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  • Les petits producteurs chinois, grands perdants des mesures de Donald Trump
    Apr 11 2025

    Donald Trump poursuit la guerre commerciale qu’il mène à l’encontre de la Chine. Désormais, le pays est visé par des taxes douanières de 145 %. Cette escalade va frapper de plein fouet les petits producteurs chinois.

    Ils sont des dizaines et des dizaines de milliers et représentent un secteur vital de l'économie de la Chine : les petits producteurs. Ce sont ces manufactures de taille moyenne qui produisent tout ou partie des biens importés depuis la Chine. On peut notamment penser à des fabricants de vêtements, de sacs, de machines ou encore d'équipements de cuisine. Ces structures, comme le précise le New York Times, ce sont des ateliers familiaux, voire semi-industriels et ils dépendent fortement de la demande internationale. Leur principal argument évidemment, c'est la production à très bas coût, mais avec des droits de douane de 145%, c'est toute la chaîne de production qui s'écroule de la Chine aux États-Unis !

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    Rentabilité minimale

    Prenons par exemple un t-shirt qui sort de ces ateliers chinois et qui est à destination de New York. La pièce va être produite, puis prendre un bateau direction les États-Unis. Disons que, symboliquement, tout cela coûte 10 dollars à l'exportateur. Sauf qu'il va devoir appliquer 145% de taxes. La valeur du t-shirt va donc augmenter et passer à 24,5 dollars. À ce montant, il faudra ajouter la marge du commerçant qui vendra ce t-shirt dans sa boutique de Brooklyn. Avec un tel prix, il va être difficile de trouver preneur.

    Et c'est là que les producteurs chinois souffrent puisque les exportateurs vont essayer de rogner sur le prix du t-shirt. Mais ces structures sont déjà à la limite de la rentabilité, essorées par les grossistes qui tentent d'acheter au prix le plus bas. Ce qui se passe aujourd'hui, ce sont donc des commandes annulées par les importateurs américains. Résultat, la production est bloquée, les stocks s'accumulent sans trouver d'acheteurs. Bref, la perte est sèche pour ces ateliers, ce qui en bout de chaine implique des suppressions d'emplois.

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    Quelles alternatives ?

    Ces producteurs peinent à trouver des solutions. L’une d’elles serait de se tourner vers le marché chinois. Mais c’est complexe. Le marché domestique est saturé, marqué par une demande en baisse. Difficile donc d'écouler les stocks. On peut imaginer en effet une recherche de nouveaux marchés, mais les volumes sont loin de compenser la perte du marché américain. Car on le précise, l'an passé, ce sont 440 milliards de dollars de produits fabriqués en Chine qui sont arrivés aux États-Unis. Et puis pour ne rien arranger, les entreprises chinoises sont déjà frappées par une surcapacité industrielle, leurs entrepôts débordent !

    Pourtant, la Chine réplique aux mesures de Donald Trump. Symboliquement, difficile de rester sans répondre devant de telles décisions. Au niveau national, le gouvernement tente aussi de juguler la situation. L'État notamment vient de recapitaliser les grandes banques qui ne sont pas en forme. Les plans de relance ont permis de soutenir la croissance à court terme, mais la grande question, c'est de savoir comment tout l'écosystème industriel et manufacturier chinois va faire face durant les prochains mois.

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  • Droits de douane de Donald Trump: pourquoi a-t-il encore changé d'avis?
    Apr 10 2025

    Les droits de douane réciproques de Donald Trump n'auront été en vigueur que quinze heures. Quinze heures de panique sur les marchés boursiers du monde entier. Mais le président américain a finalement changé d'avis hier.

    C’est un rétropédalage que le monde n’attendait plus. Mais Donald Trump l’a fait en décidant de faire une pause de 90 jours dans l'application des mesures commerciales à l’encontre des pays du monde, qui restent taxés à hauteur de 10%. À une exception près, sur les importations chinoises qui vont être taxées à 125%. C’est donc la Chine qui paie le prix fort de la guerre commerciale voulue par le président américain. Cela parce qu'hier, on a assisté à une véritable escalade. Après l'entrée en vigueur des mesures américaines, Pékin a annoncé une surtaxe de 84% sur les importations de biens produits aux États-Unis avec application quasi immédiate. Les marchés boursiers se sont affolés, l'Europe a vu rouge, tout comme les indices américains, surtout !

