapport au 1,5 milliard de tonnes qui passent par le canal de Suez. Et par l'Ouest, en longeant cette fois les côtes canadiennes, l'Europe a accès à l'Asie sans passer par le canal de Suez.
Ces routes sont plus courtes car comme la Terre est ronde, les distances sont réduites aux pôles. C'est donc plus rapide, d'une à deux semaines, et par conséquent moins cher.
Par ailleurs, un nouvel acteur y investit beaucoup : la Chine. Le pays pourrait y voir une nouvelle route de la soie, mais polaire. D'autant qu'avec les sanctions occidentales conséquentes à la guerre en Ukraine, Moscou échange beaucoup avec Pékin. La Chine est d'ailleurs le premier acheteur sur le long terme de ressources de l'Arctique russe. Car finalement, au-delà de la question économique, l'Arctique représente un enjeu géopolitique majeur. Et paradoxalement, cette large étendue de glace est en effet l'un des points chauds de tensions internationales.