Dans un rapport paru cette semaine, l’Observatoire européen de la fiscalité prône la mise en place d’une taxe de 2 % sur le patrimoine des milliardaires partout dans le monde. Un combat qu’incarne depuis longtemps Abigail Disney. Petite fille d’un des fondateurs de « l’empire Disney », elle réclame depuis longtemps que les plus riches soient plus taxés. Abigail Disney est la petite fille de Roy O. Disney qui a fondé avec son frère Walt le numéro un mondial du divertissement que l'on connaît aujourd'hui. Elle a hérité à la naissance d’une partie de sa fortune, plus de 100 millions de dollars. À 63 ans, l’héritière devenue productrice et réalisatrice est donc ce qui se rapproche le plus de la définition littérale d’une « princesse Disney ». Si on se contentait de ces informations, on pourrait penser que par réflexe, elle frémirait en lisant les recommandations du dernier rapport de l'Observatoire européen de la fiscalité paru lundi 23 octobre et qui prône une taxe minimale de 2 % sur les milliardaires dans le monde. « Aujourd’hui les milliardaires payent entre 0 et 0,5 % de leur fortune. 2 %, ça resterait modeste par rapport au taux de croissance de la fortune des milliardaires qui a été en moyenne de 7 % par an depuis la fin des années 1990 », rappelait cette semaine l’économiste Gabriel Zucman qui dirige l’observatoire. Une taxe « modeste » mais qui rapporterait tout de même 250 milliards de dollars par an aux États.« Je ne peux pas rester là, les bras croisés, à accumuler de la richesse simplement parce que je l'ai héritée »Personne n’a eu l’occasion de lui poser la question, mais on peut affirmer qu’Abigail Disney applaudirait des deux mains. Si Abigail était l'une des héroïnes des films Disney, elle serait Rebelle ou Elsa, le personnage principal de La reine des neiges, celle qui chante qu’elle refuse de mentir et d’être « une princesse parfaite ».« Quand mon grand-père et mon grand-oncle ont fondé Disney, la classe moyenne et la classe ouvrière avaient les moyens d'élever une famille dignement », rappelle-t-elle régulièrement. « Mais regardez les États-Unis aujourd'hui ! J'ai parlé avec des travailleurs de Disneyland : ils n'ont même pas de quoi se payer de l'insuline ! C'est inacceptable. Je ne peux pas rester là, les bras croisés, à accumuler de la richesse simplement parce que je l'ai héritée ! » Alors Abigail est devenue la mauvaise conscience de Disney.Le public a d'abord entendu parler d'elle en 2018, quand elle s'en est prise publiquement à Bob Iger, l'actuel patron de Disney qui venait de s'offrir un salaire à 65 millions de dollars, soit 1400 fois le salaire médian au sein de son entreprise. La polémique est venue alimenter les revendications des syndicats de chez Disney. Elle a aussi placé au cœur du débat politique les propositions de deux candidats aux primaires démocrates, Bernie Sanders et Elizabeth Warren. Abigail Disney est aussi productrice de films engagés défendant des idées progressistes et féministes. Elle a elle-même signé un documentaire sur Disney sorti en 2022 : Le rêve américain et autres contes de fée.« Avoir Disney pour nom de famille, c'est comme avoir un super pouvoir qu'on n'a pas demandé »« Avoir Disney pour nom de famille, c'est comme avoir un super pouvoir qu'on n'a pas demandé », dit-elle dans la bande-annonce du documentaire. Dans ce film, elle raconte comment un employé d’un parc Disneyland lui a écrit un jour et comment elle en est venue à s’intéresser aux conditions de travail chez Disney. On la voit demander à une assemblée de travailleurs du parc assis autour d’elle : « Qui parmi vous connait quelqu'un qui travaille à Disneyland et dormait dans sa voiture ces deux dernières années ? » Toutes les mains se lèvent... « Ce n'est pas seulement l'histoire de Disney. C'est l'histoire de la moitié des travailleurs américains qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts », dit-elle encore dans ce documentaire.Elle ne se contente pas de mener ce combat dans ses films, elle a aussi rejoint une association qui s'appelle Les millionnaires patriotes - Patriotic Millionaires - et qui mène un lobbying intense pour exiger de payer plus d'impôts. En avril dernier, ils ont donné une conférence de presse devant le Capitole à Washington où elle a pris la parole : « Il faut changer notre système fiscal pour que l'impôt soit réellement progressif : ça veut dire que les gens qui gagnent à peine de quoi vivre ne doivent quasiment rien payer, et à l'inverse, il faut largement augmenter les impôts sur les très gros revenus. Mon grand-père avait un taux d'imposition de 90 %, et ça ne l'a pas empêché de faire fortune ! »À lire aussiÀ Davos, rencontre avec ce millionnaire qui veut payer plus de taxes