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    Panique à bord

    L’une des explications, c’est lorsque Donald Trump a vu le cours de Wall Street dégringoler encore une fois. Pour autant, le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, le réfute et estime que cela fait partie de la stratégie initiale du locataire de la Maison Blanche. Et les résultats sont là. Après avoir annoncé la suspension des droits de douane réciproques pour le monde entier et de s'en prendre encore plus violemment à la Chine, les indices américains ont bondi hier. Le S&P 500, l'indice des 500 plus grandes entreprises américaines, a augmenté de 9,5% et le Nasdaq, qui lui répertorie les valeurs technologiques, a pris 12%.

    Craintes sur le marché obligataire

    Et si le président américain a changé d’avis, c’est parce que l'économie de son pays est liée aux marchés financiers. La véritable explication là. Donald Trump lui-même l'a écrit hier soir sur son réseau social Truth. « Je regardais le marché obligataire et certaines personnes commençaient à se sentir un peu fébriles », affirmait-il. Le marché obligataire, c'est grossièrement là où les États se financent via notamment des bons du Trésor. Sauf que les bons du Trésor américain qui étaient considérés comme des valeurs refuges ont connu une hausse très importante de leurs taux ces derniers jours. Comme si, finalement, les États-Unis avaient perdu du crédit auprès des investisseurs, ce qui est risqué pour la première économie mondiale.

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    Des impacts concrets sur l’économie américaine

    Et même si Donald Trump et son équipe s'en défendent, on sent tous cas qu'il y a eu panique à bord. Cette instabilité dans cette valeur considérée comme l'une des plus sûres au monde a tout bouleversé. La conséquence directe pour le gouvernement américain, c'est que s'il veut emprunter, le coût de son crédit va augmenter.

    C'est une très mauvaise nouvelle pour un pays dont la dette fédérale est estimée à 36 000 milliards de dollars. Cela engendrera une hausse des taux d'intérêts, ce qui serait une catastrophe pour Donald Trump, car sur le long terme, ça pourrait contribuer au ralentissement économique américain. Puisque au-delà de la dette, cela va avoir un impact sur d'autres secteurs de l'économie du pays comme l'immobilier.

    C'est donc cela qui a fait réagir Donald Trump. Il l'expliquait hier, « il faut savoir faire preuve de souplesse » pour inciter les marchés à suivre ses mesures. Visiblement, il s'est appliqué son conseil à lui-même.

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  • Comment Apple tente d'esquiver les droits de douane de Donald Trump
    Apr 9 2025

    Les mesures douanières de Donald Trump sont entrées en vigueur. Ce n’est pas sans conséquences, notamment, pour Apple. Le problème pour la « marque à la pomme », c'est qu'une grande partie de son produit phare, à savoir l'iPhone, est produite en Chine. Décryptage.

    On les craignait, elles sont désormais entrées en application : les mesures commerciales de Donald Trump à l’encontre de la Chine sont entrées en vigueur ce mercredi 9 avril. Dorénavant, tout produit fabriqué et venant de la Chine arrivant sur le sol américain est taxé à partir d'aujourd'hui à hauteur de 104%. Concrètement pour Apple, si tout à l'heure, une cargaison d'iPhones produits en Chine arrive dans un port américain, l'entreprise devra payer cette surtaxe aux autorités. Et cette surtaxe devrait coûter très cher à Apple, quoique, au bout de la chaîne, c'est le consommateur américain qui en paiera le prix fort. D'après le bureau d'analyses Rosenblatt Securities, le prix d'un iPhone 16 SE devrait passer de 599 à 846 dollars. Cela correspond à une augmentation du prix de 43%. Et forcément, une telle hausse pourrait provoquer un recul de la demande. On estime déjà de 8 à 10 millions d’unités en moins vendues dans le monde sur les prochains mois, ce qui représente tout de même 5% des ventes d'iPhones par an par Apple. Et quand on sait que ce produit représente la moitié des revenus de l'entreprise, ce n'est pas négligeable.

