Le port de Hambourg est le plus important d'Allemagne et le troisième par sa taille en Europe après Rotterdam et Anvers. Installé le long du fleuve Elbe, il a dû évoluer avec le temps et la taille des navires de fret. Le quartier, proche du centre-ville historique, longtemps zone franche inaccessible, n'était plus adapté aux grands bateaux d'aujourd'hui. Un nouveau quartier, Hafencity, a été lancé il y a vingt ans. Il est toujours en travaux, mais désormais, il a été adopté par les habitants et les touristes. Sa qualité de vie est appréciée. De notre correspondant en Allemagne,« On a cherché un endroit où on pouvait rester près du centre-ville, mais de façon plus confortable », se souvient Juan Almeida. « C’est quelque chose qu’on apprécie beaucoup d’habiter à côté de l’eau, on est resté amoureux de cet endroit. » Neuf ans plus tard, il ne regrette pas d’avoir emménagé dans la Hafencity. Sa famille s’est agrandie et un déménagement s’impose. L’homme d’affaires va rester dans le quartier. Il y a neuf ans pourtant, les infrastructures n’étaient pas encore aussi développées dans ce quartier lancé il y a une vingtaine d’années. Tout commence lorsque la ville de Hambourg décide de réaménager cette zone du port, attenant au centre-ville, une zone de 157 hectares, soit environ 300 terrains de football.« Les bassins du port sont devenus trop petits et leur état se dégradait », rappelle André Stark, porte-parole de la société chargée pour la municipalité du plus grand projet de réaménagement urbain en centre-ville en Europe. « D’où l’idée dans les années 1990 d’utiliser ces espaces portuaires avec une vision. Le centre-ville doit à nouveau se tourner vers l’eau. Le quartier n’est qu’à 700, 800 mètres de la mairie. Ça n’était pas possible avant », souligne-t-il.Omniprésence de l’eauLe quartier a sa ligne de métro et une université s’y est installée, au bord de l’eau. L’eau est omniprésente. Dix kilomètres de promenades le long des quais sont à la disposition des flâneurs, dont un tiers, le long de l’Elbe. Entre le centre-ville et la Hafencity, on trouve les anciens entrepôts, la Speicherstadt aux façades néo-gothiques du XIXe siècle, classées au patrimoine mondial de l’Unesco.C’est dans un de ces bâtiments, superbement rénovés, que s’est installé il y a quinze ans le musée maritime international de Hambourg où travaille Gerrit Menzel. « La ville est historiquement liée au port d’une importance mondiale. Les croisières pour touristes sont incontournables et quand on a un musée maritime international, on y passe aussi », explique-t-il.Un quartier qui attire également les touristesL’entrepôt A abritait jusqu’à il y a une vingtaine d’années la plus grande réserve de café. Il y en avait assez pour survenir sans problème durant un an aux besoins de la ville. Un beau jour, il s’est retrouvé vide et on y a construit la nouvelle philharmonie. Sur ce bateau, on montre aux touristes les gigantesques porte-conteneurs de l’autre côté de l’Elbe, mais bien sûr la salle de concert, nouveau symbole de Hambourg, un bâtiment futuriste posé sur l’ancien entrepôt et qui attire des milliers de visiteurs. « Chaque touriste va voir la philharmonie. Et de là, on a une superbe vue sur la Hafencity », montre Guido Neumann de l’office du tourisme de Hambourg.À l’autre extrémité du quartier, loin de la première zone construite où dominent les bureaux, de nouvelles constructions s’alignent au milieu de terrains vagues. Ce dimanche, les amateurs de musique latino dansent au pied d’une grue. La Elbtower, 245 mètres de haut, doit être construite près de là. « Je trouve la Hafencity très agréable. C’est bien qu’on construise tant avec des appartements abordables. Ça vaut toujours la peine de venir ici », avance Kathy, rencontrée dans le quartier.Mixité socialeLes Hambourgeois qui boudaient le quartier au départ avec son image de ghetto pour riches ont changé d’avis. Si les bureaux et des appartements onéreux ont marqué la première phase du quartier, l’arrivée à la mairie d’un certain Olaf Scholz en 2011 a favorisé une plus grande mixité sociale avec des logements aux loyers soutenus compris entre sept et dix euros le mètre carré.« Cette image haut de gamme de la Hafencity n’est plus le cas du tout. On a même des bâtiments qui sont soutenus par la ville où les loyers sont contrôlés. Cela fait un mélange de profils des familles très hétérogène et très agréable », souligne Juan Almeida. Habiter au bord de l’eau a beaucoup de charmes, mais une fois par an, lors d’inondations, la Hafencity ressemble à Venise. « On a de grosses portes anti-inondations. Il faut vraiment sortir ses bottes et marcher les pieds dans l’eau », prévient-il.