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    Trouver des alternatives, et vite

    Apple a pris ses précautions. Avant que cette surtaxe n'entre en vigueur, selon le Wall Street Journal, Apple a vidé ses stocks de ses sites d'assemblage. Ces derniers jours, ce sont cinq avions-cargos remplis d’iPhones qui ont quitté la Chine en urgence pour atterrir aux États-Unis. C'est en effet une opération artisanale et éclair pour constituer des stocks et gagner du temps, mais ce n'est pas viable sur le long terme. L'autre solution trouvée par la « marque à la pomme », c'est d'augmenter ses capacités de production dans un autre pays moins concerné par les mesures du président américain. Il s'agit de l'Inde. Les droits de douane sur sa production sont de 26%. Et puis produire en Inde ça permet à Apple de continuer d'utiliser des pièces chinoises sans être soumis aux taxes de Donald Trump.

    Garder un œil sur les États-Unis

    Mais Apple pourrait produire aux États-Unis, intégralement, comme le souhaite Donald Trump. Sauf que ça coûte cher, très cher. Un iPhone, c'est 2 000 composants. Les fabriquer sur le sol américain aurait un impact considérable sur les prix. Si on se réfère aux travaux du cabinet de recherche WedBush, un iPhone produit intégralement aux Etats-Unis coûterait 3 500 dollars. C'est trois à quatre fois plus qu'aujourd'hui. A ce prix-là, il serait difficile de trouver des acheteurs.

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    Pour autant, Apple a fait un pas vers les autorités en promettant 500 milliards de dollars d’investissements aux États-Unis. Il existe une marge de manœuvre, notamment en négociant avec l'administration Trump pour éviter de subir trop fortement sa guerre commerciale. Le lobbying entre la Silicon Valley et la Maison Blanche doit être intense. En tous cas preuve que la situation fait peur, le cours d'Apple à la Bourse de New York a perdu plus de 20% depuis l'annonce des mesures douanières du président américain la semaine dernière. Finalement, Apple n'est qu'une illustration de bon nombre d'entreprises américaines qui ont délocalisé leur production et qui sont confrontées à la politique commerciale de Donald Trump !

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  • Bourses: quelle règlementation pour éviter un krach?
    Apr 8 2025

    Les marchés boursiers reprennent des couleurs en ce mardi 8 avril. Marqués par d’importantes turbulences ces derniers jours en raison des mesures tarifaires de Donald Trump, les grandes places boursières se sont fait peur, laissant parfois craindre à une déroute des cours. Décryptage.

    Un peu de pédagogie pour commencer avec ce petit point sur le système boursier pour bien comprendre de quoi il s'agit. Concrètement, en bourse, ce sont des actions qui sont vendues et achetées. Une action, c'est une part, par exemple, d'une entreprise. Donc si on en achète une, on devient actionnaire, propriétaire en quelque sorte, de l'entreprise en question. Tout l'enjeu demeure dans la valeur de l'action et du montant auquel elle sera achetée ou vendue.

    Le fonctionnement du système est simple puisque c'est que le marché s'autorégule. La règlementation qui existe n'a pas pour but de maintenir le cours des actions : il est déterminé par des mécanismes d'offre et de demande. Si tout le monde veut vendre et que personne ne veut acheter, les cours vont naturellement baisser. C'est « le jeu ». En revanche, oui il y a une règlementation quand dans ce jeu il y a un problème, à savoir quand le marché est manipulé ou quand une fraude est détectée chez l'un des joueurs. L'ambition est bien de protéger les investisseurs.

    Un coupe-circuits en cas d’urgence

    Les mesures du président américain font simplement peur aux acteurs boursiers qui anticipent des craintes d'un blocage de l'économie mondiale. Cette chute du cours des bourses mondiales peut continuer petit à petit mais les marchés vont naturellement se stabiliser et trouver un point d'équilibre qui certes sera bas mais il n'atteindra pas le niveau zéro. C'est un peu ce qu'on voit ce mardi sur les cotations asiatiques.

    En revanche il existe un frein, un garde-fou. On appelle ça un coupe-circuit. Quand un indice boursier chute trop vite en quelques minutes, les échanges s'arrêtent temporairement. Par exemple pour l'indice des 500 plus grandes entreprises américaine, le S&P 500, c'est quand la chute est de 7%. C'est un peu comme un bouton d'arrêt d'urgence en cas de panique pour laisser aux marchés le temps de respirer et de retrouver la raison. La dernière fois qu'il a été utilisé, c'était en mars 2020 au tout début de la pandémie de Covid.

    Réguler ou pas, telle est la question

    On peut naturellement penser qu'il peut être utilisé en cette période car on l’a dit, les cours ont dévissé ces derniers jours. Mais attention, pas de manière brusque et rapide. Ça a duré dans le temps, sur plusieurs heures. Cela veut dire que les échanges boursiers sont restés naturels finalement. La régulation ne peut donc pas empêcher un krach mais elle peut limiter les dégâts, éviter que la chute ne se transforme en effondrement total !

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  • Le reste du monde se prépare à une inondation de produits chinois bon marché
    Apr 7 2025
    Donald Trump entend taxer tout produit importé sur le sol américain. Et si le président américain assume ce choix pour protéger l’économie des États-Unis, l’effet indirect, c’est que le reste du monde se prépare à une inondation de produits chinois bon marché. Décryptage. Pour se rendre compte des conséquences des mesures de Donald Trump, un chiffre : 440 milliards de dollars. C’est la valeur des produits chinois importés par les États-Unis l’année dernière. C’est beaucoup. Une illustration vaut mieux que de longues explications puisque d’après le Centre du commerce international, une paire de chaussures sur trois portées par les Américains a été produite en Chine. La grande question est donc celle-ci : que va-t-il advenir de ces 440 milliards de dollars de marchandises? À lire aussiLa Chine, grande gagnante des mesures de Donald Trump?Car il va inévitablement y avoir un effet domino. Toute cette production va devoir trouver des débouchés et être détournée de sa destination principale, à savoir les États-Unis. Certes, une partie devrait selon toute vraisemblance continuer d’arriver sur le sol américain car les produits chinois sont très bien intégrés dans les chaines de valeurs du pays. Mais une majorité devrait en effet trouver preneur ailleurs car avec les droits de douane appliqués par Washington, certaines marchandises vont coûter beaucoup plus cher et risquent d'être moins compétitif que la production locale. L’UE en ligne de mire Mais difficile à dire comment les autres économies peuvent absorber un tel volume. Il y a pourtant quelques pistes, puisque ces dernières années, Pékin a diversifié ses partenaires commerciaux pour éviter d'être trop dépendante des États-Unis. Par exemple en redirigeant une partie de sa production vers l'Amérique latine et l'Afrique où la demande est très élevée et où les tarifs douaniers sont bas. Mais l’une des régions du monde qui pourrait se retrouver en première ligne, c’est l’Union européenne, car les États européens sont les clients « idéaux » pour toute la marchandise asiatique et a fortiori chinoise, qu'il s'agisse de pièces ou de produits assemblés. Bruxelles l’a d’ailleurs parfaitement intégré. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, estime que les 27 ne peuvent pas « absorber la surcapacité mondiale ». Comprenez le volume asiatique. À lire aussiDans la tête de Donald Trump, que veut-il gagner avec sa guerre commerciale?Comment répondre ? Le problème de l’UE est donc double : limiter l'impact des mesures tarifaires américaines et contrer l’offre excédentaire en provenance d’Asie. Car la Chine, grâce aux subventions publiques, a la capacité d'exporter de très grandes quantités, à très bas prix. Résultat, les biens trouveront preneurs facilement, ce qui mettra en difficulté bon nombre de producteurs européens qui eux ne pourront pas s’aligner sur les prix de cette concurrence. C’est déjà le cas et ça pourrait empirer. Alors, heureusement des règles existent et Bruxelles compte les utiliser. L’une d’elles via l’organisation mondiale du commerce, appelée clause de sauvegarde peut être activée lorsqu’un pays - ou un groupe de pays dans le cas de l'UE - peut démontrer une augmentation significative des importations dans certains secteurs. L’UE comme beaucoup d’États du monde a d’ailleurs dès le premier mandat de Donald Trump pris des mesures pour protéger son économie, craignant un choc commercial. C’est précisément à nouveau ce qui menace l'Europe. Dorénavant l’enjeu pour l'Europe comme pour les autres économies, c'est la capacité de réaction. Vont-elles répondre au risque d'augmentation de l’offre chinoise par des mesures protectionnistes comme les États-Unis ? Ou discuter, négocier, pour trouver un terrain d'entente entre victimes des mesures américaines ?
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  • Dans la tête de Donald Trump, que veut-il gagner avec sa guerre commerciale?
    Apr 4 2025

    Les cours boursiers mondiaux dévissent depuis l’annonce des mesures commerciales de Donald Trump. Personne n’est épargné, pas même les marchés américains qui subissent leurs plus fortes baisses depuis mars 2020 et le Covid. On a beaucoup analysé les conséquences, mais revenons aux faits. Pourquoi Donald Trump a-t-il déclenché cette guerre commerciale ? Que peuvent y gagner les États-Unis ? Décryptage.

    Comme très souvent en économie, à question simple, attendez une réponse un peu plus compliquée ! Donald Trump veut tout simplement rendre l'Amérique encore plus puissante comme il le martelait d'ailleurs durant sa campagne électorale. Traduisez : plein emploi, croissance forte, donc plus de productions sur le sol américain ou encore tenter d'atteindre l'autosuffisance. Et cela à tout prix. Voilà sa boussole, et pour atteindre ses objectifs, il utilise les outils et les mécanismes économiques qui lui semblent les plus opportuns.

    Logique protectionniste

    L'un de ses outils préférés, ce sont les droits de douane. Taxer, taxer et encore taxer. Voilà la solution que Donald Trump a trouvée pour réduire le déficit commercial américain qui, on le rappelle, est de pratiquement 1000 milliards de dollars. Pour lui, c'est un signe de faiblesse des États-Unis. En taxant, il entend limiter les importations et donc rééquilibrer la balance commerciale. La conséquence, toujours selon Donald Trump : plus d'investissements — du monde entier – sur le sol américain, pour y augmenter la production et donc créer de la richesse et des emplois, avec au bout de la chaine, des rentrées fiscales fédérales plus importantes. En fait, c'est une logique protectionniste. À demande égale, si l'on suit le président américain, l'offre américaine va remplacer l'offre du monde entier.

    Quelles conséquences ?

    C'est ce qu'il avait d'ailleurs entrepris durant son premier mandat, et ça n'a pas spécialement fonctionné. Selon la Réserve fédérale de New York, entre 2018 et 2019, avant la pandémie de covid donc, la guerre commerciale de Donald Trump a coûté en moyenne 850 dollars par an à chaque foyer américain. Ce que l'on comprend c'est que sur le court et moyen terme, le premier impact visible sera une hausse du niveau général des prix. Le niveau de vie des États-uniens va donc diminuer en raison d'une inflation que beaucoup d'économistes annoncent importante. Pourtant, Donald Trump l'a encore affirmé ce jeudi 3 avril, les États-Unis ressortiront « forts » de cet épisode.

    Jouer avec le dollar

    Le président américain met ainsi la pression au monde entier, et comme souvent, en cassant les codes et en sortant du système, il incite à négocier. Sauf qu’il prend un risque. Beaucoup de pays ne sont pas dans cet état d'esprit et entendent eux aussi se défendre en augmentant les tarifs douaniers pour taxer les produits importés depuis les États-Unis. Et puis il y a un point essentiel : le dollar ne cesse de perdre de sa valeur, et c'est sûrement l'un des éléments clés de la stratégie de l'administration Trump.

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    Ses mesures engendrent une baisse du billet vert. Cela peut soutenir l'agressivité tarifaire américaine. La monnaie étant moins forte, il est plus facile d'exporter et moins d'intéressant d'importer. Donc naturellement, cela tend à réduire le déficit commercial américain. Voilà pour la théorie de Donald Trump. Un peu trop simpliste pour beaucoup d'économistes. Ce qui est sûr, c'est que jouer avec le dollar, la monnaie mondiale de référence, c'est là encore changer la donne pour le monde entier. Finalement, pour revenir au point de départ, si Donald Trump veut rendre l'Amérique encore plus grande, il le fait au détriment du reste du monde. Et dans une économie globalisée, ultra-connectée et interdépendante, c'est l'effet boule de neige. C'est-à-dire que les conséquences seront elles aussi globalisées !

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  • Le Brésil, un des gagnants de la guerre commerciale de Donald Trump?
    Apr 3 2025
    Donald Trump a donc déclaré une guerre commerciale au monde entier. Le président américain a lancé son offensive ce mercredi 2 avril et personne n’est épargné, amis comme ennemis. 10 % minimum et parfois plus pour certains, comme la Chine, le Vietnam, le Cambodge. Le Brésil fait partie des “chanceux”, concerné que par une hausse de 10 %. Décryptage. Avant toute chose, il convient de rappeler que le Brésil et les États-Unis sont économiquement liés. Les Etats-Unis sont les premiers investisseurs dans la plus grande économie d'Amérique latine. Le Brésil est d'ailleurs l'un des grands exportateurs de la région. On peut citer notamment le soja, le bœuf, le poulet ou l'acier. Les Américains en importent d'ailleurs beaucoup. Mais la balance commerciale entre les deux pays est excédentaire côté Américains, ce qui est un atout pour Brasilia. À lire aussiÉtats-Unis: Donald Trump déclare la guerre commerciale au mondePas dans la ligne de mire de Donald Trump En effet, Donald Trump vise en priorité les pays qui exportent vers les Etats-Unis plus qu'ils n'importent. Le Brésil peut donc profiter de cette situation. Le président Lula l'a d'ailleurs parfaitement intégré. Il ne veut pas mettre un terme au dialogue avec Washington. Preuve en est, la semaine dernière, une mission brésilienne était dans la capitale américaine pour échanger avec l'administration Trump. Cela n'empêche pas le Brésil pour autant de répondre avec le vote il y a quelques heures par le parlement d'une loi de riposte aux mesures américaines. Mais le gouvernement brésilien a su nouer aussi d'autres partenariats qui lui permettent précisément de ne pas trop en souffrir. Aller voir ailleurs ! Parmi ces nouvelles relations, la Chine. Pékin est d’ailleurs devenue le premier partenaire commercial du Brésil. Les deux échangent beaucoup. Les entreprises brésiliennes exportent du soja, du poulet, du bœuf notamment. Et c'est là que ça devient intéressant puisque ça ne vous a pas échappé, la Chine est particulièrement visée par les États-Unis. Pékin justement a répondu en augmentant les taxes sur les produits agricoles américains stratégiques comme le soja et la viande. La Chine peut donc trouver dans le Brésil une alternative viable pour ses besoins de biens de consommation courante. Les entreprises chinoises, et c'est la contrepartie évidemment, sont présentes sur le sol brésilien et y investissent beaucoup dans la construction d'infrastructures essentielles à l'activité économique comme des routes, des voies ferrées ou des ports. Une opportunité avec des risques Si on ne s'en tient qu'au poulet et aux œufs brésiliens, les exportations de ces deux produits vers la Chine explosent. Entre 9 et 20% de hausse par rapport à l'an passé. Preuve que la confiance est là, l'indice boursier brésilien, basé principalement sur les matières premières, a progressé de 9% ces dernières semaines, cela alors que les principaux cours mondiaux sont dans le rouge. Mais si cette conjoncture semble bénéfique à court terme, sur un temps plus long, elle expose le Brésil à une forte dépendance de la Chine. Et si les relations sino-américaines s'améliorent, c'est tout l'équilibre qu'on vient d'évoquer qui deviendrait instable. Les autorités brésiliennes jouent ainsi sur plusieurs tableaux. Récemment, elles ont signé de nouveaux accords avec le Japon ou encore avec les Européens dans le cadre de l'accord MERCOSUR. Une situation qui permet au pays de renforcer sa position sur la scène commerciale internationale et de stimuler sa croissance économique ! À lire aussiLe coût des mesures douanières de Donald Trump à l'échelle mondiale
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  • Le coût des mesures douanières de Donald Trump à l'échelle mondiale
    Apr 2 2025

    Le président américain le promet : mercredi 2 avril, c'est « Jour de libération ». Donald Trump va annoncer de nouveaux droits de douane et personne ne semble épargné. Il s’agit là d’un nouveau tournant dans sa guerre commerciale qui pourrait très cher à l'économie mondiale.

    Le montant peut donner le tournis : 1 400 milliards de dollars, voilà le coût à l'échelle internationale des différentes mesures de Donald Trump et notamment sa volonté d'imposer à hauteur de 25 % toute importation sur le sol américain. D'après cette étude menée par l'Université d'Aston au Royaume-Uni, ce scénario frapperait dans un premier temps de plein fouet les États-Unis.

    Mais les partenaires économiques des Américains seraient aussi durement touchés. C'est d'ailleurs toute l'ambition de Donald Trump, frapper au portefeuille les économies avec lesquelles les États-Unis ont un déficit commercial. Si cette escalade protectionniste permettrait à certaines industries locales américaines de voir une hausse de leur production à court terme, la contrepartie, ce sont bien les représailles des partenaires commerciaux clés. Le Mexique, le Canada et l’Union européenne, pour ne citer qu'eux, ne comptent pas rester sans réponse.

    Résultat, toujours d'après l'étude de l'université d'Aston, cela provoquerait une chute des exportations américaines pouvant dépasser les 43 %.

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    Le consommateur américain en première ligne

    Mais qui dit guerre commerciale dit mécaniquement une hausse des prix sur les produits importés, y compris les biens de consommation courante. Côté entreprises, mêmes causes, mêmes effets. Elles pourraient voir leurs chaines d'approvisionnement perturbées avec une hausse du coût de production. Certaines ne pourraient pas faire face et celles qui tiendront le coup augmenteront mécaniquement leurs prix. Bref, la spirale inflationniste tournerait à plein et les premières victimes de ces mesures seraient les Américains eux-mêmes.

    Pourtant, c'est tout ce que Donald Trump ne veut pas. Mais le président américain l'expliquait à son arrivée à la Maison Blanche, il y aurait « des perturbations » mais que « cela ne durerait pas ». Pour le moment, la dynamique semble lui donner tort.

    Le monde financier s’inquiète

    L'activité boursière est directement touchée, elle aussi, par les mesures, ou du moins les plans, de Donald Trump. L'indice des 500 plus grandes entreprises américaines, le S&P 500 vient de connaitre l’un de ses pires trimestres en trois ans. Le risque de récession, à savoir un ralentissement du rythme de la croissance, est de plus en plus important d'après la banque d'affaire Goldman Sachs. Baisse de la croissance et inflation pourraient ainsi motiver la banque centrale américaine de revoir ses taux d’intérêt pour tenter d’endiguer la crise, sans garantie de succès.

    En jouant la carte de l'Amérique d'abord, Donald Trump met certes un coup de pied dans le système, mais beaucoup de spécialistes considèrent qu'il se met aussi des œillères. Car au jeu de l'escalade de représailles, aucune économie ne sort gagnante, pas même celle qui a initié la guerre commerciale. La question est donc toujours celle-ci : jusqu'où ira Donald Trump dans ses mesures à l'égard des partenaires historiques des États-Unis sans que les Américains en subissent de plein fouet les conséquences ?

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